Chapitre 14

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Quelques secondes plus tard, Jordan revint avec une chaise, et tout le monde se serra un peu pour lui laisser une place. Il se mit à côté d’Alec, leurs cuisses n’étaient qu’à une dizaine de centimètres…

Ils étaient tous autour d’une table ronde, revêtue d’une nappe rose et rouge avec différentes fleurs, et d’une plaque tournante en verre au centre, sur laquelle avait été posée un pot à thé en train de fumer.

Rapidement, un serveur entra dans la salle, avec deux saladiers remplis de riz dans les mains, qu’il posa sur la plaque. Jordan commença à la faire tourner pour amener le riz vers lui, et la prof grimaça, parce que c’était contraire à la tradition de se servir directement, sans attendre. Mais elle ne dit rien, c’était quand même lui qui venait de sauver la journée…

Il se servit et versa du thé dans sa tasse, puis laissa les autres se servir entre eux. Le serveur entra à nouveau avec deux nouveaux plats : une assiette de légumes verts et un bol de bouillon géant. Il enchaîna les allers-retours, apportant des plats plus appétissants les uns que les autres : nouilles sautées, raviolis à la vapeur, porc au caramel, boulettes de boeuf, petits pains farcis avec du porc…

Les odeurs se mêlaient et tout le monde avait les yeux pétillants à chaque fois qu’un nouveau plat arrivait. La plaque tournante était remplie et les plats se vidaient rapidement.

Alec était tout content de ne pas avoir mangé beaucoup le matin, il aurait pu engloutir à lui seul tout ce qui se trouvait sur cette table.

— Humpf, passe moi le porc, c’est trop bon, fit-il à Jordan, la bouche pleine.

Celui-ci se tourna vers lui et le regarda, amusé. Il fit tourner la plaque d’un grand geste, alors que Noémie était en train de se servir en boulettes, ce qui lui fit renverser de la sauce sur la nappe. Elle dévisagea Jordan du regard, mais elle ne dit rien.

Tout le monde se régala, ils eurent beaucoup de mal à finir tous les plats, mais c’était tellement bon !

Le serveur vint pour débarrasser tous les plats, puis il s’approcha de Jordan et lui chuchota quelque chose à l’oreille. Ils commencèrent tous les deux à parler en chinois, Jordan parlait couramment, avec un petit accent français qui le rendait très mignon. Le serveur avait l’air super respectueux envers lui, il ne se comportait pas du tout de la même manière qu’il l’avait fait avec la prof, quelques dizaines de minutes plus tôt.

Le serveur sortit un petit papier et un stylo de sa poche, et les posa sur la table. Jordan prit le stylo et commença à griffonner quelques caractères en chinois, ainsi qu’un numéro de téléphone. Puis il tendit le papier au serveur, qui le rangea soigneusement dans sa poche. Il fit un signe de la tête pour remercier Jordan et sortit.

— Comment t’as fait pour avoir cette salle ? demanda Noémie, en essayant d’être sympa envers lui.

— Ah, maintenant tu t’intéresses à moi, hein ? répondit-il avec un très grand sourire. J’te dirais rien, c’est un secret !

Puis il se leva de table, suivi par tous les autres. Le serveur leur ouvrit la porte et les salua tous un par un.

Le restaurant était encore bondé, et le rez-de-chaussée avait l’air beaucoup moins confortable que la salle où ils avaient mangé. Et puis il y avait beaucoup plus de bruit.

Quand ils sortirent du restaurant, Alice, une des filles de Terminale se décida à prendre la parole :

— Bon, Jordan, j’crois qu’on te doit tous des excuses. Et puis merci beaucoup pour ce repas. Je sais pas comment t’as fait, mais tu gères.

Jordan lui répondit par un clin d’oeil, et tout le monde imita Alice en allant s’excuser auprès de lui. Il savourait la victoire et les regardait de haut, avec un air de satisfaction.

Puis le groupe repartit pour continuer les visites.

— Et toi ? lança-t-il à Alec. Tu viens pas t’excuser ?

— Nan, moi je t’ai défendu devant eux. J’ai pas à m’excuser.

Jordan sembla amusé de cette réponse, et son sourire s'étira un peu plus encore.

Le reste de la journée se passa tranquillement, l’ambiance était bien meilleure. Jordan était au centre du groupe et continuait de faire le guignol, mais ça amusait tout le monde, cette fois-ci.

La nuit tomba vite, les gratte-ciel et les rues illuminaient la ville de toutes les couleurs. Shanghai paraissait encore plus vivant une fois le soleil couché.

