9.

12 minutes de lecture

Les jours s'enchaînent bien plus vite que je ne le voudrais. Mais c'est toujours ainsi quand on est heureux ; le temps défile à une vitesse folle, et nous sommes transportés de joie, vivants les instants présents à mille à l'heure et lorsqu'on prend le temps de regarder derrière soi, on se rend compte que c'est déjà fini. Et on regrette de ne pas en avoir assez profité.

J'ai partagé la dernière semaine des vacances entre les sorties avec mes amis qu'on organisait au jour le jour et Marcus. La plupart du temps ensemble, nous l'avons passé au lit, je dois bien l'admettre, même s'il nous est arrivé de sortir au restaurant ou pour faire des balades au bord de l'eau. Nous sommes retournés une fois dans son jardin secret, sur le flanc des falaises, là où il m'avait embrassé pour la première fois. Nous y avons pique-niqués. Nous nous sommes également promenés dans la forêt de pins, j'ai demandé à Marcus si on pouvait y aller.

Il a plu une journée et le ciel s'est mis à gronder. Marcus et ses amis nous avaient donné rendez-vous au bar ce soir-là et ils nous ont assuré que l'orage ne dure jamais longtemps et que le beau temps reviendra. Le lendemain, le soleil brillait haut et il n'y avait pas l'ombre d'un nuage. L'air était redevenu sec et chaud, et nous nous sommes empressés d'aller à la plage.

Nous avons refait du surf. Comme c'était prévu, je ne me suis pas amélioré mais j'ai réussi à ne pas boire la tasse une seule fois. Je suis ressorti de l'eau fier comme un paon, la planche sous le bras et j'ai raconté à mes amis cet exploit. Puis, j'ai cherché Marcus et quand nos yeux se sont croisés, j'ai su qu'il était heureux pour moi.

Je suis en train d'enlever cette fichue combinaison qui me colle à la peau comme une sangsue quand la porte du local s'ouvre dans un grincement peu discret. Je tourne brusquement la tête pour voir qui entre et Marcus me fait une tête penaude. Le haut de sa combinaison tombe sur ses hanches comme la première fois que je l'ai vu torse nu. Heureusement que depuis le temps, j'ai également vu le bas sans habit, sinon je ne sais pas si j'aurais pu survivre sans assouvir ma curiosité, pensé-je.

— Je croyais que je serais plus discret.

— C'est raté, m'esclaffé-je.

Il hausse les épaules et s'approche.

— Tu viens faire quoi ? demandé-je. Je finis de me changer et je vous rejoins.

— Justement.

Je hausse un sourcil pour qu'il continue.

— Je viens t'aider.

Il pose les mains sur mes hanches et m'embrasse. Je proteste contre ses lèvres :

— Marcus, je suis occupé, marmonné-je.

Et pour cause : je crois que la fermeture est grippée, impossible de la faire descendre.

— Laisse-moi faire.

Il chasse mes doigts et tire d'un coup sec. Le zip descend tout seul et Marcus me lâche un regard narquois.

— J'ai fait tout le boulot avant, c'est pour ça.

Marcus rit devant ma mine boudeuse et continue à le descendre. Arrivé au nombril, il s'arrête et se penche pour embrasser mon ventre.

— Marcus, le préviens-je lorsque sa langue vient chatouiller ma peau.

— Hmmm ?

— La combinaison, dis-je d'une voix ferme.

— Bien sûr !

Il se relève et m'aide à l'enlever. Lorsqu'enfin le dernier bout de latex se sépare de mon corps dans un chuintement, je souffle de bonheur.

— J'en avais marre de la porter, j'ai cru que je ne la quitterais jamais.

— Et moi donc ! Je te préfère mille fois sans, renchérit Marcus.

Je souris du compliment avant de lui tirer la langue. Il me prend dans ses bras et m'embrasse. Il me demande l'accès à ma bouche et je la lui donne en ouvrant les lèvres. Il s'engouffre dans la brèche et nos langues se lient. Ses mains glissent jusqu’en bas de mon dos et ses doigts serrent doucement ma peau. Je le connais maintenant assez pour savoir ce que représente ce geste. Je le repousse gentiment.

— Pas maintenant, Marcus. Je te rappelle que nos amis nous attendent.

