Chapitre 15

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Le goût ferreux du sang m’emplissant la bouche me ramena à la réalité.

J’avais les dents fermement plantés dans la chair de quelqu’un. Surprise, je m’écartais brusquement mais fut retenu par le poignet. Dans ma main droite, je serrais toujours mon couteau. La lame avait été arrêté à quelques centimètre du torse du jeune homme qui me tenait.

Je croisais son regard redevenu bleu. Kaleb.

Le yeux exorbités, je lâchais l’arme qui se planta dans le sol matelassé. Je ne pu m’empêcher de regarder où je l’avais mordu. Le sang maculait le col de son t-shirt blanc. Comme un vampire l’aurait fait, je m’étais jeté sur son cou nu et l’avais mordu jusqu’au sang.

Je bredouillais quelques syllabes désordonnés avant de croiser de nouveau son regard.Il ne laissait rien transparaître, pas même de la douleur. Il me lâcha enfin et je reculais vers le mur avant de me lever doucement. Je remarquais alors la présence de Isis, elle me regardait avec ses yeux étranges, comme si elle ne savait pas comment juger la situation.

Je faisais quelques pas, contournant le jeune homme sans un mot. Il ne bougea pas et une fois dans le couloir je l’entendis dire :

— Ne la suis pas, Isis.

D’un pas rapide, je gravissais les marches deux à deux. Arrivé au rez de chaussé, je croisais San mais ne le laissais pas le temps de me parler. Je continuais mon ascension et me dirigeais déjà vers l’étage suivant. Toujours aussi vite, voir peut-être même plus, je traversais le pallier pour aller m’enfermer dans la salle de bain.

Seule, sous la lumière blanche, je m’observais quelques instants dans le miroir. L’ampoule accentuait mon teint pâle, contrastant avec le sang du brun qui maculait mon menton, quelques gouttes étaient même arrivé jusqu’à mon propre cou.

Mais ce ne fut pas ce qui me marqua le plus. Je voyais pour la première fois mon oeil infecté. Or il n’avait absolument pas l’air infecté, au contraire. Plein de vie, où en tout cas autant que mon oeil marron, l’iris était juste devenu rouge. Et si c’était lui qui me faisait voir toutes ses horreurs ?

A bout de nerf, je laissais échapper quelques larmes, toutes venant de mon oeil droit, le marron. L’autre ne s'humidifia même pas.

— Oz ? Est-ce que ça va ? demandait la voix étouffé de San par la porte.

Ainsi, il m’avait suivit, lui.

— Je suis avec Kendra, elle veut t’examiner.

— Pourquoi ? demandais-je méfiante en séchant ma joue humide.

— Kaleb nous a dit que tu avais fait une sorte de crise, répondait la jeune femme.

— Comment va Kaleb ? demandais-je en sentant les larmes monter de nouveau.

— Bien, je lui ai fait un pansement.

Je posais la main sur le verrou, prenais une grande respiration et ouvrais. L’oeil à la vue de tous, essayant de ne pas avoir l’air trop désespéré, je demandais :

— Kendra, qu’est-ce qu’il m’arrive ?

§

La jeune docteur m’avait allongée dans mon lit après avoir congédié San. Elle me tendait alors un comprimé et un verre d’eau que j’avalais sans un mot. Les yeux plantés dans les siens, j’attendais qu’elle me dise quelque chose, n’importe quoi.

— Je ne sais pas ce qu’il t’arrive, Oswin. Je suis désolé, souffla-t-elle en détournant le regard. Je pense qu’il te faut du repos, tu n’aurais pas dû reprendre les entraînements aussi vite.

Je restais silencieuse, persuadé qu’elle me cachait quelque chose. Le cachet commençait à faire effet, mes paupières devenaient lourdes, mon cerveau tournait au ralenti.

— Je t’ai donné un somnifère, tu devrais passer une bonne nuit, continua Kendra. Je vais refaire ton pansement à l’œil pendant que tu t’endors.

Elle s’approcha et je fermais les yeux. Le lit ploya sous son poids lorsqu’elle s’assit. Le contact de ses doigts et du pansement me paraissait très lointain tandis que ma respiration se ralentissait.

— Je sais que tu peux encore m’entendre, Oswin. Et je sais aussi que tu ne te souviendras pas de ce que je vais te dire, chuchota la jeune médecin près de mon oreille. Tu es un cas très spécial, tu es en train de changer. Je veillerais donc à ce qu’il ne t’arrive rien. Mais si tu retouche encore à l’un des jumeaux…

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