Chapitre 11 : Conséquences désastreuses

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Au détour d’une ruelle, Tomy attrapa le bras de son ami pour lui demander de ralentir la cadence. Malgré son jeune âge et son aspect menu et frêle, Zach faisait montre d’une endurance redoutable après presque vingt-cinq minutes de marche à allure rapide.

— Sérieux Zach… laisse-moi… reprendre… mon souffle…

Zach se tourna vers Tomy qui tentait bruyamment de retrouver une respiration normale. Il leva les yeux au ciel et secoua la tête.

— Ok ! On fait une pause, monsieur chochotte ! lança-t-il en soupirant.

Poussant un râle de soulagement, Tomy se laissa tomber en arrière sur son cartable tandis qu’il remarquait que son ami avait à peine les joues rosies par l’effort et ce malgré le froid piquant.

— Comment tu fais ?

— Comment je fais quoi ?

— Ben, marcher aussi vite, aussi longtemps et sans être essoufflé ?

Zach lui lança un regard un brin moqueur.

— Ben moi, je suis pas une grosse patate qui passe ses week-ends devant la télé, comme certains ! lança-t-il en détaillant Tomy, avec mes frères on fait beaucoup de vélo, et j’ai des cours d’escrime et de tennis certains soirs de la semaine.

— Tu m’as jamais dit que tu faisais tout ça.

— Bah, j’aime pas le tennis, j’en fais pour faire plaisir à mon père. Par contre, l’escrime c’est plutôt cool. J’en fais que depuis quelques mois. Tu devrais demander à tes parents, on pourrait en faire ensemble ?

— C’est quoi le but du jeu ?

— Le jeu ? lança Zach avec une moue de dédain en fusillant Tomy du regard, c’est pas un jeu ! Chaque adversaire dispose d’un fleuret, c’est une sorte d’épée, et le but est de toucher l’autre. C’est très technique.

— Une épée ? Mais c’est super dangereux !

— J’ai dit que c’était une sorte d’épée, idiot ! C’est absolument sans risque parce qu’il y a tout un équipement spécial à porter et la lame est carrée et très flexible.

Zach s’approcha de Tomy et tendit la main pour l’aider à se relever. Ce dernier remarqua la force dans ses bras et en fut surpris.

— Bon, on doit plus être très loin de la rivière. Si je me souviens bien, après la boulangerie, on prend à droite, puis le pont sera un peu plus bas sur la gauche.

À peine nos deux compères eurent-il parcouru vingt mètres, qu’un énorme chien noir surgit de derrière une benne à ordures et se mit à aboyer dans leur direction. Ses babines retroussées dégoulinantes de salive mousseuse lui donnaient un air horriblement menaçant.

Tomy se tourna aussitôt vers Zach qui se tenait au milieu de la ruelle, pétrifié par sa peur inconsidérée des chiens et l’animosité de celui-ci.

— Enlève ton sac sans faire de mouvements brusques et mets-le devant toi, dit-il calmement, on va s’en servir pour se protéger.

— Tu crois vraiment qu’un pauvre morceau de tissu et de plastique va nous protéger ! T’as vu ses crocs ?!

Malgré le ton affolé de Zach, Tomy lui lança un regard pour l’obliger à l’écouter.

— Fais ce que je dis ! Tout va bien se passer !

Dans un lent mouvement quasiment synchronisé, les deux garçons retirèrent leurs cartables pour les placer contre leurs torses.

— Maintenant, on va reculer tout doucement, un pas à la fois. Le bruit des voitures dans l’avenue devrait le faire fuir et s’il nous attaque, quelqu’un viendra nous aider.

Rassuré par le calme et le sang-froid dont faisait preuve Tomy, Zach hocha la tête et fit un pas en arrière, puis un deuxième, tout en gardant les yeux fixés sur l’affreux canidé.

Soudain, il posa son pied sur une canette de soda vide qui trainait au sol, le faisant tomber en arrière. Le chien, qui se trouvait à quelques dizaines de mètres d’eux, se mit alors à courir dans sa direction. Zach se releva en hurlant, fonçant à toutes jambes dans la direction opposée, droit vers l’avenue. Tomy tenta d’arrêter l’animal en lui jetant son cartable, mais il courait bien trop vite pour qu’il parvienne à le toucher.

Au moment où il se tourna vers son ami en criant à pleins poumons, il entendit un crissement de pneus et le son d’un klaxon. Sous son regard horrifié, une voiture percuta le pauvre Zach, le faisant voler sur plusieurs mètres telle une poupée de chiffon désarticulée.

— Zach ! hurla Tomy en courant dans sa direction.

Le pauvre gisait inanimé sur l’asphalte humide et glacé. Seuls ses longs cheveux noirs bougeaient au rythme des bourrasques du vent.

Au même instant, un peu plus bas sur l’avenue, Lucy et Jeffrey rejoignaient leur voiture, les bras chargés de paquets.

Lucy remarqua l’attroupement qui s’était formé et le désigna du doigt.

— Qu’est-ce qu’il se passe ? demanda-t-elle en se haussant sur la pointe des pieds.

Jeffrey referma le coffre de la Chrysler et l’attrapa par la main.

— Allons voir.

En s’approchant de la scène, Lucy remarqua le pauvre garçon qui gisait sur le sol, mais sans le reconnaitre.

—Oh mon dieu ! C’est un enfant ! dit-elle en se mettant à courir.

Son sang se figea dans ses veines lorsqu’elle remarqua qu’il s’agissait de Zach.

— Papa ! Maman !

— Mon Dieu ! Tomy ! hurla Jeffrey en le remarquant à ses côtés.

Tous deux repoussèrent la foule pour rejoindre leur fils dont le regard noyé de larmes suppliait que l'on viennent en aide à son ami. Sans réfléchir, Jeffrey souleva le pauvre Zach et se mit à courir de toutes ses forces en direction de la Chrysler, puis l’allongea délicatement sur la banquette arrière. Malgré le poids de Tomy dans ses bras, Lucy parvint à monter dans la voiture en même temps que Jeffrey, qui démarra en trombe en direction de l’hôpital.

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