Epilogue

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Note de l'auteur (la dernière) : chose promise, chose due, voici l'épilogue avec lequel se terminent les aventures de Lisa. Encore un grand merci à toutes et à tous pour avoir lu et apprécié les deux tomes de mon roman ! Sans vous, je n'aurais pas eu autant de plaisir à les publier !

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Ainsi donc, tout était terminé. Cette histoire d’amour que Lisa avait rêvé de vivre avec M. Bates s’était achevée avant même d’avoir pu commencer. Ses espoirs venaient de voler en éclats, à l’image de son cœur qui venait de se briser en mille miettes. Lisa était anéantie. Elle ne trouvait même plus la force de pleurer tant elle était dévastée…

Le revers qu’elle venait d’essuyer auprès de M. Bates lui avait fait l’effet d’une douche froide. Elle avait l’impression d’être brutalement sortie d’un songe pour se heurter à la dure réalité : l’homme dont elle était amoureuse ne partagerait jamais ses sentiments et ne tenait même pas à la revoir. Au moins, sa réponse avait eu le mérite d’être claire. Lisa savait désormais à quoi s’en tenir. Au fond, elle trouvait ce rejet moins pénible à supporter que l’incertitude dans laquelle le silence de M. Bates l’avait plongée pendant près de trois semaines… La façon dont il lui avait passé un savon lui avait aussi montré que sa gentillesse était loin d’être infinie… Elle qui avait toujours pensé qu’il était parfait... Elle le voyait baisser d’un seul coup dans son estime.

La première chose que fit Lisa en arrivant chez elle fut de monter dans sa chambre et de ressortir de son ancien manuel de maths la vieille photo de M. Bates qu’elle avait cachée à l’intérieur. Combien de fois avait-elle posé ses yeux sur cette image qu’elle avait prise à la dérobée ! Combien de fois avait-elle posé ses lèvres sur ce bout de papier glacé pour embrasser tendrement l’homme qu’elle aimait en secret ! Aujourd’hui, la vue de cette photo lui faisait trop mal au cœur pour qu’elle puisse y laisser traîner son regard.

Profitant de l’absence de sa mère, Lisa redescendit à la cuisine et s’empara de l’allume-gaz pour mettre le feu à la photo de M. Bates. Elle la tint quelques instants du bout des doigts en la regardant s’enflammer, puis la fit tomber dans l’évier où elle acheva de se consumer. Et dire qu’elle avait contemplé cette image pendant des heures, et qu’il ne lui suffisait que de quelques instants pour la voir partir en fumée !

La jeune fille ouvrit la porte du congélateur pour en sortir un pot de glace Ben & Jerry’s Cookie Dough, se munit d’une cuillère et alla s’asseoir dans le canapé du salon avant d’allumer la télé sur Netflix. Beaucoup disaient que c’était là le moyen idéal de faire son deuil après une rupture amoureuse… Certes, noyer son chagrin dans un pot de crème glacée n’était pas ce qu’il y avait de plus diététique, mais c’était toujours mieux que de le faire dans une bouteille d’alcool… Surtout quand il fallait s’assurer d’être en forme pour la cérémonie de remise des diplômes du lendemain.

Qui parmi les cinq cents et quelques spectateurs réunis ce matin-là sur le terrain de baseball du lycée Lincoln aurait pu imaginer que Lisa Thompson venait de se prendre un râteau auprès de son prof de maths ? En la voyant monter sur l’estrade tout sourire pour recevoir son diplôme des mains du proviseur, nul ne se serait douté qu’elle venait de connaître un tel échec sentimental. Son visage rayonnant donnait au contraire l’impression que tout lui réussissait. Au fond, n’était-elle pas parvenue à intégrer l’une des plus prestigieuses universités des Etats-Unis ?

- Toutes mes félicitations, Lisa, lui dit M. Hawkins en lui serrant chaleureusement la main. Bonne continuation au MIT !

La jeune fille ne put s’empêcher de rougir de plaisir en entendant ces compliments sortir de la bouche même du principal. Elle descendit de scène pour aller rejoindre ses camarades de promo et attendre avec eux la fin de la distribution des diplômes.

Comme l’avait annoncé la météo, le soleil et la chaleur étaient au rendez-vous de cette belle matinée de printemps. Le ciel était aussi bleu que la toge des nouveaux diplômés. La température avait dépassé les vingt-six degrés et Lisa sentait déjà quelques gouttes de sueur lui couler dans le dos. C’était pourtant Joey qui paraissait le plus souffrir de la chaleur. Assis trois rangées devant elle, il n’arrêtait pas de soulever le bord de sa coiffe pour s’essuyer le front du revers de la main, et, à en juger par les coups d’œil répétés qu’il jetait à son smartphone, il lui tardait que la cérémonie se termine pour qu’il puisse enfin retirer son chapeau et s’aérer la tête. Force était de reconnaître que le spectacle des élèves défilant un à un sur l’estrade pour venir récupérer leur diplôme finissait par être lassant… Lisa elle-même poussa un soupir de soulagement lorsqu’elle vit le proviseur serrer la main du dernier appelé de la liste et reprendre le micro pour adresser un ultime discours au public.

