Chapitre 27

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Le lendemain, Lisa ne décolérait toujours pas contre sa mère. Entendre celle-ci lui faire une leçon de morale et lui dire qu’elle finirait alcoolique comme son père lui avait fait l’effet d’une claque en pleine figure, mais ce qui l’avait le plus blessée dans son amour-propre restait sans doute son conseil d’aller chez un psy. Si seulement elle avait fait plus attention à sa consommation d’alcool pendant les vacances, rien de tout ceci ne serait arrivé…

Heureusement pour elle, Lisa avait retrouvé au lycée une oreille attentive à qui confier ses tracas. Son ami Mike avait en effet décidé de reparaître malgré son renvoi temporaire de l’établissement. Certes, il se gardait bien de retourner en cours ou même de franchir le seuil de la bibliothèque, mais il ne se gênait pas pour flâner dans les couloirs comme si de rien n’était. Cet après-midi-là, il avait donné rendez-vous à Lisa à trois heures, dans un endroit où il était sûr qu’ils ne seraient pas dérangés et où la jeune fille n’avait encore jamais mis les pieds : le toit du lycée.

Lisa ignorait comment Mike avait réussi à se procurer le double de la clé qui permettait d’accéder à l’escalier en colimaçon conduisant au toit du bâtiment principal, mais connaissant le genre de bêtises dont son ami était capable, plus rien chez lui ne la surprenait. Mike avait toujours aimé braver les interdits, et ce n’était pas son exclusion du lycée qui allait l’arrêter.

Le toit du bahut offrait une vue imprenable sur la cour et la piste d’athlétisme. Lisa se sentait comme privilégiée de pouvoir observer à leur insu les allées et venues des élèves et l’entraînement des sportifs. Qui donc se serait douté qu’elle et Mike étaient perchés là-haut, assis sur le rebord de la coupole de verre et d’acier qui laissait la lumière du jour éclairer l’une des cages d’escalier ? Au-dessus de leur tête, au milieu du ciel bleu azur, défilaient lentement de petits nuages blancs et cotonneux. L’air était chaud et donnait déjà la sensation d’être en été. Le soleil tapait si fort que Lisa regrettait presque de ne pas avoir pensé à mettre de la crème solaire... Hélas, la crainte d’attraper un coup de soleil était loin d’être sa préoccupation principale.

- Je n’arrive toujours pas à croire qu’elle m’ait conseillé d’aller voir un psy ! s’exclama la jeune fille, qui ne cessait de repenser aux paroles blessantes de sa mère.

- Tu sais, il n’y a rien de honteux à aller voir un psy, lui fit remarquer Mike. Moi-même, j’en vois un régulièrement, depuis le divorce de mes parents. Abigail aussi. C’est toujours utile de pouvoir confier ses problèmes à quelqu’un capable de t’écouter sérieusement et de te donner des conseils…

- Peut-être, mais tu crois vraiment qu’un psy est le mieux placé pour comprendre ce que tu ressens ? demanda Lisa d’un air sceptique. Pour moi, la seule personne capable d’une telle chose, c’est toi-même…

- C’est vrai, mais ça ne veut pas forcément dire que tu es aussi capable de te soigner tout seul…

- Pourtant, l’alcool m’avait l’air d’être un bon remède pour oublier ses chagrins, lança la jeune fille avec un sourire espiègle.

- Ne me dis pas que tu es devenue alcoolo ! Je vais finir par regretter de t’avoir appris à boire…

- Qu’est-ce que tu racontes ? Jamais je n’ai abusé de la boisson, moi !

- Tu as quand même vidé la moitié de trois bouteilles d’alcool, rappela Mike.

- Pour ton information, elles étaient déjà bien entamées quand je les ai ouvertes !

- En tout cas, on peut dire que ta mère a eu du flair pour remarquer que leur niveau avait baissé… Heureusement que mon père n’est pas du genre à surveiller ces choses-là…  Tant que je ne touche pas à ses bouteilles de whisky, il me laisse boire ce que je veux à la maison.

- Tu as bien de la chance…, commenta Lisa en soupirant.

