12 - Le troisième cycle

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1er jour de la saison de la faux 2449

Il était minuit. La saison du soleil venait de s'éteindre pour laisser place à la saison de la faux. La lune était ronde, bien grasse et brillait d'un verdâtre brunit assez répugnant merci. La transition de saison résultait toujours ainsi : la lune peinturée d'une teinte métisse qui laissait son spectateur soit dans l'émerveillement, soit dans le dégoût. Au sommet de l'académie d'Archlan, deux demi-elfes se prélassaient côte à côte en observant le ciel étoilé.

- Tes cheveux sont vraiment..., commença la blonde aux yeux bleu ciel.

- Oh je sais ! coupa celle à la crinière argentée dont le clair de lune ruinait la couleur. On disait donc que c'est notre dernière nuit sans couvre-feu et qu'il faudrait en profiter.

- Parlant de couvre-feu et de règlements... Où as-tu laissé Nixie-Elle cette-fois ?

- On ne parlait pas de Nixie-Elle non plus, s'irrita Azéna.

Arièlla pouffa de rire et se laissa tomber sur le dos, fixant une collection d'étoiles qui formaient un chien.

- La pauvre. Quand-même, elle se tue à bien faire son devoir de garde du corps et tu agis comme une enfant gâtée.

- Non mais ! J'ai besoin d'un peu de privée ! Elle a déjà vu mes fesses à multiples reprises quand elle s'est permise d'entrer dans ma chambre sans avertissement !

La Valkirel s'éclata de rire, incapable de se retenir. Elle se serra les côtes à l'aide de ses bras dans une tentative désespérée d'atténuer la douleur.

- Ce n'est pas amusant ! rogna l'archère. C'est vraiment embêtant ! Et en plus, elle s'en moque ! Elle me dit : ce ne sont que des fesses. Ce ne sont que des fesses mon cul ! C'est absolument désagréable !

- Mais avoue qu'elle est amusante avec ses blagues et son attitude loufoque, continua Arièlla en s'essuyant les yeux larmoyants.

- Une chance que tu sois de mon côté sinon, le reste de mes vacances auraient été un véritable enfer, ronchonna Azéna avec sarcasme. Quelle amie tu es !

- Ah, mais pas de soucis ! C'était tout un plaisir !

L'ex-Kindirah se croisa les bras et fit la moue en murmurant des jurons.

- Oh arrête et prend ça, dit la dragonnière rouge en passant une longue bouteille étroite à son amie. Oublie tes problèmes, voilà !

- Mel-express ? questionna l'archère en débouchonnant la bouteille et en humectant le parfum si familier et agréable du vin rouge.

- C'est ça ! Faut vraiment qu'elle arrête de livrer ça chez moi. Mes parents l'ont presque découvert à trois reprises.

- Sacrée Mel. Elle est complètement marteau, mais je l'aime bien. Elle venait visiter Vigoth encore une fois ?

- Non. Cette-fois c'était pour réparer l'armure du Maire Onni.

- Elle est en demande.

- Bah, pas étonnant. C'est une des meilleures d'Aerinda !

- Bon, à ta santé et à notre dernière débauche avant le début de l'entraînement ! s'exclama Azéna en buvant sa première gorgée.

Vous n'êtes pas fous. C'est une très mauvaise idée de boire avant l'entrée scolaire ! En effet, Azéna avait passé le reste de l'été en compagnie d'Arièlla qui vivait à Atgoren. Ensembles, elles avaient bu comme des ivrognes ce qui était assez inhabituel pour la blondinette qui était habituellement très stricte et disciplinée. Tous ont un seuil de tolérance émotionnelle. Azéna se doutait qu'elle tentait d'oublier sa situation avec Serfantor tandis qu'elle faisait de même, mais en raison de la perte de son nom de famille. La présence d'Arièlla l'avait grandement soulagée; elles s'étaient battues, entraînées, disputées, enlacées, encouragées, insultées, complimentées, mais le plus important était qu'elles ne s'étaient pas laissées seules de la fin de l'été. Elles ne se l'étaient pas avouée, mais elles étaient toutes les deux dans des états d'esprit vulnérables. Elles étaient devenues inséparables et particulièrement proches.

- Tu sais, je devrais demander à Nixie-Elle si ton postérieur est beau, ricana la blonde avec moquerie.

- Non merci, rétorqua l'archère en lui passant la bouteille de vin.