- Ainsi s’achève la cérémonie de remise des diplômes de la promotion 2018. J’invite maintenant tous les terminales à se mettre debout pour le traditionnel tourner de pompons.

Les cent vingt lycéens rassemblés au milieu du terrain de baseball se levèrent sous les acclamations du public et passèrent solennellement la houppe qui pendait de leur toque du côté droit au côté gauche. Ce geste symbolique fut aussitôt salué par un tonnerre d’applaudissements et de hourras. Lisa se mit à rire en voyant que Joey était le seul à avoir fait pivoter sa houppette dans le mauvais sens.

- Chers invités, chers parents et chers professeurs, reprit M. Hawkins, c’est un honneur pour moi de vous présenter la promotion 2018 des nouveaux diplômés du lycée Lincoln !

A ces mots, tous les élèves lancèrent leur chapeau dans les airs en tendant les bras vers le ciel et en poussant des cris de joie. Avec sa force de moineau, Lisa ne parvint pas à faire monter sa coiffe très haut, mais elle réussit quand même à perdre sa trace au milieu de celles de ses camarades. Lorsqu’elles retombèrent pêle-mêle au milieu des lauréats, Lisa en reçut une sur la tête et parvint à la rattraper de justesse avant qu’elle ne termine sa chute sur le gazon. Heureusement que tout le monde avait pensé à écrire son nom à l’intérieur, car sans cela Lisa n’aurait probablement jamais pu rendre son bien à Lindsey Barnett, ni récupérer le sien auprès de Tom Hernandez.

- Qui a mon chapeau ? ne cessait de répéter Joey en regardant autour de lui d’un air désemparé.

- Tu es sûr que tu avais bien marqué ton nom dedans pour pouvoir le retrouver ? lui demanda Lisa en le rejoignant pour l’aider dans ses recherches.

- Bien sûr que j’en suis sûr ! C’est peut-être quelqu’un qui a marché dessus sans faire attention…

- Ne t’inquiète pas, lui dit Kevin avec un sourire espiègle, même si quelqu’un l’a piétiné, ça n’a pas dû l’aplatir plus qu’il ne l’était déjà !

- Tu auras juste une marque de chaussure dessus, mais ça restera un bon souvenir ! lança Astrid en rigolant.

Interpellée par le regard complice qu’échangèrent les deux joyeux tourtereaux, Lisa ne tarda pas à s’apercevoir que Kevin gardait la toque de son ami cachée derrière son dos pour lui faire une farce.

- Bah, tant pis..., soupira Joey avec résignation. De toute façon, cette toque commençait vraiment à me donner trop chaud. Sur ce, je vais devoir vous laisser : il faut que je retrouve mes parents et mon frère qui est venu spécialement du Colorado pour assister à la cérémonie. A plus tard !

Astrid attendit que le garçon disparaisse au milieu de la cohue avant de commenter d’un air goguenard :

- J’espère qu’il arrivera plus facilement à retrouver sa famille qu’à retrouver son chapeau !

- Ce n’est pas gagné, avec le monde qu’il y a…, constata Lisa, qui commençait à se sentir oppressée par la foule.

- Tiens ! Mais c’est ma grand-mère que j’aperçois là-bas ! s’exclama Astrid en se hissant sur la pointe des pieds pour regarder en direction des gradins. Mamiiiie ! s’écria-t-elle en agitant les bras en l’air.

- Je ne crois pas qu’elle t’ait vue…, signala Kevin. Elle a l’air un peu désorientée…

- Dans ce cas, je vais aller la chercher. Tu viens ? s’enquit la blonde en prenant son petit ami par la main pour l’inciter à la suivre.

- J’imagine que je n’ai pas trop le choix…, répondit Kevin d’une voix faussement plaintive.

- A ce soir, Lisa ! s’exclama la jeune fille, avant d’entraîner son copain derrière elle et de se fondre avec lui dans la masse.

