Sous les bombes

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Les contractions avaient commencé. Il était plus que temps. Les deux époux le sentaient bien.

Dans les regards des autres habitants de l'immeuble, également réfugiés à la cave, on lisait l'inquiétude et l'impuissance.

L'alerte n'était pas finie, et le couvre-feu toujours en vigueur.

Il était cependant nécessaire d'aller à l’hôpital, malgré les risques d'arrestation ou de bombardement. Y aller à pied était illusoire. Mais trouver une ambulance relèverait du miracle.

Le mari demanda pourtant à sa femme de se tenir prête, et se leva.

Il sortit prudemment de la cave ; la petite rue était déserte et la ville si étrangement silencieuse, si ce n'étaient quelques véhicules militaires sur le boulevard au loin.

Il fit quelques pas, à la recherche d'un moyen de transport, sans grand espoir cependant.

Un ordre guttural le figea sur place. Il se retourna vers la patrouille qui approchait en maudissant sa malchance.

L'officier, un lieutenant qui commandait la section, le questionna sur sa présence à cette heure dans les rues.

L'homme tenta d'expliquer que sa femme était sur le point d'accoucher et devait sans délai rejoindre un hôpital.

L'officier, qui maitrisait apparemment bien la langue, sembla se détendre légèrement et demanda à l'homme de le conduire auprès de sa femme.

Arrivés devant l'immeuble, le lieutenant ordonna à un sergent de le suivre et aux autres de rester dehors.

A la vue de l'uniforme ennemi qui apparut en haut de l'escalier, le silence se fit immédiatement dans l'abri.

Le mari descendit vers sa femme, la rassura et fit un geste à la destination de l'officier. Celui-ci se retourna aussitôt vers le sergent qui l'accompagnait et lui donna une série d'ordres. Le soldat se précipita au-dehors et le lieutenant expliqua au mari qu'ils devaient venir avec lui.

Personne autour n'avait bougé et tous s'interrogeaient sur le sort du couple, autant que ces derniers.

Cela prit quelques minutes pour qu'ils montassent les marches et parvinssent dans la rue où la patrouille s'était déployée.

L'homme aida sa femme à s'asseoir alors qu'un soldat fit un rapide rapport à l'officier.

Celui-ci eut un hochement de tête sec et se mit à marcher quelques pas sur la chaussée, en observant les immeubles autour de lui, peut-être à la recherche de lumières.

Le bruit d'une voiture qui surgit du coin de la rue lui fit tourner la tête.

L'ambulance militaire s’arrêta à sa hauteur. Deux soldats qui arboraient , sur un brassard, une croix rouge sur fond blanc, en descendirent.

Suivant les indications de l'officier qui désigna de la main le couple, ils les prirent en charge et les firent monter dans le véhicule.

D'une voix calme, il informa le mari que les soldats avaient ordre de les emmener dans un hôpital civil, et qu'ils devraient lui en rendre compte ensuite.

L'homme remercia l'officier. Celui-ci serra la mâchoire, hocha la tête, et, s'assurant que ses hommes ne le regardaient pas, esquissa une sorte de sourire, avant de fermer la porte de l'ambulance.

Quelques minutes plus tard, ma tante était née.

Paris, 1942.

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