Chapitre 1

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J’avançais entre les voitures abandonnées. Sous mes pas craquaient des téléphones oubliés par leur propriétaire dans leur fuite. A chaque craquement, je me figeais, scrutant le ciel nuageux. Pour le moment tout était calme, je n’avais pas rencontré âme qui vive depuis l’attaque.

Elle avait eut lieu deux jours plus tôt. Fulgurante. Inimaginable. Les créatures étaient venues du ciel, affublées d’ailes immenses et de têtes d’oiseaux, on aurait dit des divinités égyptiennes. Elles avaient tué sans retenues, hommes, femmes et enfants. Je m’étonnais encore d’être en vie. Pourtant, l’arme qui se balançait à ma ceinture le prouvait bien.

Je l’avais récupérée sur le corps de l’une des créatures. C’était une épé à simple tranchant à l’acier étincelant, la garde, où se mêlait ce qu’il semblait être de l’or et de l’argent, était sculpté en forme de plume. Les détails étaient saisissants, au point que j’avais l’impression que le métal allait être doux.

J’avais eu de la chance. C’était ce que je me disais à chaque fois que je passais devant un cadavre. J’espérais de tout mon être que ma famille allait bien. A chaque nouveau corps, je vérifiais que ce n’était pas mon père, ma mère ou ma soeur. Cette dernière devait être au collège pendant l’attaque, avec un peu de chance, les adultes avaient été plus compétents là-bas que dans mon lycée.

Les souvenirs de cette journée me revinrent en mémoire.

C’était un jour parmi tant d’autres. Un comme j’en avais vécu des milliers, ennuyeux à mourir. J’avais espéré secrètement que quelques chose d’incroyable arrive, brisant la routine. J’avais beau savoir que c’était impossible, comment une lycéenne pouvait influencer les événements ainsi ? Je ne pouvais m’empêcher de penser que c’était de ma faute.

J’étais au lycée lorsque c’était arrivé.

Un bruit strident avait retenti, pulvérisant les fenêtres du bâtiment et de ceux aux alentours. Curieux et inconscients, accompagné de San, un ami que je connaissais depuis une bonne dizaine d’année, j’avais suivi la foule d’élèves qui se pressaient vers l’extérieur pour découvrir ce qu’il se passait.

Dehors, c’était le chaos. Il y avait du verre partout et de nombreux blessé, les automobilistes sortaient de leur véhicule pour essayer, eux aussi, d’apercevoir la cause de toute cette agitation.

C’est alors que quelqu’un désigna quelque chose dans le ciel. Une forme blanche indistinct, d’abord seule, puis deux, puis dix qui se rapprochaient rapidement. Tout était silencieux, chacun se demandait comment réagir.

Les élèves du lycée Pablo PICASSO sont priés de retourner dans l’enceinte de l’établissement, résonna une voix dans les hauts parleurs.

Obéissants, nous rentrâmes rapidement dans le hall, j’avais perdu de vu San lorsque l’alarme de confinement retentit avec force. C’était le genre d’alarme qui vous faisait croire à la fin du monde. Les portes des classes se mirent à claquer tandis que les volets de métal étaient abaissés. Je ne savais pas où aller.

— Oswin ! cria quelqu’un sans que je sache d’où.

Le courant que formait la foule me repoussait sans cesse contre les immenses vitres donnant sur la cour. Je décidais d’attendre et au bout de plusieurs minutes, les lieux se vidèrent. Et je me retrouvais soudain seule. Tout le monde avait rejoint une salle de classe.

Je me demandais si je n’allais pas avoir des ennuis, après tout, lors d’un confinement, tous les élèves devaient rejoindre un professeur, lorsqu’un gros bruit résonna dans mon dos. Je faisais un bond en avant, quelqu’un avait tapé contre le rideau de métal.

Je reculais doucement jusqu’à ce que mon dos rencontre le mur du fond. Tout était de nouveau calme.

— Je suis en sécurité, chuchotais-je à moi même pour me convaincre.

Je me retrouvais maintenant juste à côté de l’escalier principal. Devais-je monter ? Un hurlement venant d’au dessus me figea au pied des marches. Que se passait-il ? L’air était pesant, j’avais l’impression qu’il se solidifiait dans mes poumons. J’étais pétrifié.

Les cris reprirent de plus belle. J’eu alors la certitude que quelque chose était entré. Nous n’étions pas en sécurité.

