Chapitre 10 - Confrontation

5 minutes de lecture

- Il va venir aujourd'hui! Je suis tellement heureuse!

En effet, c'était le lendemain du bal que le fils du gouverneur devait venir chercher son véhicule au garage Pane. Quand elle l'avait su, Léana avait bondit de joie. C'était comme si le ciel lui envoyait un signe, comme s'il était bel et bien l'homme de sa vie. On lui offrait une nouvelle chance de le revoir, elle n'allait certainement pas la laisser filer!

Mélody était bien moins enjouée de cette visite, ainsi lui laissait-elle avec plaisir le soin d'accueillir ce client difficile. Et de toute façon, elle était bien assez occupée à réparer une machine agricole dans un état déplorable.

Lorsque Lysandre entra dans le hangar, c'était comme si son humeur redevenait celle de la veille, alors qu'il sermonnait avec vivacité la mécanicienne. Il ne prit même pas la peine de saluer la jeune fille blonde devant lui.

- Mon véhicule, s'il vous plait, dit-il d'un ton monocorde, cette marque de politesse lui arrachant presque la langue.

- Tout de suite, Monsieur Eudon, fit Léana toujours avec son immense sourire.

Elle alla chercher ses clés et l'accompagna, cherchant désespérément à ce que le jeune homme pose enfin les yeux sur elle. Mais Lysandre était bien trop occupé à consulter son téléphone portable, symbole de la richesse de sa famille.

- Tenez, tout est en ordre, et la révision a été terminé ce matin par ma sœur.

- Très bien, je vous remercie, continua-t-il toujours sans aucune intonation.

Léana était quelque peu désarçonnée, mais décida d'entrer directement dans le vif du sujet

- Et sinon, votre soirée d'hier, tout s'est passé comme vous le souhaitiez? questionna la jeune fille innocemment.

Lysandre commença par hausser les épaules, ne prêtant pas plus attention à Léana.

- Parce-que, nous sommes vraiment désolé de vous avoir fait faux bon hier soir... Le jeune homme ne l'écoutait qu'à moitié, mais à l'évocation de la jeune fille, son cerveau tilta instantanément.

- Vous voulez dire... Que c'était vous, hier, avec votre soeur, qui êtes parties comme ça, d'un coup?

Léana jubilait de le voir ainsi surpris, de l'avoir enfin retrouvé. C'était lui, elle en était certaine, qui l'aimerait jusqu'à la fin de ses jours.

- Oui, c'est bien nous, répondit-elle en lui offrant son plus beau sourire. Je vous prie d'excuser ma sœur, nous avons dû quitter votre somptueuse fête car elle souffrait d'une indigestion, mentit-elle pour se justifier.

Lysandre n'en revenait pas. À peine avait-il décidé de rechercher la mystérieuse jeune fille qu'il la trouvait ici, par hasard. Pourtant, il avait un mauvais pressentiment.

- Je vois... Et donc, où est votre sœur? demanda-t-il en ne faisant plus vraiment attention la la blonde.

- Mélody? Elle est juste là bas, répondit Léana en indiquant la brune dans le fond du hangar. Mais je pense que sont travail ne doit pas beaucoup vous intéresser, tenta-t-elle de le détourner.

Lorsqu'il la vit, tout son corps se figea et son cœur s'arrêta de battre un instant. La jeune fille était penché a l'intérieur de la machine agricole, on ne voyait que ses fesses et ses jambes dépasser, vêtu d'une combinaison de travail bleu qui moulait son postérieur. Lysandre pouvait la voir remuer, elle devait peiner à démonter un des éléments de l'imposante machine. Quand elle s'extirpa de l'engin, le visage poussiéreux, elle essuya ses mains contre sa combinaison qu'elle portait nouée à la taille. Son buste était seulement habillé d'un débardeur noir mettant discrètement en valeur son décolleté. Ses cheveux brun étaient ramené en une longue tresse lui arrivant en bas du dos, quelques mèches rebelles s'échappaient de sa coiffures et lui donnait un côté sauvage.

C'était elle. La jeune demoiselle qu'il avait vu lors de la soirée se dérober à son contact. Mais c'était aussi la mécanicienne qui l'avait si mal reçu quelques heures avant la réception. Il pouvait la reconnaître même si ces tenues avait été totalement différentes.

Mélody se redressa et jeta un œil dans leur direction. Quand elle s'aperçut que le fils du gouverneur se trouvait aux côtés de sa sœur, elle attarda son regard sur eux afin de s'assurer que le jeune homme n'importunait pas Léana. Le sourire qu'affichait la blonde confirma ses doutes, elle était toujours raide dingue de cet éphèbe. Mélody vit que Lysandre la fixait, elle décida alors de soutenir son regard.

Le jeune homme était à tomber, c'était indéniable. Ses cheveux blonds bien coiffés était bien moins gominés que la veille, ce qui le rendait bien plus naturel. Son regard bleu azur semblait s'insinuer à l'intérieur de l'âme de la jeune fille, ce qui commençait à la rendre mal à l'aise. Il était vêtu d'une impeccable redingote et Mélody voyait ses mains gantées se crisper petit à petit sur le pommeau de sa canne, simple élément d'apparat car il n'en avait pas eu besoin la veille.

Ce face à face dura tant que la brune décida d'aller directement se confronter à son client. Elle s'approcha d'eux, resserrant le nœud des manches de sa combinaison, et s'arrêta juste devant lui.

- Bonjour monsieur, commença-t-elle sur un ton poli mais acerbe. Un problème avec votre véhicule? demanda-t-elle en s'attendant à ce qu'il repique une crise comme la veille.

Lysandre fut prit au dépourvu devant l'assurance de la jeune fille. Il tenta de reprendre une contenance avant de répondre.

- N... Non, finit-il par bredouiller.

Mélody ne répondit rien, s'amusant de le voir ainsi déstabilisé, mais il profita de ce silence pour reprendre du poil de la bête.

- Je ne vous remercie pas, dit-il enfin en faisant face à la jeune fille. Compter sur moi pour prôner votre manque de professionnalisme à toutes mes connaissances!

Non mais, pour qui se prenait-elle? Malgré son incroyable attirance pour cette mécanicienne, Lysandre n'allait tout de même pas se laisser traiter de la sorte. Mais le pire, c'est qu'il semblait apprécier ces échanges piquants, si différent de ses autres relations.

Ce fut au tour de Mélody d'être désarçonnée, mais son caractère reprit rapidement le dessus.

- Nous n'avons que faire de votre mauvaise publicité, railla-t-elle. Notre réputation n'est plus à faire sous le dôme 348 et ailleurs, alors je vous prie de m'excuser, mais j'ai encore du travail!

Elle se retourna et se dirigea vers la machine qu'elle réparait, n'accordant plus aucune attention à son client et à sa sœur, replongeant dans les profondeurs de la mécanique.

- Comment osez-vous? fulmina Lysandre. Savez-vous au moins qui je suis?

Mélody ne prit même pas la peine de se redresser pour répondre. Sa voix résonnait contre le métal.

- Je sais très bien qui vous-êtes, et cela ne changera strictement rien.

Elle sourit mais personne ne pouvait le savoir. Lysandre restait la, vexé. Il arracha ses clés des mains de Léana et prit place à l'intérieur de son véhicule. La blonde ne comprit pas le comportement du jeune homme et son sourire s'effaça instantanément, voyant son futur époux fuir comme elles l'avaient fait la veille.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Cyrielle Joannard ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0