sac à malices

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Andromeda courait à travers les arbres en tenant le bas de sa robe longue pour éviter de marcher dessus. Enfin courir est un bien grand mot. Disons plutôt qu'elle trottinait. Elle n'avait jamais été une grande sportive. Cela tenait sans doute à son caractère indolent. Certains l'auraient plutôt qualifiée de feignante. Mais elle s'enorgueillissait souvent de son économie de gestes inutiles. Par exemple, elle ne comprenait pas l'utilité de la course à pied. Pour le sport ? Elle n'avait aucune envie d'être mise en compétition avec d'autres pour le simple plaisir d'établir un classement. Non vraiment, à moins que sa vie ne soit en danger, elle ne comprenait pas qu'on fasse le choix de courir alors que marcher lentement aboutissait au même résultat. Seulement voilà, elle était aujourd'hui en danger, et sans s'être jamais entraînée, elle était incapable de courir convenablement, alors même que sa vie en dépendait.

À cette pensée qui lui semblait absurde Andromeda fut prise d'un rire nerveux, qui se transforma rapidement en point de côté. Elle ralentit l'allure jusqu'à s'arrêter complètement et s'appuya de son bras contre le tronc d'un arbre pour reprendre son souffle.

- Dans quoi est-ce que je me suis encore fourrée moi, se demanda-t-elle à voix haute en haletant. Tout ça à cause de ce fichu sac.

Elle tira légèrement sur la besace accrochée à sa ceinture. C'était une simple sacoche de tissu dont l'ouverture pouvait être serrée par un cordon. Elle aurait eut l'air tout à fait banale s'il n'y avait eu ses couleurs criardes : le tissu était zinzolin et brodé d'étoiles argentées, et le cordon était doré. Ce style bigarré s'accordait – autant qu'il jurait paradoxalement – avec l'aspect chamarré de sa robe. En effet cette dernière présentait les mêmes motifs d'étoiles, auxquels elle ajoutait des lunes du même effet, mais son tissu rouge vif insultait carrément la sensibilité des esthètes. Et en cet instant précis ruinait totalement les espoirs de camouflage de Andromeda. La jeune femme entendit justement à ce moment-là un grognement à quelques dizaines de mètres en arrière. Elle se jeta au sol et percuta violemment une des racines de l'arbre. Réprimant un juron, elle se plaqua rapidement contre le tronc et tenta de ralentir son souffle, afin de faire le moins de bruit possible. Après quelques minutes de silence, elle se détendit et relâcha les muscles de son corps tendu. Elle tenta également pour la vingtième fois de la journée de faire un revers avec ses larges manches évasées. Le tissu souple lui glissa dans les doigts et elle perdit patience, prenant sa tête dans ses mains, étouffant un cri de rage dans ses paumes et battant frénétiquement des pieds sur le sol d'humus. Elle tira ensuite à nouveau sur sa besace, beaucoup plus fort cette fois, mais cette dernière resta résolument à sa place.

Car Andromeda n'avait pas choisi de porter cette tenue si particulière. Elle avait trouvé la sacoche un jour par hasard dans la rue et avait été attirée par son aspect étrange. Elle avait été un peu déçue quand elle avait jeté un œil à l'intérieur et qu'elle avait constaté que le sac était vide. Grimaçant à la vue des étoiles brillantes brodées, elle avait alors voulu s'en débarrasser. Mais une bourrasque était venue plaquer la poche de tissu contre sa cheville. Elle avait remué la jambe, sans résultat, puis s'était penchée exaspérée pour décrocher le cabas casse-pied. Mais ce dernier était alors resté accroché à sa main, comme s'il y était collé. Andromeda avait ouvert sa main en grand, écarté ses doigts tant qu'elle le put, mais le sac était resté résolument fixé à sa paume. Elle avait alors essayé de frotter sa main contre sa hanche, et contre toute attente cela avait fonctionné. Mais la sacoche était désormais attachée ses vêtements. Avant que Andromeda ait pu faire le moindre geste, la corde dorée s'était allongée jusqu'à enserrer complètement sa taille, et la fameuse robe vermillon était sortie du sac et était venue vêtir la jeune femme, comme par magie. Car c'était bien de cela qu'il s'agissait. Andromeda avait bien essayé de retirer cette robe ridicule, mais en soulevant les pans au niveau de ses chevilles, elle s'était rendue compte que son jean et son pull avaient disparu. C'est pourquoi elle s'était hâtée de rentrer chez elle dans cette tenue, sous les regards moqueurs ou méprisants des gens alentour.