Il embrasse ma mâchoire et trouve mon oreille.

— Ils parlent entre eux, ils ne font pas attention à nous.

Il mordille mon lobe avant de laisser sa bouche se promener sur ma gorge.

— Marcus...

Il plaque mon bassin contre le sien et le contact avec son corps réveille mon sexe.

— J'en connais un qui n'est pas du même avis, souffle-t-il en souriant.

— C'est tout à fait normal ! dis-je, exaspéré.

— Ah oui et pourquoi ?

Il plonge son regard dans le mien et je rougis.

— Eh bien... Tu es beau donc forcément...

— Forcément quoi ?

Ses lèvres s'étirent en un sourire hautain . Il ne va pas lâcher l'affaire !

— Forcément tu m'excites, lâché-je dans un souffle, les joues en feu.

Ses yeux étincellent de malice avant qu'il ne perde son sourire, remplacé par une moue affligée.

— Je suis juste beau ?

— Tu voudrais être intelligent en plus ? On ne peut pas tout avoir dans la vie, le physique ou le cerveau.

Il me regarde bouche bée.

— Ah, tu veux jouer à ça...

Il prend ma tête entre ses mains et écrase ses lèvres sur les miennes, me coupant la respiration.

— Marcus, protesté-je.

Il embrasse alors tout mon visage avant de passer à mon cou. Puis, il tombe à genoux et dépose un baiser à chaque fois qu'il rencontre ma peau.

— Marcus !

Mais ma voix est brisée par un rire lorsque je sens ses lèvres chatouiller mes hanches. Soudain, il effleure mon maillot de bain et me regarde, la bouche sur la bosse que forme mon sexe.

— J'ai envie, Jules.

Je me mords la lèvre devant le spectacle qu'il m'offre : qui aurait cru que Marcus, le mec le plus sexy de la ville me supplierai à genoux de lui offrir l'accès à mon intimité ?

Un hochement imperceptible plus tard, le maillot de bain est baissé jusqu'aux cuisses et Marcus avale mon sexe dans un grognement de plaisir. Je me retiens à ses épaules pour ne pas chanceler quand un coup de langue bien placé sur mon gland me fait gémir. Sa main prend le relais tandis que l'autre est posée sur ma cuisse et la masse tendrement. Il alterne sa bouche et ses doigts et très vite, le plaisir afflue dans chaque nerf de mon corps.

— Marcus, je vais...

Je pose sa main sur sa tête pour le repousser mais il est plus fort que moi : il glisse sa main dans mon dos pour m'empêcher de reculer et redouble d'efforts.

Quelques secondes plus tard, je jouis dans sa bouche en gémissant de plaisir. Marcus donne un dernier coup de langue dans le seul but de me voir souffrir avant de remettre le maillot de bain à sa place et de se redresser. Un grand sourire illumine son visage et ses yeux brillent d'une satisfaction nouvelle.

— Tu as faim ? Moi, je suis repu.

Je fronce les sourcils dans un air de dégoût et le repousse.

— Vous êtes dégoûtant.

Son sourire s’agrandit un peu plus et il me serre contre lui pour m'embrasser. Je réponds à son baiser avec passion. Il rompt le contact et plonge ses yeux dans les miens.

— Je t'ai déjà dit que tu étais beau ?

Je fais mine de réfléchir.

— Que quand je rougissais, ou au contraire, quand je ne rougis pas.

Je lui jette un regard. Il s'humecte la lèvre et je pressens son trait d'hmour avant qu'il ne parle.

— Et aussi quand tu jouis.

J'éclate de rire.

XXX

La sonnette de l'appartement résonne. Je me saisis de mon sac posé sur mon lit et précipite pour aller ouvrir. Claude ricane quand il me voit passer dans le couloir :

— File où il va s'envoler !

Je recule et lui tends mon majeur avant d'aller ouvrir.

— Salut! !

Je sais que c'est lui et pourtant, mon cœur fait un bond quand je le vois. C'est toujours le même : toujours ses cheveux blonds bouclés, toujours ses yeux gris qui brillent de gentillesse, toujours son sourire qui dévoile des dents blanches parfaites, toujours sa peau bronzée qui fait ressortir les quelques éphélides sur son nez et ses joues. Et pourtant, il embellit un peu plus à mes yeux chaque fois que je le vois.

