Chapitre 28

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Je restais sans voix. Je n’étais plus humaine.

Kendra continuait de parler, mais je ne l’écoutais plus que d’une oreille.

— … je pensais que tu finirais par rejeter ce sang de démon, tu en avais tous les signes. Pourtant, lorsque j’ai vu que tu guérissais si vite, et ne parlons pas de ton œil, j’ai su que ton ADN avait changé. Te voir tuer Marcus avec tes flammes a conforté mes craintes.

— Tous les démons peuvent utiliser des flammes ? demandais-je distraite.

Je n’arrivais pas à penser à autre chose. Je n’étais plus humaine. Avais-je encore ma place sur Terre ?

— Oui, mais chaque flamme à sa spécialité, répondait la jeune femme, contente de me voir intéressé. Les miennes sont vertes car elles sont plus efficaces pour soigner que pour tuer.

— Les miennes sont blanches, faisais-je remarquer de nouveau concentré sur la conversation.

— Je ne connais pas les propriétés des flammes blanches, disait-elle pensive. Je n’en ai jamais vu, mais comme je te l’ai dit, j’ai toujours vécu sur Terre.

Je perdais de nouveau le fil. Et si ma famille ne voulait plus de moi ? Comment continuer à combattre les anges alors que moi-même, je n’étais plus humaine ? Étais-je encore légitime ?

— Oswin ? Tu m’écoutes ?

— Oui, désolé. J’ai du mal à me concentrer.

— Est-ce que tu as mal à la tête ? Tu as pris un coup sur la tête ? Tu as peut-être une commotion.

— Non, ça va. J’ai pris des coups sur la tête, mais ça va. C’est juste que je me pose beaucoup de question sur moi-même, avouais-je gêné.

Elle me souriait gentiment et posa sa main sur mon épaule.

— Je comprends et si tu as la moindre question, je suis là.

Je hochais la tête, reconnaissante lorsque son visage changea d’expression.

— Qu’est-ce qu’il y a ?!

— Des gens approches, ils sont nombreux.

Elle s’était relevée, dans sa main brillait un couteau de cuisine. J’attendais qu’elle m’en donne un, lorsqu’on toqua à la porte. Nous nous figeâmes. Quel genre d’ennemi toquait avant d’attaquer ?

Kendra finit par aller doucement jusqu’à l’entrée et posa son œil contre le judas.

— Isis ?

J’entendais dans sa voix qu’elle était surprise. Après tout, c’était à nous de la retrouver, pas l’inverse.

— Tu as l’air accompagné, disait la brune méfiante.

— Oui, nous sommes des alliés d’Isis, répondait, non pas Isis qui était toujours muette, mais une voix féminine qui me paraissait familière.

Ma compagne se tourna vers moi pour me dire :

— Isis articule qu’il faut la laisser entrer elle et son amie.

— À quoi ressemble-t-elle ?

— Elle fait la taille d’Isis, peut-être un peu plus grande. Mais elle porte un masque qui cache son visage.

— Laisse-les entrer, lui disais-je. Mais donne-moi une arme.

Elle me souriait et m’envoyait son couteau. La lame fit une belle parabole avant d'atterrir dans ma main.

— Et toi ? demandais-je.

— J’ai plus d’un tour dans ma manche, ne t’inquiète pas, me disait-elle avec un clin-d’œil.

Elle ouvrait alors en grand la porte, faisant une magnifique révérence pour inviter les deux jeunes filles à entrer. Ces dernières s’exécutèrent, Isis arborant un sourire heureux tandis que l’attitude de son amie restait mystérieuse et indéchiffrable.

Kendra se posta devant la porte fermée et attendit que les nouvelles venues prennent la parole. De mon côté, je tenais ostensiblement mon couteau pour les prévenir que j’étais prête à tout. Le sourire d'Isis disparut doucement. Elle ne comprenait manifestement pas pourquoi nous étions hostiles.

— Je veux voir vos mains, ordonnais-je.

Les deux filles obéirent doucement.

— Que venez-vous faire ici ? demandais-je. Comment en es-tu arrivé à traîner avec de nouvelles personnes, Isis ? Qui sont-ils ? Qui est-elle ? Pourquoi ce masque ?

