Les bougies de Claire

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Claire, assise dans un coin du mur pour s’abriter du froid, grelottait dans sa petite veste élimée. Elle avait disposé ses bougies à même le sol et attendait désespérément un acheteur.

Elle contempla éblouie, les illuminations de la rue, à cette époque de Noël.

Elle n’avait même pas un sou en poche et son père la réprimanderait encore si elle rentrait à la maison sans rien rapporter.

La fillette vit sortir de l’immeuble d’en face une enfant de son âge, chaudement et élégamment vêtue d’un manteau, un bonnet sur sa tête blonde, en compagnie d’une dame, sa maman, supposa-t-elle. La fillette avait des cheveux bouclés, tout comme elle, et elles auraient pu être sœurs tant elles se ressemblaient. Seule, leur tenue vestimentaire différait. La fillette s’arrêta sur le seuil et la dévisagea. Leurs regards s’accrochèrent l’espace de quelques secondes, puis elle s’éloigna avec sa mère.

Claire se rencogna un peu plus, tremblante de froid et affamée. Son estomac gargouillait, elle n’avait pas déjeuné ce matin, se rappela-t-elle tristement.

Elle songea à sa grand-mère, partie il y a quelques jours. La seule personne qui s’était souciée d’elle. Elle était à présent quelque part dans le ciel et peut-être qu’elle la voyait, elle l’espérait. Elle avait le cœur serré. Elle n’avait plus sa chère maman non plus, son père s’était remarié et avait deux filles qui étaient odieuses avec elle…

Toujours personne pour lui acheter des bougies afin qu’elle puisse rentrer et contenter son père. Mais elle savait bien qu’après, il lui demanderait encore de faire autre chose : aller ramasser du bois dans cette forêt qui lui faisait si peur, laver la vaisselle, faire le ménage…

Elle était tellement gelée qu’elle ne sentait plus ses mains. Elle essaya de les réchauffer en expirant dessus, mais même son souffle était froid. Elle tenta alors de les glisser dans ses manches trop courtes.

*******

Elle avait dû s’assoupir.

Elle se réveilla en sursaut. La petite fille revenait avec sa mère. Devant le seuil de sa porte, elle se retourna et l'observa encore une fois, puis entra chez elle. Les lumières s’allumèrent.

Claire imagina l’intérieur de la maison. Un endroit chaleureux, rempli de belles choses, plein d’amour aussi. Elle avait envie de regarder par la fenêtre, rien que pour voir, se dit-elle en soupirant.

Elle se leva et s’approcha de la maison, hypnotisée par les lumières qui brillaient, comme une invite à découvrir ce qui se passait derrière.

Elle colla son nez à une des fenêtres et vit un immense sapin qui trônait dans un coin de la pièce. Il était magnifique avec ses guirlandes et ses boules multicolores. Des cadeaux étaient disposés de part et d'autre. Fascinée, elle ne pouvait détacher son regard de ce spectacle féerique.

Elle s’avança vers l’autre fenêtre. La petite fille était en train de dîner avec ses parents : des victuailles qu’elle n’avait jamais vues ni même imaginées, étaient posées sur la table. Au milieu de la pièce, la cheminée scintillait de mille feux. Elle eut du mal à détourner son regard.

En soupirant, elle revint s’installer devant ses bougies. Elle ferma les yeux, se remémorant les images qu’elle venait de voir.

Mais elle avait si froid ! Elle prit une allumette de la boîte qu’elle conservait toujours pour les éventuels clients et elle la frotta, oubliant pour une fois – rien qu’une fois – les instructions de son père « Les allumettes ne sont que pour les clients qui achètent les bougies et qui n’en ont pas ! ». Elle alluma une bougie et regarda, fascinée, la flamme vacillante.

Elle entendit tout à coup une voix, celle de sa grand-mère bien aimée :

– Ma petite chérie, écoute l’homme qui va venir vers toi. Remets toi entre ses mains, il te rendra heureuse. Sois heureuse, ma chérie !

Et la flamme s’éteignit. Non, elle voulait encore entendre la voix de sa grand-mère ! Elle frotta une autre allumette et éclaira la bougie.

– Grand-mère ! Je suis là, tu m’entends ?

Mais personne ne répondit, à part le silence de la nuit.

Désespérée, elle pleura et s’allongea à même le sol. Elle ferma les yeux.

**********

Un homme l’emmitouflait dans une couverture, la soulevait et la portait dans ses bras. Il lui murmurait des mots réconfortants en l’embrassant sur la joue.

Était-ce un rêve ? Elle avait cru rejoindre sa grand-mère !

Elle ouvrit les yeux et croisa le regard d’un homme, et y vit un océan d’amour dans lequel elle se noya. Derrière, se trouvait la petite fille blonde qui lui souriait. Où était-elle donc ? Au paradis ?

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