Une fois de retour chez ses parents, elle avait couru à l’étage et s’était cloîtrée dans sa chambre à l’abri des regards. Si sa grande sœur l’avait vue dans cette tenue, elle en aurait entendu parler pendant des années. Là, elle avait croisé son reflet dans le miroir de sa penderie ouverte, et elle n’avait pas pu s’empêcher d’éclater de rire.

- Merde j’ai l’air d’une magical girl, s’était-elle exprimée. Il faut que j’enlève ce truc tout de suite.

Elle avait tenté de rentrer ses bras dans la robe pour l’ôter en la tirant au dessus de sa tête, mais elle n’avait pas pu passer ses bras sous la ceinture de corde. Elle avait alors essayé de faire l’inverse, en retirant d’abord le haut de la robe puis en la poussant vers ses pieds, mais il lui avait semblé que la corde avait resserré son emprise pour l’empêcher de se dévêtir. Elle avait tapé des pieds en poussant de toutes ses forces mais cela n’avait rien changé.

- Est-ce qu’on pourrait me dire ce que c’est que ce bordel, s’était-elle énervée.

- Bonjour, l’avait alors simplement saluée une voix sur sa gauche.

Andromeda avait poussé un cri de surprise et s’était retournée en direction de la voix, tout en reculant vers sa penderie. Tranquillement assis sur son lit, un homme portant une redingote violette et une écharpe orange l’avait saluée d’un petit signe de la main.

- N’ayez pas peur je ne vais pas vous faire de mal, avait-il annoncé.

Pour toute réponse, la jeune femme avait saisi sa lampe de bureau et la lui avait lancée en pleine tête. Poussant un juron, l’homme avait déroulé son écharpe et tâté son nez pour vérifier qu’il n’était pas blessé. Andromeda avait alors eu un deuxième choc en découvrant son visage déformé à la peau grise parcheminée, aux grands yeux noirs ridés, aux oreilles plates et à l’horizontale, et au nez énorme et boursouflé, surmonté d’une deuxième protubérance ressemblant à une corne. En fait, tout dans ce visage évoquait un rhinocéros.

- Qu’est-ce que vous faites chez moi, avait demandé Andromeda en saisissant une agrafeuse sur son bureau.

- C’est vous qui m’avez appelé.

- Je ne vois pas pourquoi j’aurais fait venir un pervers dans ma chambre !

- Je ne suis pas un pervers, s’était offusqué son visiteur. C’est vous qui êtes à moitié nue !

La jeune femme avait baissé son regard sur sa poitrine découverte et s’était empressée de se couvrir de son bras qui ne tenait pas l’agrafeuse. Fort heureusement, son soutien-gorge n’avait pas disparu en même temps que son pull.

- Tournez-vous.

- Vous ne risquez rien avec moi, les humaines ne m’attirent pas.

- Tournez-vous, avait répété Andromeda en menaçant de lui lancer l’agrafeuse en levant sa main au dessus de sa tête.

La créature avait obtempéré en râlant, et la jeune femme avait rapidement enfilé le haut de sa robe.

- C’est bon, vous êtes calmée ? On peut discuter maintenant ?

- Qu’est-ce que vous êtes exactement, demanda Andromeda sans détour.

- Ouah ce n’est pas la diplomatie qui vous étouffe vous. Vous auriez pu plutôt demander « qui » je suis. Au fait je m’appelle Mathurin, avait-il ajouté en inclinant légèrement la tête.

Bien que toujours méfiante, Andromeda n’avait pu s’empêcher de pouffer de rire en entendant ce nom.

- Vous n'êtes pas humain, pas vrai ?

- Vous comprenez vite, avait-il répondu alors que sa bouche s'était étirée dans un rictus. Ça va me faciliter les choses. Pour dire les choses rapidement, je suis votre nouvel assistant.

- Je n'ai rien demandé moi.

- Je suis en quelque sorte fourni avec le sac. Comme un cadeau bonus quoi.

- Le sac ? Mais ça non plus je n'en veux pas !

- Qu'est-ce que vous me racontez ? Vous portez bien la tenue rituelle non, avait-il demandé en la désignant de haut en bas.

- Quoi ces fringues affreuses, s'était-elle exclamée en agrippant le tissu de la robe au niveau de la poitrine. Vous croyez peut être que je les ai mises par choix ?

