CHAPITRE 1

13 minutes de lecture

La jeunesse est une douleur en manque de compréhension (Daniel Balavoine)

Aeroport de Carcassonne, 15 juillet, 9h30

  • La voilà ! s'écria Antoine.

Il venait d’apercevoir sa valise rouge tomber parmi les bagages sur le tapis roulant. Aussitôt, il se précipita pour l’attraper.

Sa sœur, plus grande d’au moins une tête, vint l’aider. Il la gratifia d’un merci furtif. Le dernier sac enfin sur le chariot, Simone le poussa vers le hall des arrivées. Elle posa son regard cobalt sur son frère :

  • Allez Toine, remue-toi ! Elle va encore péter un câble sinon.

« Elle » c’était leur mère. Celle qui a eu la lumineuse idée de l’appeler Simone. Un nom de grand-mère avant l’heure. La jeune fille soupira. Et dire qu’elle allait devoir se taper ce prénom toute sa vie, maugréa -t-elle. Voilà trois semaines qu'ils ne l’avaient pas vue et, Simone avait vécu cette période comme une grosse bouffée d’oxygène, un moment paisible dans sa vie où rien ne venait déranger ses envies. Heureusement, d’ici quinze jours, elle retournerait à Lille. Elle se souvint de son monde d’avant, lorsqu’elle attendait les vacances d’été avec impatience. A présent, elle préférait l’univers du lycée, entourée de ses amis ou bien plonger dans l’histoire de France avec ses châteaux romanesques. L’histoire de France avec ses mésaventures et trahisons d'antan lui permettait d’estomper de sa mémoire ses propres déboires. S'immerger dans ces drames royaux lui avait offert cette échappatoire qui oignait ses blessures sans pour autant les guérir. Lors du drame familial qui avait lacéré sa famille, elle avait choisi de vivre avec son père, plus conciliant, plutôt que de rejoindre sa mère et son nouveau mari à Paris. Supporter ce couple fusionnel un week-end sur deux lui semblait déjà très difficile. C’était peu dire que de passer deux semaines de vacances avec ces deux-là relevait du défi ultime. Là en étaient ses pensées lorsqu’à contrecœur, elle franchit le sas de sortie, son frère sur les talons.

Dès ses premiers pas dans le hall des arrivées, le brouhaha des accueillants lui agressa les oreilles. Un enfant courut vers une vieille dame en lui criant un « mamy » strident ; une jeune fille pleurait dans les bras d’une femme d'âge mûr qui lui ressemblait terriblement. Un homme aidait une mère et ses bambins à pousser un chariot où valises et sacs à dos jouaient à celui qui vaincrait la loi de l’apesanteur. Les enfants autour d’eux étaient tout sourire. Le bonheur des gens lui crachait à la figure ; « Regarde Simone comme les retrouvailles c’est cool ! Regarde nos yeux rieurs, notre envie de vivre ! Regarde !

Mais moi, bougonnait Simone, gamine de seize ans, je ne veux pas de ces retrouvailles à l’eau de rose, de cette mascarade ! Et voilà que cet idiot de Toine se mêle à celle-ci en rejouant la scène du gamin ! »

  • Maman, s'écria-t-il en courant vers sa mère qui lui ouvrait grand les bras.

Les lunettes de soleil relevées sur la tête où de longs cheveux bruns s’étouffaient en un chignon bas, la jeune femme arborait un sourire franc en voyant arriver ses enfants.

Simone leva les yeux au ciel en soufflant. Allez, se dit-elle, go pour la mascarade !

  • Mes amours, comme je suis contente que vous soyez là ! Vous avez fait un bon voyage ? s’inquiéta Valérie en embrassant furtivement sa fille, tout en ne lâchant pas la main de Toine.
  • Salut maman ! Tu sais 1h30 de vol c’est pas la mort.

Elle reprit en cherchant autour d'elle: Où est Max ?

  • Max est dans la voiture. Vite ma belle, il faut vraiment se dépêcher, on va être en retard.

