Chapitre 3

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Un humain, c’était un humain, ne puis-je m’empêcher de penser. Je n’étais pas seule.

Nous patientâmes quelques instants, lui m’écrasant de tout son poids, m’empêchant presque de respirer. Je ne pouvais me plaindre, il maintenait encore sa main sur ma bouche, comme si j’étais assez stupide pour hurler alors que l’ennemi n’était pas loin.

Il finit tout de même par me relâcher et je retenais une exclamation, je ne voulais pas qu’il me fasse taire de nouveau. Pourtant, il y aurait eut de quoi hurler de joie.

— San ?! chuchotais-je.

Mon ami avait survécu. Je n’étais plus seule.

— Qui est l’imbécile qui a foutu le feu aux cadavres, marmonnait-il en m’ignorant superbement.

— Merde.

Il se tourna enfin vers moi et leva un sourcil en signe d’interrogation. Ce n’était pas vraiment le genre de San, quelque chose clochait.

— Il est possible que je ne sois pas inconnue à ce brasier…

Il leva les yeux au ciel en se passant une main sur le visage avant de prendre la parole :

— Tu te rend compte de ce que tu as fait ? Les anges sont comme des papillons attirés par la lumière. Ils sont une dizaine près du brasier, cherchant celui qui l’a allumé. La zone n’est plus sûre.

— Les anges ?

— Pas le temps de t’expliquer. Il va falloir déguerpir au plus vite, nous sommes déjà trop près.

Effectivement, derrière la voiture où nous trouvons, je sentais la chaleur du feu et l’odeur de corps brûlés.

— Mais ma maison est de l’autre côté !

— Oublie la. La zone n’est plus sûre.

Devant mon air attristé, il ajouta :

— Tu pourras peut-être revenir lorsque ça se sera calmé.

Il se leva et me fit signe de le suivre. Je me relevais donc tant bien que mal et, replaçant mon sac plein à craquer, j’obéissais.

Nous nous éloignèrent en faisant le moins de bruit possible, repassant devant le franprix. Lorsque nous fure assez loin, je demandais :

— Qu’est que tu faisais ici, San ?

— Je ne m’appelle pas San.

— Ne me fais pas marcher, tu lui ressemble comme deux goutes d’eaux.

Les mêmes cheveux bruns, quoique un peu plus en désordre peut-être. Les mêmes yeux bleu-gris étranges. La même taille.

— Je suis Kaleb, son frère jumeau. Mais cela dit, c’est lui qui m'envoie.

— Un frère jumeau ? Ca n’a aucun sens, San ne m’a jamais parlé d’un frère et encore moins jumeau.

— Ce n’est pas de ma faute si il ne t’a jamais parlé de moi, répondit-il avec un sourir moqueur.

Je retenais une réplique cinglante et demandais :

— Où allons nous, monsieur le jumeau caché ?

— Nous allons rejoindre San.

Il y eut un blanc que je brisais rapidement :

— Tu as dit que c’était San qui t’envoyais ?

— Effectivement.

— Pourquoi ?

— Peut-être qu’il se doutait que tu avais survécu.

— Pourquoi être venu une semaine après ? Y’a-t-il d’autres survivants ?

— Eh bien, il a fallu que nous nous organisions. Et puis, nous ne savions pas où tu étais. Evidemment qu’il y a d’autres survivants, tu te croyais spéciale ?

Serrant les dents pour ne pas l’insulter, j’enchainais :

— Est-ce que vous avez vu mes parents ? Ma soeur ?

— Non, désolé.

Le reste du trajet se fit en silence. Nous marchâmes plus d’une heure avant d’arriver dans un quartier plutôt aisé. Les maisons, souvent de pierre, semblaient assez anciennes. Il n’y avait aucun cadavre au sol.

— Nous avons nettoyé, dit Kaleb en devinant mes pensées.

Il s’arrêta finalement devant une maison aux aspects de manoirs. Impressionnée, je mettais quelques secondes avant de suivre le jeune homme qui grimpait maintenant les trois marches qui menaient à la porte d’entrée. Lorsque je fut à ses côtés, il toqua.

Une jeune femme nous ouvrit et nous regarda entrer, nous inspectant avec ses yeux du même bleu que Kaleb et San.

— Merci, Kendra.

— Vous êtes frères et soeurs ? demandais-je.

— Pas du tout, sa mère était au service de notre père.

Le brun me mena jusqu’à une pièce plongée dans le noir. Il me fit signe d’avancer vers le fond et j’obéissais avec réticence. Une main tenant une bougie apparut alors, elle n’éclairait pas assez pour que je vois le visage de celui ou celle qui la tenait.

— Heu, bonsoir, tentais-je.

Sans répondre, la main lança la bougie qui alluma un grand brasero, illuminant enfin la salle. Je pu donc découvrir le visage de la personne qui se tenait à quelques pas de moi. Elle ressemblait en tout point à Kaleb.

— San ! m’exclamais-je.

— Oswin, me répondit-il avec un grand sourire. Content que tu sois encore en vie...

— Toujours en train de mettre en scène tes entrées à ce que je vois, le coupa Kaleb.

— Merci de l’avoir ramené, Kaleb, lui dit-il avant de se tourner de nouveau vers moi. Il n’a pas été trop méchant ?

