Chapitre 16

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On me secouait sans ménagement, quelle heure était-il ? Je bredouillais quelque chose mais le somnifère faisait encore effet et ma tentative ressembla plus à un gargouillis qu’autre chose.

— Chuuuut !

Comment-ça “chut” ? C’était elle qui était venue me réveiller. J’entrouvais mon œil et reconnaissais Isis.

— Il faut que tu sortes de ton lit, Oz, articula-t-elle sans bruit.

— C’est le milieu de la nuit, Isis… tentais-je de dire.

— Nous… commença-t-elle à articuler avant de se figer.

Un craquement avait retenti au-dessus de nous. La jeune fille semblait sur le qui vive, la main sur la garde de son long couteau. Il se passait quelque chose.

— Que se passe-t-il ? demandais-je en chuchotant le plus bas possible. Où sont les autres ?

Elle sembla rassurée que je réagisse un peu mieux.

— Il y a des anges dans la zone, nous devons nous cacher sans faire de bruit, m’informa-t-elle.

Maintenant parfaitement réveillé, je sortais de mon lit le plus discrètement possible. Mais lorsque je voulu me mettre debout, mes jambes n’étaient pas encore réveillées, elles. Sans l’aide de la métisse, je me serais très certainement écrasé sur le plancher.

— Merci, chuchotais-je.

Elle me guida silencieusement le long des couloirs sombres de la maison. A chaque craquement, nous nous arrêtions, prêtes à tout. Nous finîmes pourtant par atteindre le sous-sol où nous attendaient les jumeaux et Kendra.

Personne ne dit mot et j’évitais soigneusement le regard de Kaleb avant de glisser le long d’un mur pour m'asseoir au sol. Les genoux regroupés entre mes bras, je fixais un point indéterminé de l’autre côté de la pièce.

Isis avait surement posé une question, car San prit la parole :

— Ne t’inquiète pas pour les autres maisons, ils se sont tous cachés comme nous. Nous avons l’habitude.

Il y eut un long silence, tous guettaient les bruits de l’extérieur.

— Comment avez- vous prévu l’arrivée des créatures ? demandais-je d’une voix éraillée, faisant sursauter les autres.

— Nous avons des sentinelles, dès qu’elles repèrent quelque chose, je suis prévenu par talkie walkie et je préviens les autres maisons, expliqua finalement San.

— C’est aussi pour ça qu’on utilise pas de bougie ou quoique ce soit qui pourrait trahir notre présence la nuit, rajouta Kendra.

Kaleb n’avait toujours pas dit un mot. Adossé au mur opposé au mien, il me fixait. Je le voyais dans un coin de mon champ de vision mais n’osais pas tourner le regard vers lui. Je ne voulais pas voir le pansement qui dépassait sûrement de son t-shirt.

Le silence était revenu.

Est-ce que cela allait durer toute la nuit ?

— Tu peux dormir si tu veux, Oz, chuchota Kaleb.

A quel moment s’était-il rapproché ? Le brun était exactement dans la même position mais adossé à mon mur. Oui, c’était sa maison, mais là c’était mon mur et le sien était en face.

Je jetais un regard dans sa direction avant de me reconcentrer sur la pièce, Isis s’était endormie.

— Je ne t’en veux pas tu sais.

Je ne répondais pas. J’avais eu tort, j’aurais dû l’écouter et on le savait tout les deux.

Il glissa le long du mur pour s'asseoir à côté de moi.

— Ça va ?

— Ça peut aller.

— Tu sais, ça devrait être moi qui devrais bouder, pas toi.

— Je ne “boude” pas, m’indignais-je.

— Alors quoi ?

— Je…

— Tu ? m’incitait-il.

— J’ai vu des choses perturbantes pendant ma crise. Est-ce que tu penses que les démons existent ?

— Il y a bien des anges, répondit-il en haussant les épaules.

— Oui, mais ils ne sont pas vraiment comme je me les imaginais.

— Moi non plus. Des têtes d’oiseaux ? Franchement, dit-il un peu fort.

— Chuuut, fit Kendra qui nous surveillait depuis un coin de la pièce.

— Désolé, chuchota le garçon.

Il se tourna vers moi et souria :

— Peut-être que les démons ont des têtes de mouton.

— N’importe quoi ! C’est bien connu, les démons sont des chèvres voyons, riais-je.

— Chuuuuuuut, répéta Kendra.

— Désolé, chuchotais-je à mon tour.

Tout redevint silencieux, mais je me sentais bien mieux. J’esquissai même un petit sourire qui s’effaça rapidement lorsqu’un bruit de vitre brisée résonna au-dessus de nous.

Tendu comme la corde d’un arc, plus personne ne semblait respirer. Quelqu’un ou quelque chose était-il entré dans la maison ?

A côté de moi, Kaleb, une lame à la main, se levait doucement. Il fit signe à Kendra qui dégaina à son tour. Ils se dirigèrent en silence vers les escaliers.

Je faisais mine de les suivre, mais Kendra me lança un regard qui m’arrêta net. Après ma crise, il était hors de question que je combatte.

— Tu n’y vas pas ? chuchotais-je à San.

— Ils n’ont pas besoin de moi.

— Je ne t’ai pas encore vu combattre, disais-je en m'asseyant à ses côtés.

Isis dormait toujours.

— Si un jour tu me vois combattre, c’est soit que la résistance est en grand danger, soit que nous sommes enfin prêts à contre-attaquer.

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