Chapitre 4 (partie II)

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Quelqu'un me tapota le crâne et je me réveillais en sursaut. Étrangement, j'étais de mauvaise humeur. Je vis Raven qui me regardait avec un petit sourire qui m'énerva encore plus.

— Quoi ? râlais-je.

Surpris, il eût un mouvement de recul mais se reprit bien vite.

— C'est l'heure d'aller manger, alors à moins que tu veuilles sauter le repas, tu devrais te dépêcher.

Je le fusillais du regard.

— Pourquoi j'ai l'impression que tu veux me tuer ? plaisanta-t-il.

Fronçant les sourcils, je détournais les yeux. Bon sang, qu'est-ce qui me prenait ? Parce que là, tout de suite, j'avais une fâcheuse envie de lui faire mal. De le voir souffrir et supplier. Je secouais la tête et me levais.

— Merci, marmonnais-je.

Je n'avais pas envie de m'en prendre à lui. Il n'avait encore rien fait et je serais clairement en tort. Je devrais attendre qu'il fasse une connerie avant de me déchainer sur cet abruti. Ce qui risquait de ne pas être un temps d'attente très long.

En me rendant au réfectoire, je croisais Sebastian et Daze dans la file qui m'invitèrent à me joindre à eux. Je n'étais toujours pas calmée mais j'acceptais. En faisant attention, je pouvais éviter de me les mettre à dos.

— Salut, les saluais-je avec un sourire forcé.

Sebastian pencha la tête sur le côté.

— Tout va bien ? T'as l'air d'être sur le point de tuer quelqu'un...

— T'inquiète, si Raven meurt cet aprèm dans le centre c'est normal. Enfin, à condition que je tombe sur lui.

Ils s'esclaffèrent :

— D'accord, dans ce cas, on te couvrira, ajouta Daze.

Nous continuâmes de bavarder et de plaisanter sur le sort réservé à Raven jusqu'à ce que nous nous installâmes sur une table dans le centre de la salle bruyante. Je ne vis pas Eireen mais j'espérais sincèrement qu'elle n'était pas toute seule.

Le repas se fit dans la bonne humeur et ma colère s'envola.

En entrant dans le centre d'entraînement, je me sentais prête à gagner mon combat. Remontée à bloc grâce aux encouragements de Sebastian et de Daze, je me sentais puissante et capable de vaincre n'importe qui.

En m'échauffant, j'essayais d'étudier les élèves présents.

— Alors ? me demanda Daze en venant vers moi, on échafaude des stratégies ?

J'acquiesçais.

— Et aussi des solutions pour ne pas laisser mes émotions prendre le dessus, lui confiais-je.

Il me regarda surpris.

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

Je regardais ma paume en soupirant.

— À chaque fois que je brûle quelqu'un, je suis en colère. Alors, pour arrêter d'envoyer tout le monde à l'infirmerie, faut que j'arrête de m'énerver, c'est ce que j'ai conclu.

Levant les yeux, je croisais son regard bleu profond. Il me fixait étrangement, comme s'il était en train de jauger ma force. Le rouge me monta au visage et je détournais les yeux.

— Enfin, bredouillais-je, pourquoi tu me regardes comme ça ?

Daze se recula un peu en rougissant lui aussi.

— Dé... désolé, je voulais pas.

J'allais lui dire que ce n'était pas grave, mais le prof nous interrompit en m'appelant dans l'arène. Attrapant l'échelle, je descendis et posais mes pieds sur le sable meuble.

Mon adversaire était une fille aux cheveux blonds que je reconnus immédiatement.

— Kori ?! m'étonnais-je.

Elle me regarda avec des yeux sérieux et concentrés. Mais elle ne dégageait pas de haine à mon égard.

— Depuis que j'ai vu ton combat contre la voleuse de pouvoir, j'attendais qu'une chose : t'affronter. Je vais y aller à fond alors te retient pas ! me défia-t-elle avec un sourire dangereux.

Craquant mes doigts, je souris à mon tour.

— Tu vas perdre.

— C'est ce qu'on verra !

Le début du combat arriva et je me mis en position défensive en abaissant mon centre de gravité comme j'avais observé d'autre le faire. Reste concentrée et surtout on ne s'énerve pas, me dis-je en pensée. Il était hors de question que je perde. Mais Kori ne bougeait pas et les minutes s'égrenaient à une vitesse folle. Sans m'en rendre compte, je me relevais un peu en me détendant. C'est le signal qu'elle attendait et elle disparut.