Non sans nonchalance, Simone emboîta le pas de sa mère. En à peine un an, Valérie Braumercier était devenue une vraie parisienne ; une femme pressée, stressée, allant de rendez-vous en rendez-vous, coincée dans les embouteillages, toujours à courir contre la montre. Pff ! Si c’est une vie ça ! maugréa Simone qui suivit le mouvement, incrédule.

Dès la sortie de l’aéroport, une chaleur accablante vint lui engourdir la nuque. Quelle fournaise ! Elle avait bien lu les infos prédisant une vague caniculaire sur la région de Carcassonne, mais elle n’imaginait pas cuire sur le parking à ce point. La petite tribu se dirigea vers une grosse berline noire de location. Un homme grand à l’allure sportive les attendait. Fidèle à lui-même, Max aida son épouse à mettre les bagages dans le coffre.

  • Va t’asseoir chérie, je m’en occupe. Salut les jeunes !

Toine lui fit un check de la main. Simone le regarda furtivement en lui murmurant un « Hello Max » à peine audible puis, entra dans la voiture. Pfff ! Ca va encore être une ambiance de dingue ces vacances, grommela Max avant de s’installer au volant.

Un silence monastique plombait l’habitacle. Max le rompit :

  • Alors les jeunes, ça roule ? demanda-t-il en jetant un œil dans le rétroviseur central.

Il remarqua la mine blasée de sa belle-fille. Il allait l’interpeller lorsque Toine stoppa son élan :

  • Je suis crevé ! J’ai juste envie d’une bonne douche et d’une sieste bien « crapulax » !

Toine joignit alors le geste à la parole en s’enfonçant un peu plus dans son siège, faisant mine de s’endormir. Valérie se tourna vers l’arrière pour parler à ses adolescents.

  • Ça ne sera pas pour tout de suite, la douche. On n’est pas à Carcassonne pour dormir ! Il y a tellement de belles choses à voir ici !

La climatisation pouvait être à son maximum, l’air devenait suffocant. Est-ce l’ambiance ultra tendue dans un si petit espace qui en était la cause ou la canicule qui s'immisçait à l’intérieur ?

  • Oh non, maman ! On vient d’arriver ! On s’est levé super tôt ! C’est les vacances quoi !

Toine souffla en prenant son air renfrogné de bébé grincheux bien loin de ses quatorze ans. Il faut dire que son petit mètre quarante-cinq, sa bouille toute ronde et ses grands yeux bleus ne jouaient pas en sa faveur pour arborer une allure virile.

Max, déjà agacé par leur manque d’engouement à leur arrivée, ne put se contenir :

  • Franchement, à ton âge, on est pas fatigué pour si peu ! T’as pas fait vingt kilomètres à la nage, mon garçon.
  • Je ne suis pas un de tes sportifs, Max !
  • Et bien, heureusement pour toi !

Valérie tenta alors de détendre l’atmosphère :

  • Ok ! On va tous se calmer. Je suis sûre que ça va vous plaire. Je nous ai inscrits à un programme de trois jours d’excursion pour visiter les châteaux cathares de la région.

Valérie marqua une pause. Elle attendait une réaction de la part de ses enfants mais en vain ; pas un mouvement, pas même un battement de cil. Cette surprise ne faisait décidément pas sensation. Dans la voiture, l’air devenait irrespirable. Elle reprit d’une voix qu’elle voulait enjouée et légère :

  • On a rendez-vous au pied de la cité médiévale de Carcassonne. Puis, on monte vers les hauteurs pour visiter les châteaux de Lastours. On y déjeune et on file avec le groupe vers Cucugnan. C’est un tout petit village dans une vallée surplombé par un joli château. Mais avant de le visiter, vous pourrez vous reposer car la visite du village et du château, c’est pour demain. Tu vois, ta douche et ta sieste ne sont pas si loin, finit-elle en souriant.

Simone réagit enfin :

  • Le groupe ? Comment ça ?

Ah de l’intérêt ! supputait sa mère :

  • Oui, ma belle ! On a rendez-vous à 11h pour prendre le car avec un groupe de voyageurs et notre guide.
  • En car ! On va voyager en car ! Par cette chaleur ! Maman, franchement, t’as pas une idée plus merdique que celle-là à proposer ?
  • Ça suffit !

