Chapitre 1

5 minutes de lecture

Juillet.

J'ai un putain de trac de merde et pas la moindre envie d'être ici. Mais disons que quand mes anciens professeurs ont qualifié mon niveau de pas assez bon pour continuer dans l'enseignement général et faire un baccalauréat littéraire, ils ont scellé mon destin et pas vraiment laissé le choix. J'ai cru bien faire en les écoutant, mais là, je jure que j'ai un degré de regret au delà de la normale. J'ai choisi d'être un mouton et ça me fait chier de justement pas avoir écouté mon instinct pour ne pas en être un. Tout est si...sans mot à vrai dire. Disons que quand je regarde autour de moi, c'est loin de ce que j'imaginais pour moi.

J'ai bien tenté de me brancher sur autre chose pendant les vacances, en allant à divers forums d'emplois et j'ai effectivement trouvé un autre domaine qui me plairait, mais il était sur concours. Avec en plus un âge minimum requis que je n'avais bien évidemment pas, et quatre places disponibles par an au niveau national. Autant dire, aucune chance d'être prise !

Il m'aura fallu discuter avec un recruteur de l'armée qui m'aura aiguillé sur cette formation pour espérer passer le temps et acquérir de nouvelles connaissances.

Je voulais réussir à faire quelque chose de ma vie malgré mon physique de fille fragile et clouer le bec à toutes les mauvaises langues. Il était hors de question que je reste un an à rien faire.

Après de multiples entrevues avec des conseillers en tous genres, même mes parents étaient convaincus que ce nouveau bahut serait la place idéale pour moi, le recruteur ayant affirmé que certaines données que j'apprendrai me serait favorable pour la suite de mon avenir.

Voilà, comment j'ai finalement atterri là !

Je n'ai jamais perdu espoir de devenir professeur de français même si cette option est devenue un plan B. Je me dis que si tous me poussaient vers une autre direction c'est que peut-être ils avaient raison.

Je n'aurais jamais dû me laisser influencer.

J'espère maintenant que l'amertume que je ressens aujourd'hui passera aussi vite que cette année, mais j'en doute. Rien ici pour l'instant ne me fait envie et tout ce que j'ai entendu et lu dans des brochures ne m’aide pas non plus. Je me retrouve dans un trou paumé, au milieu de nulle part, et sans un ami à l'horizon, hormis quelques vaches que j'aperçois et les montagnes au loin. Ça promet d'être l'année la plus longue de ma vie. Rien que le supermarché du coin m'oblige à devoir prendre un bus d'après ce que j'ai pu voir tout à l'heure.

Je n'ai plus aucune chance de m'échapper, mon cocon douillet est trop loin, et mes parents ont choisi l'internat. Soi-disant que ce serait bien pour moi. Que ma fatigue en serait limitée et ma concentration meilleure. Permettez-moi de douter de cette véracité. Je suis sûre que c'était pour m'éloigner tout court. Avec tous les trucs louches qui se passent actuellement chez moi, cette coïncidence de place disponible dans cet internat est tombée à pic.

Je ne sais pas encore ce que ce qu'ils tentent de me cacher, mais je suis sûre d'une chose, c'est que je ne le sens pas du tout! Jamais ils n'ont été plus enthousiastes et expéditifs que quand on leur a proposé que je ne rentre pas la semaine. Tout l'ensemble est devenu une mauvaise combinaison qui fait que je me sens mal à l'aise, alors qu'il y a encore quelques jours je me sentais encore hyper motivé, bien que terrifié.

Au milieu de tous ces inconnus qui m'entourent, j'ai l'impression d'être une fourmi dans une fourmilière qui n'est pas la mienne. J'ai du mal à positiver alors que moi aussi j'ai fait le choix d'être là, même si c'est par dépit.

Je cherche à comprendre où sont les différentes salles où auront lieu mes cours pour ne pas avoir à le redemander après. J'ai comme une envie pressante de me débarrasser des poids que je trimbale. Une valise, un sac de sport, un sac de cours et ma couette et encore plein d’autres trucs dont je ne pourrais me passer ici. À croire que les dirigeants du bahut oublient que nous, étudiants, n'avons que deux mains, comme eux. Ressemblons-nous autant que ça à des extraterrestres venus d'un autre monde, comportant plus de bras et de pieds qu'on ne pourrait l'imaginer ? Faut croire.

La cloche n'a pas encore sonné que je vois une horde d'élèves courir vers une salle comme si leurs vies en dépendaient. Poussée par la curiosité, je me décide à aller voir. Après trois marches et quelques bousculades, c'est la révélation, cette pièce est le fourre-tout à bagages ! Je me demande bien comment là-dedans, je vais pouvoir retrouver mes affaires. La pièce est sombre et minuscule. Pas du tout faite pour une claustrophobe. En plus avec toutes ces jambes et pieds, je suis sûre que je ne suis pas loin de rentrer à l'hôpital si je reste plus longtemps figée sur place. Venir ici deux fois par semaine sera une grosse prise de risques, j'en suis convaincue. Je suis donc plus que pressée de ressortir de cet endroit sinistre. Mais avant, je dois tenter de poser mes affaires de manière stratégique. Pas trop au fond de la salle, mais pas non plus trop près de la porte, pour qu'elles ne soient pas écrabouillées par des ados surexcités, bourrés d'hormones, eux-mêmes, tout aussi pressés de s'installer que moi. Je ne suis pas sûre que ça fonctionnera, mais j'aurais au moins eu le mérite d'avoir essayé. L'espoir fait vivre.

Le soleil est éblouissant mais la température agréable. Heureusement car je m'imagine mal avec des auréoles sous les bras devant tout le monde. J'ai suffisamment envie de me cacher dans un trou de souris sans avoir besoin de creuser une tombe.

Je me presse un peu pour trouver ma classe. Si j'ai bien compris ici, ce sont les professeurs qui changent de salle en salle entre les cours et non les élèves, comme c'était le cas dans mon précédent établissement finalement. Il ne me reste plus qu’à trouver mon nom sur l'une des listes accrochées sur les portes dans l'aile nord du bâtiment. Je décide d'entamer ma phase de recherches au pif. De toute façon, je ne gagnerai rien à être dans l'une plutôt que dans l'autre. Je passe bien cinq bonnes minutes avant de réussir à atteindre les feuilles et tout autant à les parcourir.

J'ai enfin trouvé ma place.

J'entends les rires et vois les sourires mais là, c'est la nausée qui me vient. J'inspire et expire plusieurs fois de suite pour évacuer mon stress. Je ferme les yeux pour m'aider à faire le vide, mais je me sens observée, alors je fais vite un retour dans la réalité. Je dois halluciner puisqu'ils ont l'air tous préoccupés par autre chose que ma personne. Mais sait-on jamais, je serre fort mes livres de cours comme pour faire barrage entre eux et moi.

La sonnerie est stridente et interminable. J'ai l'impression de subir une agression. Pendant que j’attends, je tente de me concentrer sur des choses plus importantes telles que : à quoi va ressembler ma professeure principale et qui va se décider à venir à côté de moi. Bizarrement, je m'imagine un mec. J'ai toujours plus accrochée avec eux.

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