Chapitre 6

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Si l’alcool pouvait expliquer bien des choses, il pouvait en particulier expliquer les accidents stupides. La mort de Trevor Lopez, tué sur le coup dans un accident de voiture survenu le soir de la fête chez Melina, en fut le parfait exemple. Lisa apprit la terrible nouvelle à son retour au lycée, le lundi matin, lorsque le proviseur fit une annonce spéciale au micro pour informer les élèves de la disparition de leur camarade. Sans trop entrer dans les détails, M. Hawkins se permit de rappeler à tous l’importance de la sécurité, de la sobriété, ainsi que les dangers de la conduite en état d’ivresse. Les rumeurs qui circulaient déjà dans les couloirs apportèrent à Lisa de plus amples informations sur les circonstances du drame. D’après les témoignages de ceux qui étaient restés chez Melina jusqu’à la fin de la soirée, Trevor avait pris sa voiture pour aller chercher de quoi réapprovisionner le stock de boissons, et était entré en collision avec un autre véhicule dans un carrefour situé à la sortie de Mill Spring. La police avait soit disant retrouvé plus d’une dizaine de canettes et de bouteilles de bière vides dans sa voiture, et en avait aussitôt conclu que le garçon avait conduit sous l’emprise de l’alcool. Certains élèves, cependant, assuraient que Trevor était parfaitement sobre lorsqu’il avait pris le volant. Selon eux, il n’avait bu que deux bouteilles de bière, puis était passé au Coca Cola pour le restant de la soirée.

Lisa, qui ne connaissait Trevor Lopez que de vue, ne savait trop quoi penser de toutes ces histoires. Elle ignorait s’il était le genre de garçon à risquer sa vie sur la route avec plusieurs grammes d’alcool dans le sang ou si, au contraire, il savait boire avec modération. Dans tous les cas, la nouvelle de sa mort l’avait plongée dans un véritable abattement. Elle passa tous les cours de la matinée à repenser à cette tragédie. Plutôt que de se concentrer sur ses leçons, elle se remémorait en particulier la dernière fois qu’elle avait aperçu Trevor à la soirée de Melina, alors qu’il faisait irruption dans le salon pour inciter tout le monde à venir jouer au beer pong dans le jardin. Ce qui la choquait surtout, c’était le caractère soudain de ce drame. D’après ce qu’elle avait entendu, l’accident s’était produit une heure seulement après son départ. A ce moment, elle devait déjà être rentrée chez elle, bien au chaud sous sa couette, en train de dessoûler et de regarder des vidéos stupides sur YouTube. Elle était bien sûr loin de s’imaginer que l’un des garçons qu’elle avait vus à la fête de Melina quelques minutes auparavant venait de se tuer en voiture.

- C’est quand même moche, ce qui est arrivé à Trevor, samedi soir, déclara Astrid à l’heure du déjeuner.

Elle et ses amis s’étaient assis à l’une des tables du réfectoire, car le temps dehors ne se prêtait guère à un repas en plein air. Le ciel était gris, le vent soufflait fort et de brusques averses avaient trempé les tables de pique-nique. Inutile de préciser que la cafétéria était pleine à craquer. Un brouhaha confus remplissait la salle. Evidemment, tout le monde ne parlait que de la mort de Trevor.

- Il aurait dû faire comme nous deux et ne boire que du Coca…, dit Kevin en passant son bras autour de la taille d’Astrid.

- De toute façon, j’avais bien dit que cette fête se terminerait en beuverie, lança Joey d’un air désabusé. Je me demande d’ailleurs pourquoi tu as fini par y aller…, ajouta-t-il en se tournant vers Lisa.

- Oh, euh… Je… J’étais curieuse de voir à quoi ressemblait la maison de Melina…, mentit la jeune fille en rougissant. Ce n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de se faire inviter chez l’une des filles les plus populaires du lycée !

- Pourtant, tu n’es pas restée très longtemps…, fit remarquer Astrid.

A dix heures du soir, la blonde avait envoyé un message à son amie pour lui demander où elle était passée. Lisa, qui était déjà dans la voiture de sa mère, sur le chemin du retour à la maison, lui avait répondu qu’elle avait dû s’en aller à cause d’une violente migraine qui s’était déclarée sans prévenir et qui ne voulait plus la lâcher.

- Il faut dire aussi que je commençais à en avoir plein la tête, avec tous ces morceaux de rap et de hip-hop…, répliqua Lisa pour sa défense.

- Je doute que des morceaux de punk rock ou de metal auraient soulagé ton mal de crâne..., lança Kevin.