Les mots de Max cinglèrent dans la voiture comme la fin d’un round.

  • Tout est calé ! Donc pas le choix pour vous ! Vous suivez un point c’est tout !

Il prit la main de sa femme et lui décocha un petit sourire complice qu’elle connaissait bien et qui signifiait : « T’inquiète pas ! Ca va aller ». En croisant son regard triste, il lui murmura un « Je t’aime » presque inaudible qui ressemblait plus à un signe d’encouragement qu’à une déclaration d’amour.

Le silence reprit possession de l’habitacle, chacun dans ses pensées. Toine se demandait quand arriverait enfin le moment de jouer à Fornite. C’était chiant de ne pouvoir utiliser son abonnement parce qu’il se trouvait au milieu de nulle part. Valérie ruminait. Encore une surprise qui tombait à l’eau. Elle ne comprenait plus ses enfants, surtout sa fille. Super pour la nouvelle Françoise Dolto, comme la surnommait encore le journaliste du Parisien, la semaine dernière. Quant à Simone, elle se renfermait dans son mutisme. Pfff ! Au revoir la plage, au revoir les moments calmes ! Bonjour l’ennui et bonjour l’ambiance !

Et Max ? Max, sous son allure stoïque, se contenait. S’il pouvait se laisser aller, ce serait tout un torrent d’insultes et de reproches qu’il aurait vomit. Comment pouvait-on être aussi odieux avec Valérie ? Pourquoi ne voyaient-ils pas ce que lui avait remarqué depuis longtemps ? Une femme magnifique, intelligente, drôle, avec le cœur sur la main. Une femme qui, souvent, s’oubliait pour les autres.

Lorsqu’il avait fait sa connaissance trois ans plus tôt, dans les coulisses de France 2, il ne lui avait fallu que quelques secondes pour que son intuition lui fasse comprendre que cette femme changerait sa vie. Lui participait à une émission sur le rugby en tant que consultant paramédical. Quant à elle, elle était un peu stressée pour sa première participation comme consultante à l’émission quotidienne de l’après-midi. Il ne pourrait jamais oublier cet instant. Immobile devant la machine à café, elle marmonnait des paroles incompréhensibles en triturant son foulard.

  • C’est la première fois, n’est-ce pas ?

L’inconnue avait levé des yeux clairs vers lui en souriant.

  • Ça se voit tant que ça ? Si vous l'avez remarqué, alors tout le monde le verra ! Je vais bafouiller...
  • Ne vous inquiétez pas, vous allez y arriver et le public va vous adorer, j’en suis certain. Si vous voulez, on en reparle juste après ?

Il lui avait tendu sa carte dans l’espoir qu’elle le rappelle avant de rejoindre le studio. En s’éloignant, Max n’avait nul besoin de se retourner pour que naisse l’intime conviction qu’un regard interloqué suivait ses pas. Il se doutait bien qu’elle ne le rappellerait pas tout de suite mais elle le ferait et il serait patient. Ce jour-là son intuition lui criait que cette femme allait conquérir le public comme elle lui avait étreint le cœur, d’un seul regard et d’un seul sourire.

Max ne s’était pas trompé. En trois ans, Valérie avait pris une place maîtresse dans l’émission et il ne se passait pas un mois sans qu’un article dans la presse ne parle d’elle. Tout le monde l’aimait et la respectait. Tout le monde sauf les personnes qui lui importaient le plus. Il n’arrivait pas à comprendre pourquoi un tel fossé s'était creusé entre elle et ses enfants.

Simone, les yeux fermés et les écouteurs dans les oreilles, ruminait ses pensées au rythme du dernier album de Bruno Mars. Le changement d’allure de la voiture la fit sortir de sa bulle. Max se gara sur un parking qui grouillait déjà de touristes. Quelques centaines de mètres plus loin, stationnaient deux cars rouges avec l’enseigne « Bertrand Voyage » écrit en blanc. « Oh merde ! se dit-elle, me voilà officiellement touriste juilletiste ! »

  • Allez ! on sort !

