5 - Meurtre

2 minutes de lecture

Proposition :

Écrire une phrase sur un meurtre.
Puis écrire un texte précédent ce meurtre (30 minutes)

J'ai écrit 29 phrases de meurtres et ai choisi celle-ci : « Elle s'était coupé les cheveux, je lui ai coupé le souffle. »

J’étais amoureux de la mauvaise fille. À neuf ans, cela ne pardonne pas. Frank, le petit dur de l’école, avait fait de Chloé sa favorite. Je n’avais aucun droit sur elle, et encore moins le droit de regard. Avec sa bande, il me harcelait. Me maltraitait. Me torturaient du mieux qu’ils le pouvaient. Et quoi de mieux pour m’humilier que de s’attaquer à ma mère ? Mais elle était si belle ma mère ! Sur ses photos de jeunesse, on aurait dit une actrice italienne des années soixante. Toute en élégance. Je me demandais parfois comment mon père, aux cheveux et à la barbe hirsute, avait pu la séduire.

Frank et ses complices trouvèrent finalement un angle d’attaque : ses cheveux. Ils étaient gris. Argentés. Plus étincelant que le plus beau des bijoux. La chevelure de ma mère reflétait la lumière du soleil comme si le soleil brillait pour elle. Ils avaient été d’or autrefois. Ils m’émerveillaient. Ce n’était pas comme les cheveux de mon père qui avait blanchi l’un après l’autres. D’ailleurs, sa barbe avait perdu sa couleur bien avant sa tignasse.

Mes camarades n’étaient pas des esthètes et, un jour, en rentrant du sport, nous avions croisé ma mère revenant du marché. La sentence avait été terrible :

— C’est ta mère ? On dirait ta grand-mère !

Les larmes m’étaient montées aux yeux. Comment ces barbares osaient-ils critiquer sa sublime beauté ? Donnez leur Aphrodite, ils ne verront que la Méduse. Et que son regard les transforme en pierre !

Quelques semaines plus tard, ma mère vint me chercher à l’école, mais elle avait changé. Ses cheveux d’argent s’étaient transformés en bronze. Une teinture. Quelle horreur ! Elle avait chassé le naturel. Un véritable aveu d’échec ! C’était comme si mes tortionnaires avaient eu raison. Sans doute paraissait-elle dix ans de moins, mais à neuf ans, cela n’a aucun sens…

Devant ma déception, ma mère partit en pleurant. Mon père me sermonna. Mais n’est-ce pas la faiblesse des hommes d’avoir un avis sur les cheveux des femmes ?


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