Réponse à "Ouroboros"

de Image de profil de Sara CohlSara Cohl

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J’ai de la vie cette aversion qui confine au sublime, j’y suis entrée par la sortie et l’ensevelissement en sera ma chute.

Être flic m’a transformée en despote et j’imprime sur leurs crânes le dégout de moi-même, le sang qui jaillit me rappelle à chaque coup que leur vie n’est rien comparée à mon vide. Personne n’est en mesure d’allumer la mèche qui sonnera la fin de cette existence revêche. A part peut être Jean ?

Jean Peut Être c’est mon alter ego qui, j’en suis sûre, partage mon credo. Il se tient près de moi à chaque escapade de la caserne, chaque fois que l’on sort mettre des existences en berne. Pour chaque œil en moins il m’en offre un clin, à chaque rue gagnée je lui offre une main.

Voilà cinq ans qu’il est entré dans les ordres, voilà cinq ans que je suis en désordre. Tout était simple jusque-là, je vivais pour ma mort et n’aspirais qu’au néant, je remplissais mon corps de vacuité béante. J’ai toujours été le héraut de mon désert assumé.

Hier sous les pavés il a voulu m’embrasser, à nos casques retors nous avons dû résister, ses gants épais sur ma nuque en sueur me faisait un effet de tartine au beurre (mon plat préféré). Je ne saurais pas dire si l’électricité pulsait de mes neurones en ébullitions ou de ma matraque, l’odeur âcre de nos phéromones se mêlait à celle, enivrante, des GLI-f4.

J’ai lu quelque part que la langue française se targue de dizaines de synonymes du mot « tendresse » mais, de ma vie, je n’en ai connu aucun. A part peut-être cette fois au collège Saint-Pasqua lorsque Pierre (Paul ?) m’a coincée dans les toilettes. Je m’en souviens encore aujourd’hui, il avait cette odeur des beaux quartiers de Paris

Je rejoins Jean ce matin, on nous appelle encore pour mater du chagrin. Je dois avouer que tout ça me maintient en forme, j’aime le sport, j’aime ses formes. J’aime le voir matraquer les récalcitrants, ceux qui n’ont pas compris que l’amour c’est violent.

Nous chargeons ensemble, en osmose avec la troupe. Notre corps comme un, nous marchons vers eux. Il est toujours à côté de moi, et sa cuirasse bleue rutilante me séduit d’autant plus qu’un nuage d’essence nous entoure tous les deux.

Les vapeurs nacrées colorent le ciel au-dessus de ma visière. Il est là près de moi, il me tient le gant. J’en ai des frissons de plaisir, ou peut-être est-ce la morphine ? Il est le Peut Être de ma vie d’aversion, et le blanc du fourgon m’ensevelis tendrement.

J’ai de Jean cette version sublime, il est entré par ma chute et je m’assoupis lentement.

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En réponse au défi

Ouroboros

Lancé par Monalisette

Ouroboros est le Serpent qui se mord la Queue et forme un cercle parfait. Il est aussi considéré comme le symbole du temps cyclique, par opposition au temps linéaire dans lequel vivent la plupart d'entre nous.

Je vous propose d'écrire un texte "qui se mord la queue", c'est à dire un texte qui commence et se termine, si pas avec les mêmes mots (trop fastoche), au moins les mêmes syllabes.

Un exemple : Le vieil armagnac..... le vieillard maniaque.

Je souhaite qu'il soit en prose, qu'il comporte un récit d'environ une minute (deux pour les plus prolixes).

Bonne inspiration, et merci d'avance pour votre (enthousiaste*) participation :-)

Monalisette

* On peut rêver, non ?

Commentaires & Discussions

Les tartines au beurreChapitre2 messages | 3 ans

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