Isis prit une grande inspiration, prête à articuler toute l’histoire mais sa compagne l’arrêta.

— Laisse-moi expliquer, Isis.

Décidément, je reconnaissais cette voix.

— Je dirige un groupe de très jeunes résistants, Oswin. Nous avons rencontré Isis par hasard et elle nous a demandé de l’aide. Toi et ton amie étiez rentrés dans le nid depuis si longtemps. Nous vous avons vu sortir des sous sols et nous vous avions suivis. Nous ne voulions pas vous faire peur, vous étiez blessés et fatigués.

— Comment se fait-il qu’Isis vous ait fait confiance aussi facilement ?

— Tout simplement car tu lui avais demandé de me retrouver, Oz.

Elle retira son masque, révélant de la peau brûlée, pourtant, je la reconnaissais immédiatement. Ces cheveux blonds et bouclés auraient dû me mettre la puce à l’oreille.

— Amélia… murmurais-je.

— Tu sais bien que je préfère qu’on m'appelle Amy, disait-elle en levant les yeux au ciel.

— Tu es en vie ! m’exclamais-je en lui sautant au cou.

— Et oui, cela s’en est fallu de peu cela dit.

— Comment ? demandais-je sans réussir à formuler ma question.

— Comment j’ai eu la moitié de mon visage brûlé ? Longue histoire. Je te la raconterais plus tard. Il faut qu’on vous mette à l'abri. De plus, vous avez clairement besoin de soins médicaux.

Je voyais près de la porte que Kendra me questionnait du regard. Je lui souriais grandement avant de dire :

— Nous allons te suivre, mais avant, Kendra, je te présente Amélia, ma petite sœur.

— Appelle-moi Amy, souffla la blonde que j’avais relâchée de mon étreinte.

— Des gens encerclent le bâtiment… commença Kendra.

— Ce sont mes hommes, la coupa Amy. N’ayez crainte, ils sont là pour sécuriser la zone. Vous n’êtes pas sans savoir que nous sommes très proches du nid.

J'acquiesçais avec sérieux. Nous ne devrions pas traîner plus longtemps.

— Je vais demander à deux d’entre eux de porter votre ami inconscient, continuait la blonde.

— Non. Je m’en occupe, je suis son infirmière attitrée, souriait la brune.

Ma sœur hocha la tête et siffla quelques notes. Un jeune homme apparut derrière Kendra qui sursauta.

— Jasper, nous y allons. Préviens les autres.

Le garçon posa son poing sur son cœur en guise de salut puis s’en alla. Kendra alla immédiatement au chevet de San qui n’avait toujours pas repris connaissance. Elle vérifia son pouls et quelques-uns de ses pansements avant de le redresser doucement. Mon cœur se serra à la vue du corps du garçon. Je me rendais alors compte que cela devait être pire pour la brune. Cette dernière était chargée de sa sécurité.

Amélia prit la tête de notre petit groupe. Nous descendîmes les escaliers en silence. Je ne pouvais m’empêcher de sourire lorsque je regardais ma sœur. Notre relation n’avait pas toujours été simple mais une apocalypse changeait tout. J’étais heureuse qu’elle soit en vie. Cela me redonnait de l’espoir pour le reste de ma famille.

Nous débouchâmes dans la rue déserte. Je ne voyais aucun des hommes d’Amy, pourtant je sentais leurs regards sur nous.

Nous ne marchâmes pas longtemps.

Deux jeunes homme, dont Jasper, nous attendaient près d’une bouche d’égout. Ils soulevèrent la plaque et Amélia se glissa dans le trou sombre sans que j’ai le temps de poser la moindre question.

Je lançais un regard à Kendra qui haussa les épaules, soulevant par ce fait San endormi.

— Tu penses avoir besoin d’aide ? chuchota Jasper à la brune.

Cette dernière fit signe que non et s’enfonça dans la terre avec notre ami sur le dos. Je la suivais rapidement puis les deux garçons nous suivirent, refermant derrière eux. Le noir nous enveloppa alors.

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