Scène 10 et Tableau final...

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Scène 10



Conteur :
L’automne arrive avec son cortège de mornes journées… Les hirondelles se sont enfuies plus tôt que d’habitude… Dans le village après des moissons et des vendanges infructueuses, c’est la désolation … Chacun se morfond en sa demeure … Un soir de Novembre, près de la chaumière de La Berlotte, un ombre s’approche …  


Merlot (chantonne) :
Quand vient le jour, après la nuit,
Cortège de silences,
Ils se font lourds, tes ennuis,
Que le destin avance …

La Berlotte (reprend le refrain à bisser) :
Mais quand parait le soleil,
Plus rien n’est pareil…

Merlot (enchaîne) :
Quand vient la nuit,
Cortège de silences,
Ils se font lourds, tes ennuis,
Que le destin avance …

Merlot (frappe chez La Berlotte qui, aussitôt, lui ouvre sa porte…) :
Hé là, bonnes gens ! Auriez-vous quelque pitance pour un pauvre mendiant ?...

La Berlotte :
Entrez, brave homme, venez vous réchauffer près du feu .

Merlot :
Vous êtes bien bonne car, partout , dans le village voisin, on m’a expédié comme si j’étais le diable en personne …

La Berlotte :
Ce n’est pas leur faute, vous savez, mon pauvre homme ; la saison d’été fut bien rude à cause du mauvais temps et les récoltes furent bien maigres, cette année… Beaucoup sont démunis et ont peu à partager, c’est la famine… Hélas, je n’ai qu’une vulgaire soupe d’orties à vous proposer …

Merlot :
Je ne voudrai pas vous priver… Je me réchauffe et c’est déjà bien ainsi… Quand mes vêtements seront secs, je repartirai si vous voulez bien … 

La Berlotte lui sert un bol de soupe que Merlot ingurgite tranquillement. Tandis qu’il mange, elle va à la cage et en sort la pièce d’or puis revient vers le mendiant …

La Berlotte (Lui mettant la pièce dans la main…) :
Tenez, avant que vous partiez, prenez cette pièce, vous aurez meilleur sort avec elle …


Merlot (confus) :
Je…

La Berlotte :
Ne dites rien, je vous en prie, c’est bien ainsi… (L’accompagnant à la porte) Au revoir, mon ami et que Dieu vous accompagne … 

Merlot (sort… de nouveau seul dans la nuit , il chante ) :
Quand on retrouve, au gris matin,
Les marques de la veille,
Ton ciel s’ouvre sur ton destin,
Et tu te réveilles …

La Berlotte (reprend le refrain à bisser) :
Même des plus noirs horizons,
Surgira le soleil !...

Enchaînement scénique :
- Les villageois sortent de leur maison et se rassemblent sur la place pour chanter autour de Merlot …

Tous (chantent la coda) :
Quand on retrouve,
Les marques de la veille,
Ton ciel s’ouvres sur ton destin,
Et tu te réveilles !...

Couplet :

Quand touche ton cœur,
Les meurtrissures,
Jamais, ne te brise,
Il faut que l’âme s’assure
En passant par des crises…

La Berlotte (rejoint les villageois et prend place au milieu d’eux pour chanter le refrain en solo …) : 
Car le soleil se lève toujours,
Au regard de l’Amour …

Tous (reprennent) :
Car le soleil se lève toujours,
Au regard de l’Amour !…

  Tableau final
- Conteur : Ils restent tous là comme pétrifiés par leur paroles… Qu’attendent-ils donc dans le froid ? … La nuits s’achève,  le levant s’empourpre et le soleil apparaît …

Champereau :
Hé, les amis ! regardez, regardez là-bas , vers l’Est …
Tous en Chœur :
Hoooo !...



Chant de Tous  - Triomphe du soleil renaissant …

Le soleil va se lever
Derrière les maisons
Résonnez les clairons !...
On le guête, on l’attend
Mais on ne le voit pas,
Soufflez dans vos tubas !...

Ne va-t-il pas rester
Prisonnier des buissons,
Enfoncez vos pistons !...
Le soleil monte, monte,
Il va se libérer,
Soufflez dans vos cornets !...

Refrain à bisser
La, la la la la la
La, la la la la
La, la la la la !...

Il apparaît enfin
Au sommet de la tour,
Frappez sur vos tambours !...
Le village s’illumine
Et prend un air de fête,
Résonnez les trompettes !...

Pour saluer comme l faut,
Le soleil qui s’installe
Eclatez, vos cymbales !...
Plus fort, plus haut, plus chaud,
Se donne libre cours,
La fanfare du jour !...
 
Refrain à bisser
La, la la la la la
La, la la la la
La, la la la la !...



La Berlotte (montée sur un banc s’adresse à toute la population…) :
Ô gens de peu de foi, c’est le jour de la Saint Martin, que j’ai choisi pour libérer le soleil … Désormais, ce sera comme un jour d’Eté : l’Eté de la Saint Martin …
C’est le moment de libérer ce Soleil intérieur, prisonnier au fond de nos cœurs… C’est une bien grande erreur que de vouloir le garder uniquement pour soi … Le Soleil n’appartient à personne, en particulier ; il est à Tous et, Tous, nous sommes ses Enfants…
C’est cela qui présentement nous réjouit : cette divine Générosité, ce don de Soi, ce feu du Cœur !...


