Chapitre 13

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— Où m'emmènes-tu ? demandais à San qui me portait délicatement. Ma chambre n’est pas par là.

— Je sais bien, riait-il. Tes draps sont trempés, le temps que nous les changeons, Kaleb t’a gentiment cédé son lit pour la nuit.

Je ne disais rien, je m’en voulais déjà assez de les avoir réveillé au milieu de la nuit et maintenant, ils changeaient mes draps.

— Qu’a dit le médecin ? demanda le jeune homme.

— Il dit que c’était juste une terreur nocturne et que ça arrive après un traumatisme. Ma blessure ne s’est pas rouverte mais mon oeil semble toujours rouge.

— Bizarre cette histoire d’oeil quand même.

Je me figeais en repensant à ce que j’avais vu. C’était comme si mon cauchemar m’avait suivit dans la réalité.

— Quelque chose ne va pas ?

— Non, je repensais juste à mon mauvais rêve. Je vais avoir du mal à me rendormir.

— J’imagine. Je n’avais jamais entendu quelqu’un crier ainsi.

— Désolé.

Il me sourit puis poussa une porte. La chambre de Kaleb n’avait rien de particulier. Tout était bien rangé, pas une seule chaussette ne traînait par terre. Les murs semblaient presque du même bleu que ses yeux.

San me déposa sur le lit à deux places qui occupait le coin le plus éloigné de la porte, près de la fenêtre. Il me souhaitait bonne nuit et je profitais qu’il ait laissé la lampe de chevet allumé pour examiner la chambre.

Contre le mur qui se trouvait en face de moi se dressait une grande étagère rempli de livres divers. A côté, où la lumière du soleil devait frapper l’après-midi, avait été mis le bureau. Une simple planche sur deux tréteaux qui semblaient pouvoir se régler pour pouvoir s’incliner. Dessus, comme abandonné en plein travail, se trouvait des crayons, des feutres et même une plume et de l’encre. De loin, je pouvais aussi voir que plusieurs feuilles blanches avaient été remplies de dessins en tout genre. Ainsi, Kaleb savait dessiner.

Je souriais, il fut un temps moi aussi je dessinais.

Remontant les draps gris jusqu’à mon menton, je soupirais.

— Moi qui voulais être architecte.

Je tendais doucement le bras et, après une petite hésitation, j’éteignais la lumière. Il ne faisait pas entièrement noir, le clair de lune formait deux rectangles lumineux près de mes pieds. Un peu apaisé, je fermais les yeux.

§

Il ne faisait pas encore jour lorsque je me réveillais en sursaut. Décidément, cette nuit était vraiment interminable. Encore tremblante, j’allumais vivement la lumière pour chasser les ombres. Peut-être étais-je vraiment traumatisé.

Essayant de contrôler ma respiration, je reprends petit à petit possession de mes moyens. Cette fois pas de sang, juste des dizaines d’ange qui attaquaient la maison.

La porte s'entrouvrit alors, et je sursautais.

— Oswin ? Tout va bien ? J’ai vu la lumière s’allumer depuis le bout du couloir.

— Oui, oui. Désolé, encore un cauchemar. Tu ne dors pas ? demandais-je.

— Non, je ne dors jamais beaucoup.

— Cauchemars ?

— Entre autre, oui, avoua-t-il contre toute attente. Bon, si tout va bien, je vais te laisser.

— Non ! m’exclamais-je sans vraiment savoir pourquoi.

— Comment ça, non ?

— Je euh… si on arrive pas a dormir tout les deux, on pourrait se tenir compagnie, improvisais-je.

Il sourit et entra complètement dans sa chambre. Après avoir déposé ses béquilles contre sa chaise de bureau, il s'étala de tout son long du côté extérieur du lit, m’obligeant à me rapprocher du mur. J’étais maintenant coincé entre un garçon et du béton. Super idée, Oswin.

Nous restâmes silencieux un long moment, ne sachant quoi dire. Fixant le plafond, le brun finit par demander :

— C’était quoi ton cauchemar ?

— Lequel ?

— Celui qui t’as fait hurler de terreur.

Je lui racontais alors le plus fidèlement possible les sensations que j’avais ressentis. Cette impression d’être dans un vaisseau sanguin envahi par quelque chose. Et surtout la douleur.

— Étrange.

— Le plus bizarre, c’était lorsque j’ai ouvert les yeux, San et toi aviez les yeux aussi rouge que le sang de mon rêve.

— Etrange, répéta-t-il.

Il semblait pensif.

— Tu sais que c’est San et moi qui t’avons donné notre sang pour te sauver ?

— Oui. Merci.

— Peut-être que ça a un lien. Je veux dire, peut-être que lorsque tu t’es réveillé, cela t’es revenu inconsciemment et tu as fait le lien entre ton cauchemar de sang et notre don.

— Peut-être bien.

Il se redressa sur ses coudes et tourna son visage vers le mien en écarquillant les yeux.

— J’ai toujours les yeux rouges ?

— Non, riais-je.

Il ria à son tour, cela arrivait si rarement que je fut étonné d’entendre ce son qui ne dura pas longtemps. Le brun se rallongea à mes côtés et je dis :

— En tout cas, il est très confortable ton lit, je crois que je vais le squatter toutes les nuits.

— Il faudra alors le partager avec moi, je ne compte pas rester dans la chambre d’ami toute ma vie, plaisanta-t-il.

Je lui souriais, c’était vraiment agréable de parler un peu en dehors de nos entrainements. Pourtant, je finissais par céder au sommeil alors que les premiers rayons de l’aube arrivaient jusqu’à nous.

Et lorsque je me réveillais d’un sommeil sans cauchemars, Kaleb n’était plus là. Avais-je rêvé de notre discussion ?

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