Elle promena son regard sur l’horizon, admirant en silence les collines verdoyantes qui bordaient la ville de Greentown. Ce point de vue était vraiment l’endroit idéal pour profiter du coucher du soleil… Quel plaisir ce serait de pouvoir jouir de ce spectacle en compagnie de M. Bates ! Comme elle serait heureuse de se retrouver assise à ses côtés sur le toit du lycée, à l’abri des regards indiscrets, libre de se blottir contre lui, de rapprocher son visage du sien, et pourquoi pas de...

- Tiens, mais ce n’est pas ton prof de maths que j’aperçois là-bas ? s’exclama alors Mike en pointant du doigt l’extrémité de la cour.

Sortant subitement de sa rêverie, Lisa posa son regard sur l’endroit qu’indiquait Mike, et reconnut en effet M. Bates qui franchissait le portail principal pour sortir dans la rue.

- Si ! répondit-elle en sentant son cœur bondir de joie dans sa poitrine. Il doit sûrement aller au Gourmet’s !

Un coup d’œil à sa montre lui confirma qu’il était bien quatre heures, l’heure à laquelle M. Bates se rendait habituellement au café.

- Tu veux le rejoindre ? proposa Mike.

- Non, il vaut mieux que je le laisse un peu tranquille, de temps en temps... Et puis, je préfère rester ici pour continuer d’apprécier la vue. Ce n’est pas tous les jours que j’ai l’occasion de monter sur le toit du lycée !


Le jour où Mike fit son retour officiel au lycée Lincoln fut aussi le jour où Scott Davis retourna à la barre du tribunal de Greentown. Le vendredi 13 avril, les gros titres des journaux du comté furent en effet consacrés au début du procès opposant le violeur présumé d’Ashley Westbrook à l’une de ses autres victimes : Melina Williams. C’était grâce à la plainte que celle-ci avait été déposer le mois précédent que Scott et Jason s’étaient fait arrêter par la police et qu’ils se voyaient de nouveau convoqués au tribunal, cette fois-ci en tant qu’accusés.

Lisa n’était pas mécontente de ne plus avoir à supporter la présence de Scott en cours de maths. Elle pouvait désormais profiter de ses leçons avec M. Bates en toute quiétude, sans sentir le regard d’un pervers braqué dans son dos. L’enseignant paraissait lui-même plus à l’aise, maintenant que Scott n’était plus là : ses blagues étaient redevenues aussi fréquentes qu’autrefois, et il avait retrouvé l’habitude de se moquer gentiment des élèves qu’il envoyait au tableau pour corriger un exercice.

Cet après-midi-là, c’était au tour de Ned Curtis de s’y coller. Le pauvre garçon n’avait visiblement pas réussi à terminer l’exercice consacré à l’étude statistique du temps que passaient chaque jour les Américains sur les réseaux sociaux, mais cela ne l’avait pas empêché de se faire appeler au tableau pour présenter devant la classe ses réponses aux premières questions. L’énoncé commençait par introduire la fonction densité de probabilité de la variable aléatoire T qui modélisait ce temps de connexion quotidien. Ned s’efforça de reproduire au tableau la courbe associée à cette fonction.

- Bien, commenta M. Bates en validant d’un hochement de tête le tracé de cette loi de Gauss centrée sur la valeur moyenne de 2,1 heures. La première question demandait de hachurer sur le graphique deux domaines distincts, d’aire égale à 0,023, sachant que la probabilité que la variable T soit supérieure ou égale à 3 vaut justement 0,023. Alors... Comment as-tu procédé ? demanda-t-il en se tournant vers Ned.

- Eh bien, je… J’ai commencé par hachurer la partie située sous la courbe, à droite de l’abscisse égale à 3, expliqua le garçon en illustrant ses propos au tableau par de nerveux coups de craie.

- C’est un bon début, approuva M. Bates. Et pour le deuxième domaine ?

- J’ai pris le symétrique, répondit simplement Ned.

- Le symétrique, le symétrique ! répéta alors M. Bates d’une voix impatiente. Ça ne veut rien dire, « le symétrique » ! Le symétrique de quoi par rapport à quoi ?

- Le… Le symétrique de la zone hachurée à droite, par rapport à l’abscisse égale à 2,1.

- Ah, c’est mieux ! Eh bien, vas-y ! Dessine-nous le symétrique !