Chant final : ( Mélodie : « S’il suffisait d’aimer » interprété par Céline Dion sur une musique de Jean-Jacques Goldman -  Ici sur des paroles de l’auteur de « La Berlotte » )



Au retour du Soleil …

Tous ( chantent) :
 
Regarder le ciel,
Comme chaque matin,
Et voir l’hirondelle
Effleurer son jardin…

C’est le souci des jours,
Qui ressemblent à nos nuits,
Qui n’offrent plus d’amour
Et se chargent d’ennuis !… 

Nous qui espérons
Que le ciel s’entrouvre,
Que le beau Cupidon,
De ses flèches, nous, couvre…

Nous voici rassemblés,
Attendant tous le jour ,
De lassitude comblé,
A guetter son retour

Refrain :
Il suffisait d’attendre,
D’attendre et écouter,
Commencer par entendre
Nos quatre vérités…
Il suffisait d’apprendre,
D’apprendre à aimer
Pour finir par comprendre
Ce qui mène à l’Eternité.

Couplets suivants en solo ou en duo

La Paulette :
Moi qui suis coquette,
Si fière de ma personne,
Je me suis trouvé bête
En voyant sa couronne 


Bouche-Bée :
Moi, qui vite, réagit
Et qui suis soupe au lait,
Quand il a resurgi
J’ai fermé mon caquet …


Gueureleu :
Moi qui aime la vie
Et tout ce qu’elle comporte,
Je calme mes appétits,
Par des émotions fortes…

A toutes plaisanteries,
J’ouvre bien grand la porte ;
C’est ma ferronnerie,
Qui, le soleil, emporte …

Tous :
 Il suffisait d’attendre,
D’attendre et écouter,
Commencer par entendre
Nos quatre vérités…
Il suffisait d’apprendre,
D’apprendre à aimer
Pour finir par comprendre
Ce qui mène à l’Eternité.



Tiffaine :
Moi qui ai la gouaille
Et souvent le verbe haut,
Qui, bien garnit de paille,
Le creux de mes sabots ;

Je suis maintenant coi,
J’en reste même idiot,
J’en ai perdu la voix
Je ne trouve plus mes mots …


Homma :
Nous qui travaillons,
La nuit comme le jour,
Nous qui réveillonnons,
En surveillant le four …

Nous qui faisons le pain,
Pétri avec amour,
Faisions moins les malin,
Connaissant son détour …

Tous :
Il suffisait d’attendre,
D’attendre et écouter,
Commencer par entendre
Nos quatre vérités…
Il suffisait d’apprendre,
D’apprendre à aimer
Pour finir par comprendre
Ce qui mène à l’Eternité


Champereau :
Moi qui ai tant soif,
Au fond de mon bistrot,
Qui, vos verres, coiffe,
De tant et tant de mots ;

Je tourne dans ma cave,
Agitant mes tonneaux…
Faut-t-il donc que l’on lave,
Le vin, avec de l’eau !...


Marinette :
Moi, qui tant aime rire,
Et chanter mon bonheur,
Je me sentais mourir,
Comme meurent les fleurs …

Privées de ce soleil
Qui ranime les cœurs ;
De perdre, ces merveilles,
J’en éprouvais, grand’ peur

Tous :
Il suffisait d’attendre,
D’attendre et écouter,
Commencer par entendre
Nos quatre vérités…
Il suffisait d’apprendre,
D’apprendre à aimer
Pour finir par comprendre
Ce qui mène à l’Eternité


Didou :
Moi qui suis en quête,
Des plus belles images,
Et qui me fait une fête,
De les remettre en cage …

Me voici tout penaud,
Me voici tout marri ;
Comment prendre photos,
Quand rien ne vous éblouit !...


Mémé Granny :
Cela fait logtemps,
Que j’ai dépassé l’âge,
Des passions, des amants,
Qui gonflent les corsages…

Aujourd’hui, je suis vieille,
Devenue bien plus sage ;
Ne voyant plus d’abeille,
J’ai compris le message …

Tous :
Il suffisait d’attendre,
D’attendre et écouter,
Commencer par entendre
Nos quatre vérités…
Il suffisait d’apprendre,
D’apprendre à aimer
Pour finir par comprendre
Ce qui mène à l’Eternité

Léontine :
Moi qui lave le linge,
Et combat la saleté,
Aussi futé qu’un singe,
Dans l’opportunité ;

Je glisse mes « peaux de bananes »,
J’y vais d’aigres propos,
Qui accusent et condamnent,
Sans l’aide des tribunaux …

Léontine & Praloup :
Mais ce clair matin,
Jour de renouveau,
Nous nous faisons mutin,
Et ravalons nos mots ;

Fini, les invectives,
Adieu les médisances,
Que l’amour nous active,
Réclamons sa clémence …

Tous :
Il suffisait d’attendre,
D’attendre et écouter,
Commencer par entendre
Nos quatre vérités…
Il suffisait d’apprendre,
D’apprendre à aimer
Pour finir par comprendre
Ce qui mène à l’Eternité

Toussain :
Et moi, dans cette affaire,
Je devrais avoir honte ;
De la part d’un Maire,
On attend d’autres contes ;

Je me dis perspicace,
Je me veux rassurant,
Et pour ce qui agace,
Je ne tiens pas mon rang …

Courlivent :
Du maître, la leçon,
Donnée d’humble manière,
Se met à l’unisson,
De la sage Grand-mère …

Lomaizé :
Aux prochaines élections,
Si vous doutez du vote,
Voici ma suggestion :
Votez Tous,  La Berlotte !...

Tous :
Il suffisait d’attendre,
D’attendre et écouter,
Commencer par entendre
Nos quatre vérités…
Il suffisait d’apprendre,
D’apprendre à aimer
Pour finir par comprendre
Ce qui mène à l’Eternité !...

Rideau !...

Françoise a magnifiquement tenu le rôle de La  Berlotte
Bravo à elle et à toute la troupe des compagnons de "Saint Martin"

 

«  La Berlotte » Conte scénique original -  concept, texte, et mise en scène : Patrice Lucquiaud 

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