- D'ailleurs, elle ne devrait pas tardée à nous retrouver.

- Exactement. On commence à être à court de cachettes. Dépêche-toi avant qu'elle se pointe et qu'elle nous pique notre vin.

À cet instant, deux cuisses aux muscles bien définies et un entre-jambe apparurent dans le champ de vision d'une Azéna qui était étendue sur le toit. Heureusement, l'entre-jambe était recouvert de petite-culottes violettes et dentelées. Prise par surprise, l'archère sursauta et voulut se relever, mais au lieu de s'éloigner comme désirée, elle se retrouva le visage encore plus près du minet de Nixie-Elle. Elle réalisa son erreur, sentit tout son sang s'accumuler à son visage et avec maladresse, elle se hissa hors du piège.

- NON MAIS BORDEL DE MERDE ! hurla-t-elle, complètement choquée et hors d'elle.

Elle leva la tête et aperçut, comme elle l'avait soupçonnée, Nixie-Elle avec un immense sourire aux lèvres. Elle portait une jupette en cuir, un haut d'armure en maille, ses deux épées courtes suspendues en croix à son dos et ses bottes hautes en cuir sombre.

- Ça t'apprendra à fuguer ! lâcha-t-elle dans une humeur à demi-irritée demi-amusée. Maintenant, pour mes efforts, j'vais prendre le reste de votre doux nectar et on ne dit pas un mot aux autres !

- Lâche-moi un peu, grogna Azéna. T'es une véritable sangsue !

- C'est pas nouveau. Il va falloir que tu te trouves une autre insulte ; je commence à me lassée d'celle-là.

Elle s'avança vers Arièlla puis, pour lui prendre la bouteille de vin, elle se pencha bien vers l'avant, révélant une deuxième fois à l'archère ses sous-vêtements dentelées.

- Putain de merde, murmura l'archère qui se passa la main devant les yeux, incapable de supporter ce qu'elle voyait dans son champ de vision.

Elle était encore empourprée et elle le savait; elle pouvait d'ailleurs le sentir dans son visage qui pulsait sous la pression de son cœur affolé.

Un long moment passa en silence, puis enfin, la garde du corps se prononça :

- T'peux ouvrir les yeux, mademoiselle la prude.

À cette remarque, un mélange de honte et de rage envahit la pauvre apprentie dragonnière grise qui dut imaginer des papillons pour oublier ce qu'elle venait de témoigner. Une fois calmée, elle baissa sa main et expira longuement.

- Pas morte toujours ? s'esclaffa Nixie-Elle en buvant le reste du vin avec gloutonnerie.

Elle s'essuya la bouche et tira la bouteille. Lorsque l'objet de vitre était suspendu dans le vide, la garde du corps effectua un mouvement brusque des bras et un courant d'air puissant envoya la cible encore plus loin. Ce spectacle rappela à Azéna qu'elle partageait le même élément avec elle et qu'elle devrait, comme le recommandait Terenas, s'entraînée avec elle, mais cette simple pensée l'irrita grandement.

- Bon, au lit mademoiselle, ordonna Nixie-Elle en pointant sa protégée du doigt.

Elle se tourna vers Arièlla qui s'était levée.

- Toi, bah, je m'en fous. J'suis pas responsable de toi, mais j't'aime quand-même alors, soit prudente.

Elle lui fit signe d'aurevoir de la main et agrippa Azéna par le bras en l'entraînant en direction de son dragon qui les attendait de l'autre côté du toit.

- Je te hais sangsue ! aboya l'archère.

- Demain matin, tu va me remercier car tu seras en forme et toute rafraîchit pour tes aventures ! répliqua Nixie-Elle avec enjouement.

- Par pitié, Elysia, aide-moi.

- J'dois te rappeler que les divinités, ça n'écoute pas !

- La ferme ! Je ne t'ai pas demandé ton avis !

Elle savait mieux que Nixie-Elle à ce propos et elle n'aimait pas y songer. Oh que si, les divinités savent écoutées lorsqu'elles le désirent. Et revoir le visage malicieux de Noktow se former dans ses souvenirs la firent grimacer. La peau noircit de son bras maudit infiltra le coin de son champ de vision. Elle se mordit légèrement la lèvre, irritée par sa défaite. Non, elle n'était pas servile; jamais elle ne pliera pour lui !

