Le soleil dans les yeux
Elle entend les pneus crisser sur le gravier
Les chants des merles gobent le bruit du moteur
Une portière claque dans un bruit assourdi
Des pas s’approchent d’elle
Il lui suffirait de tourner la tête
Elle retirerait la lumière de ses yeux
Elle pourrait enfin voir
Le visage de celui qui fait battre son cœur
Pourtant, elle ne bouge pas
Garde dans ses pupilles
La couleur du soleil
Halo luminescent
Protecteur de ses rêves
Il est tout à côté
Il voit qu’elle ne le voit pas
Ou ne veut pas le voir
Il respecte son choix
Son odeur est étrange
Un mélange de métal
Chauffé par le soleil
Et d’effluves de sa peau
Il sent bon, il sent chaud
Il attrape la main cachée dans une poche
Retire son gant d’un geste lent et assuré
L’approche de son visage
Ses lèvres infiniment douces
Se posent dans un baiser
Sur l’envers de la paume
Flash de douceur qui remonte jusqu’au cœur
Il s’approche un peu plus
Elle ne ferme pas les yeux
Préfère garder l’éclat du rayon
Au fond de sa prunelle
Sa main se pose sur sa joue
De son pouce, il caresse le velouté de sa pommette
Descend sur l’arête de la mâchoire
Et remonte sur ses lèvres
Il promène le bout de son pouce
Sur l’arc de sa bouche
S’arrête un instant
Attentif à ses souhaits
Elle le laisse faire,
Insensible à ce qui l’entoure
Seul compte le chemin
Qu’emprunte le frisson.
Ses lèvres remplacent son doigt
Comment peut-on savoir
Que la douceur d’une bouche est pareille qu’un miroir ?
Leurs deux babines se cherchent et se trouvent
Chair contre chair
Combat sans gagnant.
Et puis il recule
Rompt le charme de l’instant
Lui glisse dans l’oreille
Je vous embrasserai encore
Quand dans mes yeux vous vous perdrez.
Il remonte dans sa voiture
Descend l’allée de chênes
Tourne au loin
Elle le perd de vue.
Le soleil perdu dans ses yeux a disparu
Elle voit avec netteté
Tout ce qui l’entoure
Remonte dans sa voiture
Encore sous l’emprise
De ce moment volé
A la réalité.
Annotations
Versions