- Tu es rentrée comment, d’ailleurs ? s’enquit Astrid. Ta mère est venue te chercher ?

- C’est ça, répondit simplement Lisa.

Nul besoin pour elle d’entrer dans les détails. Encore moins de préciser comment, en attendant sa mère, elle était allée se balader dans la rue de M. Bates, avait guetté sa maison en se cachant derrière une poubelle, et avait failli se faire attaquer par un raton laveur.

- Le plus important, c’est que tu sois rentrée saine et sauve, déclara Joey d’une voix bienveillante. Tout le monde, hélas, ne peut pas en dire autant.


Lisa se demandait si le silence d’Ashley Westbrook s’expliquait par l’émotion qu’avait causé chez elle la disparition de Trevor Lopez… Cela faisait plus d’une demi-heure qu’elles étaient assises l’une en face de l’autre à la bibliothèque, et Ashley n’avait quasiment pas prononcé une parole. Pourquoi se montrait-elle aussi taciturne, elle qui, le vendredi précédent, semblait pleine de motivation à l’idée de reprendre les cours de soutien que lui proposait Lisa ? Si celle-ci avait été sonnée par l’annonce de la mort de Trevor, Ashley, elle, paraissait encore plus durement affectée. Ses paupières gonflées trahissaient les pleurs qu’elle avait versés durant la journée. Elle essayait de cacher son visage accablé en baissant la tête sur son cahier d’exercices, mais Lisa voyait bien qu’elle n’était pas dans son assiette. Elle évita cependant de lui poser la moindre question au sujet de Trevor – de peur de paraître indiscrète – et se contenta de lui demander la valeur de cosinus de pi sur quatre – avec ça, au moins, elle était sûre de ne pas la blesser.

- Euh… Un demi ? répondit Ashley d’une voix mal assurée.

Dépitée, Lisa sentit ses épaules s’affaisser d’un seul coup.

- Tu confonds avec un autre angle, dit-elle en s’efforçant de se montrer conciliante. Si tu veux, on peut prendre le problème à l’envers : quel est l’angle dont le cosinus vaut un demi ?

- Honnêtement, je pense que même en le prenant à l’envers, le problème reste le même : je suis une quiche en maths. Le pire, c’est que je ne suis même pas fichue de suivre les résolutions que je me suis fixée : j’étais censée passer mon samedi soir à faire mes devoirs de maths, et à la place, j’ai tout laissé tomber pour courir passer la soirée chez Melina… Jamais je n’aurais dû aller à cette fête…

Ainsi donc, c’était l’heure des aveux ? Lisa était touchée qu’Ashley finisse par lui confier ce qu’elle avait vraiment fait de son samedi soir, mais elle hésitait de son côté à lui révéler qu’elle aussi s’était rendue à la fête de Melina. Après tout, elle n’y était restée qu’une heure et demi… Elle ne pouvait pas dire que cela comptait vraiment.

- Tu as bien fait de ne pas y aller, reprit Ashley. Je suis sûre que tu as passé une bien meilleure soirée que moi… 

- Oui, sans doute…, répondit Lisa, en repensant au raton laveur qui avait failli se jeter sur elle en surgissant de la poubelle.

Non, vraiment, il valait mieux qu’Ashley ne sache rien de ce qui lui était réellement arrivé ce soir-là.


Le lendemain matin, Astrid Lorensen débarqua en cours d’espagnol chargée d’une pile de feuilles de format A3 qui lui montait presque jusqu’au menton.

- Tiens ! s’exclama-t-elle en déposant le paquet sur la table de Lisa. Ce sont les posters que j’ai imprimés pour tes cours de soutien en maths. J’espère qu’ils te plairont.

- Ça alors ! fit Lisa, impressionnée par cette montagne de papier. Tu as dû décimer la moitié de la forêt amazonienne, avec ça…

- Je sais, c’est de ma faute, avoua Astrid d’un air confus. J’ai tapé un zéro de trop en voulant inscrire le nombre de copies à envoyer à l’imprimante de la bibliothèque, et une fois qu’elle était lancée, impossible de l’arrêter !

- Pour une fois qu’elle fonctionne...

- Je te conseille d’accrocher ces affiches à des endroits insolites, histoire qu’elles attirent bien l’attention. 

- Dans les toilettes des filles, par exemple ? suggéra Lisa pour taquiner son amie.

