Chapitre 7

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Les cheveux mouillés, j’attendais dans le bureau du manoir.

J’avais pris une douche après l’entraînement en oubliant que San devait me donner ma mission. Je m’étais donc rhabiller en vitesse. Tout ça pour que ce soit moi qui l’attende.

— Me voilà, désolé, Oswin.

— Pas grave, disais-je.

— Tu es prête ?

— Plutôt oui. Impatiente même.

Il s’installa au bureau et me fit signe de m'asseoir en face de lui.

— Ta mission est assez simple. Tu dois entrer en contacte avec un petit groupe de survivants et les ramener s'ils le souhaitent. Tu as pour ordre de ne pas chercher le combat avec les anges. Caches-toi au maximum et ne sors ta lame qu’en extrême urgence.

— Où dois-je aller ?

— Tu connais bien là zone. Ils se cachent dans le centre commercial juste à côté de notre ancien lycée.

— Pourrais-je passer par chez moi ?

— Sur l’aller, si tu le souhaites. Mais le retour doit se faire le plus discrètement et rapidement possible.

J’acquiesçais et il ajouta :

— Au faite, Kaleb t’accompagnera.

— Et pourquoi ? Je peux très bien me défendre seule maintenant.

— Parce que tu n’es pas encore aussi forte que moi, intervint une voix derrière moi.

— C’est moi qui ai insisté, disait San. Je ne veux pas te perdre alors que tu viens à peine d'intégrer la résistance.

— Et moi, je ne veux pas perdre mon seul apprenti.

¤

Il faisait bon malgré l’heure matinale, une brise fraîche nous caressait doucement la peau. Je fermais les yeux face au soleil pâle qui me réchauffait lorsque je remarquais que Kaleb m’observait.

— Qu’est-ce qu’il a ?

— Rien, répondit-il avant de commencer à marcher.

Je le suivais, un sourcil levé - il fallait que j’arrête de faire ça, c’était son truc pas le mien - et il dit :

— Tu as l’air contente de sortir. C’était si terrible que ça de rester enfermée avec moi ?

— Non, le soleil me manquait c’est tout.

— A moi aussi.

¤

Nous arrivâmes rapidement vers le charnier que j’avais enflammé le jour où il m’avait trouvé. Il n’y avait plus d’ange dans les parages.

Je passais donc devant Kaleb pour nous guider jusqu’à chez moi.

Les lieux n’avaient pas changés depuis mon départ. Il n’y avait pas de cadavres en plus et la porte n’avait pas était défoncé. A l'intérieur, une fine pellicule de poussière recouvrait les meubles. Rien n’avait bougé. Aucune des membres de ma famille était passé.

— Faisons vite, j’aimerais trouver les survivants avant la nuit, lança Kaleb en me dépassant pour s’affaler sur le canapé.

J’acquiesçais et montais quatre à quatre les marches menant à l’étage. Arrivé dans ma chambre, après un instant de flottement, j’ouvrais en grand les différents tiroirs pour prendre tous les vêtements foncés que je possédais. Une fois mon sac bien rempli, je jetais un dernier coup d’oeil à la pièce aux murs bleus puis je redescendais.

— Déjà ? demanda le brun.

— Je n’avais que des vêtements à prendre.

— C’est vrai, mais je pensais que tu voudrais rester un peu plus longtemps chez toi.

— Nous avons des survivants à trouver et ce n’est qu’une maison.

Il acquiesça doucement et se leva pour me rejoindre. Je refermais la porte à clef en regrettant de ne pas avoir aperçu mes chats mais nous n’avions pas le temps.

— Tu reviendras un jour.

Ses paroles résonnèrent comme une promesse dans la rue déserte. Je voulais le croire.

Je lui souriais et, replaçant mon sac, je prenais les devant.

— Nous n’allons pas passer par le grand boulevard, lui disais-je. Nous serons trop à découvert.

— Je suis d’accord, en plus il fait jour.

— D’ailleurs, pourquoi être parti ce matin, nous arrivons pu partir de nuit.

— Sais-tu comment la plupart des survivants ont survécu ? demanda le jeune homme.

— Comme moi je suppose, en tuant.

— En tuant ou en se cachant. Ceux qui se sont cachés ont finis par rencontrer d’autres comme eux. Ce sont eux que nous secourons la plupart du temps. Les autres sont soit chanceux comme toi, soit dangereux. La sélection naturelle a eut lieu, Oswin. Les dangers ne sont pas que dans les airs.

