C'est pas MOI !

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J’ai rien fait mais j’aurai beau le dire personne n’en aura jamais rien à faire de toute manière tout le monde s’en fout de nous. On a beau être français, avoir un métier, on aura toujours un gueule d’étranger pour vous. Peu importe si on est ou pas l’agresseur de l’histoire notre parole vaudra toujours moins, notre CV passera toujours en dernier parce qu'un nom pas assez comme il faut, pas assez français y est accolé. Vous, vous croyez être à votre place alors qu’on vous la offerte sur un plateau d’argent,j’aurais aimé vous y voir. Oui on traîne dans les rues dès 6 ans mais c’est parce notre chez nous rime avec appartement délabrées qui ne sont jamais rénovés tout ça parce que des politiques osent nous affirmer que tout ce qu’on a fini par être détériorer. Oui on graffe les rues mais c’est pour qu’elles nous ressemblent. C’est pour qu’on nous oublient pas, pour qu’on est au moins une place dans cette société même si la seule que vous êtes prêts à nous offrir c’est celle du méchant. Alors vous étonnez pas qu'on finnisse par la prendre. Oui j’aurais aimé vous y voir, rester seule la plupart du temps parce que papa maman sont jamais à la maison, qu’ils enchaînent les heures sup' en espérant que leurs enfants pourront faire des études pourront sortir de ce milieu qui leur colle pourtant si fort à la peau. A quoi ça sert que je me défende ? C’est ma parole contre celle d’un connard à la peau peut-être plus blanche aux origines plus “vikings” mais aux moeurs bien plus douteuses. J’aurais beau vous dire de me croire, j’aurais beau vous supplier à genoux une onde d’impartialité: c’est toujours la même histoire.

Ce n’est pas seulement mon histoire c’est comme ça partout. Le monde est ainsi fait, l’Homme est maître de son destin, j’aimerais qu’il ne soit pas celui du mien. Le monde est ainsi fait, on voit ce qu’on nous donne à voir et on finit par espérer que ce qui nous a été caché reste bien dans le placard; pour pas qu’on se questionne, faut surtout pas se questionner, on risquerait de s’y perdre. On risquerait d'y trouver un monde finalement pas si juste, un monde pas si beau. Comment faire pour accepter cela alors que tout notre vie on nous y à fait croire à ce monde merveilleux ? Et face à cela on trouve deux types de gens: il y a ceux qui ne savent pas et ceux qui essaient de faire comme si ils ne savaient pas. Certes ils y en a qui aident, qui essaient de faire bouger les choses mais leur proportion est si faible, la masse, elle, avance, passe devant le sdf, baisse la tête et accélère le pas, parce que le malheur touche, le malheur on connaît pas et on veut pas connaître. C’est plus facile de se dire que ces gens l’ont mérité ainsi tout cela à un sens. C’est rassurant de se dire que si eux l'ont mérité, ce n’est pas une loterie nationale qui rendrait le jeu injuste et bien plus dur à cerner. Non, le sdf n’a pas forcément choisi ce destin et fait les mauvais choix, non le voleur ne le fait pas toujours pour l'appât du gain. Mais accepter ce hasard c’est trop dur alors on met des barrières, on refuse que l’autre soit comme nous et qu’il a finalement juste eu moins de chance dans le tirage au sort de l'existence. Et c’est là que la haine vient; cette barrière on la consolide avec des préjugés, avec des insultes pour ne pas oublier que s’il est à cette place c’est parce qu’il ne vaut pas mieux. On l’intègre si bien qu’on finit par le croire, cela finit par s'ancrer en nous.

Je vaux pas mieux que vous moi aussi je crache sur les autres pour m'en sortir et pour essayer d'effacer tout les torrents de haine que le monde peut déverser au quotidien sur ce que je représente. A vrai dire j’ai même fini par le croire; croire que finalement vous aviez peut-être raison que je ne valais rien que je n’étais qu’un étranger, un pauvre, un criminel et un voleur. Finalement je ne fais peut-être que nourrir le système, peut-être que finalement, aujourd’hui, dans ce commissariat, j’ai enfin trouver ma place: la place que la société me réserve depuis ma naissance, celle qui m'a été prédestiné. Et bien voilà, je suis là et je vais pas me défendre. A quoi cela servirait ? Le bouc émissaire est sur l’autel du sacrifice prêt à servir son destin, résignait comme tous les autres qui vivent le retour de bâton de ces barrières de haine. Mais maintenant assumait que ce que vous faîtes là ce n’est pas au nom de la justice mais au nom de la pérennité de ces barrières que vous vous êtes fixées. Je ne suis pas le problème je suis sa conséquence, son symptômes visible. Je suis la victime de cette societé et j’aimerais pouvoir dire la seule mais elles sont bien trop nombreuses pour être dénombrées; femmes, noirs, juifs, arabes, handicapés, pauvre...C’est pas ma faute putain ! C’est pas moi qui est créé ces règles tacites dans lesquelles le pion noir part avec trois tour de retard.

J'aimerais pouvoir moi aussi sortir de mon chapeau la solution pour m'en sortir à tous les coups, j'aimerais dégainer cette carte "sortie de prison" même si elle viendrait probablement plus de mon porte-feuille que d'ailleurs. Je ne l'ai pas. Je n'ai rien d'autre à offrir que ma parole. Une parole a demie valeur dit par une voix oubliée et stigmatisée. Une voix que tout le monde cherche à faire taire mais ça vous ne l'aurai jamais. Je peux abandonner mes armes mais pas mon combat, je peux abandonner mes camarades mais pas mes frères, je peux abandonner cette bataille mais pas la guerre.

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