Je retenais un rire et souriais en lui disant :

— Si, très méchant, il m’a sauvé des créature en s’asseillant sur moi.

J’entendais presque Kaleb rouler des yeux derrière moi alors que San se mettait à rire.

— Elle a une épée d’ange, lâcha celui dans mon dos pour changer de sujet.

Je ne lui avais rien dit à ce sujet et je fut donc assez étonné qu’il aborde le sujet.

— Vraiment ? Comment l’as-tu eut ? Tu arrive a la soulever ?

— Evidemment que j’arrive à la soulever, m'indignais-je en croyant à une remarque machiste. Je l’ai récupéré sur le corps d’une créature que j’ai tué.

— Tu as tué un ange ?! Comment ? Tu n’as vraiment pas l’air entraîné.

Kaleb s’était rapproché et semblait aussi étonné que son frère.

— Expliquez moi d’abord pourquoi vous les appelez des anges.

— Très bien. Pendant l’attaque, je t’ai perdu de vu. Espérant que tu aurais la même idée que moi, plutôt que de rejoindre ma classe, je suis allé me cacher dans les escaliers gris.

Je souriais avec nostalgie lorsqu’il nomma le lieu. Nous nous cachions dans ces escaliers rarement emprunté pour échapper aux surveillants qui ne voulaient pas que les élèves restent à l’intérieur. Ces souvenirs dataient de presque deux ans maintenant. Ces escaliers déservaient tous les étages, comme les trois autres mais ceux là descendaient plus bas, amenant à une sortie de secours rouillé. Personne ne descendait jusque là, à par nous.

— Tu n’es jamais venu, où t’es tu caché ?

— Dans la salle de musculation.

— Oh, pas mal aussi.

— Continu, San, intervint Kaleb.

— Oui, pardon, lui répondit-il avant de s’éclaircir la gorge. Lorsque les créatures sont entrées à l’intérieur, j’ai entendu les cris. Elles, par contre, ne faisaient aucuns bruits. Quelqu’un a fini par descendre précipitamment vers moi. J’espérais que c’était toi, mais j’avais été naïf de croire que nous étions les seuls à connaître cet endroit. C’était un surveillant je crois, en tout cas, il n’a pas réussi à arriver jusqu’à moi. J’ai entendu un bruit sourd et un ricanement. L’homme gémissait faiblement tandis que l’autre le maintenait probablement au sol. “Tu as essayé de tuer un ange, pourquoi te laisserais-je en vie ?” demanda alors une voix étrange. En me décalant un peu, je pu voir leur reflet dans une vitre, c’était la créature ailée qui parlait. Comment arrivait-elle à parler avec un bec ? Un ange rien que ça ? Des têtes d’oiseaux ? Je ne comprenais plus rien. L’homme au sol semblait encore plus surpris que moi, peut-être était-il croyant ? En tout cas, il n’eut le temps de rien dire d’autre. L’ange lui transperça la gorge avec son épée.

— Il ne t’a pas trouvé ? demandais-je.

— Non, il est remonté immédiatement. Mais lorsque qu’il n’y eut plus de bruit, j’ai voulu sortir. Je suis tombé nez à nez avec un ange aux ailes rousses.

— Tu l’as tué ?

— Non, c’est moi, lâcha Kaleb avec un sourire sadique.

— Nous avons voulu récupérer sa lame nous aussi, mais impossible de la soulever, ajouta San.

— Maintenant, racontes nous comment une jeune fille pas du tout entraîné, si je ne m’abuse, à pu tuer un ange.

— Avec un cutter et de la chance ? répondais-je en haussant les épaules.

— Un cutter ? ricana le jumeau derrière moi. San, tu as de la concurrence.

En réalité, moi même je ne savais pas comment j’avais fait. Tout c’était passé si vite. J’avais l’impression que ce n’était pas moi qui avait agit.

— Impressionnant. Puis-je voir l’épée ? demanda le brun en face de moi.

J’acquiesçais et sortais l’arme de mon sac. Je lui tendais mais elle retomba au sol dans un bruit sourd. San avait était incapable de la garder en main. Il se baissa mais ne pu la soulever.

— Tu fais exprès ? demandais-je en me baissant à mon tour pour l’attrapper.

Elle était légère et fraîche dans ma main.

— Etrange, lâcha simplement Kaleb.

— Ce n’est pas grave, dit San en haussant les épaules. Nous avons d’autres armes.

— Comment ça ?

— Oh, Kaleb ne t’a rien dit ? Nous organisons la résistance depuis quelques jours. Nous sommes déjà une cinquantaine.

— Vous avez trouvé autant de survivants ? Incroyable. Moi qui croyais être seule. Et qu’allez-vous faire ?

— Nous défendre évidemment. Les armes contemporaines type armes à feu ne sont pas très efficaces face aux anges. C’est pour ça que la police et l’armée n’ont rien pu faire. Heureusement pour nous, notre père collectionnait les armes médiévale. Nous avons donc épées, haches et autres lames en stock. Nous sommes entraîné et prêt à tout.

— Je ne sais pas quoi dire.

— Tu veux retrouver ta famille ? demanda Kaleb.

— Oui.

— Rejoins nous et tu pourras les retrouver toi même plutôt que te planquer chez toi en attendant qu’ils rentrent.

— Nous t'entrainerons, ajouta San avec un sourire bienveillant..

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