Trois secondes plus tard, une main m'attrapa le bras et je me sentis soulevé. En un instant, j'étais au sol. Mon dos venait de percuter le sable. C'était incroyable, elle m'avait fait une prise d'art martial et j'avais rien vu venir. Les membre de ma très chère classe 5 explosèrent de rire en me voyant me faire battre.

— Bah alors ? s'impatienta Kori, où sont passés tes boucliers ? Enfin, à condition qu'ils te servent à quelque chose.

Sur ces mots, elle se mit à rire doucement puis elle disparut en un instant. J'écarquillais les yeux. Elle se téléportait ! Ce n'était pas comme Isabelle. Sans même me relever, j'érigeais un bouclier autour de moi. Ce fut une énorme erreur. Persuadée que mon adversaire n'arriverait pas à passer au travers de la barrière invisible, j'avais complètement oublié que sa maîtrise sur son pouvoir était plus fort que celui que je possédais sur le mien.

Elle réapparut au centre de l'arène et sourit.

— Il reste quatre minutes, me prévint-elle, à moins que tu ne déclares forfait.

— C'est pas mon genre ! répliquais-je en tendant le bras vers elle.

Mon bouclier se brisa tandis que je l'enfermais. Elle s'avança jusqu'à ce qu'elle sente la paroi et l'examina.

— C'est un peu faible tout ça, commenta-t-elle.

Je serrais les dents, essayait-elle de me pousser à bout ? Si elle commençait à me chercher, elle n'allait pas tarder à me trouver. Depuis tout à l'heure, elle jouait avec moi malgré ce qu'elle m'avait dit. Peut-être que ça l'amusait de me tourner en ridicule. Plus les idées noires parasitaient mes pensées, plus la rage montait et plus j'avais envie de l'écraser. De lui montrer que malgré ma puissance inférieure à la sienne, je pouvais la battre.

Je serrais le poing doucement et le bouclier se ressera, la forçant à reculer. Mais Kori n'était toujours pas inquiète. Je voulais à tout prix que son sourire disparaisse. Ma chaleur corporelle augmenta peu à peu.

— Milla ! cria Daze depuis le bord de l'arène.

Surprise, je levais les yeux et croisais son regard. Ses sourcils étaient froncés dans une expression inquiète. Sans comprendre, je baissais la tête et vit Kori toujours dans le bouclier qui avait une expression de surprise. D'ailleurs les spectateurs s'étaient tus.

Un mal de tête me vrilla le crâne et je fermais les yeux en baissant la main. Le bouclier se dissipa. Bon sang, que m'arrivait-il ? Pourquoi à chaque fois, je m'énervais autant ? Ce n'était que de la provocation stratégique ! Pourquoi fallait-il que je la prenne au premier degré ? Ce n'était qu'un entraînement ! Mais sur le coup, j'avais vraiment eu envie de lui faire mal. De la blesser profondément.

— Je déclare forfait, annonçais d'une voix morne avant de retourner vers l'échelle.

Des pas précipités sur le sable me firent comprendre que Kori venait vers moi.

— Tout va bien ? me demanda-t-elle avec inquiétude.

— Oui, répondis-je pas encore tout à fait calmée.

Elle grimpa derrière moi.

— Attends ! Qu'est-ce qui s'est passé ?

— Rien du tout.

Ma tête me faisait horriblement mal. Daze vint à notre rencontre et me tendit la main pour m'aider à monter. Je l'écartais d'un geste brusque.

— Je n'ai pas besoin d'aide, lâchais-je d'un ton sec.

Il eut un mouvement de recul et Kori me dévisagea.

— Milla, bredouilla-t-elle confuse, qu'est-ce que tu as ?

Je les regardais tout les deux en réalisant ce que je venais de dire et détournais les yeux.

— Tout va bien, j'ai juste mal à la tête, je vais aller à l'infirmerie, répondis-je en essayant de contrôler mon ton dur.

Puis je les plantais là et m'enfuyais vers les vestiaires. Des pas résonnèrent dans le couloir et je me retournais.

— Bah alors, t'as encore failli perdre le contrôle ? railla Raven en s'approchant.

— Dégage, lui rétorquais-je.

Il s'arrêta.

