Le cauchemar du Marchand de Sable

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Image de couverture de Le cauchemar du Marchand de Sable

Les choses changent si vite dans ce monde. Toute ma volonté quitte peu à peu mon être. Un jour, tout cela prendra fin… Je maudis le jour où elle m’a tendu la main. Je maudis le jour, où sa voix a bercé mon oreille pour me chanter ses louanges. J’ai été si naïf, si jeune. Tout mon être, réclamait toute la gloire que je méritais ! Je voulais plus et bien plus encore. À cette période je ne savais pas dans quoi je m’embarquais. Mais commençons par le commencement.

Jeune, je marchais dans les rues de ma ville en quête d’une vie meilleure. Pas un sou en poche tout ce que je voulais, c’est connaître la gloire. Vivre « Le rêve Américain ». Je passais mes nuits à déambuler dans les rues à la recherche d’un lit, un endroit chaud où me coucher. Mes journées étaient rythmées par chercher de l’argent, trouver de quoi manger, mais surtout dormir dans un endroit sûr, chaud, propre ! Je n’en pouvais plus ; dormir dans les centres d’accueil, passer toute sa journée à faire une queue, je ne trouvais pas ça très réjouissant ; simplement pour qu’une fois à l’intérieur de ces chambres, des types me rouent de coups pour trois francs six sous.

Pire encore, dans ces chambres, quand je parvenais à trouver le sommeil, entre trois ronflements du sale type du haut ; mes rêves de grandeur me dévoraient le ventre. Moi dans une grande maison. Moi couvert de billet. Puis je ne sais quel esprit venait me torturer ; mes rêves de luxure étaient très vite remplacés par quelque chose de très sombres de terrifiants. Je crois que, je suis la seule personne sur terre à faire ce genre de rêves, d’une telle atrocité sans nom.

J’ai vu ma mère se faire violer encore et encore ; tout en criant mon nom avec une voix déchirante. J’ai vu ma fille que je n’ai pas, naître, grandir puis mettre enlevé d’une façon ignoble. Toujours dans les cris, la torture et la souffrance. Tout ce que je voulais, c’était ne plus rêver, ne plus dormir ! Tous les problèmes s’envoleront. Plus besoin de chercher des coins pour dormir, plus besoin de se faire aspirer dans la spirale de l’enfer.

C’est alors que je l’ai rencontré. Belle, jeune, vers les coups de minuit. À ce moment-là, j’étais épuisé, je ne savais pas si j’étais en train de rêver dans une ruelle ivre morte où elle était bel et bien là, juste devant moi. Elle rayonnait comme un soleil. Mais ce qui m’avait le plus marqué, c’étaient ses yeux ! Il était d’un noir, ce noir profond ou malgré l'obscurité, on pouvait voir notre reflet. Elle avait un rouge à lèvres rouge sang. Elle était si belle, j’étais comme hypnotisé par sa beauté. Mon cœur palpitait dans ma poitrine. J’ai voulu passer mes mains sur mon visage, mais j'étais dans l’incapacité de bouger. Je me comptant de la regarder dans les yeux. Dans ce miroir où je me voyais danser, rire, pleurer…

Elle s’était mise à siffler comme un serpent. Mon reflet se tordait de douleur dans ses yeux. Moi, je ne bougeais pas, j’étais paralysé par ces images. Son rire avait secoué mon âme, j’en n’eus la nausée. « Viens, avec moi. J’ai entendu ta détresse » siffla-t-elle entre ses dents. Je ne pouvais pas dire non, ce n’était d’ailleurs pas une question.

Mes doigts s’étaient mis à bouger tout seul. Enfin, c’était ce que je croyais. Elle criait si fort, son rire me faisait grincer les dents. Tout est devenu si noir autour de nous. « Relève-toi, misérable » dit-elle en me tendant la main. Je relevais la tête pour l’observer. Encore aujourd’hui, je ne sais pas comment je me suis retrouvé recroquevillé sur le sol à ses pieds.

J’avais attrapé sa main et sa voix s’est faite plus mielleuse. « Me voilà, ici pour toi ! Je viens te délivrer de tous tes maux. Car moi seule peut répondre à toutes tes attentes ici-bas d’une façon instantanée. Je connais le moindre de tes désirs. Tous tes petits secrets, tous tes vices… Hum… Je vois en toi, tant de potentiel. Tu n’as qu’une chose à dire ! Qu’une chose à faire et je ferai de toi l’homme que tu as toujours voulu être. En commençant par te retirer ton bardeau, le sommeil. ». Mes yeux s’étaient illuminés. Je devais forcément être en train de rêver ! « Tu n’as qu’une chose à faire, prosterne-toi devant moi ». Il fallait juste que je me mette à genoux pour que tous mes cauchemars, j’arrête, pour que tous mes rêves soient exaucés. Je m’étais donc prosterné, lui prêtant allégeance tel un chien.

