6. Souvenir

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Le loup a l’air des plus contrarié alors que sa sœur, elle, hoche la tête de satisfaction. Décidément, je ne comprends pas cette famille. Ils sont si contradictoires que je me demande encore dans quoi ils m’embarquent. Pourtant, et je ne saurais l’expliquer, ils ont toute ma confiance.

Je tente de questionner Louis, lui demandant ce qui le dérange tant, et pour seule réponse, j’ai le droit à un grognement. Hugo en profite pour souffler à mon oreille, me révélant que ce qu’ils ont à m’apprendre ne va pas me plaire. Super ! Les évènements à venir promettent d’être intéressants.

Mais pour le moment, nous devons reprendre la route. D’après mes trois monstres, les chasseurs sont à notre poursuite. Il paraîtrait qu’ils ont besoin de moi. En même temps, je suis une des leur… Logique, qu’ils ne m’abandonnent pas aux griffes de ces bêtes, bien que je les suive de mon plein gré, et avec toute la curiosité du monde.

Nous embarquons tous en voiture. Cette fois, c’est la jeune satyre qui s’installe à mes côtés. Le grand loup étant de trop mauvaise humeur pour rester près de moi. Nous suivons le GPS, et le silence est roi dans l’habitacle ce qui me laisse tout le temps de plonger dans mes souvenirs. Me demandant encore une fois, qui je suis et pourquoi je les suis sans résistance. A moins que ce soit à cause de cette fois-là…

***

C’est un vendredi soir comme les autres, du moins pour moi. Les chasseurs m’ont demandé de garder un œil sur une boîte de nuit un peu louche, la « Serpéhus ». Il est revenu à leurs oreilles qu’un des gérants, un descendant de Méduse, et aussi partisan de la famille de Lucille, s’amuse à empoissonner des femmes pour les tuer. Problème de séduction, apparemment.

Alors c’est vêtue d’un short et d’un haut noir que j’arrive à la soirée spéciale du club. Je suis seule mais ça ne me dérange pas. Bien au contraire, ça va me faciliter les choses. Et c’est au cours, d’une pause électro du DJ que je remarque, Servius cracher son venin dans le verre d’une fille habillée d’un décolleté plongeant.

Il lui sourit en posant son verre devant elle, sauf qu’il ne s’attendait pas à ce que je le réceptionne. Elle me crie dessus, mais se tait et s’éloigne lorsque je lui commande un nouveau cocktail. Servius me reconnait tout de suite, et serre les dents, sa langue crochue sifflant entre ses lèvres. Je lui ordonne de me suivre, ce qu’il fait sans résister. Bien trop facile !

J’ai à peine eu le temps de penser ça, qu’il me saute dessus à la sortie de la boîte et m’entraîne dans la sombre ruelle qui se trouve sur la gauche. Il essaie de mettre sa main de reptile sur ma bouche pour éviter que je hurle. Sauf qu’il ne s’attendait pas à ce que je la lui morde. Je serre autant que je le peux, jusqu’à sentir son sang gluant sur mes lèvres.

Je relâche, le temps pour lui de comprendre que j’ai le dessus. Enfin… Au moment, où je m’approche de lui, une queue verte encercle ma taille et me propulse en arrière. Je peine à me relever lorsque je suis tirée par le cou et plaquée contre un mur. Dans l’attaque, Servius et son ami n’ont pas vu que j’ai sorti mon poignard de ma bottine.

Efficace contre le morceau de queue qui tombe au sol en se tortillant sous les hurlements du pauvre Servius. Son coéquipier me fixe, ne sachant pas quoi faire alors il me montre ses deux crocs pointus sortant par la même occasion sa langue rougeâtre, et pleine de poison visqueux. Quelle horreur ! Ils ont un problème avec leur langue !

— Beurk ! Range-moi ça ! crié-je sur le novice qui s’approche de mon cou.

Il est bien reçu par mon pied qui heurte son ventre et l’envoie au sol, rejoindre la queue de son chef. Malheureusement pour moi, la disparition de Servius au sein du club n’est pas passée inaperçue, et trois autres spécimens ramènent leurs fesses par ici. Cette fois, ils sont armés alors que moi, je n’ai que mon pauvre poignard.

Génial ! Très prévoyante, la chasseuse ! Me dis-je en secouant la tête. J’ai juste le temps de me baisser pour me dégager lorsque les premiers coups fusent. Je parviens à désarmer le plus proche de moi, mais je sens une balle frôler mon bras. Et une tâche sombre se forme sur le tissu déchiré de mon haut. Je ne me laisse pas faire pour autant.

Le jeune qui accompagnait Servius, finit au sol plus vite que les autres. Il doit être nouveau, les trois serpents en face de moi, ne me laisse pas beaucoup de marge de manœuvre. Et je me retrouve rapidement coincée au fond de la ruelle. Acculée contre le mur de briques froid, mon poignard est dégoulinant de sang.

Servius se planque derrière ses trois sbires, ils sont prêts à mordre et à diffuser leur venin en moi. Mais un vacarme les surprend me permettant, de trancher la gorge du premier, qui se vide sous les yeux ahuris de ses amis. Ils ne s’attendaient pas à ce que j’ose faire un mouvement. Sauf que la devise de tout bon chasseur, c’est « se battre jusqu’à son dernier souffle ». Alors, je suis les ordres.

En levant les yeux vers les deux colosses face à moi, je remarque des yeux bleus brillant derrière la silhouette de Servius. Des pupilles que je reconnaîtrais entre mille. Je hoche la tête et dans des gestes assurés, je me jette sur les gardes du corps de notre cher serpent. Je saute sur le premier, lui attrapant et arrachant les crocs pour les planter dans le coup de son collègue.

Le sang gicle dans les grognements furieux de Servius qui se fait attaquer par derrière. Sa queue qui était sur le point de repousser se fait raccourcir entre les babines d’un énorme loup. Je suis encore sur le dos de celui sans dents, quand elle m’enserre la gorge de sa queue en écaille.

Un regard vers la bête à poil et celle-ci lui saute dessus, faisant lâcher prise à mon assaillant. Mon loup s’en donne à cœur-joie, éventrant et éparpillant les viscères du serpent baraqué. Sous le regard horrifié de son chef de bande. Servius se met à genoux, me suppliant de lui laisser la vie sauve.

— Tu as enfreint les règles, Servius, lui dis-je d’un ton solennel et assuré.

— Tu pourrais nous laisser jouer avec la chair humaine, le club est si triste sans ça, m’avoue-t-il en affichant un sourire vicieux.

— C’est ta dernière parole, tu es sûr ? lui demandé-je en posant mon poignard contre sa gorge. Il hoche la tête, ses yeux se posent dans les miens au moment où ma lame tranche sa peau fine et laisse se déverser son fluide vital sur le sol. Merci pour ton aide, Louis, dis-je en essuyant mon arme et en regardant l’animal partir.

***

Ce soir-là, c’est grâce à lui que j’ai gagné mon combat et réussi ma mission. Ce doit être ça, qui fait que j’ai tant confiance en lui… Sûrement, et quand j’y réfléchis ce ne fut pas la seule fois où il est apparu pour me venir en aide. Je jette un œil dans le rétroviseur pour l’observer et remarquer qu’il dort, tout comme Hugo. En baissant les yeux sur la route, je me décide enfin à interroger Lucia.

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