— Salut.

Il m'embrasse de ce baiser auquel je suis maintenant habitué ; une douce caresse sur mes lèvres, légère, insouciante, merveilleuse. De temps en temps, je les lèche juste après en secret, avide d'y retrouver une nouvelle fois le goût de ses lèvres.

— Tu es prêt ? Il ne faut pas être en retard.

Je lui montre mon sac comme un trophée et il me sourit.

— J'y vais ! lancé-je pour mes amis.

— Amusez-vous bien !

— Faites pas de cochonneries !

— Ta gueule Claude, tu es juste jaloux.

Je ferme la porte pour ne pas entendre sa réponse et je tire Marcus par le bras pour partir le plus vite possible.

— Alors, tu vas me le dire maintenant ?

— Non, répond-il en me lançant un regard en coin.

Je fronce les sourcils et envisage de bouder pour qu'il cède. Il m'a appelé hier soir pour me dire qu'il m'emmènerait faire quelque chose « qui te plaira j'en suis sûr ». Et depuis, il n' pas voulu lâcher ne serait-ce qu'un indice malgré ma très forte insistance. J'ai essayé toutes les techniques possibles et imaginables : lui ordonner, lui demander en faisant les yeux doux, lui proposer un jeu de devinettes, me vexer, jouer la carte de la culpabilité et jusqu'à même l'ignorer (cette dernière n'a pas marché, je n'ai pas pu tenir dix minutes avec cette idée en tête).

J'ai donc dû me résoudre à patienter, chose que je tiens en horreur et que j'ai du mal à supporter. Alors autant dire que je meurs d'envie de savoir ce qu'il m'a réservé.

Arrivés dans la rue, Marcus glisse sa main dans la mienne. Je le regarde surpris, et il me sourit. Je lui rends son sourire, aux anges et pour la énième fois, mon cœur chavire. Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai ressenti cette sensation depuis que je le connais. C'est dingue à quel point un petit rien signifie beaucoup. Marcus serre ma main et ne la lâche plus du trajet.

Nous prenons la direction de la plage, je reconnais le chemin. Mais nous finissons par bifurquer dans un coin où je ne suis jamais allé, bien après le port ; mes amis et moi ne nous sommes jamais promenés par ici. Alors que je croyais qu'on allait réellement quitter la plage, Marcus m'entraîne à nouveau en direction de l'océan. Et avant que je n'arrive à m'orienter correctement, nous nous retrouvons les pieds dans le sable.

— On est où ?

Marcus me regarde comme si une deuxième tête m'avait poussée.

— Sur la plage.

— Sans blague, ironisé-je. Mais c'est la même que celle où nous nous baignons ?

— Pas tout à fait. Celle-ci est plus petite et moins prisée par les touristes comme toi.

Je hoche la tête, trop préoccupé par la surprise qu'il me réserve pour soulever son humour.

Nous enlevons nos chaussures pour traverser la plage. Nous approchons alors d'un petit bâtiment en béton. Je lève les yeux et décrypte le panneau sur la devanture. Mes yeux s'écarquillent et je scrute la berge à la recherche des petits bolides.

— C'est pas vrai ?

— Bien sûr que si.

— J'en ai jamais fait... soufflé-je.

Mon excitation grimpe en flèche. J'ai toujours rêvé de faire du jet ski mais je ne lui ai jamais dit. Comment il a pu deviner ?

— Tu es content ?

Je me jette à son coup et l'embrasse. Il me rend mon baiser, étonné de la soudaine fièvre qui s'empare de moi.

— Mais comment tu as fait pour... Tu as réservé ?

— Ça, ça ne te regarde pas, s'exclame-t-il. Allez viens !

Nous entrons dans le magasin et un homme à la barbe rousse hèle Marcus en le voyant s'approcher.

— Pile à l'heure, comme toujours !

— Je savais que si j'avais une minute de retard, tu aurais refusé.

Ils se serrent la main avant de se donner une accolade.

— Et tu dois être Jules. Enchanté, Patrick. Je suis le propriétaire et un grand ami de Marcus.

Je lui souris poliment et serre la main qu'il me tend. C'est donc comme ça qu'il peut nous arranger un petit tour.

— Venez, je vais vous montrer où vous pouvez ranger vos affaires et après je vous accompagne jusqu'aux jets.