— C'est pas très gentil, déjà que tu me rembarres alors que je t'ai évité d'être en retard à la cantine.

Je le fusillais du regard.

— Et tu crois que c'était gentil de m'attaquer le premier jour ?

Il eut un sourire provoquant.

— Han c'est mignon tu m'en veux encore ! Qui aurait cru que la petite était si rancunière.

Je serrais les poings et les dents. S'il continuait de me chercher, il allait me trouver ! Cependant, il ne paraissait pas inquiet et continuait de sourire narquoisement.

— C'était pour te tester, pour voir ce que tu valais, ajouta-t-il en posant ses poings sur ses hanches.

Prise par suprise, je desserrais les dents et haussais un sourcil.

— Et tu t'es dit que la meilleure manière de le savoir c'était de m'attaquer le premier jour, avant même la première heure de cours ?

Il haussa les épaules.

— Quel meilleur moyen que de prendre quelqu'un par surprise et de le voir agir par instinct.

Je secouais la tête de désapprobation.

— T'es taré.

— Dit celle qui envoie ses amis à l'infirmerie.

Je vis rouge. "Mary" n'était pas mon amie, elle ne l'a jamais été et ne le serait jamais ! Pourquoi tout le monde s'acharnait à dire ça ? C'était la goutte d'eau qui fit déborder le vase ! Décidée à le lui faire payer, j'érigeais une barrière autour de lui et la resserrais jusqu'à ce qu'il la percoive. Son sourire disparut.

— Hé, tu fais quoi ?

Je ne répondis paset fis augmenter la chaleur. La colère bouillonnait en moi comme un volcan. Il fallut un moment avant que sa bouche se torde de douleur. Il était le premier à tenir jusque-là. Si j'en avais été capable, j'aurais été admirative.

— Arrête ça, m'ordonna-t-il.

Ma tête bougea toute seule dans un mouvement négatif. Il m'avait provoqué, il allait en payer le prix.

Enfin, c'était mon intention, jusqu'à ce qu'il active sa propre capacité. Des flammes coururent sur ses bras.

— Bon, ça suffit maintenant, dit-il d'une voix plus calme que je ne l'aurais cru.

Il se mit à frapper contre le bouclier. Plusieurs coups répétitifs qui résonnèrent jusque dans mon crâne à m'en déchirer le cerveau. Je reculais de douleur, puis, quand je ne pus plus tenir, je me pris la tête dans mes mains et la barrière céda. J'oscillais jusqu'à ce que je touche le mur, puis, je m'effondrais.

— Hé ! tu vas bien ? me demanda-t-il.

Etait-ce de l'inquiétude que je perçus dans sa voix ? Je ne voyais plus rien tellement j'avais mal. Des larmes perlèrent aux coins de mes yeux. La crise dura plusieurs minutes et lorsque la douleur s'arrêta enfin, je pris une grande respiration. Après avoir essuyé mes yeux, je me levais en me tenant au mur. Je sentis Raven me prendre le bras pour m'aider mais je le repoussais violemment. Dos à lui, je posais la main sur la poignée de la porte des vestiaires et l'ouvris.

— Au fait, qu'on soit bien clair ! La rouquine n'était PAS "mon amie".

Puis je le plantais là et fermais la porte.

Bon sang, mais qu'est-ce qui m'arrivais ? C'était quoi cette crise venue de nulle part ? Ce mal de tête si intense ! Comme si mon crâne s'était ouvert en deux !

Des larmes coulèrent sur mes joues. Si seulement, ma capacité ne s'était pas activée. Je n'aurais pas eu à subir tout ça !

Je serrais les poings et frappais le mur de toute mes forces. Du sang coula sur mes doigts et mes pleurs reprirent de plus belle, accentués par la douleur fulgurante que cet acte stupide avait provoqué.

Lorsque j'en eus assez de pleurer sur ce que je ne pouvais contrôler, j'essuyais mes yeux et me changeais rapidement. Passant aux toilettes pour essuyer mes mains, je sortis du centre d'entraînement et retournais dans ma classe vide. Le silence m'apaisa un peu et je sortis mon téléphone.

Mes parents devaient sans doute être au travail, les déranger pour ça aurait été égoïste. Je mis une alarme sur mon téléphone pour qu'il sonne à l'heure de ma retenue puis je sortis mes affaires et travaillait en espérant réussir à me changer les idées.

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