Chapitre 18

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Devant la porte sud de la Capitale d’Abta s’étendait une immense place de marché. C’était un espace de plusieurs hectares de dalles rocheuses gris ardoise qui servait à accueillir le grand marché mensuel de la capitale. Un tel espace était nécessaire pour loger efficacement les établis des centaines de commerçants venus de tout Abta pour proposer leurs services et marchandises.
Hors de l’évènement, cette place servait parfois de lieu d’entraînement des Défenseurs ou de rassemblements divers.

En cette après-midi, elle était quasiment déserte. Seuls sept individus étaient présents entre les lampadaires et bancs publics.

Les capes bleues de trois Défenseurs étaient malmenées par un puissant vent d’ouest.

Face à eux, Mandra, Jake, Kaufman et Gale avançaient, confiants et déterminés.

— Et bien cher Gérald, commença Gale, ravi de voir que vous avez tenu parole. Vous n’avez même pas amené un seul non cerclé avec vous, est-ce raisonnable ?

— Tout à fait raisonnable, ricana Kurtis à la place. Chef, je peux m’occuper de ces morveux ? Je crois que Kauffie a encore besoin d’une petite leçon.

— Accordé ! répliqua le vieillard avec un grand sourire.

Sans autre forme de procès, Kurtis s’élança vers Kaufman. Son coup de pied manqua de peu l’épéiste, ce dernier fut néanmoins heurté par un coup invisible et fut projeté plusieurs mètres plus loin.

— Même pas drôle ! lâcha le gradé 1 avec un air suffisant.

Son visage changea néanmoins lorsqu’il vit Kaufman se relever en un simple mouvement, une expression satisfaite sur le regard.

— Il est à moi, lâcha l’épéiste. Vous aviez raison, ma résistance a également augmenté. Allons y.

Il dégaina son sabre et s’élança à toute vitesse vers son adversaire.

Kurtis esquiva une première attaque, saisis à deux mains le poignet de Kaufman pour immobiliser son arme et projeta un troisième bras vers les côtes de l’épéiste. L’impact fit écho dans toute la plaine.

Le chasseur de prime avait réussi à bloquer le coup de sa main libre. Les muscles du visage tendus par l’effort, Kurtis lâcha prise et recula précipitamment.

— Comment as-tu pu deviner d’où l’impact viendrait ? grinça le Défenseur.

— Pour la même raison que celle qui a causé ma défaite la dernière fois. Et qui causera la tienne aujourd’hui.

Kaufman n’attendit même pas de réponse : il arma son sabre et se précipita vers son adversaire, une colère froide et calculée dans le regard.

Le Défenseur était complètement dominé. Sa force physique, sa vitesse et ses réflexes étaient pourtant grossièrement les mêmes que ceux de son adversaire, mais il semblait toujours avoir un temps de retard.

Au bout de quelques secondes d’esquives maladroites, Kurtis enragea de se faire ainsi acculer et projeta avec son Pouvoir un violent coup de pied invisible vers la tête de Kaufman juste après une manœuvre.

Un hurlement de douleur résonna autour de la zone de combat. Satisfait, Jake contemplait avec extase Kurtis se tenir la jambe, ou du moins ce qu’il en restait.

— Je m’en doutait, lâcha Kaufman. Tes projections ne sont pas sans danger : les dégâts qu’elles prennent sont répercutés sur ton vrai corps.

À l’ultime moment, l’épéiste avait relevé son sabre et tranché net la jambe projetée vers lui. Instantanément et comme par magie, la vraie jambe droite de son adversaire fut sectionnée juste en dessous du genou.

— Comment as-tu pu encore prévoir… s’égosilla Kurtis serrant sa cuisse de toutes ses forces, tentant avec peine de ralentir les gerbes de sang qui s’écoulaient de son reste de jambe.

— L’expérience, abruti. J’en ai cent fois plus que toi, qui te contente d’utiliser ton Pouvoir et ta supériorité physique que tu as sans doute obtenu en utilisant des Artefacts surpuissants pour passer une épreuve comme celle où vous nous avez envoyé mourir. Tu n’as quasiment jamais été en danger, tu ne sais pas ce que c’est que l’anticipation ou l’instinct dont il faut faire preuve lorsqu’on est pas naturellement deux fois plus puissant que le Monstre qu’on affronte.
Je ne savais pas d’où allait venir tes projections, mais j’ai deviné. Tu es plus que prévisible et maintenant j’ai la vitesse et les réflexes pour punir ton amateurisme.

L’épéiste acheva sa longue tirade en se retournant et en regardant Gérald et Anita :

— Votre amateurisme. Ce qui vous apportait votre monopole de puissance cause maintenant votre perte. Vous avez laissé trois personnes devenir trop compétentes pour que vous puissiez les gérer. C’est sans doute pour ça que vous avez essayé de vous débarrasser de nous au final, n’est-ce pas ? Vous aviez peur de cette situation précise, je parie.

Les Défenseurs ne semblaient pas perturbés par la défaite de leur acolyte.

Jake avança vers un Kurtis plus que mal en point, le contempla avec un rictus de haine sur le visage et enfonça lourdement son pied sur le moignon de l’homme à terre, qui hurla de plus belle.

— Voilà la monnaie de ta pièce, enflure, jura le chasseur de prime. Ah, tu pensais que j’étais un type bien qui ne s’abaisserait pas à ce genre de choses ? Raté, c’est censé être vous les protecteurs du royaume !

Sur ces paroles, il appuya encore plus violemment sur la blessure de Kurtis qui s’évanouit de douleur.

Kaufman leva son sabre, prêt à achever le Défenseur. Il ne fut stoppé qu’a l’ultime moment par Anita, qui surgit à la vitesse de l’éclair pour bloquer le poignet de l’épéiste.

— Pourquoi tu le protèges comme ça ? enragea ce dernier.

— Tu ne sais rien, petit frère, répliqua froidement la cercle 2. Je ne protège pas cet abruti particulièrement, je protège mes intérêts et ceux d’Abta.

Sur ce, toujours à la même vitesse irréelle, elle ramassa Kurtis et s’éloigna des chasseurs de primes. Gérald siffla dans ses doigts et quelques secondes après un cheval vint au galop avec un non gradé terrorisé sur son dos.

— Emporte moi cette loque, ordonna le vieil homme.

— B-bien, balbutia l’homme.

Un masque de rage sur le visage, Kaufman hurla à plein poumons vers sa sœur :

— Je ne sais rien ? Alors explique toi bordel ! Explique pourquoi tu nous as abandonné ? Explique pourquoi tu as voulu me tuer ? C’est trop facile !

Aucune émotion n’apparut sur le visage de l’intéressée, qui se contenta de fixer froidement ses adversaires.

Mandra s’avança et posa sa main sur l’épaule de Kaufman.

— Laisse tomber mon petit. C’est une charogne égoïste et sans émotions. Tu veux des explications de sa part ? Je vais te les chercher.

Elle se rua sur Anita, les yeux brûlants d’une lumière dorée.

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