- Non, là, il y a déjà les affiches pour mon club de tricot, répondit la blonde sans comprendre la plaisanterie. Par contre, tu peux essayer d’en coller au plafond des salles de cours… 

- Tu crois vraiment qu’il y a des gens qui penseront à regarder là-haut ?

- Lisa, tu n’imagines pas le nombre d’élèves qui passent leur temps en cours la tête en l’air…


Ainsi donc Lisa put-elle commencer à faire de la publicité pour ses cours de soutien dès l’heure de midi, en allant placarder ses affiches dans les couloirs du lycée. Ce fut de cette façon qu’elle constata à quel point la campagne de sensibilisation à la sécurité routière avait pris de l’importance depuis la veille : plus d’une vingtaine de nouveaux posters sur les dangers de l’alcool au volant avaient été collés un peu partout dans l’établissement. Tous transmettaient le même message : « Boire ou conduire, il faut choisir ». Pour Lisa, le choix était vite fait, vu qu’elle n’avait toujours pas passé son permis...

Comme il fallait s’y attendre, le panneau d’affichage du couloir principal était déjà entièrement rempli. Parmi les affiches de prévention routière se trouvaient également les annonces pour les prochaines compétitions sportives des Lincoln Lions – matchs de baseball, de foot, de basket, de volley –, pour les prochaines réunions des clubs du lycée – ateliers théâtre, danse, musique, peinture, photographie, et bien sûr tricot –, ainsi qu’un poster faisant de la publicité pour… le prochain concert des Screaming Donuts.

Lisa fronça les sourcils de contrariété.

« Rendez-vous samedi 16 septembre à 20 heures au Trident » lut-elle en haut de l’affiche, qui représentait en son centre un donut pourvu de deux rangées de dents acérées.

James Cooper ne manquait pas de toupet ! Non seulement il avait osé garder comme nom de groupe celui que Lisa avait trouvé en rejoignant la bande, mais il avait aussi conservé le logo qu’elle avait elle-même dessiné. Elle se souvenait encore du cours d’histoire pendant lequel elle avait gribouillé ce donut enragé sur son cahier de brouillon… Elle n’était alors qu’en seconde, mais elle se sentait déjà l’âme d’une rebelle.

Ce sentiment ne l’avait d’ailleurs toujours pas quittée. Pour preuve : elle regarda rapidement à gauche et à droite pour vérifier que personne ne l’observait, puis arracha d’un seul coup le poster des Screaming Donuts, avant de le chiffonner rageusement et de le balancer dans la poubelle d’à côté.

« Bon débarras ! » se dit-elle en se frottant les mains.

Cela lui faisait maintenant une place de libre sur le panneau pour y épingler son affiche. Celle-ci, même sans être collée à un endroit insolite, ne pouvait manquer d’attirer les regards : elle avait pour image principale une calculatrice personnifiée, dont les yeux rieurs étaient symbolisés par deux accents circonflexes affichés sur l’écran, et dont la bouche souriante n’était autre qu’un rapporteur métallique retourné à l’envers. Comme si cela ne suffisait pas, la calculette était dotée de bras et de jambes, et tenait une équerre dans une main et un compas dans l’autre. C’était à se demander si Astrid s’était réellement inspirée d’une couverture de manuel de maths pour faire son dessin, ou si elle n’avait pas plutôt été chercher ses idées dans un bouquin sur la franc-maçonnerie...

Heureusement, il ne pouvait y avoir de doute sur la finalité de ce poster : la question « Besoin d’aide en maths ? » était écrite en lettres majuscules dans une bulle de bande dessinée qui sortait de la bouche de la calculatrice. En bas de l’annonce, dix languettes détachables indiquaient le nom de Lisa et son numéro de téléphone portable. Cela lui faisait tout drôle de rendre cette information publique et de se dire que désormais n’importe qui pouvait l’appeler… N’importe qui, y compris M. Bates.


Lorsque Lisa reçut un appel anonyme le soir même, elle se demanda si son rêve n’était pas devenu réalité et si ce n’était pas Harold Bates en personne qui la contactait. Son obsession pour lui expliquait sans doute pourquoi cette idée saugrenue lui était passée par la tête, mais elle devait reconnaître que c’était une idée tout à fait stupide, car pourquoi diable M. Bates aurait-il eu besoin de cours de soutien en mathématiques ? A moins qu’il n’ait été particulièrement enchanté de voir les affiches de Lisa dans les couloirs et qu’il n’ait tenu à l’appeler pour la féliciter pour ce beau travail...

- Allô ? dit Lisa d’une voix anxieuse.

- Allô ? Lisa Thompson ? demanda une voix féminine.