L'homme rhinocéros avait secoué la tête éberlué et avait sauté du lit pour venir se planter devant Andromeda, qui avait pu constater que le haut de sa tête dépassait à peine sa taille. Il avait pointé un doigt boudiné vers le sac violet sans pour autant le toucher et avait repris :

- Vous voulez dire que vous ne savez vraiment pas à quoi il sert ?

- Non ! Il m'est tombé dessus. Littéralement !

- C'est un sac à la demande.

Il avait dit cela comme une évidence. Après quelques secondes de silence, la jeune femme avait écarté les bras et lui avait lancé un regard l’exhortant à poursuivre ses explications.

- C'est un sac magique qui vous donnera tout ce que vous lui demanderez.

- Ça n'existe pas la magie, avait contré Andromeda dans un vain espoir de conserver un semblant de cohérence à ce qu'elle vivait.

- Ah vous n'êtes pas… Eh bien il va falloir vous y habituer très vite. Parce que maintenant que vous avez ce sac, vous n'allez plus pouvoir l'ignorer.

- Mais puisque je vous dis que je n'en veux pas de ce sac, s'était-elle emportée à nouveau. Si vous arrivez à me le retirer je vous le donne de bon cœur !

À sa grande surprise, le petit homme grisâtre avait eu un mouvement de recul paniqué.

- Ne faites surtout pas ça ! Je suis lié magiquement à cet objet. Je dois le servir et servir son porteur, mais si j'avais le malheur de le toucher, les conséquences pour moi seraient terribles.

- Bon très bien, mais au moins dites-moi comment je peux m'en débarrasser.

- Vous ne pouvez pas. Vous êtes liée à ce sac désormais, tout comme moi. Il a des pouvoirs incommensurables, mais ce n'est pas gratuit. Vous avez une responsabilité.

- Et moi je vous dis que ça ne m’intéresse pas, s'était entêtée la jeune femme. Tout ce que je veux, c'est un moyen de couper cette corde qui me laboure les hanches.

Soudain, le sac s'était fait plus lourd à sa ceinture. Elle l'avait ouvert et avait aperçu un éclat métallique à l'intérieur. Plongeant sa main dans la poche de toile elle avait agrippé un manche en bois et en avait sorti un sabre japonais, tirant lentement sa lame de soixante centimètres hors de la petite ouverture du sac. Tandis qu'elle regardait alternativement la lame et le sac sans vouloir y croire, son visiteur avait renâclé :

- C'est un très mauvais choix. Les katanas ça se brise comme un rien, vous n'arriverez à rien avec ça.

- Ça sera bien suffisant pour ce que je veux en faire, l'avait défié Andromeda.

Elle avait passé le fil de la lame sur la ceinture de corde, mais à son simple contact l'acier s'était brisé comme du verre. Devant l'air satisfait de l'homme rhinocéros, Andromeda s'était obstinée et avait sorti toutes sortes d'objets du sac à la demande. Sécateur, tenaille, briquet, ciseaux, râpe à fromage, d'étranges gants avec des pointes métalliques sur le dessus… Mais tous s'étaient avérés inutiles. Quand la jeune femme avait tiré une tronçonneuse de son sac, son compagnon avait retenu son bras en la suppliant presque :

- Arrêtez vous allez vous faire du mal ! La robe peut vous protéger mais il y a des limites.

Andromeda s'était alors laissée tomber à genoux et lui avait jeté un regard implorant.
- D'accord on va faire ça selon les règles. C'est quoi cette responsabilité dont vous parliez ?

- Oh rien de très compliqué. Vous devez protéger le monde magique.

