Chapitre 24 – lever le tabou

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Couché dans le lit, dans le noir, les yeux rivés au plafond malgré tout, Merwan ne pouvait pas s’empêcher de faire redéfiler la journée dans son esprit. La rencontre avec Fye avait été étonnamment difficile et le peu de mots qu’il avait prononcé suffisait à le mettre dans un état de doutes profond.

Lorsque le matelas s’enfonça légèrement, alors que Leyn se tournait vers lui, une autre forme d’angoisse lui monta à la gorge. Les doigts délicats de l’oméga se posèrent sur son épaule et appliquèrent un très léger massage. Ce geste si léger raviva la colère de l’alpha, toute cette mascarade juste pour le violer au bout du compte ! Il n’avait pas envie ! Il se musela néanmoins, s’interdisant le moindre geste. Peu importe ce que lui ferait Leyn, ce serait toujours mieux que ce qu’il avait pu subir chez Atkins. De son coup de sang, il conserva un goût amer dans la bouche et un rythme cardiaque plus rapide qu’à l’accoutumée. Leyn ne sembla pas se rendre compte des émotions violentes qu’il traverserait et le massage doux continuait.

- A quoi tu penses ? demanda soudain l’oméga.

Comment lui répondre ? Comment lui avouer que cette violence qu’il craignait tant le parcourait régulièrement ? Merwan baissa légèrement la tête, dans une attitude de défaite terrible et doucement, il murmura :

- J’aimerai que les choses soient… faciles.
- Elles pourraient l’être.
- Je n’y arrive pas. Je…

Sa voix se noua douloureusement.

- J’ai eu une idée mais je ne suis pas sûr…

La voix douce de Leyn semblait un peu crispée à son tour, ce qui acheva d’angoisser son alpha dont le cœur fit une véritable embardée. Il parvint tout juste à demande « quoi » d’un ton si sec qu’il les surprit tout deux. Leyn hésita un instant avant de se lancer.

- Il y a sans doute des pratiques sexuelles que tu n’as jamais faites.

Merwan se détendit aussi sec et un petit rire le secoua. Les omégas avaient abusé de lui dans toutes les positions possibles et imaginables, jouant de son corps comme s’il n’était qu’un objet. Qu’est-ce que Leyn pouvait croire qu’il n’ait jamais connu ?

- Nous pourrions débuter par ça.
- Par quoi ?

L’oméga eut un moment d’hésitation, il n’était pas du tout certain que son compagnon réagisse bien à sa proposition.

- Ne t’énerves pas d’accord… Ce n’est qu’une proposition. Si tu n’es pas à l’aise avec, nous n’en reparlerons plus. Plus jamais.

Il laissa passer un silence glacé avant de proposer d’une petite voix pressée :

- Nous pourrions inverser les rôles.

Merwan se figea, prit par surprise. Ce dont parlait Leyn était tabou. L’un des rares tabous autour du sexe à cette époque. Inverser les rôles, faire gonfler le petit sexe de l’oméga jusqu’à ce qu’il ressemble à un dard, tendu sur le bas-ventre, et le glisser entre les chairs de l’alpha. Sans qu’il n’y puisse rien, il sentit son sexe gonfler légèrement à cette idée, à ce pouvoir que Leyn lui offrait. On disait ces coïts insatisfaisants pour l’oméga. Il ne savait pas du tout ce que l’alpha était censé en ressentir mais en l’imaginant, il se sentit étrangement libre. Ce n’était pas un contact sexuel obligatoire comme il avait pu en vivre tant et plus, c’était une fantaisie, une étrangeté, une intimité totalement inconnue.

Se tournant tout à fait vers son partenaire pour l’observer, il ne put distinguer que quelques traits dans la pénombre. Leyn semblait inquiet qu’il ne rejette sa proposition ou qu’il ne lui rit au nez. Prit d’un élan soudain, Merwan s’approcha davantage jusqu’à coller son oreille contre son torse pour écouter son petit cœur qui battait la chamade. D’abord hésitant, Leyn finit par nouer ses bras autour de lui dans une étreinte douce et sincère.

- Est-ce que je dois prendre ça pour un oui ?

Merwan acquiesça sans angoisse ni crainte, presque surpris d’être aussi à l’aise avec cette proposition, mais elle avait le goût de l’interdit et c’était une promesse immense. Le temps d’un coït, ce serait lui l’oméga, le décisionnaire, celui qui a l’issu de son plaisir ferait cesser le contact. C’était ainsi que les choses se passaient ! Et rien dans ce qu’il avait déjà vécu ne serait similaire à cet instant. Ce ne serait qu’à eux.

