Invisible

Une minute de lecture

Lorsque j’errais sans but dans le froid du matin

Juste pour réchauffer mon vieux corps décharné

Près d’un arrêt de bus, les gens avaient formé

Une file d’attente. Sur le trottoir plus loin

Dans un tas d’ordures un chien cherchait pitance

Passants indifférents et enfants apeurés

Évitaient de marcher près des sacs éventrés

Et la louve en vitesse se remplissait la panse

Car les chiens arrivaient, qui voulaient en découdre.

Pouvant courir plus vite et bien plus longtemps qu’eux,

Elle les sema dans les faubourgs besogneux

De Bucarest avant de pouvoir se dissoudre

Au milieu du brouillard qui flotte sur les prés

Et rejoindre bientôt ses petits louveteaux

Pour leur régurgiter la plupart des morceaux

Qu’en fouillant la poubelle elle avait ramassés

Et moi pendant ce temps, je resserrais ma veste

J’étais comme la louve aux yeux de tous ces gens

Qui détournaient les yeux : invisible et gênant.

Clochard à Nice c’est pas mal... mais Bucarest…

JI 15/03/19

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