La vérité est parfois dure à entendre

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Je l'ai fait. Cela semblait impossible au premier abord, voire fou ou suicidaire, mais pourtant je l'ai fait.

Cela faisait des mois qu'il tyrannisait la classe. L'enfant m'interrompait sans cesse, harcelait ses camarades, se moquant d'eux, les frappant, les ridiculisant.

Son travail laissait souvent à désirer, malgré un étayage de tous les instants, réclamant en permanence mon attention. On vivait tout le temps au bord de la catastrophe, chacun de ses faits et gestes exigeait que j'y prenne garde. Au détriment parfois, des dyslexiques, des dysorthographiques, des dyspraxiques, des élèves malheureux parce qu'un divorce se passait mal à la maison, des bons élèves qui ont besoin qu'on leur donne plus de travail que les autres, bref de tout ce petit monde qui a besoin qu'on le nourrisse ( intellectuellement), et qu'on le chérisse.

Ce n'est pas sa faute, évidemment, son comportement est le cri d'alerte de sa solitude, il a besoin qu'on s'intéresse à lui , qu'on lui rappelle les limites à ne pas franchir.

Mais c'est un problème qui ne peut se résoudre simplement en classe. Les parents viennent enfin me voir. Pour me parler de leur petit prodige, bien entendu, trop en avance sur les autres, incompris, peut-être un peu TDAH, légèrement toutefois. Les autres élèves enviaient sa précocité, il ne faisait que se défendre. Quand il m'interpellait sans arrêt, c'était en fait pour réclamer des apprentissages à son niveau, c'est-à-dire, supérieur. A la maison, ils n'avaient pas le temps de s'occuper de lui, à cause du petit dernier. Ils ont peut-être fait la bêtise d'installer la télé et la console dans sa chambre, plutôt que des livres.

J'écoutais sans rien dire, mais au fond de moi je bouillais. L'excuse perpétuelle n'est pas un mode d'éducation, pas plus que la bienveillance n'est du laxisme.

Je devinais en filigrane le tableau de la vie de cet enfant livré à lui-même, en manque de marques d'affection, de temps partagé avec ses parents.

Je leur assurais que tout le monde avait envie de se détendre une fois rentré à la maison, après une harassante journée de travail ( nous, les enseignants ne pouvons cependant pas comprendre car nous travaillons à quart temps).Bien sûr, la télévision et les jeux videos sont un subterfuge facile pour avoir la paix. Mais la moitié de ce qui se passe en classe se joue à la maison, travail comme comportement.

Et là, je l'ai lâchée, la phrase que je n'avais pas le droit de prononcer a fusé: " Si on ne se sent pas de consacrer du temps à ses enfants, autant ne pas en faire, ils ne s'élèvent pas tout seuls". Après ça, le déluge.

Mince, je suis sûre que j'ai dépassé les 500 mots.

Note de l'auteur: toute ressemblance avec des personnages ou des faits existants est purement fortuite. Tout ceci n'est bien sûr qu'un produit de mon imagination.

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