Zhartaraza

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 La conquête de l’hyper-espace avait été le rêve le plus fou de l’humanité. Rêve qui se réalisa dans les années 3000. Peu à peu, l’Homme conquit galaxies et planètes, les colonisant une à une. Pourtant, une galaxie restait encore inconnue à l’Homme, vierge de toute traces humaines : la glaciale Zhartaraza.

 Ce fut en 3089 qu’une expédition fut décidée, avec pour but de visiter cette galaxie à la recherche de planètes colonisables et pourquoi pas aussi d’une vie extraterrestre. Sur toutes les autres planètes déjà foulées par la race humaine, les êtres y vivant avait péris dans la plupart des cas, ou bien vivait maintenant dans des laboratoires ou des zoos. L’Homme ne pouvait s’empêcher de vouloir montrer sa suprématie et sa domination.

 L’équipage, constitué de deux hommes et deux femmes devait partir en 3090, une sorte d’avènement pour la nouvelle année. L’opération fut soigneusement calculée, vérifiée et surveillée, tout comme l’équipement. Les capsules cryogéniques étaient en parfait état, les commandes de bord fonctionnaient à merveille. Le voyage devait durer environ 30 ans. Même si l’on avait finalement atteint puis dépassé la vitesse de la lumière, ça laissait tout de même 10 ans pour y arriver. Et en 10 ans, l’équipage aurait pu perdre beaucoup de pratique. C’était là qu'interviendrait les capsules cryogéniques. Elles se mettraient automatiquement en marche, puis, au bout de 9 ans, les astronautes seraient réveillés de leur sommeil artificiel afin d’exécuter les premières constatations sur l’exploration de cette nouvelle galaxie.

 Le voyage se passa sans encombre, le réveil fut agréable et la voix robotisée de la capsule les accueillit avec humour et finesse. La vue était sublime par-delà les hublots, les lumières de la galaxie s’entremêlant harmonieusement. Ils pénétrèrent finalement dans l’arc-en-ciel de lumière, se retrouvant immédiatement entourés de planètes aux couleurs chatoyantes. L’une d’entres elle attira immédiatement l’attention des astronautes. Elle semblait briller de milles feux dans le ciel d’encre. Bleutée, de doux reflets verts glissaient le long de la sphère parfaite. Des nuages de nacre constellaient son ciel indigo et s’enroulaient gracieusement sur eux-mêmes. Ils décidèrent que ce serait la première planète de la galaxie qu’ils visiteraient. Le vaisseau s’ébranla lentement et se dirigea finalement vers la boule bleue, se rapprochant peu à peu de celle-ci. L’atmosphère fut facile à traverser, comme un couteau pénétrant dans du beurre. Le vaisseau ne fut en effet l'objet d'aucun dégâts et ils purent atterrir aussi simplement que sur Terre.

 Cela faisait déjà longtemps que la planète mère de l’humanité n’était plus la plus prisée par l’Homme. La Terre était presque devenue une station touristique, que seuls les plus riches pouvaient s’offrir. Cette planète semblait être comme une seconde Terre... C'était pour eux comme revoir leur ancienne patrie...

 Ils sortirent du vaisseau, vêtus de leur tenues de cosmonautes blanches et de leurs casques translucides. L’une des femmes, médecin et laborantine analysa l’air à l’aide de ses capteurs sensoriels : l’atmosphère était tout à fait respirable pour l’Être Humain. Les quatre membres d'équipage enlevèrent donc leurs casques et inspirèrent profondément. L’air était doux et chargé d’odeurs sucrées et enivrantes. Des plantes multicolores et d’étranges animaux se présentèrent à leur regard, mais aucun ne semblaient menaçants ou dangereux.

 Ils débutèrent leur marche silencieuse, écoutant attentivement le moindre bruit émanant de la flore environnante. Leurs pas les menèrent finalement sur un haut plateau. En contrebas, d'étranges petites bâtisses évoluaient, entre lesquelles se promenaient d'impressionnants êtres bipèdes. Leur peau, dans de douces teintes pastel, étaient constellée de fines écailles phosphorescentes. Leurs grands yeux, passant dans toutes les déclinaisons de bleus et de violets, étaient immenses, mangeant presque les trois-quarts de leurs visages longiligne.