Et malgré son entêtement, sa voix cruelle résonna continuellement dans son esprit :

- Pendant si longtemps ma fille, tu ne m'as pas porté dans ton cœur. Malgré cela, tu as reçu ma marque: celle du vent car oui, le vent est ma création.

✦×✦

Après un sommeil agité, le terrible rugissement que notre archère redoutait durant ses vacances réapparut dans son quotidien tel un coup de foudre. Elle sentit son cœur bondir hors de son torse et se leva si rapidement qu'elle s'accrocha le pied dans une couverture et tomba le visage sur le plancher en pierre couvert par un tapis soyeux.

- Non Fayne. Fait le taire, marmonna-t-elle en se relevant maladroitement.

Les yeux mi-clos et larmoyants, elle balaya la pièce du regard et se rendit compte qu'elle était seule. Sa meilleure amie n'était pas présente. Bien sûr, elle n'était pas encore arrivée, mais elle n'allait pas tardée. Encore heureusement parce qu'elle s'était permise de dormir nue la soirée d'avance.

- S'habiller..., ronchonna-t-elle, se mouvant tel un zombie en direction de sa petite garde-robe.

Elle choisit un habillement décontracté puisque, techniquement, aujourd'hui n'était pas une journée de classe. Après l'avoir enfilée, elle bailla, se gratta le derrière de la tête et s'avança paresseusement vers le boudin auquel elle s'attendait à voir Fayne pratiquement tous les matins. Elle avait une gueule de bois mineure et malgré l'absence des nausées, elle paraissait exténuée.

- J'ai l'allure d'un raton-laveur, dit-elle dans un soupire. Ah bah, tant pis. Ça partira avec une bonne nuit de sommeil.

Puis, elle réalisa qu'elle allait enfin avoir la chance de voir Naëshirie. Les poches noires qui hurlaient horreur sous ses yeux d'un bleu pétillant devaient disparaitre. Elle empoigna le seul instrument de maquillage qu'elle portait avec elle : un crayon pour les yeux ébène et l'appliqua, créant une ligne bien grasse.

- C'est loin d'être parfait, mais ça ira, se dit-elle avec satisfaction.

Elle peigna sa crinière pâle même si elle était déjà en quasi-parfaite condition, se leva pour observer son allure générale dans le miroir. Satisfaite, elle quitta la chambre en coup de vent, excitée à l'idée de retrouver ses amis qu'elle n'avait pas vu depuis la saison du marteau.

BANG!

Aussitôt sortie, elle heurta une masse qui était stationnée directement derrière la porte. Elle faillit tomber, mais on l'agrippa par le bras.

- Sérieusement, c'est ce que tu portes pour la rentrée ? objecta une voix féminine. Tu fais vraiment garçon manquée. Heureusement que tu portes un peu de maquillage et que tu as des longs cheveux !

Azéna leva les yeux et aperçut une jeune femme habillée comme un véritable mélange de princesse et de guerrière.

- Nixie-Elle !? s'exclama-t-elle.

- Bah ouais ! rétorqua la garde du corps en la relâchant. Tu t'attendais à quoi ? J'suis chargée de te surveillée jour et nuit. À peine si j'ai dormi.

Elle examina le visage de sa protégée de plus près et plissa les yeux.

- T'es fatiguée toi aussi. Bah, sûrement pas autant que moi et je suis toujours en capacité de fonctionner donc, étampe un beau sourire sur ta face et va accueillir les petits nouveaux !

- T'es un vrai soleil du matin, ronchonna l'archère avec sarcasme en se dégageant de son interlocutrice pour se diriger vers la sortie de la Tour de la Clarté.

Talonnée par Nixie-Elle, elle emprunta les escaliers en colimaçon jusqu'au premier étage de l'académie. Déjà, quelques visages familiers donnaient un peu de vie aux halls naguère morts. Renora et Vorshiènn passèrent à droite d'Azéna, lui accordant un petit signe de la main comme salutation. Ils ne portèrent aucune attention à son bras maudit ce qui la réconforta. Peut-être que ses collègues dragonniers y étaient déjà habitués. Après tout, ils avaient passé une grande partie du deuxième cycle d'entraînement en présence de ce changement physique. Probablement que Nixie-Elle avait été informée sur sa situation particulièrement et cela expliquerait son manque de réaction à cet effet. Après tout, elle devait savoir pour bien faire son devoir de garde du corps.