Il fallait que je me ressaisisse, il fallait que je bouge. Luttant, je commençais à longer le mur le plus proche, repassant dans ma tête les possibles cachettes de la zone.

Un coup résonna de nouveau sur le rideau de métal, me faisait sursauter.

Une lame traversa alors l’épais métal comme du beurre et fut retiré vivement dans un crissement. Un oeil se colla au trou et l’iris jaune se tourna immédiatement vers moi. Retenant un frisson, je reculais jusqu’à la porte la plus proche. La créature recula, laissant entrevoir les plumes qui recouvraient sa tête. Elle balança de nouveau sa lame sur le trou pour l’agrandir.

Discrètement, je me glissais donc par la porte qui se trouvait dans mon dos. Elle menait au sous-sol du lycée qui servait de salle de sport. Après avoir descendu quelques volées de marches, je fermais doucement la porte de la salle de musculation à clef derrière moi. La créature m’avait surement vu descendre, je n’étais en sécurité que provisoirement.

Je me précipitais au fond de la pièce obscure et me cachait entre un grand poteau carré et une machine qui servait probablement à muscler quelque chose dans les jambes. Réalisant que j’avais toujours mon sac de cour sur le dos, je le vidais donc, à la recherche de la moindre chose qui pourrait me permettre de survivre. Si j’avais eut le temps, je me serais peut-être émerveillé de ne pas paniquer.

Un trieur avec des feuilles de cours divers, une trousse, un agenda, une règle bien trop grande, un déodorant, un briquet et deux barres de céréales. C’était tout ce que j’avais.

Je savais qu’avec un déodorant et un briquet, il m’était possible de créer une sorte de lance-flamme, vestige du temps passé sur Youtube. Peut-être que je pourrais brûler sévèrement l’une ces créatures avant qu’elle ne me tue. Les seuls objets coupant que je possédais étant mes ciseaux et mon cutter, je doutais de pouvoir m’en sortir vivante.

Tout à coup, quelqu’un hurla au loin, puis un autre, puis des dizaines. Les créatures étaient entrées.

¤

J’étais sur le qui vive, tout mes sens étaient en alerte. Depuis combien de temps étais-je dans le noir ? Les poings serré sur mon cutter, j’avais entendu le carnage qui avait eut lieu dans les étages. Tout était redevenu calme depuis. Étaient-elles parties ?

Un bruit de pas stoppa net mes pensées, quelqu’un descendait les marches vers ma cachette. Je resserais ma prise sur mes armes de fortune.

“Je veux vivre.” pensais-je une dernière fois avant que la porte ne soit défoncé et qu’un de ces volatile ne rentre, lame au clair.

C’était un mâle, d’au moins deux mètre et musclé comme un buffle. Sa tête aux plumes grises, était celle d’un rapace, peut-être un aigle. Derrière lui traînaient le bout de ses ailes qu’il avait replié dans son dos. Je n’avais aucune chance.

Pourtant, lorsqu’il s’avança dans la pièce, je me jetais sur lui avec toute la force qu’il me restait. Mon corps se mouvait instinctivement et j’esquivais un de ses poings. De stupeur, il avait lâché son arme, aucun de mes camarades n’avaient dû essayer de se défendre. Je lui plantais mon cutter dans un oeil et me baissais pour ramasser l’épée. Elle était plus légère que ce à quoi je m’attendais. Parfait. Sans réfléchir plus, je la plantais dans le cou, là où les plumes laissaient place à la peau.

Il s'effondra, une expression ridicule sur son visage absolument pas apte à transmettre des émotions. Ses plumes se colorèrent rapidement de rouge.

Pour être sûr de ne plus avoir a faire à lui, je courrais chercher mon briquet et mon déodorant et mis le feu au corps. Il tenta faiblement d’éteindre le feu, en vain, il avait perdu beaucoup trop de sang. J’observais le brasier jusqu’à ce qu’il s’éteigne, ne laissant qu’un tas de cendre et d’os.

Il n’y avait plus de bruit, c’était le calme après la tempête. Seul mon sang qui coulait brisait le silence. J’étais blessé. L'adrénaline dans mes veines laissa rapidement la place à la fatigue et à la douleur. La plaie était profonde, quand avais-je été blessée ? J’avais du mal à bouger mon bras mais il fallait que j’arrête le saignement. Déchirant un morceau de ma chemise en grognant, je l’enroulais autour de mon avant bras en espérant que ça ne s’infecte pas.

Il allait falloir que je sorte.

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