 Une main, dotée de trois longs doigts, se posa sur l'épaule d'une des femmes. Celle-ci sursauta, lâchant un hoquet de stupeur, avant de se retourner lentement. La jeune astronaute se retrouva face à deux grands yeux améthyste. Le regard de l'être devant elle était insondable, semblant constitué uniquement de vide. Une voix douce résonna alors dans le crâne de tous les chercheurs présents.

" Bonjour à vous. "

 Son ton était doux, légèrement haché par une quelconque difficulté à user de la langue humaine. Il ne semblait pas menaçant. Il se présenta aimablement. Son nom était BHGYA-25681. Une fois les salutations faites, ce qui surprit nos voyageurs, il leur proposa de visiter

 Les guidant vers son village, il ne cessait de parler, ne tarissant pas d’éloges sur la population Terrienne dont son peuple avait entendu parler. Et en effet, marchant au milieu des maisonnettes, leur présence semblait intéresser bon nombre des étranges bipèdes qui cessaient toute activité avant de s’approcher pour mieux les voir. Certains prononçaient, d’une voix basse et mélodieuse, des mots tels que « Dieux », ou encore « divinités ». Apparemment, les Hommes étaient ici considérés comme des êtres supérieurs. BHGYA-25681 les mena finalement devant un immense autel.

 Au sommet se tenait un autre habitant de la planète. Les tons de sa peau était plus prononcés, d’un violet presque bleu, et ses écailles brillaient d’une lueur irréelle. Ses yeux étaient immenses et vitreux, qu’un léger ton bleu ciel venait égayer. Il fit un geste de la main et BHGYA-25681 recula lentement, se courbant profondément et respectueusement. Finalement, descendant les marches d’ivoire, le Roi, car il semblait vraisemblablement que c’était leur Roi, les jaugea quelques instants du regard avant de s’agenouiller devant eux, touchant finalement le sol de son front exubérant. A leurs oreilles parvinrent alors les chuchotements étouffés des autres membres de la communauté avant que, dans un mouvement général, ceux-ci n’exécutent le même geste que leur leader. Finalement, le souverain se redressa avant de convier ses désormais invités de marque à le suivre.

 Il les mena ainsi à l’intérieur de l’immense autel par une petite porte dérobée incrustée de pierres précieuses. Le monarque les convia à entrer, ceux-ci s’exécutant en silence. Une fois à l’intérieur, leur hôte leur parla mentalement. Sa voix était plus grave, comme emprunte d’une certaine sagesse.

" Je vous laisse quelques instants, je reviens vite Grandes Divinités. "

Puis, sur ces paroles, il referma prudemment la porte avant de s’éloigner lentement, d’un pas léger.

 Les scientifiques en profitèrent pour examiner la pièce où ils se trouvaient. Il y faisait agréablement chaud, le sol étant chauffé. Les murs était fait d’un marbre délicatement nervuré et de meubles en bois d’une grande finesse. Dans la pierre étaient gravés d’étranges symboles ressemblant à des dessins.

 Le temps passant, aucune visite ne leur avait été accordée. L’un des chercheurs s’essuya le front, la chaleur semblait avoir imperceptiblement augmentée. Ce dernier voulu faire une analyse de l’air mais ses appareils ne répondaient plus. La chaleur montait, encore et toujours, inexorablement… Finalement, les quatre compagnons s’allongèrent sur les divans disposés en cercle au centre de la pièce, fermant les yeux afin de se reposer quelques instants.

 A l’extérieur, tous les occupants du village attendaient leur Maître. Finalement, celui-ci se présenta à leur yeux, avant de débuter un long discours. A la fin de ce dernier, une immense fenêtre s’ouvrit au sommet de la console et le sol s’ébranla tandis qu’un plateau montait lentement.

 La nourriture divine s’était enfin présentée à leur vue, ils allait pouvoir survivre. A raison d’un repas par millénaire, il fallait fêter ça !

 Le Roi fit signe à BHGYA-25681 de monter à ses côtés. Il lui remis un long bâton ainsi qu’un couteau à la lame affutée à la main afin de découper la viande cuite à point qu’il avait ramenée. Il venait de sauver l’espèce.

 Tradition oblige, il était leur nouveau Roi.

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