Chapitre 8

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Nous empruntions le même chemin que j’avais pris pour rentrer chez moi le jour de l’attaque. Tellement de chose avait changé depuis. Il commençait à faire nuit, nous devions nous dépêcher.

— Nous ne passons pas par le même chemin que tout à l’heure, fit remarquer Kaleb derrière moi.

— Non, si ce que tu m’as dit est vrai, l’endroit doit grouiller de monde la nuit, lui répondais-je sans me retourner. Elle n’est pas trop lourde ?

— Je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi léger, elle n’a pas dû manger à sa faim depuis longtemps.

Le garçon avait insisté pour ramener la folle furieuse avec nous. Elle était forte et ferait un bon élément pour la résistance, avait-il dit. Sauf si elle nous tuait tous dans notre sommeil, m’étais-je retenu de dire.

— Je suis sûr que ce n’est pas elle qui a massacrée tout ces gens, dit-il comme s’il lisait dans mes pensées.

— En tout cas, même si c’est l’ange qui l’a fait, qui a tué l’ange ? demandais-je.

Je l’entendais presque hausser les épaules malgré le corps inconscient qu’il portait.

¤

La nuit était tombé si vite que Kaleb avait suggéré de la passer chez moi. J’avais accepté.

Je m'évertuais maintenant à attacher la jeune fille aux barreaux métalliques du lit sur lequel elle reposait, toujours inconsciente.

— Tu ne faisais pas l’escalade ? demanda le brun, railleur, en me voyant me débattre avec la corde.

Je l’ignorais superbement et finissais mon noeud avec un soupire. Elle ne devrait pas pouvoir s’en défaire, à moins qu’elle n’ai une force sur-humaine.

— Nous devrions installer un tour de garde, lançais-je en me relevant. Juste au cas où.

— Tu n’as vraiment pas confiance en elle.

— Elle n’est même pas là de son plein grès, Kaleb !

— Nous l’avons sauvé !

— Sauvé de quoi ? A ce que je sache, nous ne sommes pas invulnérable !

— Tu sais bien que je ne parle pas des anges, Oswin.

Je roulais des yeux, il se prenait encore pour le preux chevalier de l’histoire. Encore. Je réalisais alors qu’il s’était toujours comporté ainsi. Kaleb m’avait sauvé. Il sauvait cette fille. N’étais-je qu’une demoiselle en détresse pour lui ?

— Pourquoi m’as-tu entraîné ? demandais-je brusquement.

— Parce que tu as du talent, Oswin, tu as tué un ange avec un cutter sans être entraîné !

Je ne savais pas pourquoi, mais cette réponse ne me satisfaisait pas. Il sembla le comprendre et continua :

— Tu es incroyable. Tu apprends si vite. Et puis, je t’apprécie beaucoup, tu sais. Je sais que tu aurais voulu faire tes preuves durant cette mission en solo, mais je ne pouvais pas te laisser partir seule. Tu n’es pas encore prête.

— Quand serais-je prête ? Quand pourrais-je partir à la recherche de ma famille ?

— C’est donc ça, tu veux partir.

— Ce n’est pas contre toi, ni contre San ou Kendra. Je suis sur que tu comprends, tu aurais fait pareille pour ton frère.

— Peut-être, mais moi je me suis entraîné dix ans.

— Tu ne peux pas me demander d’arriver à ton niveau.

— Non, mais je peux te demander de t’en approcher.

Je lui souriais timidement, il m’en croyait donc capable.

— Tu sais cette fille sait peut-être des choses sur ta famille.

— Tu penses ?

— Elle les a peut-être croisé, elle a l’air d’avoir l’âge de ta soeur.

— C’est vrai.

— Bon, je prend le premier tour, vas te reposer.

J’acquiesçais et, après une seconde d’hésitation, je déposais un baiser sur sa joue avant de rejoindre ma chambre.

¤

Un hurlement me réveilla quelques heures plus tard. J’écartais mes couvertures et entrais en trombe dans la chambre voisine.

Kaleb essayait de maintenir la jeune fille qui avait repris connaissance. Heureusement, ses liens tenaient bon.

— Besoin d’aide ? demandais-je.

— Ce ne serait pas de refus, répondait-il, moqueur.

Je passais de l’autre côté du lit et attrapais les fines jambes pleines de forces.

— Calmes-toi, nous ne te voulons pas de mal. Nous avons soigné tes blessures. Tu es en sécurité, disait le brun d’une voix douce. Tu risques de rouvrir tes plaies en t’agitant ainsi.

— Tu veux quelque chose à manger ? tentais-je.

Elle se calma alors instantanément et tourna ses grands yeux noirs vers moi. J’avais visé juste.

— Elle t’amène à manger, si tu promet de ne plus être violente, d’accord ?

La jeune fille acquiesça vivement de la tête, faisant onduler les boucles sombres qui encadrées son visage rond. Je sortais donc de la chambre et descendais chercher de quoi la sustenter.

¤

Lorsque je remontais les bras chargé de nourriture, la jeune fille était assise en tailleur sur le lit, les mains détachées.

Après avoir jeté un regard furieux à Kaleb qui souriait à pleine dents, je lui tendais ce qui la faisait déjà saliver. Nous la regardâmes dévorer la moitié de nos provision en quelques instants, les yeux comme des soucoupes.

Lorsqu’elle eut fini, elle s’allongea sur le côté et s’endormit presque instantanément. Je me tournais alors vers le brun, bouche bée.

— Incroyable.

— Je t’avais dit qu’elle n’était pas dangereuse, disait-il avec un sourire vainqueur.

Je roulais des yeux avant de lui ordonner d’aller dormir, c’était à mon tour de la surveiller.

— Tu ne la rattacheras pas ? demanda le garçon en sortant.

— Non, mais je ne vais pas la lâcher des yeux, tu peux en être sûr.

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