La Lune possède les clés, de celles qui ouvrent les portes les plus dangereuses. De son large croissant, on aurait dit que les divinités regardaient à travers une serrure de lumière, un sourire carnassier se dessinant sur leurs visages.

Quand le carrelage tanguait sous l’effet des coupes de champagne, Hippolyte avait l’habitude d’emmener Louison avec lui, sa main enserrant brutalement son poignet. Ces échappées nocturnes lui donnaient des hauts-de-cœur, de ceux qui nouent l’estomac en pleine tempête. Plaquée contre le mur, c’était son cœur qui chavirait. Les vagues brisaient la coque. Louison fermait les paupières, tenant de toutes ses forces la corde des voiles pour ne pas verser de larmes.

Lorsque la tempête se calmait, Louison n’était pas loin de faire naufrage. Devant le miroir, ses yeux océans dérivaient sur son visage peinturluré. Elle ressemblait à un tableau qui avait pris l’humidité. Son fard à paupières coulait laissant une traînée sur sa peau pâle. Louison passa un coton le long de l’arrête fine de son nez, de l’arcade de ses sourcils, sur ses pommettes discrètes, au bord de ses lèvres qui esquissait un léger sourire.

Si la Lune connaissait de nombreux secrets, elle brillait de son mutisme. Louison avait les siens et brillait par sa dissidence.

Sa palette dévoila un large panel de couleurs. Telle une peintre, Louison créa son œuvre de ses pinceaux. Elle détacha ses cheveux châtains, marqua d’un crayon noir le long de l’arrête fine de son nez, brunis l’arcade de ses sourcils, poudra de rouge ses pommettes, recouvrit de bordeaux ses lèvres qui affichèrent un sourire carnassier. Ses yeux océan s’encerclèrent de noir. Ses paupières virèrent au grenat, L’Antre des Péchés comme phare pour réparer son cœur.