- Hâte de voir tes potes ? questionna la garde du corps en mâchant ce qui semblait être une gomme à mâcher

Et elle mâchouillait bruyamment et avec la bouche grande ouverte. Elle n'avait aucune considération pour son entourage. L'adolescente secoua légèrement la tête pour s'enlever cette image de l'esprit et continua son chemin jusqu'à l'entrée principale. Les portes étaient béantes et une marée de maîtres entrèrent tranquillement, ignorant l'archère et sa compagne. Ces dernières se dirigèrent vers l'enceinte où une foule de gens et de dragons attendaient, sûrement pour la cérémonie du liage.

- Tu m'ignores ? demanda Nixie-Elle.

- Oui, rétorqua Azéna avec sécheresse. J'essaie de trouver mes amis. S'il-te-plaît, soit un fantôme. Un fantôme muet.

- J'peux rien te garantir.

Le simple grincement de cuir contre de la maille de l'armure de sa garde du corps énervait Azéna. Puis, il y avait son mâchouillement et le frottement de ses bottes lourdes contre le sol. Elle faillit perdre patience, mais elle inspira longuement, retrouvant un peu de sa santé mentale.

Elle chercha parmi la foule, espérant trouver un visage amical, particulièrement celui de Fayne et Teriondil mais, spécialement celui de Naëshirie. Pense à cette-dernière provoqua une vague d'anxiété en elle. Elle se sentit rougir et grinça les dents, mécontente avec sa réaction prématurée.

- Mais qu'est-que j'ai à être sensible à ce point ? marmonna-t-elle tout bas.

Une femme humaine et assez âgée l'avait distrait de son regard perçant. Elle était fixée sur son bras noircit, clairement entrain de la juger. Azéna avait envie de lui dire : ah tu penses que je suis une sorcière, n'est-ce pas, vieille chipie ?, mais elle s'en abstint. Lorsqu'elle passa à côté, les yeux de la femme s'écarquillèrent et elle mit de la distance entre elles.

- Bah ouais, c'est ça... Je suis une sorte de peste maintenant, grogna l'archère.

- Ne t'en fais pas, recommanda Nixie-Elle sur un ton nonchalant. Elle n'comprend pas ta situation.

- Ça n'empêche pas que c'est irritant.

- J'comprends, j'comprends.

- Fantôme muet, tu te souviens ?

- J'te répète que j'te garantis rien.

- Arf, grogna l'archère. Tu es impossible.

Enfin, l'archère repéra une épaisse crinière châtaine qui ondoyait dans les brises agréables de l'été. Elle reconnut l'herboriste même si celle-ci était dos à elle et presque entièrement dissimulée dans la foule.

- Hé Fayne ! aboya-t-elle en agitant les bras au-dessus de sa tête.

La brunette fit volte-face à la recherche de la source de la voix qui l'appelait. Habituellement, elle aurait repéré son amie aisément à Daigorn car son physique était si unique, mais cette-fois, elle était camouflée par quelques elfes.

- Azéna ! s'exclama-t-elle en se dirigeant vers la demie-elfe à la charge.

Même un peu trop rapidement... Elle enlaça son amie dans ses bras pendant un long moment. L'archère fit de même, incertaine de quoi faire d'autres. Elle savait que Fayne était aisément inquiète à son sujet, mais elle n'était pas revenue de la mort quand-même.

- Vous êtes trop mignonnes, fit remarquer Nixie-Elle, le sourire aux lèvres et les bras croisées qui observait les deux adolescentes.

La rebelle grommela en espérant que Fayne la laisserai partir bientôt, par peur d'attirer l'attention sur elle. Le fait qu'elle était aux femmes la concernait un peu et elle ne désirait pas que ça se sache.

- Tu me présentes ? questionna la garde du corps avec une touche de taquinerie.

L'ex-Kindirah lui faisait face et plissa les yeux en tentant de paraitre menaçante. Elle ne désirait rien de plus que du silence de la part de Nixie-Elle, mais cette-dernière ignorait ses désirs.

Fayne parut comme si elle était sur le point de dire quelque chose, quand un individu assez grand, mais svelte enveloppera les deux adolescentes de ses propres bras. Qui était-ce ? L'archère n'y voyait rien mis à part Nixie-Elle qui rigolait puis, une bouffée d'odeur de sapin et d'herbes lui chatouilla le nez.