Bien. Voilà qui mettait directement fin au suspense.

- Oui, c’est moi.

- Bonsoir. Moi, c’est Abigail. J’ai vu au lycée que tu proposais des cours de soutien en maths, et je me suis dit que ça pourrait peut-être m’être utile, car j’ai quelques difficultés à comprendre mes leçons de géométrie analytique, en ce moment… Tu penses que tu pourrais m’aider ?

- Bien sûr ! Tu es en quelle classe ?

- En première. Dans la classe de M. Abbott.

M. Abbott… Pas étonnant si Abigail ne pigeait rien à ses cours de maths. Lisa l’avait eu quand elle était en seconde, et elle ne pouvait pas dire qu’elle en avait gardé un souvenir glorieux. Non seulement il faisait preuve d’un manque total de pédagogie, mais il ne semblait plus s’intéresser à son métier depuis des lustres...

- Très bien, dit Lisa. Je suis disponible le lundi, le mardi et le jeudi après-midi. A toi de me dire le jour qui te convient le mieux.

- Jeudi qui vient, ça t’irait ?

- C’est parfait. On se retrouve à trois heures à la bibliothèque ?

- Ah, euh… En fait, je croyais que tu proposais des cours à domicile… 

- Non, j’ai plutôt l’habitude de les donner à la bibliothèque… 

- Le souci, c’est que je dois aller au boulot après les cours… Je travaille comme caissière au Walmart, et je finis toutes mes journées à cinq heures et demi. En général, je suis de retour à la maison pour six heures.

- Je vois…, fit Lisa, pas très emballée par l’idée d’aller donner des cours à domicile à une heure aussi tardive. Tu habites où, exactement ?

- Dans la banlieue sud de Greentown, à dix minutes à vélo du lycée. Tu penses que tu pourrais venir ?

- Je… Euh… Je ne sais pas trop…, balbutia Lisa d’une voix embarrassée. Comme j’habite à Clayton et que je n’ai pas de voiture, je suis obligée de rentrer chez moi en transport en commun, et je t’avoue que ça m’embête un peu de prendre le bus quand il fait nuit…

- Ça, ça peut s’arranger ! J’ai mon permis de conduire et je pourrai emprunter la voiture de mon père pour te raccompagner.

- Ah, c’est gentil, mais je… je ne voudrais pas t’embêter…

- Pas du tout ! Si tu le souhaites, tu pourras même rester dîner à la maison. Je suis sûre que mon père sera ravi de cuisiner pour une invitée !

Comment Lisa pouvait-elle refuser devant une telle démonstration de gentillesse et d’hospitalité ? Cette aimable invitation avait vraiment de quoi l’étonner, elle qui ne s’attendait même pas à être contactée aussi tôt par une élève ayant besoin de soutien en maths.

- C’est d’accord, répondit-elle finalement. Tu peux me donner ton adresse ?

- 716 Robinson Road.

- C’est noté, dit Lisa en griffonnant ces informations sur un bout de papier qui traînait sur son bureau.

- Merci beaucoup, Lisa. A jeudi soir !


Sans surprise, Lisa arriva chez Abigail le jeudi soir avec cinq bonnes minutes d’avance. Elle avait pourtant fait tout son possible pour prendre son temps, s’attardant d’abord à la bibliothèque où elle était restée jusqu’à quatre heures et demi, puis allant manger une part de tarte à la myrtille au café Gourmet’s, avant de prendre le bus en direction de la banlieue sud de Greentown. Une fois descendue à l’arrêt le plus proche de Robinson Road, elle avait même trouvé le moyen de se paumer en tournant dans le mauvais sens, et avait perdu au moins dix minutes à chercher son chemin. Malgré toutes ces précautions et ce léger contretemps, elle avait réussi à arriver au rendez-vous plus tôt que prévu, et elle se tenait désormais devant la porte de la maison d’Abigail, en se demandant s’il n’était pas plus poli pour elle d’attendre qu’il soit six heures pile avant de sonner.

« Oh, et puis après tout, ce n’est pas pour cinq minutes de plus ou de moins… » se dit-elle en appuyant finalement sur la sonnette.

Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle vit alors la porte d’entrée s’ouvrir sur le garçon aux cheveux coiffés en pics et aux yeux maquillés de noir qu’elle avait croisé à la bibliothèque le jour de la rentrée des classes.

- Je… Euh… Pardon, j’ai… j’ai dû me tromper d’adresse…, bégaya-t-elle bêtement.