C'est ainsi que tout avait commencé. A partir de ce jour, le quotidien de la jeune femme avait été complètement chamboulé. Elle avait découvert qu’il existait un monde caché qui vivait parallèlement au notre, invisible pour la plupart des gens, mais dont certains habitants faisaient parfois des incursions plus ou moins pacifiques dans le monde normal. Sa responsabilité était d’éviter que les choses dégénèrent dans ce genre de cas. En tant qu’assistant, Mathurin lui expliquait ce qu’elle avait à faire et l’aidait autant que possible. Pour le premier jour, il lui avait simplement fait chasser une fée qui traînait dans le voisinage. C’était apparemment quelque chose de commun, mais celle-ci s’était faite remarquer plusieurs fois en abîmant des objets et en attaquant des animaux de compagnie, et il fallait l’arrêter. Andromeda avait passé trois heures à crapahuter avec sa robe rouge dans des ruelles sales et des terrains vagues en priant pour qu’aucune de ses connaissances ne la voie comme ça. Finalement elle avait trouvé la fée et avait tiré plusieurs objets de son sac pour tenter de l’attraper : une tapette à mouche, un jeu de fléchettes, un yo-yo, une barbe-à-papa qui lui colla aux doigts, un grand verre et une feuille de papier, un lance-pierres, et enfin un filet à papillon. Quand elle l’avait enfin attrapée, elle l’avait saisie délicatement par les ailes et l’avait observée de plus près. La fée était exactement comme elle l’avait imaginée : une petite bonne femme aux ailes translucides, avec des cheveux courts ébouriffés, une robe faite de feuilles d’arbre, et qui poussait des petits cris aigus en battant frénétiquement de ses poings minuscules. Elle avait alors demandé à Mathurin ce qu’elle devait faire pour la renvoyer dans le monde magique. Pour toute réponse, ce dernier avait agrippé la petite créature de sa grosse main grise et l’avait dévorée vivante. Devant l’air choqué de Andromeda il avait simplement déclaré :

- Ne vous en faites pas, ces saletés pullulent dans l’autre monde.

La jeune femme ayant accompli sa mission, le sac à la demande avait consenti à relâcher son étreinte et à faire disparaître l’affreuse robe étoilée. Andromeda avait alors magiquement récupéré le jean et le pull qu'elle avait enfilés ce matin là. Le sac avait alors rétréci et était venu s'accrocher à un bracelet que la jeune femme avait toujours au poignet.

Depuis lors, Andromeda s'était un peu servie du sac à la demande à son avantage, mais elle avait surtout était contrainte de traiter de nombreux problèmes magiques, et qui lui semblaient toujours tomber aux pires moments. Un autre problème était que le sac n'en faisait qu'à sa tête et lui fournissait toujours des solutions improbables et souvent peu efficaces. Elle devait être extrêmement précise dans ses demandes pour obtenir quelque chose d'utile. Mais cela demandait de l'expérience et de l'entraînement, et Mathurin ne cessait de lui répéter qu'elle ne prenait pas tout cela avec suffisamment de sérieux. Malgré tout, depuis qu'elle avait commencé elle avait nettoyé les cauchemars d'une petite fille, contrecarré un sort d'hiver éternel qui menaçait sa ville, tondu tout un troupeau de moutons nébuleux pour éviter une infestation de puces psychiques, évité une guerre entre deux clans de kobolds, et s'était fait un peu d'argent en animant des goûters d'anniversaire.

Jusqu'à aujourd'hui, lorsqu'une nouvelle mission lui était tombée dessus. Mathurin avait surgi au coin d'une rue, et au même moment le sac à la demande était venu se coller à sa hanche et l'avait affublée de la tenue qu'elle détestait. Elle n'avait jamais vu son assistant si fébrile. Une licorne s'était échappée de la ménagerie d'un riche magnat qui faisait des affaires avec les deux mondes. Andromeda devait la capturer sans lui faire de mal. Après ce qu'elle avait vécu ces derniers temps, elle s'était dit que cette mission serait relativement tranquille. Mais Mathurin lui avait conseillé d'être extrêmement prudente et surtout de faire vite, avant de disparaître dans un claquement de doigt. La jeune femme s'était donc rendue seule en forêt, là où la licorne avait été vue pour la dernière fois. Elle l'avait trouvée facilement dans une clairière. La bête fabuleuse correspondait en tout points à la représentation qu'en faisaient les livres de contes. Elle avait l'allure d'une jument élancée, à la robe blanche immaculée, qui irradiait presque d'une douce lueur. Sa crinière était soyeuse et ses sabots semblaient faits d'argent. Sur son front une corne nacrée en spirale d'une vingtaine de centimètres. Émerveillée, Andromeda s'était approchée doucement. La licorne avait levé lentement la tête dans sa direction. La jeune femme avait alors posé la paume de sa main sur le chanfrein de la créature. Pendant quelques secondes elle avait profité de la douceur et de la tiédeur de son pelage. Puis elle avait senti la chaleur monter, et quand elle avait vu une lueur orange passer dans les yeux de la licorne, elle avait plongé instinctivement, juste à temps pour éviter le torrent de flammes que la créature crachait sur elle. Andromeda avait roulé sur elle même et avait contemplé à nouveau la créature. Celle-ci avait radicalement changé d'apparence. Son pelage était maintenant d'un gris de cendre, sa bouche s'était déformée alors que des crocs avaient poussé, sa corne s'était noircie et luisait d'une chaleur orange, comme des braises, et deux autres cornes incurvées étaient sorties sur les côtés de son crâne. Tout son corps s'était fait plus épais, comme si les muscles saillaient directement sous sa peau, ses sabots s'étaient fendus et s'étaient enflammés, brûlant l'herbe sous eux, et son attitude docile avait fait place à une posture de prédateur. La jeune femme avait alors pris ses jambes à son cou à travers la forêt.