- Teri ? devina-t-elle.

- C'est exactement cela, dit doucement une voix sereine.

L'elfe sylvain se mit à chantonner une douce berceuse sans parole. Celle-ci avait un rythme hypnotique et calma les nerfs d'Azéna avec peu d'efforts. Cele ne duera pas car la dragonnière grise repéra une jolie elfe métisse aux grands yeux vert céladon qui semblait chercher quelqu'un parmi la foule clairsemée. Elle était derrière Nixie-Elle à quelques lieues d'elle et portait son uniforme d'apprentie dragonnière; elle était d'ailleurs l'une des seules. Elle n'avait aucune pièce d'armure; même pas en cuir ni d'arme. Par contre, l'archère remarqua quelque chose de nouveau : de multiples anneaux à ses longues oreilles. Teriondil en portait aussi, mais moins qu'elle. Elle devait en avoir environs une dizaine tout au long de l'hélix. Ça lui apportait un air un peu plus sauvage, un style typique des elfes des bois. C'était un peu ironique sur un physique aussi petit et frêle, mais c'était assez mignon.

- Merde, ronchonna silencieusement Azéna en se sentant rougir encore une fois.

Nixie-Elle parut soudainement intriguée et tourna la tête en direction de la cible de l'attention de sa protégée. Alors qu'elle examinait Naëshirie, elle lâcha un bourdonnement étrange.

Une vague de panique s'éprit de l'esprit d'Azéna et elle se défit de l'emprise de ses deux amis pour s'approcher de Nixie-Elle. Au moment où elle s'apprêtait à dire quelque chose, la garde du corps cessa de regarder Naëshirie et offrit un grand sourire à Azéna. Bouche-bée, la demie-elfe sentit une goute de sueur de former sur sa tempe gauche. Anxiété.

- Bah va lui souhaiter bon retour, suggéra Nixie-Elle. Maman Nix' sera derrière toi ! Ne t'en fait pas !

« Mais qu'est-ce qu'elle racontait celle-là ? songea l'adolescente. Pourquoi cette attitude bizarre ? »

Puis, elle décliqua enfin. Est-ce que Nixie-Elle avait deviner qu'elle éprouvait de l'attirance pour Naëshirie ? Est-ce que ça se lisait si facilement sur son visage ?

- Câlisse de merde de sale... merde..., grogna-t-elle tout bas en réalisant qu'elle devait être aussi rouge que la lune au cœur de la saison du marteau.

- Va s'y, encouragea la garde du corps en mâchouillant une nouvelle gomme à mâcher.

C'était sûrement cela, mais elle n'osait pas le confirmer, surtout pas avec Fayne et Teriondil dans le coin. Elle devait agir naturellement, comme si ce n'était rien de spécial.

- Bah oui, pourquoi pas ?

Elle haussa les épaules, se dissimula les mains dans ses poches de pantalon et approcha de la métisse en priant que son visage avait retrouver ses teintes naturelles.

- J'ai nos notes de l'an passé !

Un parchemin fut déposé dans les mains de l'archère qui faillit perdre la raison. Pourquoi était-ce si compliquer d'établir un contact social avec Naëshirie ?

- Poouurquoii ? chiâla-t-elle en observant le bout de papier avec un regard noir.

- Bah parce que c'est nos... notes ? dit Arièlla en haussant un sourcil confus.

Alors qu'Azéna se prépara à remettre le parchemin entre les pattes de la blonde, Teriondil et Fayne se joignirent à la conversation et insistèrent pour qu'ils révisent le tout en groupe. Nixie-Elle, qui depuis le début, étouffait maladroitement des ricanements, traîna sa protégée par le bras en direction de deux arbres quasi-jumeaux. Elles furent talonnées par les autres, gloussants comme des pies joviales.

- Où as-tu déniché nos notes ? demanda Fayne à la dragonnière rouge.

- De Maître Valkirel. Qui d'autre ? répliqua la blonde avec un sourire en coin.

- Azéna a clairement une mauvaise influence sur toi, rouspéta l'herboriste. Tu va devenir en tête d'une escouade un de ces jours. C'est une grande responsabilité.

- Je sais... Je sais... Ne t'en fait pas trop. Je vais y remédier.

- J'ai plus foi en toi qu'Azéna pour cela, ricana Fayne.

