Miroir vaincu
Ah, l'abject éclat de sa face face à soi,
Si fidèle et faisant fi du parfait effroi !
Tu me fournis un reflet impartial et froid
En fêtant ainsi mon défunt faciès de soie !
Voilà que tu mines mon humeur, et macères
Ma chair qui se chancit, rassasiant tes chimères ;
Ces démons du présent avides de jeunesse
Qui, chaque seconde, me flétrissent et me blessent !
Peu importe, Miroir, je ne sourirai plus !
Désormais, ton règne sur moi est révolu !
Vois donc par toi-même, toi qui renvoies mon teint,
Tu ne reflètes plus que des traits incertains !
Et au crépuscule, l'âme livrée au vent,
Je serai ce vainqueur qu'on moqua si souvent !
Je te le dis, Miroir, tu n'es que peu de chose :
Tu es ma vieillesse, mais je suis ta psychose...
Il suffirait, vois-tu, que mes traits disparaissent
Pour que cet inhumain reflet... soudain... cesse !
Et dans l'air lugubre, mes lèvres s'illuminent
Riant plus fort, peu à peu, rongées de vermine... !
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