Voila où elle en était à cause de ce fichu sac magique. Seule, prostrée entre les racines d'un arbre, pourchassée par une créature mythologique et sans défense. Non, en réalité elle n'était pas sans défense. Elle avait ce sac qui était la cause de tous ses problèmes. Et qui allait ce jour-là lui sauver la vie. Ou du moins elle l'espérait. Car elle ne maîtrisait pas encore parfaitement les pouvoirs du sac. Mais elle allait devoir remettre ses problèmes de confiance en elle à plus tard.

- Ok, dit-elle en frappant ses mains, il est temps de faire des étincelles !

Les pans de la besace s'écartèrent et une gerbe de braises multicolores lui sautèrent au visage.

- Très drôle, s'agaça la jeune femme. Mais puisque tu comprends ce que je dis, tu vas faire ce que je t'ordonne pour une fois et tu vas me donner de quoi maîtriser cette licorne !

Elle plongea sa main dans la sacoche et en sortit une sangle et un licol en cuir.

- Je crois qu'on a légèrement dépassé ce stade, renchérit Andromeda d'une voix ironique. Il va me falloir quelque chose d'un peu plus efficace contre les grosses bêtes !

Elle fouilla à nouveau son artefact et sentit cette fois le contact du bois. Intriguée, elle dut élargir les bords du sac pour réussir à en sortir une chaise et un fouet.

- Non mais tu te fous de moi, hurla la jeune femme. Est-ce que c'est une sorte de jeu pour toi ? Tu crois peut être que je veux lui faire donner la patte et lui mettre un ballon en équilibre sur le museau ? Je risque ma vie merde !

De rage, elle lança la chaise qui alla se briser contre un tronc d'arbre. Au même moment, elle entendit de nouveaux grognements à quelques dizaines de mètres. La créature se rapprochait. Andromeda commençait vraiment à paniquer. Si seulement elle n'était pas seule. Si seulement elle avait plus de temps pour réfléchir, pour se préparer. Si seulement elle pouvait se défendre.

À cette pensée, elle sentit que le sac à la demande s'était considérablement alourdi. Elle jeta un regard à l'intérieur et n'osa pas se saisir tout de suite de ce qu'elle vit. Elle se souvint de Mathurin qui l'avait exhortée à la prudence et à ramener la licorne sans lui faire de mal. Après tout, son rôle était de protéger le monde magique, pas de l'éradiquer. Elle empoigna néanmoins le manche de l'arme que le sac venait de lui prodiguer. Il s'agissait d'une hache à double tranchant dont la lame faisait presque deux fois la taille de sa tête et dont l'épais manche d'acier faisait bien un mètre de long. La jeune femme laissa tomber la tête de la lourde hache avec un bruit mat dans l'humus à ses pieds. Elle évalua le poids de son arme.

- Je ne peux quand même pas…, hésita-t-elle à voix basse. Et puis je peux à peine la soulever.

Une nouvelle fois, le sac réagit à sa pensée et elle vit un halo bleuté s'échapper de la poche de tissu pour venir entourer ses bras. Elle sentit ses muscles se tendre et le tissu de ses manches la serrer. Ses bras avaient presque doublé de volume et elle put soulever la hache sans effort.

- J'espère que ça ne va pas rester comme ça, marmonna-t-elle tout en gonflant son biceps. Mais ça ne change rien. Mathurin a dit…

La licorne apparut soudain en face d'elle. Elle cracha des flammes et poussa un grognement de colère. Elle s'apprêtait à charger. Andromeda affermit sa prise sur le manche d'acier, souleva la lame au niveau de son visage et dit d'un air résolu :

- Je vais me gêner tiens !

En un éclair, la jeune femme et la bête s'élancèrent l'une vers l'autre en hurlant.

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