- Abiii ? appela le garçon d’une voix traînante. Je crois que c’est pour toi…

- Ah ? Je… Je suis bien chez Abigail ?

- Ça en a tout l’air…

Une jeune fille accourut en effet dans le vestibule et accueillit Lisa avec un grand sourire.

- Ah, Lisa ! Bienvenue ! J’espère que tu n’as pas eu trop de mal à trouver la maison..., s’exclama-t-elle en invitant Lisa à entrer. Je te présente mon frère, Mike. Lui aussi est en première au lycée Lincoln.

- Enchantée…, dit Lisa, de plus en plus confuse.

Jamais elle n’aurait imaginé que ces deux-là puissent être frère et sœur, tant ils paraissaient différents. Alors que Mike avait les cheveux noirs et courts, Abigail, elle, avait les cheveux longs et roux. Ils étaient retenus par un bandeau vert à pois blancs qui, tout comme son pull à rayures multicolores, contrastait singulièrement avec les habits noirs de son frangin. Celui-ci était par ailleurs plutôt mince, tandis que sa sœur semblait au contraire un peu ronde et joufflue.

- Amusez-vous bien ! lança Mike en adressant aux deux filles un demi-sourire moqueur, avant de remonter les escaliers et de disparaître à l’étage.

- Suis-moi ! Je vais te présenter mon père, dit Abigail en conduisant Lisa dans le salon. Papaaa ? Voici Lisa Thompson... C’est elle qui vient me donner un coup de main pour les maths.

Un homme d’une quarantaine d’années était assis à la table de la salle à manger et lisait ce qui semblait être un magazine de bricolage. Il avait des cheveux bouclés, noirs et légèrement grisonnants, et portait une barbe brune parsemée de poils blancs. Il releva la tête dès qu’il remarqua l’arrivée de sa fille et de son invitée, et se leva pour saluer cette dernière.

- Ah ! Ravi de faire ta connaissance, Lisa. Moi, c’est Peter. Grâce à toi, Abigail va enfin pouvoir comprendre quelque chose à ses cours de géométrie… J’ai essayé de l’aider plusieurs fois, mais je t’avoue que je suis vite largué…, lança-t-il en riant de bon cœur. Mais vas-y, assieds-toi, je t’en prie ! ajouta-t-il en présentant une chaise à Lisa. Tu veux boire quelque chose ? On a du jus d’orange, du Coca, de la bière…

- Euh…, fit Lisa, un peu surprise de se voir proposer de l’alcool alors qu’elle était mineure. Un jus d’orange, ce sera très bien, merci...

- J’en prendrai aussi, s’il te plaît, demanda Abigail.

- Je vais vous chercher ça tout de suite. En attendant, installez-vous ! Je pense que vous serez plus au calme dans la salle à manger que là-haut…

En tendant l’oreille, Lisa distingua en effet une musique punk rock enragée qui provenait de l’étage.

- Mon frère ne peut pas s’empêcher de mettre sa musique à fond…, expliqua Abigail. Ma chambre est à côté de la sienne, alors je te laisse deviner à quel point c’est facile pour moi de me concentrer sur mes devoirs…

- J’imagine…, commenta Lisa, qui réalisait surtout combien elle avait de la chance d’être fille unique – au moins, elle pouvait choisir de faire ses devoirs ou de mettre sa musique à fond quand bon lui semblait.

- Bon, fit Abigail d’un air déterminé. Je monte chercher mon livre et mon cahier de maths et je reviens dans une minute.

De son côté, Lisa prit une chaise pour s’asseoir et sortit de son sac tout le matériel qu’elle estima utile pour sa séance de soutien : stylos et crayons à papier, règle et rapporteur, compas et calculatrice…

- Et voilà ! s’exclama le père d’Abigail en rapportant deux grands verres de jus d’orange qu’il posa sur la table. Tu resteras avec nous pour le dîner ?

- Euh… Je ne voudrais pas m’imposer… 

- Mais pas du tout ! Quand il y a à manger pour trois, il y en a bien pour quatre ! Tu aimes les enchiladas ?

- J’adore ça !

- Bien. Je commencerai à me mettre aux fourneaux dans une heure… D’ici-là, j’espère que vous aurez eu le temps de bien avancer… 

- Je pense que oui… Je vais juste prévenir ma mère pour lui dire que je rentrerai un peu plus tard que prévu, informa Lisa en sortant son téléphone portable.

- En voilà, une fille sérieuse ! commenta Peter d’une voix amusée. Comme Abigail. Si seulement Mike pouvait en faire autant quand il sort le soir avec ses copains…

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