Quelques minutes plus tard, nous sommes sur la plage et Patrick s'approche de nous au volant d'un magnifique jet ski bleu et blanc. Je le lorgne du regard et mes doigts me démangent. J'espère que je pourrais le conduire un peu. Mais je vais laisser Marcus le faire en premier.

Patrick descend, de l'eau jusqu'aux cuisses, et donne les clés à Marcus.

— Elles sont à toi !

— Merci Patrick, tu gères, je te revaudrai ça.

— J'y compte bien ! lance-t-il d'une voix forte. Mais te préoccupe pas de ça pour le moment et va plutôt t'amuser en bonne compagnie.

Il me lance un clin d'oeil et je deviens rouge comme une pivoine. Comment a-t-il compris ce qu'il y avait entre Marcus et moi ?

— Ce n'est pas la première fois que tu emmènes un gars faire un tour ? demandé-je à Marcus quand Patrick s'est éloigné.

J'essaye de camoufler la jalousie mais mon ton est trop détaché pour que cela paraisse comme une question anodine.

Marcus me regarde, surpris.

— Ne dis pas n'importe quoi. C'est juste que Patrick et moi, on se connaît depuis longtemps et j'ai dû lui lâcher quelques infos pour qu'il me laisse emprunter un de ses jet ski.

Je le regarde, suspicieux. Il lève les yeux et s'approche pour m'embrasser. Il grimpe sur le bolide et me tend la main pour m'aider à monter.

— Ça ne te dérange pas que je le conduise un peu au début ? Tu pourras en faire après.

— C'est vrai ?

— Evidemment, c'est pour toi que j'ai graissé la patte de mon ami, je te signale.

Il allume le moteur. Je me colle à lui et resserre mes bras autour de ses hanches. Je dépose un petit baiser sur son dos.

— Merci.

— Attends de voir si tu survis avant de me remercier. Accroche-toi bien !

Il tourne la poignée et le jet ski bondit en avant. Je crie de peur quand je sens mon corps basculer en arrière et je me cramponne désespérément à Marcus. Mon estomac proteste et je le maudis alors qu'il éclate de rire.

— Je te l'avais dit ! hurle-t-il pour couvrir le bruit du moteur combiné aux vagues qui viennent se fracasser contre notre véhicule.

Mais très vite, l'adrénaline prend le dessus et m'électrise. Nous fendons l'océan à une vitesse folle et perdons de temps à autre le contact avec l'eau lorsqu'une vague nous fait nous envoler.

— Plus vite !

Marcus répond à mes désirs et fait rugir le moteur. Le vent fouette mon visage et je dois lutter pour reprendre mon souffle mais pour rien au monde je voudrais arrêter. La sensation de liberté est totale et j'ai l'impression que rien ne peut m'atteindre comme si nous avions dressé l'océan.

Nous filons quelques instants à pleine vitesse puis je sens le jet ski ralentir.

— Il ne faut pas être à pleine puissance tout le temps ou ça endommagerait le moteur. Et puis, nous sommes dans la zone de mouillage du port.

En effet, je peux voir des bateaux sortir du port. Nous slalomons gentiment entre eux en prenant garde de rester à bonne distance. Je reconnais la grande plage où nous avons l'habitude de nous baigner. Là, Marcus finit par s'arrêter complètement.

— Tu veux conduire ?

— Oui !

Marcus sourit devant mon excitation et nous échangeons nos positions en faisant preuve d'une bonne dose d'équilibrisme.

— Tu accélères avec cette poignée et tu freines avec elle. Celle-là, elle sert à rien.

Je tourne la tête dépose un bisou sur sa joue. Il sourit et reprends sa place. Je sens ses bras m'enlacer et il plaque son torse contre mon dos. Il se penche à mon oreille et son souffle chaud me fait frémir.

— Fais chavier mon cœur.

Mes joues se teintent de rouge et une délicieuse onde de chaleur se répand dans mon corps. Je sens mon bas-ventre se réveiller et je mets les pleins gaz. Nous bondissons en avant et un immense sourire fend mon visage. Jamais je ne pourrai oublier cette sensation grisante d'invulnérabilité et de puissance.

Annotations

Vous aimez lire Alex’s_18 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0