L'oeuvre de la fièvre

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J'ouvre les yeux. Il fait noir. Très noir. Seuls les draps blancs de mon lit, dans lequel je suis allongée, sont visibles. Je suis incapable de dire si je suis encore dans ma chambre, où je me suis endormie pour la nuit. Je ne suis que dans un espace noir dont il est impossible d'en délimiter la taille. Il n'y a pas un bruit. Le silence est le maître de ces lieux et mon réveil semble le déranger. Du moins, c'est ce que je pense. Je commence à angoisser et à me recroqueviller sous mon drap pour m'en cacher.

Soudain, j'entends des bruits de pas. Des talons aiguilles résonnent sur du carrelage au loin. Ils se rapprochent. Cela devient même assourdissant. Puis le silence. A nouveau. J'ai peur. Je sens une présence et elle sait que je suis là. Mon coeur bat à cent à l'heure alors que j'essaye de me rendre invisible. Rendors-toi, rendors-toi !

Une porte s'ouvre et claque contre un mur. Je tremble de peur. Mais ma curiosité me fait jeter un coup d'oeil par dessus le drap que j'avais tiré jusqu'à mon nez. Un rectangle blanc était découpé dans l'espace noir et un faisceau de lumière en sortait, et éclairait jusqu'aux pieds du lit. Dedans, était dessiné une ombre humaine issue de l'individu qui se tenait dans l'encadrement de la porte. Je dis humaine, car elle a des jambes, un buste, une tête et des bras, mais sa silhouette est trop... géométrique.

Je suis de nouveau dans le noir. Je n'ai pas le temps de paniquer que mon lit se met à tourner brutalement, indéfiniment. J'ai envie de crier, mais je ne peux pas. Mon souffle est coupé tant je tourne vite.

Puis, je retrouve ma respiration. Je ne tourne plus. Mais je ne suis pas dans mon lit. Il a disparu. A la place, je me tiens sur un tas d'objet. Je n'en vois pas le sommet. Je n'en vois pas la base non plus. Il m'est aussi, impossible de définir exactement sur quoi je suis. Je n'ai qu'une envie, c'est de sortir de là. Alors, je monte. Je grimpe sur cette montagne dont je n'en vois pas le bout, et qui est pourtant instable. Je n'arrête pas de glisser, rendant ma tâche encore plus vaine qu'elle ne l'est déjà. Mais je monte. Je n'ai que ça à faire.

Cela fait combien de temps ? J'ai l'impression que ça fait des heures que je suis là, escaladant indéfiniment. Rien n'a changé. Je suis toujours dans le noir, sur des objets aux formes variées, et qui me font glisser encore et encore. J'ai envie de pleurer. J'ai envie de mourir.

Je dégringole une énième fois. Mais pas seule. La montagne m'accompagne dans ma chute. Tout s'effondre autour de moi et il ne reste plus que l'immensité noire qui m'entoure, et dans laquelle je tombe. Et je crie.

Et je tombe.

Encore.

Je tombe.

Je crie toujours.

Je tombe sans en voir la fin.

Il n'y a pas de fin.

Je tomberai encore et toujours.

Et je crierai tant que je tombe.

Je m'étouffe.

Et je ne tombe plus.

Je me redresse. Je redécouvre paniquée, ma chambre, essayant tant bien que mal de retrouver mon souffle. C'était un rêve, un simple cauchemar. Mais je me sens mal, toujours très mal. Et je tombe à nouveau.

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