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7 minutes de lecture

Petit OS que j'avais aussi écrit il y a quelques années, étant une lectrice assidue de fanfictions sur le monde magique d'Harry Potter, je trouvais ça dommage de ne pas trouver beaucoup de récits sur ce pairing, j'ai donc voulu déposer mon petit grain de sable dans le gigantesque sablier.

Bonne lecture.

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Je suis assise dans le grand canapé du salon, le regard perdu dans le vague. Toute la journée je t'ai attendu, toute la journée j'ai épié ton retour. Il est bientôt dix-sept heures, j'entends d'ici le "clic clac" que fait toutes les minutes la grande aiguille de l'horloge, semblant me narguer par sa lenteur à bouger. Chaque minute pour moi semble durer une heure, chaque heure semble durer une éternité. C'est un vrai supplice de t'attendre. Je ne sais pas ce qui est le pire, patienter pendant ton absence ou savoir que, quand tu seras là tu ne feras pas attention à moi. Du moins, pas de la manière dont je le souhaiterai.

La chaleur est insoutenable dehors, aussi je m'efforce de trouver un coin frais dans cette maison. Mon lieu de prédilection est sans conteste le petit atelier de ton père. Souvent dans la journée et depuis le début de mes vacances ici, je m'isole dans cette pièce avec un bon gros livre, j'absorbe les mots, je me fonds dans les pages et j'essaye de te sortir de ma tête. Je n'y arrive jamais.

Mais aujourd'hui l'atelier est occupé par tes frères, ils doivent encore réfléchir à une nouvelle invention à vendre dans leur boutique. Je passe devant la porte et j'entends leurs rires. Ils ont dans le timbre de la voix, un petit quelque chose qui me fait directement penser à toi. Serait-ce la manière douce dont les mots s'échappent de leurs lèvres ou bien le sourire que l'on devine dans chaque intonation ? Je ne serais le dire. Je soupire et continue d'avancer, j'adore les jumeaux mais, pour rien au monde je ne souhaiterai être entre leurs mains pendant qu'ils font des expérimentations.

Après avoir grimpé une trentaine de marches, je suis complètement essoufflée. La température semble faire disparaitre l'oxygène qui tente tant bien que mal de s'engouffrer dans mes poumons. Le fait que j'ai la gorge serrée depuis que je t'ai revu n'aide vraiment pas à me mettre à l'aise non plus et aujourd'hui pour aggraver les choses un peu plus, j'ai une boule qui s'y est formée.

J'arrive devant la salle de bain et entre calmement. Je n'ai jamais compris comment ta mère réussit et ce depuis toujours, à gérer vos allées et venues dans cette pièce tous les matins sans qu'il n'y ait de disputes et coups bas pour gagner un tour sur les autres. Je souris pour moi seule et avance un peu plus dans la pièce. Je reconnais la chaîne que tu portes autour du cou, posée à côté du robinet du lavabo, elle t'attend elle aussi mais, elle, contrairement à moi aura le droit de toucher ta peau. Je soupire une nouvelle fois et touche du bout des doigts la maille du bijou que je ne peux quitter des yeux. L'or est froid pourtant il me brûle. Je ne devrais pas penser à toi ainsi. Je me fais du mal pour rien et je le sais, mais c'est plus fort que moi. Ton image flotte dans ma tête à longueur de journée, ton parfum parfait mélange entre une brise fruitée et une flagrance typiquement masculine semble me coller à la peau et me suivre où que j'aille. Ta voix, Merlin ta voix me rend folle. Quand tu me parles des endroits que tu as déjà visités, quand tu m'expliques ce que tu as fait de ta journée, quand tu me taquines gentiment le soir avant d'aller te coucher, dans ces moments-là j'aimerais être un mot pour naître dans ta gorge et mourir sur tes lèvres. Mais je ne dois pas, je ne peux pas penser ainsi.

Je me passe un peu d'eau sur le visage, vaine tentative pour me rafraichir les idées. Mon regard se pose sur mon propre reflet dans le grand miroir. Je comprends que tu ne me regarde pas comme tu regardes les autres femmes. Des cheveux qui partent dans tous les sens, des nœuds dans à peu près chaque mèche et une couleur terne et fade comme mon être tout entier depuis que j'ai compris que je t'aime. Mes yeux sont cernés, rien d'étonnant quand on sait que je ne dors pratiquement plus depuis trois semaines. Pas de cauchemars la nuit, pas de doux rêves non plus, juste toi qui me dis la vérité. Tu ne m'aimes pas, tu m'apprécies. Je devrais me satisfaire de cela je le sais, mais je veux tellement plus, je te veux toi tout entier. Mais tout cela jamais tu ne le sauras, le courage me quittera à chaque tentative de ma part pour t'ouvrir mon cœur, qui j'en suis persuadée sera brisé à la fin de notre conversation. Alors autant ne rien faire et nous éviter à tous les deux une gène, je préfère garder cette entente si agréable qui est née entre nous.

Je tourne les talons et sort de cette pièce qui me donne la nausée tout à coup. J'entrevois la chambre de ta sœur, en pagaille comme toujours. Je secoue la tête amusée devant la flemme de ma meilleure amie.