Aucun autre oméga ne le lui aurait proposé, mais il s’avoua qu’il n’aurait pas voulu le vivre avec un autre.

- Je vais devoir te toucher pour que ce soit possible.
- Oui.
- Et il va falloir te préparer.
- Oui… D’accord.

Il hésita, tremblant presque, il avait envie d’essayer. Comment pouvait-il avoir envie d’une telle chose ? La force de ce désir lui fit peur, mais que craignait-il exactement ? Leyn n’aurait pas pu lui proposer un meilleur contrôle de la situation ou un quelconque acte sexuel moins éloigné de ce qu’il craignait. C’était comme une aubaine et une partie de lui se mit à lui susurrer que l’oméga pouvait changer d’avis. Alors, le cœur battant étrangement il demanda :

- Maintenant ?
- Si tu veux oui.

Merwan acquiesça, tout en rougissant légèrement, presque incrédule face à sa demande. En se levant du lit, il ne réalisa pas vraiment. Leyn lui permit d’aller se laver seul après quelques explications. Mais une fois dans la cabine, déshabillé, cela lui sembla insurmontable. Allait-il vraiment faire ça ? C’était sans doute une pente glissante dont il ne se relèverait pas. Lorsque les contacts sexuels auraient débuté, rien ne les arrêterait…

Malgré tout il avança et se glissa sous l’eau. Son front alla reposer sur le carrelage frais et il soupira. Il détestait se sentir comme ça, les sautes d’humeurs n’arrêtaient pas. Il n’était absolument pas sûr de lui. Cette situation le rendait complètement fou mais il aimait vraiment rester au contact de Leyn. Alors Merwan laissa ses propres mains parcourir son corps, glissant à l’arrière de ses fesses jusqu’à s’insinuer entre ses deux globes musculeux. Là, bien dissimulée, il trouva l’entrée par laquelle il allait prendre son oméga. Un grognement lui échappa alors qu’il appuyait fermement une phalange sur l’anneau serré. Il ne s’était pas attendu à la douleur mais en soufflant un peu pour se décontracter, il parvient à effectuer une lente pénétration.

La préparation des omégas supposait de faire un lavement. Le matériel était juste là, alors d’une main qui se voulait assurée, il le saisit et le déclencha. L’objet fin suintait d’un lubrifiant épais. L’installer contre son intimité fut étrange et lorsqu’il l’inséra tout à fait, il se sentit horriblement décadent. Son corps détrempé se couvrit de sueur alors que l’objet coulissait lentement, là, au plus profond de lui-même, quelque chose le remplissait de désir. Son sexe gonfla partiellement, se tendant d’envie, et il dut se forcer à s’arrêter. Le grand alpha blêmit lorsqu’il comprit qu’il avait envie de continuer.

Pendant un moment Merwan observa ses propres mains, impuissant et tremblant. Leyn l’attendait. Il lui avait offert cet instant seul face à lui-même, c’était un cadeau inestimable. Les alphas avaient rarement le droit à de telles attentions.

Sortir de cette salle d’eau lui demanda un courage surprenant et il dut lutter contre lui-même pour rejoindre la pièce faisant le chemin enfouit dans un peignoir. A l’intérieur, Leyn n’avait pas l’air beaucoup plus sûr de lui et cela le rassura. Il se sentit capable de le faire, de profiter de cette chance pour avoir un contact tout particulier.

- Tu es prêt ? demanda-t-il et il s’en voulut aussitôt. A ses propres oreilles, il avait senti sa voix bourrue.
- Oui.

Leyn lui fit un pauvre sourire et se tourna vers le lit. Quelle était la meilleure position ? Que voudrait faire Merwan ? Sa voix, son attitude, son envie, rien n’était simple à gérer à ses yeux. Il hésitait.

- Est-ce que tu veux que je me couche sur le lit ?
- … oui.

L’oméga hésita un moment puis il se déshabilla lentement, frissonnant comme une feuille, puis il se grimpa sur le lit et se laissa tomber dessus, dévoilant son corps impudiquement. Merwan détourna le regard, mal à l’aise, puis, doucement, il laissa ses yeux couler sur ce corps offert. Il pouvait le prendre, le prendre en lui.

