Chapitre 3.1 - Le beau côté des choses.

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Satisfait de leur découverte, Pierrot congratula chaleureusement Bertrand d'avoir percé le secret du passage. Cependant, Axel contesta vigoureusement l'existence d'un tel système d'ouverture à l'époque de la construction de l'ermitage et rejeta également l'idée que les chefs aient pu réaliser un dispositif aussi sophistiqué. Pour lui, c'était scientifiquement impossible.

— Tin... Tin... Tin... Tin..., chantonna Aimé en imitant la musique d’un film à suspense. Le grand jeu de la coupe des paladins prend vie. Tin... Tin... Tintintin. Il commence à flipper Axel !

Tandis qu'Axel continua à répéter son incrédulité sur un tel mécanisme, les autres célébrèrent leur trouvaille.

— Y a du mouvement dehors ! s’écria tout à coup Christophe.

— Quand faut y aller ! lança Pierrot en les invitant à pénétrer dans le passage.

— Je ne suis pas sûr que... se risqua timidement Jeannot.

— Allez les gars... supplia-t-il. Vous ne voyez pas cette porte qui nous ouvre grand les bras ? Laissons les autres chercher pendant que nous irons découvrir quelles surprises nous réserve ce passage.

— Vous... Vous croyez que c’est prudent de s’y aventurer ? s’inquiéta Axel. Ça a l’air sombre.

— Merci de te porter volontaire, man, lui lança Aimé en le propulsant à l’intérieur.

— Mais… essaya-t-il en vain de répliquer.

Le reste de l’équipe s'aventura dans le passage. Christophe claqua la porte, plongeant le tunnel dans une obscurité totale. Prudemment, ils avancèrent à tâtons. Le bruit de leur pas résonnant sur le sol rocheux renforçait en Jeannot ce sentiment d’oppression dans ce boyau étroit. Il commençait à se repentir de les avoir laissé pénétrer en ce lieu, où les ténèbres qui les enveloppaient lui paraissaient occulter des secrets profondément enfouis.

— Moi, cet endroit me file la chair de poule, murmura Axel.

— Le passage secret du mauvais œil, chuchota Aimé qui semblait toujours se divertir de la situation.

— Arrête un peu Aimé ! bougonna Christophe. Sinon la chochotte va finir par tourner de l’œil et je te préviens... c’est toi qui le portes.

— Pff ! Relax man… soupira Aimé. Si on ne peut même plus s’amuser...

Ils avaient cessé d’effleurer les parois depuis un bon moment. Le tunnel s'était élargi. Aimé s’enthousiasma et commença à imaginer qu'ils venaient peut-être d'entrer dans une salle au trésor.

— Christophe, tu n’aurais pas pris une lampe dans ton sac ? demanda Jeannot.

— Tiens… tiens… Vous avez besoin de ma besace, maintenant ?

— Hein ? Ne me dis pas que tu as une lampe ? pesta Axel.

— Bien sûr que oui ! Mais comme que ce que j’apporte est toujours inutile...

— Christophe ! tempêta Jeannot.

— OK... OK... Et voilà un peu de… commença-t-il à dire avant de s’arrêter net pétrifié par le spectacle qui s’offrait à leurs yeux.

Le faisceau de sa lampe cisaillait une épaisse brume. Il balaya frénétiquement les environs, mais seules les silhouettes de ses coéquipiers se découpaient sur ce fond opaque.

— Y a le feu dans le tunnel ! s’écria Axel.

Affolé, il se mit à courir dans la direction opposée. Pierrot le rattrapa in extremis par le col de la chemise.

—Tu vois bien que ça ne sent pas la fumée, le rassura-t-il.

Alors que le brouillard devenait de plus en plus dense, Jeannot avait du mal à discerner les formes de ses compagnons. Soudain, une violente rafale de vent se déchaîna, faisant tourbillonner l'air autour d'eux.

C’est à ce moment précis que débuta une aventure que tout scout aurait rêvé de vivre, tout en s’imaginant celle-ci impossible. Et pourtant ! Cette force qui avait pris la forme d’une tornade les aspirait vers le haut. Ils avaient beau se dévisager, leurs yeux écarquillés et leur bouche entrouverte, la sensation d’apesanteur était bien réelle. Même Axel, le plus enclin à ne se rattacher qu’à des faits tangibles, était dérouté. Il fixait, incrédule, la brume qui s’enroulait autour d’eux pendant qu’ils flottaient, comme figés dans le temps.

Puis en un claquement de doigt, la pesanteur reprit le dessus et une longue chute s’ensuivit.

Face contre terre, Jeannot recouvrait ses esprits. Sa première sensation fut l’odeur de l’herbe qui emplissait ses narines.

— Bertrand ! Qu’est-ce que t’as encore touché ? incrimina Pierrot.

— Éh bé... rien cette fois-ci !

En saisissant la lampe qui se trouvait à ses côtés, Jeannot illumina la scène. Les autres étaient étendus sur le sol, apparemment sonnés par leur chute. La brume, qui avait été repoussée à l'extérieur par la force qui les avait emportés, rampait maintenant de nouveau sur le sol pour les envelopper.

— Les gars, on est dehors, lança Aimé.

— Impossible ! s’écria Christophe.

Un tapis d’herbe avait bel et bien amorti leur chute.

— Ah bravo ! Pourquoi vous ai-je encore écouté ? Une porte avec un tunnel sans lumière… Tiens, pourquoi ne pas aller s’y perdre... se lamenta Axel.

— Arrête d’en rajouter, répondirent-ils en cœur.

— Vous avez déjà vu pousser de l’herbe dans un tunnel ? Vous avez déjà vu de la brume se former dans un tunnel ? interrogea Axel d’un ton sarcastique.

— Ben, c’est qu’on est dehors, suggéra Bertrand.

—Il est à peine quatre heures de l’après-midi ! Et c’était quoi cette tornade ?

Jeannot devait se rendre à l’évidence : Axel, même si sa couardise légendaire n’avait pas d’égal, ne dramatisait pas la situation. Leur perplexité était aussi dense que le brouillard qui les entourait. Jeannot sentit une vague d'inquiétude le submerger et demanda à ses coéquipiers de faire demi-tour, conscient que leur curiosité les avait conduits dans un endroit dangereux.

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