Sur ces mots, Max claqua la portière pour aller ouvrir le coffre de la berline. Toine, qui s'était assoupi, ouvrit les yeux en marmonnant un « Déjà mmm » et s’étira bruyamment. Valérie scruta quelques instants sa fille via le miroir de courtoisie. Comme elle est devenue belle, se dit-elle. Leurs regards s’accrochèrent, juste quelques secondes, mais suffisamment pour que la froideur des yeux de sa progéniture puisse lui lézarder le cœur. Se retrouver en plein milieu d’une tempête antarctique aurait été plus doux que de faire face à cet iceberg qu’elle esquiva en sortant de la voiture. Valérie ne se sentait pas capable de l’affronter. Elle voulait cacher au plus profond d’elle-même sa tristesse et son désespoir. Si son mari se rendait compte à quel point la réaction de sa fille la perturbait, il risquerait d’exploser de colère, envenimant d’autant plus la situation. Était-ce possible qu’elle, la pédopsychiatre de renom, soit si désemparée devant ses propres enfants ? Elle vivait de plein fouet l’adage « Aux cordonniers les plus mal chaussés ».

Antoine cherchait du réseau en tenant son smartphone à bout de bras tout en gesticulant.

  • Arrête Toine, lui dit sa mère. Ce n’est pas en te tortillant comme ça que le réseau va revenir.
  • Mammm, j’vais rater mon rendez-vous pour la partie. J’avais dit à Triowinner que je le défierai à 11h sur Galaxy on Fire !
  • Chou, il n’y a pas que les jeux dans la vie.
  • Mamm’s, c’est pas cool ! Franchement !

Toine abdiqua et partit, les bras ballants, le smartphone à la main.

La chaleur devenait accablante. Pas une seule brise ne vint soulager les touristes qui se préparaient à l’excursion. On entendait au loin un groupe d’enfants qui riait. Ça chahutait et ça criait. Des animateurs, à peine plus âgés que Simone, tentaient de les calmer et de les mettre en rang. Simone, qui était enfin sortie de la voiture, râla :

  • Et en plus il y a des gamins ! Super les vacances !

Elle avait décidé de ne pas se laisser faire. Cette fois-ci, y en a marre ! maugréa-t- elle. La colère grondait en elle au point de lui donner mal au ventre. Simone ne pouvait plus supporter d’être traitée comme une petite fille, et, du haut de son mètre soixante, elle se sentait prête à défier sa mère.

Valérie, qui commençait à avoir les nerfs à fleur de peau, lui rétorqua :

  • Et alors ? Il n’y a pas si longtemps, tu avais leur âge ! Les enfants, c’est la vie, c’est ce qu´il y a de plus beau ! Regarde comme ils s’amusent ! Comme ils sont heureux de vivre une belle aventure.
  • Ah oui ! Eux, ils sont heureux de voir des ruines sous cette canicule ! C’est des gamins, maman ! Ça crie et, à l'occasion, ça pue ! À coup sûr, il y en a un qui va lâcher une caisse ou rendre son dej ! Pas question que je monte avec ces mioches !
  • Arrête Simone ! Tu vas trop loin. Tu n’es pas obligée de t’opposer à tout, tout le temps.

Valérie s’approcha de sa fille avec la ferme intention de percer l’abcès une fois pour toute. En quelques secondes, elle avait envoyé valser sa bonne résolution de jouer profil bas. Il était hors de question de laisser Simone gâcher l’escapade de toute la famille.

  • Simone, pourquoi réagis-tu comme ça ?
  • Mais tu vas arrêter de m’appeler par ce prénom de grand-mère ! Putain, je déteste çà ! Mes amies m’appellent Monie !
  • Reste polie, ma fille ! Tu as le prénom de deux femmes extraordinaires qui ont fait beaucoup pour la cause féminine et notre liberté.
  • Ouais ouais, répondit Simone en hochant la tête, tu vas me la ressortir combien de fois cette histoire ? Je m’en fous moi de Simone de Beauvoir et de Simone Veil ! Heureusement que tu ne m’as pas appelé Françoise !