Lisa se demandait encore comment elle avait réussi à accepter l’invitation d’Astrid à venir à la fête qu’elle organisait chez elle pour célébrer la remise des diplômes. Elle qui s’était pourtant juré depuis la veille de ne plus jamais remettre les pieds à Mill Spring… La voilà qui s’apprêtait déjà à retourner sur les lieux du drame ! Que se passerait-il si elle croisait M. Bates alors qu’elle lui avait promis qu’elle ne chercherait plus jamais à le revoir ? Finirait-il par appeler la police ? En vérité, il n’y avait qu’une seule rue dont elle était désormais bannie. Du moment qu’elle ne s’approchait pas d’Irwin Street, elle pouvait continuer de se rendre à Mill Spring sans trop craindre de s’attirer des ennuis… Même si cela ne la protégeait pas du risque de faire une mauvaise rencontre.

Hélas, la jeune fille ne se doutait pas que ce risque était encore bien plus élevé au lycée Lincoln. Ce fut en cherchant des yeux sa mère et ses grands-parents qu’elle découvrit que M. Bates faisait partie des profs venus assister à la cérémonie. Son cœur se figea d’effroi lorsqu’elle le vit parmi ses collègues, en train de discuter avec le proviseur à deux pas de la scène. Elle lui tourna aussitôt le dos pour faire semblant de ne pas l’avoir remarqué, et se dirigea d’un pas chancelant dans la direction opposée. Evidemment, elle aurait dû se douter qu’il serait là. La plupart des enseignants des classes de terminale ne manquaient jamais de venir féliciter leurs élèves à la remise des diplômes.

Le cœur battant à tout rompre, Lisa continua de se frayer un chemin au milieu des invités pour mettre le plus de distance possible entre elle et son prof, tout en essayant de retrouver sa famille. Ce fut sa mère qui la repéra en premier.

- Lisa ! Ouhouuuh ! Lisa ! On est là !

Amanda, Nancy et Robert Thompson se tenaient tous les trois à l’écart de la foule, près de la clôture extérieure du terrain de baseball. Lisa s’empressa de les rejoindre et fut accueillie par des exclamations d’enthousiasme.

- Félicitations, Lisa ! Tous tes efforts ont fini par payer ! se réjouit sa mère en la serrant fort dans ses bras.

- Merci maman. Attention à mon diplôme, tu risques de l’écraser…

- Ah oui, pardon…, s’excusa Amanda, qui réalisa un peu tard que le rouleau de parchemin s’était retrouvé coincé entre elle et sa fille. Qu’est-ce que tu attends pour nous le montrer, d’ailleurs ?

Lisa s’exécuta en retirant le ruban bleu noué autour du document et en dépliant celui-ci.

- Waouh ! s’extasia sa grand-mère en frappant dans ses mains pour manifester son admiration. Tu pourras l’encadrer fièrement dans ta chambre !

- Oui, je pense qu’il ira très bien à côté de mon poster de Nirvana, répondit Lisa avec un petit sourire malicieux.

- Laisse quand même de la place autour, pour pouvoir ajouter celui du MIT ! lui lança son grand-père en lui faisant un clin d’œil.

- Et si tu venais avec nous dire merci à tes profs ? proposa alors Amanda. J’ai vu qu’ils étaient tous rassemblés au pied de l’estrade, avec le principal… C’est le moment d’aller les remercier pour tout ce qu’ils ont fait pour toi au cours de ces quatre dernières années.

- Ah ? Euh… Tu… Tu es sûre que c’est nécessaire ? balbutia Lisa, prise au dépourvu.

Clairement, sa mère ne devait pas avoir vu M. Bates. Si tel avait été le cas, jamais elle n’aurait suggéré d’aller le saluer.

- Je pense que ça leur ferait plaisir d’entendre quelques remerciements, expliqua naïvement Amanda.

- Oh, tu sais, j’ai déjà eu plein d’occasions de leur dire merci, répondit Lisa d’une voix nerveuse. Allez-y sans moi, si vous y tenez. Je préfère rester au calme et vous attendre ici.

- Comme tu veux.

La jeune fille regarda sa mère et ses grands-parents s’éloigner d’elle pour se diriger vers la scène. Elle redoutait déjà la confrontation qui risquait d’avoir lieu avec M. Bates…

Contre toute attente, elle vit alors celui-ci sortir de la foule à quelques mètres d’elle, et commencer à flâner parmi les petits groupes de lycéens et de spectateurs qui s’étaient eux aussi détachés de la masse. Il venait sans doute féliciter ses élèves en personne et leur souhaiter de bonnes vacances, ainsi qu’une bonne continuation dans la suite de leurs études...

Paniquée, Lisa regarda partout autour d’elle comme pour trouver une issue de secours. Hélas, elle semblait coincée entre la clôture et son prof de maths, qui avançait comme par hasard dans sa direction. La pauvre ne savait vraiment plus où se mettre et finit par rester pétrifiée. Etait-ce de sa faute si son chemin menaçait à nouveau de croiser celui de M. Bates ? Elle avait pourtant tout fait pour essayer de l’éviter... C’était lui qui venait à elle, pas le contraire !