Pour cela, il retira son peignoir et grimpa par-dessus le corps si fin de l’oméga. Voir Leyn se tendre d’appréhension l’arrêta immédiatement, il ne voulait pas lui faire subir ce que d’autres lui avaient fait et pourtant, c’était Leyn qui lui avait offert cette possibilité.

- Ça va aller ?

Le plus petit frémit et acquiesça doucement. Il n’était pas du tout sûr de lui, être ainsi coincé sous l’alpha était impressionnant. L’envie de poser ses doigts sur son ventre le prenait presque aux tripes et en même temps, il était loin d’être sûr que Merwan y réagisse bien. Comment faire l’amour dans de telles circonstances ?

- Je voudrais te toucher, murmura Leyn.

Merwan s’arrêta immédiatement, hésitant, avant d’accepter. Il regarda les doigts qui grimpaient jusqu’à sa peau avec crainte, mais la caresse douce resta des plus sobres. L’oméga flattait doucement son flanc lui tirant milles frissons.

Se plaçant au mieux sur le matelas qui s’affaissaient sous leurs poids, le plus grand s’installa, appuyant la pointe de la verge de son compagnon contre son intimité. La sensation était étrange et bouleversante. Ecarquillant les yeux, choqué, Merwan se laissa aller contre la proéminence, laissant ses propres chairs détendues s’écartées pour l’accueillir. Pour la première fois de sa vie, il prenait quelqu’un en lui. Il fut surpris par la vague douleur ressentie, mais il était tellement détendu et excité, que ses muscles coopérèrent sans plus de soucis englobant son amant.

Durant toute la descente, qui lui parut durer une éternité, il fixa les jolis yeux de Leyn qui semblait tout aussi choqué que lui de ces sensations étranges. Une fois totalement en place, il resta sur lui, immobile, savourant l’idée même de l’avoir pris. Les doigts de l’oméga revinrent sur sa peau pour le caresser et la chaleur monta petit à petit dans le corps de l’alpha en partant de la base de ses reins pour finir jusque dans ses joues. Sans savoir exactement pourquoi il tenta de bouger, de serrer ses muscles internes, de remonter et de recoulisser sur cette hampe dure. C’était étrange, mais c’était bon.

Sur le ventre de Leyn, ses propres testicules et sa queue, énorme, reposaient. Elle avait durci et à chaque va et viens elle venait s’abattre contre la chaire sensible de son bas ventre. En baissant les yeux, Merwan put admirer le spectacle des muscles de ce ventre se contracter et se relâcher comme pour suivre les mouvements. Il trouva ça étrangement beau. Ça l’excita davantage et un peu de liquide transparent se mit à suinter de son gland. Son corps se préparait à pénétrer quelques choses mais il ne le ferait pas. Aujourd’hui il aurait le contrôle et son sperme finirait sur ce ventre doux.

Prit d’une impulsion soudaine, Merwan se pencha tout en continuant les mouvements de hanches, jusqu’à atteindre la bouche de Leyn qu’il couvrit de petits baisers délicats. Le changement de positions amena le sexe de son compagnon à taper à un endroit différent de son corps, le faisant d’autant plus haleter. Petit à petit, le coït n’eut plus rien de réfléchit. Leyn s’agrippa à ses flancs, leurs langues se mélangèrent et leurs corps s’entrechoquèrent dans un bruit moite. Entre eux, le sexe épais de l’alpha frottait et c’est tout naturellement qu’il finit par exploser. A l’intérieur de lui, son corps palpita, serra la hampe dure de Leyn d’une façon aussi nouvelle qu’erratique. Dans son ventre tout sembla se serrer pour pousser le sperme hors de lui. Un cri lui échappa en même temps que sa semence qui se répandit entre leurs deux corps. Et à ce moment-là, alors que la douleur aurait dû le saisir, son nœud enfla simplement devenant une masse un peu inconfortable et bouillonnante. Merwan avait ouvert de grands yeux choqués et il observait Leyn en quête de réponse.

L’oméga lui fit simplement un sourire et lui ouvrit les bras, lui proposant un moment post-coïtal qu’il n’avait jamais connu. S’insérer dans cette étreinte était au moins très étrange, mais les bras autour de son corps lui firent du bien. Le sexe fin de son oméga s’échappa de son intimité à présent endolorie. Il resta immobile, un peu choqué par cette sensation inconnue et incapable de ne pas sentir la semence s’écoulait hors de lui.

Il était là, serré dans les bras de son oméga et pour la première fois depuis si longtemps il était bien.

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