Ton père vient de rentrer je l'entends à l'étage du dessous. Il doit donc être dix-sept heures trente. Encore trente longues minutes à avoir l'estomac noué en me demandant si aujourd'hui, tu rentreras seul ou avec une nouvelle conquête de passage dans ta vie.

J'arrive devant la porte de ta chambre. J'hésite à entrer. Je connais cette pièce par coeur pour y avoir dormi de nombreuses fois quand tu n'étais pas là, pourtant, savoir que tu y as dormi la nuit dernière lui donne une tout autre signification à mes yeux. Je pousse la porte en retenant ma respiration, la ferme après être entrée dans ton sanctuaire et y colle mon front tout en évacuant l'air que je retenais. Je tourne légèrement le visage et pose mon regard sur ton bureau. Des parchemins éparpillés un peu partout, des livres ouverts sur ta passion reposent ici et là. J'approche de ta table de chevet sur laquelle est posée une photo. Toute ta famille et toi êtes réunis et souriez à l'objectif, vous étiez en Égypte. Je passe mon doigt sur ton visage animé, tu étais heureux, tu riais en bousculant sournoisement le plus vieux de tes frères. Je m'assois sur le bord de ton lit et me laisse tomber sur ton oreiller, mauvaise idée je m'en rends compte quand ton odeur chatouille mes narines. Je suffoque. Je me lève et sors en courant de ta chambre. J'ai besoin de sortir d'ici.

Je dévale les escaliers en courant presque, traverse la cuisine à grandes enjambées. Tes parents me regardent je le sens mais ne disent rien. Tiens Harry est là je ne l'avais pas entendu d'en haut. Ginny ne doit pas être loin non plus dans ce cas. Je devrais peut-être lui parler de toi, cela me soulagerait sans doute. Elle t'a toujours adoré tu sais. Bien sûr que tu le sais, tu le lui rends bien d'ailleurs. Parfois quand tu la serres dans tes bras, je la jalouse. C'est idiot je sais mais c'est ainsi.

Je sors finalement dans le jardin en claquant la porte plus fort que je ne le souhaitais. L'air chaud m'enveloppe si vite que j'ai l'impression qu'il m'écrase. Je fais quelques pas dans l'herbe après avoir retirées mes chaussures. Ma robe beige me colle déjà à la peau. Je sens les prémices d'une brûlure entre mes cuisses, leurs frottements m'irritent rapidement. Je continue de marcher et fixe l'horizon. J'avance sans but précis, je m'éloigne de toi un peu plus. J'entends un petit ruisseau couler non loin et me dirige vers lui. Je m'assois au bord de l'eau et y trempe mes orteils. Une mésange chante sur une branche et me berce. Je ferme les yeux mais, les rouvres rapidement. Toi et toujours toi te cache sous mes paupières.

Tu dois être rentré désormais. Moi qui t'attendais depuis l'aurore, me cache à tes yeux maintenant, n'est-ce pas ironique ?

Je pense à ton frère qui va bientôt arriver au terrier avec sa femme et sa fille. Depuis la fin de la guerre je ne l'ai plus revu. La petite Victoire doit avoir bien grandi, j'ai hâte de revoir son joli visage rond et souriant. Toi aussi j'en suis certaine. Je soupire et m'allonge sur le dos, le fait d'avoir toujours mes pieds dans l'eau me détend un peu mais, pas assez pour respirer correctement. Je tourne un peu mon visage sur le côté, le soleil me chauffe les joues. J'entends la voix d'Harry qui m'appelle pour aller dîner. Je ne bouge pas, je n'ai pas faim. J'ai besoin d'être seule. J'ai besoin d'oublier mes sentiments qui deviennent pure obsession pour toi et te voir me rappellera une fois de plus, une fois de trop que tu es un homme et moi une jeune femme. Que tu aimes jouer avec les femmes et que moi je veux quelque chose de stable malgré mon jeune âge. Que tu ne me regardes pas comme tu les regardes elles. L'éclat dans tes yeux n'est pas le même et j'aimerais tellement qu'il brille quand tu me regarde parfois.

J'entends des pas se rapprocher, ça doit être Harry qui vient me chercher pour aller manger. Une brindille craque sous le poids de celui qui m'a presque rejointe. Dans un coin de ma tête j'espère que ce sera toi et pas mon meilleur ami, mais je tente de refouler cette envie le plus loin possible. Tu ne te déplaceras jamais pour moi, je le sais. Une ombre au-dessus de mes yeux assombrit mes paupières closes. Je retiens ma respiration et me lève tout doucement. Je replace une mèche de cheveux derrière mon oreille et me tourne finalement. Ce n'est pas Harry, mais ce n'est pas toi non plus. Ce n'est que Ron qui me tend la main, un doux sourire coller aux lèvres.

Pourquoi n'es-tu pas venu Charlie ? J'aimerais tellement faire naître cet éclat dans tes yeux.

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Je devais être mélancolique quand j'ai écrit ça :)

En espérant que vous avez tout de même apprécié, je vous salue et vous bisoute les orteils.

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