Le sang de Lisa se glaça dans ses veines lorsqu’elle comprit que l’enseignant faisait justement exprès d’aller à sa rencontre. Le coup d’œil qu’il lui jeta de loin lui prouva qu’il avait déjà noté sa présence. Il avait certainement attendu que sa mère et ses grands-parents s’en aillent avant de se décider à l’aborder. Pourquoi ? Qu’avait-il à lui dire ? Venait-il s’excuser pour les propos qu’il lui avait tenus la veille ? Elle qui croyait pourtant qu’il ne souhaitait plus jamais la revoir…

La jeune fille sentit bientôt une goutte de sueur dégouliner le long de sa tempe. Sa tête commençait à tourner comme si elle était sur le point de s’évanouir, mais cela n’avait rien à voir avec la chaleur... M. Bates continuait de se rapprocher discrètement d’elle, et Lisa continuait de le surveiller du coin de l’œil en faisant mine de ne pas le voir. Il était vêtu de son élégant costume de lin blanc, assorti à sa chemise bordeaux et à un nœud papillon mordoré. Il finit par arriver à une telle distance d’elle qu’il lui fut désormais impossible de faire semblant de l’ignorer plus longtemps. Tétanisée, Lisa posa son regard sur son prof et l’observa avec appréhension.

- Félicitations, dit M. Bates d’une voix douce, qui ne ressemblait en rien à celle qu’elle avait entendue la veille.

Lisa se mit à rougir et baissa la tête pour tenter de cacher sa confusion.

- Merci, répondit-elle faiblement.

Elle se sentait presque coupable de se trouver là, alors qu’elle avait certifié à M. Bates qu’il ne la reverrait plus jamais de sa vie. L’enseignant ne paraissait pourtant pas s’en formaliser, car il ajouta d’un ton calme :

- Ton parcours au lycée aura vraiment été exemplaire. Tu peux être fière de toi.

Touchée par ces mots totalement inespérés, Lisa adressa à son prof un regard plein de gratitude. Elle était surtout très émue de constater qu’il avait choisi de venir la féliciter, alors qu’il aurait tout à fait pu se contenter de l’éviter, comme il avait très bien su le faire durant ces trois dernières semaines. Malgré tout ce qui s’était passé la veille, c’était lui qui avait fait le premier pas, comme s’il regrettait au fond de s’être laissé emporter...

- Merci à vous pour la confiance que vous m’avez accordée… et pour votre indulgence, lui dit Lisa avec un sourire un peu navré.

Sur ce, elle vit M. Bates présenter sa main pour serrer la sienne, et elle resta quelques instants interdite devant ce geste inattendu. Elle qui avait toujours rêvé de toucher l’homme qu’elle aimait... Elle avait du mal à réaliser qu’il lui offrait aujourd’hui ce plaisir. C’était comme un cadeau d’adieu auquel jamais elle n’aurait cru avoir droit. Surtout pas après la scène qu’elle avait provoquée chez lui quelques heures plus tôt. De peur que M. Bates ne finisse par prendre sa surprise pour de l’hésitation, Lisa se hâta de tendre à son tour la main pour la refermer sur celle de son prof. Celui-ci exerça une légère pression avant de relâcher la main de son élève au bout d’une seconde à peine. Lisa, qui s’était attendue à avoir des frissons dans tout le corps au moment d’entrer en contact avec son prof, dut reconnaître qu’elle était un peu déçue. Cette poignée de main n’avait pas eu sur elle le moindre effet. A croire que le rejet de M. Bates avait déjà bien calmé ses ardeurs...

L’enseignant prit congé d’elle en lui adressant un dernier sourire bienveillant, puis s’en retourna au milieu de la foule où Lisa le vit bientôt disparaître. La jeune fille essuya une larme qui venait de couler le long de sa joue. Non pas une larme de tristesse, mais une larme de bonheur : Lisa était heureuse qu’elle et M. Bates se soient quittés en bons termes.

Alors que les vacances d’été se terminent et que je trace ici les dernières lignes de ce qui au départ ne devait être qu’une simple lettre d’adieu, le temps a réussi à guérir une partie de mes blessures et à chasser de mon esprit l’idée première que j’avais d’en finir avec la vie. Certes, ces mots resteront les derniers que je vous écrirai jamais. Mais ils ne seront pas les derniers à sortir de ma plume.

Si je suis prête aujourd’hui à aller de l’avant, j’ignore encore où ce choix me conduira... C’est sans doute la curiosité qui me pousse à faire ce saut dans l’inconnu... La curiosité de découvrir ce que me réserve l’avenir… Même si je dois le vivre sans vous.

Sincèrement vôtre,

Lisa Thompson

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