Miroir vaincu

Une minute de lecture

Ah, l'abject éclat de sa face face à soi,

Si fidèle et faisant fi du parfait effroi !

Tu me fournis un reflet impartial et froid

En fêtant ainsi mon défunt faciès de soie !

Voilà que tu mines mon humeur, et macères

Ma chair qui se chancit, rassasiant tes chimères ;

Ces démons du présent avides de jeunesse

Qui, chaque seconde, me flétrissent et me blessent !

Peu importe, Miroir, je ne sourirai plus !

Désormais, ton règne sur moi est révolu !

Vois donc par toi-même, toi qui renvoies mon teint,

Tu ne reflètes plus que des traits incertains !

Et au crépuscule, l'âme livrée au vent,

Je serai ce vainqueur qu'on moqua si souvent !

Je te le dis, Miroir, tu n'es que peu de chose :

Tu es ma vieillesse, mais je suis ta psychose...

Il suffirait, vois-tu, que mes traits disparaissent

Pour que cet inhumain reflet... soudain... cesse !

Et dans l'air lugubre, mes lèvres s'illuminent

Riant plus fort, peu à peu, rongées de vermine... !

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