— Pourquoi des humains attaqueraient d’autres humains ? Nous devrions nous serrer les coudes !

— Évidemment, d’ailleurs c’est comme cela que pense San. Pourtant c’est une vision utopiste des humains. Nous sommes capable de n’importe quoi pour survivre.

— Tu as déjà tué un humain.

Kaleb ne répondait pas, mais son silence valait plus que des mots. Il l’avait fait.

¤

Le supermarché se dressait devant nous. Les portes automatiques étaient brisées, le vent s’engouffrait à l’intérieur avec un bruit sinistre.

— J’ai un mauvais pressentiment, lâcha Kaleb.

Nos chaussures crissèrent sur le verre lorsque nous pénétrâmes dans le grand hall. Un petit manège trônait sous la verrière, il n’y avait aucun signe d’occupation.

— Tu es sûr des informations de San, chuchotais-je.

— Sûr et certain. Mais quelque chose semble s’être passé. Tiens toi prête.

Je posais ma main droite sur le pommeau de ma lame, prête à tout.

Nous fîmes le tour de la plupart des magasins, sans résultats. Tout était calme. Nous finîmes par nous enfoncer plus profondément dans le centre commercial, il faisait de plus en plus sombre.

Nous passions devant un magasin de vêtements lorsque mon compagnon s’arrêta brusquement. Il fixait le sol.

— Du sang.

— Sommes nous arrivés trop tard ?

— Suivons les traces, il y a peut-être des survivants, disait-il en sortant son épée.

J’obéissais, les muscles tendus, prête à agir. Je comptais bien prouver à Kaleb que je pouvais me débrouiller dans un vrai combat.

Tout à coup, un poids vint s’écraser contre mes côtes, m’envoyant valser dans le décor. Lorsque j’émergeais du tas de vêtements, le bruit de lames s'entrechoquant m’acceuillit. Kaleb se battait avec quelqu’un.

Je m’approchais, doutant que mon aide soit d’une quelconque utilité. D’ailleurs, l’assaillant venait de lâcher ce qui semblait être un couteau de cuisine. Le brun le maîtrisa en quelques mouvements, plaquant le corps, qui me paraissait très frêle, contre le sol sans ménagement.

C’était une jeune fille de seize ans tout au plus, elle était fine mais se débattait avec force sous la poigne de mon compagnon. Elle était couverte de sang pourtant cela ne semblait pas être le sien.

— Que s’est-il passé ici ? la questionna-t-il, impassible face à ses mouvements frénétiques.

Elle grogna et tenta de le mordre en vint.

— Oswin, inspectes les alentours, il y en a peut-être d’autres.

Alors que je m’éloignais, la lame au clair, je l’entendais dire à la fille :

— Calmes-toi, nous ne te voulons pas de mal, nous sommes venu aider.

Sa voix s'atténua petit à petit tandis que je m’enfonçais dans le dédale de vêtement du magasin. Je ne voyais pas grand chose ainsi lorsque mon pied buta contre quelque chose de dur, je me stoppais net. L’odeur était atroce. C’était une odeur qu’un être vivant connaissait instinctivement. L’odeur de la mort. Mes yeux s’habituant à l’obscurité, je finissais par comprendre ce qu’il se trouvait devant moi.

Un charnier d’une vingtaine de cadavres.

Que s’était-il passé ? Etait-ce la fille qui avait fait ça ? Non, impossible. Les membres semblaient avoir été arraché à mains nu puis éparpillé au hasard. Il fallait surement une force considérable pour faire cela.

Retenant plusieurs haut-le-coeur, j'entreprenais d’avancer un peu. Il y avait une forme étrange près du mur du fond.

Ce que je découvrais provoqua un mélange d’émotions en moi. De la terreur, de la surprise et, oui je devais bien l’avouer, de la satisfaction. Quelqu’un avait cloué un ange sur ce mur comme un simulacre de crucifixion.

Les ailes grises étaient déployés derrière le cadavres à tête d’oiseau. Quelqu’un lui avait crevé les yeux et lui avait déchiqueté le ventre, révelant quelques organes. Réalisant que je n’aurais pas aimé voir ça en pleine lumière, je faisais quelques pas en arrière avant de prendre réellement la fuite. Il fallait que j’en parle à Kaleb. Peu importe qui avait fait cela, si il était encore dans les parages, il nous fallait déguerpir au plus vite.

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