- Hé ! Je peux vous entendre ! aboya l'archère qui se faisait trainer par sa garde du corps. Non, mais !

Une fois arrivé à destination, Nixie-Elle la relâcha.

- Un peu d'ombre, expliqua-t-elle. Il ne faudrait pas que les soleils brûlent ta peau si claire. Les rayons sont puissants aujourd'hui.

Azéna soupira dans un abandon total et s'accota le dos contre l'un des deux troncs. Teriondil et Nixie-Elle s'installèrent à ses côtés tandis que Fayne et Arièlla, à l'autre arbre. Les adolescents déroulèrent leurs parchemins et lurent.

Après un moment, Arièlla, trop fière pour se retenir plus longtemps, s'exclama la première :

- J'ai super bien réussi dans mon cours de leadership. Combat aussi.

Teriondil la félicita alors que Fayne jeta un coup d'œil sur son parchemin et y remarqua une petite note au bas.

- Tu as été choisit comme capitaine de skotar ! De... l'équipe de Vifargent. C'est un peu louche.

- Q-quoi ?!? s'exclama la blonde, prise au dépourvue. Enfin, je m'y attendais un peu, mais pas depuis qu'Azéna m'a révélé qu'elle avait été nominée comme capitaine notre équipe.

- Quoi !?! s'exclama Fayne qui se mit la main devant la bouche. Azéna, tu ne m'avais même pas dit ! C'est une nouvelle importante !

- Elle était préoccupée on dirait, ein ? rigola Nixie-Elle.

L'archère fixa sa garde du corps avec suspicion. À ce moment, elle en était presque assurée ; elle savait pour Naëshirie.

- Tu as vu Naëshirie ? questionna Teriondil avec banalité et nonchalance comme si c'était quelque chose de complètement normal. Elle est arrivée en même temps que moi. Elle semblait chercher quelqu'un. J'imagine que c'était toi.

L'elfe sylvain était au courant, ça Azéna le savait, mais il était aussi niais qu'avec n'importe quoi d'autre. Il ne fallait pas que ça se fasse dévoiler.

- Mmmm non. Je ne l'ai pas vu. Aucun intérêt voyons.

Le mage, un éclat de confusion au visage, était sur le point de répliquer quand l'archère fut plus rapide que lui :

- Ah mais bravo pour ta position Arièlla ! C'est dommage qu'on ne soit plus dans la même équipe. Tu étais une merveilleuse attaquante ! Je t'aurais adorée à mes côtés.

- Pareil, mais cela va rendre la compétition intéressante, remarqua la blonde avec affichant un sourire prétentieux. Après tout, je ne peux pas me permettre de perdre contre toi.

Elle paraissait tout-à-fait normale, mais son amie savait qu'elle s'ennuyait grandement de Serfantor et d'être capitaine de skotar à sa place devait lui ronger le cœur.

- On verra bien, s'ébroua Azéna qui sentit qu'elle devait supporter ce défi pour la garder distraite.

- Des vrais singes, dit Fayne en roulant les yeux. Au fait...

Elle se tourna vers Nixie-Elle qui lui accorda un grand sourire.

- Qui est-elle ?

- Nixie-Elle, se présenta la garde du corps alors que sa protégée se couvrit le visage de honte. J'suis chargée de protéger notre p'tite Azéna ici présente, continua-t-elle en passant son bras autour de l'archère. Appelez-moi Nix.

- Enchanté, dirent harmonieusement Arièlla, Fayne et Teriondil.

Le visage dissimulé, la rebelle se mordit avec une force moyenne la peau du bras dans une tentative de calmée son irritation.

Comme à son habitude, Nixie-Elle rigolait de bon cœur, taquinant sa protégée comme elle le pouvait. Contrairement à la normale, cela ne dura pas. Elle se tut aussi rapidement qu'elle avait entamé son rire et se leva d'un bond, dégainant ses deux épées courtes. Les sourires fondirent et l'ex-Kindirah leva le regard, inquiète. Il n'y avait pourtant rien d'anormal.

- Qu'est-ce qui se passe ?

Un long moment passa sans réponse ni réaction.

- Nixie-Elle ?

L'assassin accomplie ne semblait même pas l'entendre ; elle était dans une transe et rappelait un faucon en pleine chasse. Ses yeux étaient petits, ses lèvres pincées et sa poigne ferme, contractant ses muscles d'avant-bras.

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