Chapitre 7 - Disparition

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Ce n'était pas possible. Sur tous les hommes du dôme, il fallait que ce soit lui.

Mélody n'avait pas reconnu tout de suite le gentleman aux côtés de sa jeune sœur mais dès qu'ils s'approchèrent, son sang ne fit qu'un tour. Ces cheveux blonds gominés, ces yeux bleus perçant... c'était bel et bien son dernier client de l'après midi, celui qui s'était montré particulièrement agréable devant le planning surbooké du garage. Et il fallait que Léana s'amourache de cette enflure.

Car Mélody connaissait ce regard, celui que sa sœur jetait avidement sur le jeune homme. Bien plus que charmée, elle était totalement envoûtée par lui. Léana était coutumière du fait, elle tombait bien trop facilement amoureuse et le plus souvent de garçons qui prenaient bien peu soin d'elle. Aux termes de ces idylles vouées à l’échec, elle terminait au trente sixième dessous et Mélody s'occupait d'elle comme elle le pouvait, jouant le rôle de grande sœur et de maman à la fois.

- Bonjour, monsieur. Enchantée de faire votre connaissance, arriva-t-elle à bredouiller en reprenant une contenance.

Ses yeux azurs s'étaient rivés aux siens, ne la lâchait pas une seconde. Mélody se sentait terriblement mal à l'aise même si elle ne voulait pas perdre la face devant ce jeune homme.

- Tout le plaisir est pour moi! répondit-il en lui offrant un sourire charmeur.

Elle n'avait pas écouté la fin de la phrase, car le ton de sa voix venait de confirmer toutes ses craintes. Malgré ses tournures de phrases tout à fait charmantes, son ton envoûtant et ses manières de gentleman, elle ne voulait pas laisser sa jeune sœur dans les bras de ce grossier personnage.

Certes, elle ne l'avait vu qu'une seule fois, et tout le monde peu très bien avoir ses moments de mauvaise humeur. Mais Mélody avait tout de même ce mauvais pressentiment qui lui intimait de fuir le plus rapidement possible.

Au moment ou le jeune homme posa délicatement ses lèvres sur le dos de sa main, Mélody trésaillit. Il fallait absolument qu'elle sorte sa sœur des griffes de ce gentleman beaucoup trop beau pour être vrai. Parce qu'il fallait le reconnaître, même masqué, il était plutôt agréable à regarder. Mais il ne fallait pas qu'elle pense à ça.

Il lui fallait trouver une issue. Et vite.

- ... il me tarde de vous connaître un peu mieux.

Ce fut les derniers mots qu'elle entendit sortir de ses lèvres charnue.

- Ah, euh... C'est vraiment dommage, car nous devons y aller ma sœur et moi. C'est que nous avons du travail, demain!

Elle avait voulu se montrer digne, soulevant bien le fait qu'elle même gagnait sa vie à la sueur de son front et non en étant l'héritière d'une grande famille.

Mélody agrippa sa soeur par le bras et l’entraîna vivement à travers les couloirs, puis dans les jardins. Elle attrapa également le téléphone dans sa pochette et composa rapidement le numéro de son père.

- Salut Mélo, ça se passe bien? entendit-elle à l'autre bout du fil. Ne me dit pas que tu veux déjà rentrer!

- Salut Papa! À vrai dire, je ne me sens pas très bien, et je crois bien que Léana a un peu abusé sur la boisson. Tu peux venir nous chercher, s'il te plait?

- Ah... dit-il un peu déçu. Très bien, j'arrive!

Il raccrocha. Mélody savait que son père allait mettre un peu de temps à arriver, ainsi aurait-elle le temps de tout expliquer à Léana. Elle espérait qu'elle comprendrait, même si elle devait déjà certainement lui en vouloir à mort. Sa jeune sœur s'agitait et tentait de se libérer, s'énervant contre son aînée mais en vain. Elle la tenait bien trop fermement.

- Attendez, Mesdemoiselles! attendez!

En se retournant rapidement, Mélody vit que le joli cœur était à leur poursuite. Décidément, il ne lâcherait jamais l'affaire. Elle accéléra, traînant toujours sa soeur derrière elle, et décida enfin d'abandonner ses belles chaussures à talons afin de courir bien plus aisément.

Devant elle se dessinait enfin les grandes arabesques du portail en fer forgé. Mais aucune voiture à l'horizon. Profitant d'un virage qui les dissimulerait temporairement à leur poursuivant, Mélody décida de se cacher à l'intérieur d'un imposant bosquet d'arbre. L'obscurité était sa meilleurs alliée, mais le silence était troublé par les vocifération de Léana.

- Mais qu'est ce que tu fabriques, enfin? fulminait-elle. C'était lui, je le sais! Mon prince charmant, mon futur mari! Maintenant tout est fichu.

- C'est ce que tu dis à chaque fois que tu rencontre un garçon, alors un de plus...

- Mais il est différent! Il est prévenant, attentif, intéressant, et qu'est ce qu'il danse bien! continua-t-elle en se calmant, des étoiles naissaient petit à petit dans ses yeux.

- Chut, il arrive.

En effet, le jeune homme arriva à leur niveau sans les voir et continua sa route en direction du portail. Ne voyant personne, il se dirigea vers la petite cabane ou se trouvaient toujours le majordome et les deux vigile. Il devait certainement les interroger sur leur compte.

- C'est ridicule, reprit Léana, je vais le rejoindre.

Elle fit mine de se lever, mais Mélody fut plus rapide qu'elle et l'attira vivement contre elle. Un peu trop vivement d'ailleurs, puisque sa sœur tomba en arrière et percuta violemment sa tête contre l'arbre juste derrière. Inconsciente, elle atterri dans l'herbe humide. Le bruit du choc avait bien entendu fait se retourner les quatre hommes vers le portail, qui regardèrent insidieusement dans l'obscurité.

- Il ne manquait plus que ça! chuchota Mélody.

Un bruit de moteur retenti au loin, reconnaissable entre mille. Simon allait arriver d'une minute à l'autre. Il fallait qu'elle se tienne prête à quitter sa cachette et à rejoindre la route le plus vite possible, tout en portant le poids mort qu'était sa sœur.

Alors que le jeune homme regardait toujours dans leur direction, la voiture de Simon apparu devant la grille. Mélody attrapa sa sœur et la positionna sur son épaule, lui promettant de lui rappeler de se mettre au régime elle aussi.

Puis elle s'élança.

Jamais elle n'aurait cru courir aussi vite. Il lui fallait dévaler une pente herbeuse, puis quelques mettre afin de rejoindre le chemin pavé et enfin la route.

Son poursuivant la vit arriver vers lui comme une trombe et ne comprit pas tout de suite. Ce moment de confusion permit à la jeune fille d'atteindre la voiture de son père avant même qu'il n'en descende. Elle déposa sa sœur sans aucune douceur sur le siège arrière et pris place à l'avant. Son sac entrouvert ou elle avait glissé son téléphone se déchargea d'un poids sans qu'elle s'en rende compte.

- Démarre! hurla-t-elle à son père.

Malgré son incompréhension, Simon s'executa et accéléra même lorsqu'il s'aperçut qu'ils était toujours poursuivit. Mais malgré son ancienneté, sa voiture parvint rapidement à semer ses poursuivant.

Il n'y avait plus aucun traces du passage des deux jeunes filles. À part une paire de talon aiguille, quelque part dans les jardins, comme dans un conte de fée.

Et la ou se trouvait la voiture, un petit objet brillait, sur le sol.

Un tournevis.

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