Le lendemain, je m’étais réveillé dans la même ruelle, arrosé par un magasinier. « Dégage gros tas » me cria-t-il. Ce n’était donc d’un songe ? Le manque de sommeil me jouait des tours. Pourtant, une semaine avait passé et je ne ressentais pas un signe de fatigue. J’avais une pêche d’enfer. Je profitais des longues nuits pour me promener. Qu’est ce que j’aimais marcher. Parfois, sur la route, je trouvais des petits billets, j’avais une bonne étoile avec moi. Je dormais dans des chambres d’hôtel à bas coût. Et un jour, par hasard, je m’étais acheté un billet de loto. Je me rappelle encore, j’étais dans cette chambre d’hôtel, et là, ma vie a basculé. Ticket gagnant cent millions d’euros. Les heures à attendre ont été les heures les plus insoutenables. Ces longues heures qui ont séparé ma vie de galérien en millionnaire. L’un des plus beaux jours de ma vie.

J’ai acheté la plus grande maison que je pouvais, les plus beaux meubles, j’ai mangé dans les plus beaux restos. J’ai convoité de très belles femmes. De nuit en nuit, elles défilaient dans mon lit sans que moi, je ne trouve pas le sommeil. Il s’était écoulé une année.

Cette année avait défilé à une vitesse folle. Une année sans fermer les yeux. Une année de pur délice. Mais l'année suivante, je commençais à avoir l’étrange sensation qu’une personne me suivait. Je me retournais sans arrêt dans la rue pour regarder au-dessus de mon épaule. Quand le malaise a commencé à prendre des proportions monstres, je m’étais pris un garde du corps, puis deux, puis trois. Mais rien n’arrivait à calmer mon angoisse. J’avais peur. Oui peur, mais peur de quoi ? J’avais été voir des médecins, qui avaient tous rejeté la faute sur mon manque de sommeil. J’avais essayé tous les traitements qui existaient, mais rien ne pouvait me faire dormir. J’ai essayé les drogues douces, puis plus forte. Pendant peu de temps, je quittais mon corps, mais chaque retour à la réalité était de plus en plus brutal. Mon corps me rejetait littéralement. Plus j’augmentais les doses, plus je me croyais mourir. J’agonisais dans mon château. La notion du temps m’avait quitté. Les secondes étaient éternelles. Je n'ouvrais plus les rideaux, jour, nuit, quelle importance quand on ne dort pas.

Jusqu'à ce jour ou cette nuit.

Elle est revenue. Sa langue de serpent a chatouillé mon oreille. Son rire m’a glacé le sang. « Tu es à moi » souffla-t-elle de son haleine fétide. « Maintenant, tu vas faire ce pourquoi, tu es destiné.

- Qu’est que vous voulez laisser moi tranquille !

- Qu’est que je veux ! Ce qui me revient » dit-elle en sifflant de rire.

- Je ne comprends pas…

- Tu as été choisi pour être le gardien du sommeil. Monsieur le Marchand de sable. C’est ton heure. »

Si seulement je pouvais revenir en arrière, si seulement je pouvais revenir à cette nuit-là où tout a basculé. Mais je ne peux pas. Pendant que vous êtes en train de rêver. Moi mon rêve, c’est de revenir à cette nuit ou malgré les périodes de doute, de douleur, j’avais un pouvoir sur ma vie. Je pouvais contrôler mes allées et venues. J’étais un homme libre… Si seulement je pouvais revenir à cette nuit…

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En réponse au défi

Le Sablier des Songes - Rêves & Cauchemars

Lancé par Eole

Lorsqu'on dort, lorsqu'on ferme les yeux, notre imaginaire fait apparaître deux étranges personnages : Le Marchand de Sable, et le Bonhomme Sept-Heures. Ces deux compères sont à l'origine des rêves, et des cauchemars.

Cependant, contrairement au Père Noël, et à l'autre ''Kangourou'' de Pâque ; ils n'ont le droit de fermer les yeux que quelques heures. De ce triste constat, une idée m'est apparu : Si on écrivait leurs songes ?

Mais, il serait trop simple à Sable de créer ses rêves, et à Pitch Black de miroiter ses plus grandes frayeurs. Voilà ainsi :

 - Pour le songe du Marchand de Sable, il faudra imaginer son plus grand cauchemar

 - Pour celui du Croque-Mitaine, son rêve le plus cher

Sur ces mots, faites de beau rêve, aujourd'hui comme dans cinq ans ; que ce défi vous inspire sans vous endormir

Commentaires & Discussions

La confession du Marchand de sableChapitre4 messages | 2 ans

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