Le cœur de Valérie battait à cent à l’heure. Elle détestait cette sensation où sa poitrine semblait trop étriquée au point de ne pouvoir le contenir. Voilà certainement la signification de l’expression d’en avoir gros sur le cœur.

  • Peu importe le surnom que tes copines t’ont donné ! A la maison, tout le monde continuera de t’appeler Simone. Tu es ma fille et j’ai choisi ton prénom en connaissance de cause. Arrête d’en faire toute une histoire. A ce que je sache, je ne t’ai pas appelé Mandarine, Vanille ou Cassiopée ! Tu portes le nom de la liberté.
  • Ouais et bien la liberté, pour moi, c’est pas ça !

L’adolescente toisa sa mère et s’approcha d’elle doucement. Leurs visages se touchaient presque. Valérie sentait son souffle sur la joue. Un instant, elle se souvint des moments de plénitude qu’elle ressentait lorsque, le soir, elle donnait le dernier biberon à sa fillette en humant ses cheveux. Jamais elle ne pourrait oublier cette odeur si particulière. Sur ce parking brûlant, on était si loin de ces souvenirs magiques où la petite Simone s’abandonnait, confiante, dans les bras maternels. Le rapprochement d’aujourd’hui transpirait l’animosité et la rancœur. Surtout ne pas fuir ! Surtout tenir tête ! s’avisa Valérie en soutenant le regard de sa fille.

  • Maman, tu parles toujours de liberté, de bienveillance mais tu ne vois pas que nous, tes enfants, on est esclaves de ta propre liberté ? Tu nous imposes ta vie, tu fous en l’air la nôtre ! Tu es une égoïste ! Tu es une menteuse, avec toutes tes théories éducatives !

La douceur de la voix de Simone tranchait avec son attitude insolente et agressive. Alors arriva l’impensable, l’inimaginable de la part de la patiente Valérie Braumercier. Son bras s’écarta de son corps en un demi-cercle, comme pour prendre tout l’air possible et, dans cet élan, en une fraction de seconde, sa main claqua sur la jolie pommette juvénile. Simone venait de recevoir la première gifle de sa vie.

Aussitôt l’acte accompli, Valérie regretta son manque de contrôle. Pourtant, elle devait bien se l'avouer, quel soulagement ! Toute cette frustration et toute cette colère accumulées depuis des mois enfin libérées dans ce geste violent, presque salvateur pour sa santé mentale.

Elle n’avait jamais levé la main sur aucun de ses enfants et elle prônait la non- violence en toutes circonstances. Pour elle, frapper, que ce soit par punition ou manque de contrôle, incarnait le pire des échecs.

Simone, stupéfaite, la joue encore rougie par le soufflet, vociféra :

  • Je préfère les gamins qui crient et qui puent plutôt que de rester avec toi !

Elle prit son sac à dos et courut vers le dernier car où les moniteurs faisaient monter, un à un, les enfants de la colonie.

Max et Toine, qui avaient assisté à cette scène surréaliste, restaient immobiles dans un silence pesant. Le beau-père reprit ses esprits en premier :

  • Toine, tu peux rejoindre ta sœur dans le second car, s’il-te-plaît ? Je pense qu’il vaut mieux qu’elle ne soit pas seule. Il y en a pour une heure avant d’arriver au premier château. La tension va se tasser. T’inquiète pas.

Il lui fit une tape sur l’épaule et lui donna son sac.

  • D’ac, Max.

Toine s’éloigna, non sans dévisager sa mère avec un étonnement à peine dissimulé. Valérie demeurait stoïque. Seuls ses yeux humides trahissaient son émotion. Max l'enlaça. Elle paraissait si petite avec cet homme qui la serrait. Engloutie par cette force masculine, sa fragilité s’accentuait. Elle ferma les yeux et sentit le parfum rassurant de son mari, un mélange de cèdre et menthe poivrée. Comme elle aimait cette odeur ! Comme ça l’apaisait ! Elle se retourna doucement pour blottir le visage contre cette poitrine virile. « Je viens de foutre en l’air quinze ans d’éducation positive en une seule seconde », murmura-t-elle en éclatant en sanglots.

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