Ned s’exécuta non sans une certaine hésitation, traçant d’une main indécise un trait vertical censé délimiter la portion de courbe dont l’aire était égale à celle de la surface qu’il avait hachurée. Le nez collé au tableau, il ne se rendait malheureusement pas compte que la nouvelle zone qu’il venait de définir était beaucoup plus large que la première...

 - Et tu trouves que ces deux zones sont symétriques ? s’étonna M. Bates en écarquillant les yeux de surprise. Tu penses vraiment qu’elles ont la même aire ?

- Plus ou moins..., répondit Ned avec un haussement d’épaules.

- Plutôt plus ou plutôt moins ? s’enquit l’enseignant. Alex ? A ton avis ? lança-t-il en s’adressant au blondinet assis au dernier rang à côté de Jordan Buckley. Vu du fond de la classe, qu’est-ce que tu dirais ? Toi aussi, tu trouves que ces deux surfaces ont la même aire ? Tu n’as pas l’impression que celle de gauche fait quelques centimètres carrés de plus ?

- Je ne sais pas, répliqua Alex d’un air nonchalant, je n’ai pas le compas dans l’œil…

- Moi non plus, reconnut M. Bates en souriant. Ça fait trop mal !

Sur ce, Lisa se plaqua aussitôt la main contre la bouche pour étouffer un gloussement. Arthur Macmillan, lui, ne fut pas aussi discret, et éclata d’un bon rire franc qui ne manqua pas d’attirer l’attention de l’enseignant. Heureux de constater que sa blague avait eu de l’effet, M. Bates se mit lui-même à rire, puis se retourna vers Ned pour reprendre d’un air jovial : 

- Et si tu nous donnais la valeur du symétrique de 3 par rapport à 2,1 ?

- Euuuh…, fit le garçon, décontenancé.

- Qui peut l’aider ? Arthur ?

- En appelant x cette valeur, cela revient à résoudre l’équation : 2,1 - x = 3 – 2,1, répondit fièrement le binoclard.

- Tout à fait. Ce qui nous donne ?

- x = 1,2.

- Exactement.

Comprenant l’utilité de ce calcul qu’il avait manifestement oublié de faire, Ned s’empressa de corriger au tableau la limite de la deuxième zone qu’il avait tracée de façon approximative, en la restreignant cette fois à l’abscisse égale à 1,2.

- Parfait, commenta M. Bates. On continue.

Le garçon poursuivit la correction de l’exercice en déroulant au tableau toute une série d’équations destinées à déterminer la probabilité que T soit compris entre 1,2 et 3. Ce qui chez Lisa ne tenait qu’en une ligne de calcul semblait nécessiter chez son camarade un nombre considérable d’opérations. Sa démonstration était tellement longue que M. Bates ne cherchait même plus à cacher son ennui : baillant ostensiblement aux corneilles, il s’était rassis derrière son bureau, sur lequel il s’amusait à empiler des craies pour tuer le temps. Lorsque Ned parvint enfin à l’avant-dernière étape de son raisonnement, il s’aperçut qu’il ne lui restait plus de place pour continuer d’écrire sur le tableau, et il se tourna alors vers son prof d’un air désemparé.

- Vas-y, tu peux effacer ce qu’il y a à gauche, lui dit M. Bates. Depuis le temps, je pense que tout le monde a fini de recopier…

Le ton moqueur de l’enseignant sembla échapper à Ned. Celui-ci se contenta de prendre la brosse et commença à la passer sur la partie droite du tableau.

- Non, non, l’autre gauche ! s’écria M. Bates.

Cette fois, Lisa ne put s’empêcher de rire de bon cœur. La maladresse de son camarade se manifesta à nouveau lorsqu’il leva le bras pour effacer le coin en haut à gauche du tableau et que la brosse lui échappa des mains. Celle-ci tomba par terre avec un son mat, et le garçon se baissa tout penaud pour la ramasser.

- Quelqu’un a mesuré la gravité, aujourd’hui ? demanda M. Bates en parcourant la salle d’un regard amusé.