Ils arrivèrent dans une rue bondée de monde, avec des lumières partout, des commerçants qui gueulaient, qui chantaient, qui frappaient sur des caisses pour attirer les touristes.

— C’est une rue très prisée par les touristes la nuit. Vous pouvez y retrouver tout ce que vous voulez ! Je vous laisse une heure pour faire des achats, et puis on rentrera à l’hôtel.

Tout le groupe se sépara en plusieurs morceaux. La moitié partit avec Jordan, Alec et Marion restèrent ensemble. Ils flânèrent dans la rue, sans rien acheter, juste en regardant les choses que vendaient les commerçants aux touristes un peu naïfs.

— Il faut bien que tu ramènes un souvenir chez toi ! lui lança Marion.

— Ouais, je sais… Mais j’ai pas beaucoup d’argent. Il faut que je trouve un truc bien, mais pas cher…

Et là, son regard se posa sur une petite statuette de Mao, qui ne devait pas dépasser les 10 centimètres de hauteur, faite dans un métal de basse qualité.

— Ça, fit-il en la pointant du doigt. Y a marqué 80 yuans, mais je vais essayer de la négocier à 40.

80 yuans, ça faisait environ 10 euros. Une vraie arnaque pour un simple morceau de métal.

Il alla voir le marchand avec la petite statuette dans les mains, et commença à parler en chinois, valorisant enfin ses deux années de cours :

— 10 yuans.

— Non, 80, répondit le vendeur en montrant du doigt l’étiquette.

Il devait penser que comme c’était un touriste européen, il pourrait le tromper facilement. Mais Alec était préparé à ça.

— 10 yuans, répéta-t-il fermement.

— 70.

— 10.

— Ok, 50.

Alec ne broncha pas.

— 20 ?

— 40, je peux pas mieux, fit le vendeur, désespéré.

— Ok, c’est bon.

Alec sortit quelques billets et lui paya la statuette, satisfait d’avoir fait sa première négociation.

En sortant, Marion lui tapa sur l’épaule.

— Tu sais que t’aurais pu négocier encore ?

— Ouais, mais je t’ai dit que j’en voulais pour 40 yuans, et je les ai eus. J’ai relevé mon défi, j’avais pas besoin d’aller plus loin.

— J’suis moyennement convaincue…

Ils continuèrent leurs achats, Marion acheta des friandises chinoises et des chips au concombre, pour voir le goût que ça pouvait avoir.

Ils se rendirent au point de rendez-vous pile à l’heure, même Jordan était là.

— Bien ! fit la prof de chinois. La journée a été très bonne, je tiens à remercier Jordan encore une fois ! Tu as été plus qu’exemplaire, je te dois aussi des excuses.

— Ça mérite une bise, Madame, répondit-il avec un sourire en coin.

La prof parut surprise et effectua un mouvement de recul. Elle s’avança doucement et déposa une bise toute légère sur la joue de Jordan.

— Je rêve où il est en train de la draguer ? souffla Marion.

Tout le monde monta dans le car et rentra à l’hôtel. Alec se dirigea en premier vers sa chambre : il se souvenait encore de la promesse que Jordan lui avait faite la veille ; et il était impatient d’avoir une vraie discussion avec lui.

Il attendit quelques minutes, assis sur son lit, puis Jordan débarqua enfin dans la chambre. Alec se leva et se posta face à lui, mais celui-ci le contourna, comme un vulgaire obstacle…

— Tu fais quoi ? lança Alec en voyant qu’il fouillait dans sa valise.

— On a trouvé de l’alcool de riz et de la vodka. On va tous dans la chambre d’Alice et on va se mettre une grosse cuite ! Tu viens ?

— Euh, ouais… Mais je croyais que devait avoir une…

Trop tard, Jordan avait claqué la porte, déjà parti pour cette soirée. Il avait donc déjà oublié sa promesse…

Alec avait peur de ce que Jordan était capable de faire, surtout s’il était bourré. Il s’imaginait déjà des images de son beau rugbyman avec une autre fille, en train de…

Il secoua la tête. Jordan avait quand même sa petite réputation de gros fêtard, il y avait des choses à craindre de cette soirée.

Et puis pourquoi il commençait à s’inquiéter au sujet de Jordan ? C’était stupide, ce mec faisait ce qu’il voulait, et il n’avait jamais changé, il était toujours le même Jordan qu’avant le voyage ; et Alec avait cru, naïvement, qu’il aurait pu le faire changer…

Il y allait avoir des dégâts pendant cette soirée, il en avait le pressentiment...

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