Cette manie qu’il avait d’invoquer la pesanteur pour expliquer la moindre chute de cette brosse ne cessait jamais de faire sourire Lisa. Ned, lui, parut ne pas y prêter attention et s’appliqua plutôt à effacer le bon côté du tableau. Il s’appliqua d’ailleurs tellement que sa lenteur finit par exaspérer M. Bates.

- Et si tu accélérais un peu l’allure ? suggéra celui-ci. Je sens que tes camarades trépignent d’impatience de connaître le résultat... Regarde Ben comme il s’agite sur sa chaise ! lança-t-il en désignant d’un mouvement de tête le garçon assis à la droite de Lisa et qui remuait sa jambe gauche de façon convulsive. Le suspense est vraiment insoutenable !

Ned se dépêcha de donner un dernier coup de brosse sur le tableau avant d’écrire avec empressement l’équation P (1,2  < T < 3) = 0,954.

- Ouf ! s’écria M. Bates en s’essuyant le front du revers de la main comme s’il venait de courir un marathon. 0,954, c’est bien ça ! Mais n’y avait-il pas un moyen d’aller plus vite ? Lisa ? Tu pourrais nous dire comment tu as fait ?

Le cœur de la jeune fille manqua un battement. Entendre son nom dans la bouche de l’homme qu’elle aimait lui causait toujours une vive émotion.

- Ah, euh… Eh bien… J’ai simplement écrit que la probabilité que T soit comprise entre 1,2 et 3 était égale à un moins la probabilité que T soit inférieure à 1,2, moins la probabilité que T soit supérieure à 3.

- Tout simplement ! acquiesça M. Bates.

Lisa rougit de plaisir en voyant son prof la remercier de son intervention par un sourire. 

- Question suivante ? s’enquit M. Bates en se retournant vers Ned.

- Je… Je n’ai pas réussi à la faire…, avoua le garçon d’un air gêné.

- Montrer qu’une valeur approchée de l’écart-type sigma au dixième est 4,1, dit M. Bates en lisant l’énoncé dans le manuel posé sur son bureau. C’est pourtant simple, à la calculatrice !

- Ah, parce qu’on avait le droit d’utiliser la calculatrice ? s’étonna Ned.

- Qui t’interdit d’utiliser ta calculatrice quand tu fais tes devoirs à la maison ? Tes parents ?

A ces mots, la moitié de la classe se mit à pouffer de rire. Ned, de plus en plus mal à l’aise, se força à sourire pour essayer de cacher sa confusion.

- Allez, va vite chercher ta calculatrice dans ton sac pour résoudre la fin du problème ! lança M. Bates. 

- Je… je l’ai oubliée chez moi…

- Ça par exemple ! s’exclama l’enseignant. Et pourquoi l’as-tu laissée chez toi si tu ne t’en sers même pas à la maison ?

De nouveaux éclats de rire se firent entendre dans la salle. Décontenancé, Ned ne trouva absolument rien à répondre pour sa défense. 

- Bon, allez, fit M. Bates, je veux bien te prêter ma calculatrice.

Sur ce, il fouilla dans son cartable en cuir noir, avant d’en extraire une TI-83 qu’il tendit au garçon. Celui-ci eut du mal à dissimuler son embarras lorsqu’il récupéra l’objet. Il avait l’air d’une poule qui venait de trouver un couteau, et ne  semblait pas réaliser la chance qu’il avait de tenir entre ses mains la calculette personnelle de M. Bates. Si Lisa avait été à sa place, quelle joie elle aurait eue à poser ses doigts sur les touches que M. Bates avait déjà tant de fois pressées ! Avec quel respect elle aurait traité cet instrument qui avait dû servir à résoudre des problèmes bien plus complexes que celui qui était corrigé au tableau ! Hélas, l’honneur de pouvoir utiliser une telle puissance de calcul échappait complètement à Ned, et Lisa devait se contenter d’observer son camarade en crevant silencieusement de jalousie.

- Un souci ? demanda M. Bates à l’adresse du garçon.

- C’est-à-dire que... j’ai plutôt l’habitude d’utiliser des Casio...

- A la bonne heure ! Qui peut lui prêter sa Casio ?

Lisa, qui vit dans cette demande l’occasion inespérée de voir M. Bates toucher à sa calculatrice, lui tendit aussitôt sa Casio Graph 35+.

- Merci, Lisa, dit l’enseignant, avant de passer la calculette à Ned en échange de sa TI-83.

Certes, la calculatrice de Lisa n’était pas restée bien longtemps dans la main de M. Bates, mais c’était déjà mieux que rien.

Lorsqu’au bout de cinq minutes Ned parvint enfin à faire sortir de la machine le résultat tant attendu, M. Bates poussa un profond soupir de soulagement, puis invita le garçon à lire à voix haute la dernière question de l’exercice.

- On choisit un Américain au hasard. Déterminer la probabilité qu’il soit connecté aux réseaux sociaux plus de deux heures et demi par jour. Arrondir au centième.

- Alors, comment procède-t-on ? interrogea M. Bates. 

- Euuuuh…, fit Ned en se grattant la tête. On… On pourrait utiliser le fait que la probabilité que T soit supérieure à trois heures est égale à 0,023…

- Ou bien ? lança l’enseignant, qui ne semblait pas accorder la moindre importance à la suggestion peu perspicace de son élève. On pourrait utiliser la calculatrice que Lisa nous a gentiment prêtée !

Lisa ne put se retenir de rougir en entendant ces mots. Ned, lui, se remit à pianoter nerveusement sur sa calculette, essayant d’en extraire la solution demandée. 

- 0,16 ? proposa-t-il d’une voix mal assurée, à la vue du résultat qui venait de s’afficher à l’écran.

- 0,16…, répéta M. Bates. Qui d’autre a trouvé ça ?

Plusieurs mains se levèrent dans la classe, parmi lesquelles celles de Lisa et d’Arthur.

- C’est bien 0,16, confirma l’enseignant. Qu’est-ce qui ne va pas, Ned ? Tu as l’air surpris... Tu ne t’attendais pas à cette valeur ? C’est vrai qu’on pourrait se demander si elle n’est pas un peu sous-estimée, quand on voit le temps que certains passent sur leur smartphone alors qu’ils devraient être en train d’écouter en cours... N’est-ce pas, Vicky ?

La jeune fille aux longs cheveux dorés sursauta brusquement à l’appel de son nom. Elle rangea son téléphone dans sa trousse et regarda l’enseignant d’un air coupable.

- Je me demande bien quelle est la probabilité que Vicky passe plus de deux heures et demi par jour sur Facebook…, reprit M. Bates. 0,2 ? 0,3 ?

- A vrai dire, j’utilise plutôt Instagram, rétorqua la blonde avec une pointe de défi.

- Tant mieux pour toi ! Personnellement, je n’utilise ni l’un ni l’autre.

Par cet aveu, Lisa découvrit qu’elle partageait un autre point commun avec M. Bates : elle non plus n’avait pas de compte Facebook ou Instagram. Elle ne fréquentait d’ailleurs aucun réseau social, mis à part Twitter sur lequel elle ne faisait que suivre les messages postés par le MIT ou par ses groupes de metal préférés.

- Si ça peut vous rassurer, je regarde très peu la télé, tint à préciser Vicky, comme si ce temps de gagné pouvait compenser son temps de perdu sur Instagram.

- Tu ne peux pas la regarder moins que moi ! s’exclama M. Bates en riant. 

Lisa fronça les sourcils, pas sûre de bien comprendre. Cela signifiait-il que son prof ne regardait jamais la télé ? Elle se souvenait pourtant avoir vu un énorme écran plat trôner sur le meuble TV de son salon… Peut-être ne s’en servait-il que pour regarder des disques Blu-ray ou des DVD ?

- C’est bon, Ned, tu peux retourner à ta place, déclara M. Bates en se tournant vers le garçon qui était resté planté à côté du tableau. 

Ned ne se fit pas prier et s’empressa de regagner sa chaise après avoir rendu sa calculette à Lisa. Celle-ci contempla sa Casio d’un air dépité : elle avait du mal à la reconnaître tant elle était poussiéreuse. Les doigts pleins de craie de son camarade avaient laissé des traces blanches sur toutes les touches. Et dire qu’elle avait cru pouvoir récupérer les empreintes de M. Bates… C’était sans compter la négligence de son camarade de classe. Jamais M. Bates ne lui aurait rendu sa calculatrice dans cet état, s’il avait été le seul à y toucher !

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