L'âne du père Casahourgat

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L’âne du père Casahourgat

 

Le vieil homme grimaça. La douleur avait redoublé. Il se courba davantage, tenta de faire glisser les lanières des sacs pesants qui lui brûlaient l’épaule. N’y parvenant pas, il s’immobilisa au milieu du chemin. Son souffle court cherchait un rythme supportable. A chaque voyage, à cet endroit précis, c’était toujours le même rappel tragique. Il se découvrait vieux, vieux et fatigué, trop vieux et trop fatigué pour cette ascension.

D’un œil résigné il évalua ce qui restait à monter : le sentier poursuivait sa grimpette, sans espoir du moindre répit.

Le sac glissa de lui-même sur le sol. L’homme se rapprocha du vieux cyprès qu’il connaissait bien, s’appuya contre lui, laissa son odeur franche emplir ses narines. Les mêmes images s’emmêlèrent, sa jeunesse, Gustave le maraîcher toujours en tête du groupe, Robert le vigneron qui partageait sa cargaison pendant le trajet, et tant d’autres, disparus, partis, loin, vers la ville ou ailleurs. Un concert de clochettes tira le vieil homme de sa réflexion. Bruyamment un troupeau de brebis descendait dans sa direction.

-       Alors père Casahourgat, on fait une petite pause ?

Le vieil homme essoufflé n’avait pas le cœur à lever la tête. Mais la voix chantante d’Anatole le berger lui était familière.

-       j’ai plus tes vingt ans depuis longtemps mon gamin … ahana-t-il ...

-       Vous n’avez plus mes vingt ans, mais vous êtes toujours aussi matinal grand-père.

-       Mon gagne-pain c’est de monter ces sacs de sel qui me déchirent l’épaule. Si je veux redescendre avant la nuit, je dois partir à l’aube.

-       C’est plus de votre âge de porter un poids pareil, père Casahourgat, compatit le jeunot. Et le chemin est raide.

-       T’es un bon bougre de t’inquiéter de moi. Mais tu sais, c’est un commerce que les jeunes ne veulent plus faire. Ingrat et mal payé. Moi, je vis seul, sans personne avec qui parler, et j’ai besoin de cet argent …

-       Allez , allez Grand-père, ne me dites pas que vous avez si peu de bien que vous devez vous épuiser chaque jour sur ce chemin de cailloux ?

-       A toi je peux le dire petit, tu viendras pas me voler : j’ai des économies c’est vrai. Mais je compte vivre encore plus vieux que tu me vois. Tu auras cessé de trousser les filles du village que je serai encore là. Encore plus usé et encore plus chenu. Mais je pourrai plus faire ce chemin qui, lui, ne prend pas une ride. Alors je garde mes sous, je dépense rien. J’économiserai aussi longtemps que mes jambes me monteront jusqu’à Galluire et que je pourrai porter ces sacs de sel.

-       Achetez donc un âne, continua le berger après un instant. Un âne jeune ! Il portera vos sacs de sel, et même vous par-dessus le marché si vous le choisissez assez costaud.

Fier de son idée, les yeux brillants, il poursuivit :

-       Vous aurez un compagnon qui écoutera sans rien dire vos histoires – vous devez avoir tant de choses à dire - et gagnerez de l’argent encore longtemps sans vous fatiguer.

-       Un âne ! Mais il faudra m’en occuper mon drôle, le soigner, lui donner à manger… j’ai pas l’habitude de m’occuper des autres tu sais …je suis seul, depuis si longtemps ...

-       Prenez-le rude à l’usage autant que vaillant à l’ouvrage. Voilà mon conseil !

-       Ne me crois pas pingre, gamin, mais un âne … ça coûte cher.

-       Ca en vaut le prix ! S’il vous en coûte dix francs, il en rapportera cent. Allez au foirail de Lescar, dès demain. Vous trouverez celui qu’il vous faut, c’est certain. Mais allez-y tôt si vous voulez un costaud !

Anatole ne s’attardait jamais. Convaincu d’avoir accompli une bonne action, il salua le grand-père d’un signe de la main, et poursuivit son chemin en hurlant derrière ses brebis indociles.

Notre vieil homme chassa tout d’abord cette idée de sa tête. Il la trouvait bien incongrue. Une idée de jeune. Il avait retrouvé sa respiration à présent et repris la route. Mais l’image de l’âne lui revint, et le hanta. D’abord irréaliste, puis déroutante, compliquée, et pour finir, aguichante. Lorsqu’il parvint à Galluire, le vieil homme dut reconnaître qu’Anatole était au moins parvenu à lui rendre le temps de l’ascension moins long.

Toute affaire faite, délesté de ses sacs de sel, il redescendit plus rapidement que jamais. Le soleil ne cessa pas de briller au-dessus des crêtes. Il regagna sa chaumine d’un pas vif, poussa le portillon, grimpa le petit escalier et déboula directement dans la chambre. Glissant sa main sous le matelas de laine, il tapota, palpa, enfin retira, le cœur battant, une longue boîte en bois. Il souleva le couvercle, caressa les billets accumulés depuis tant d’années. Il n’avait jamais compté combien d’argent dormait là. Alors il fronça les sourcils, et dans un effort de concentration qui désormais lui coûtait beaucoup, il les étala sur le lit.

Deux cent trente, deux cent quarante, deux cent cinquante-cinq francs. Une grande satisfaction brilla dans ses yeux. Les économies d’une vie laborieuse, mais mesurée et économe. Au fond de la boîte il découvrit un objet enveloppé de papier : immédiatement il reconnut sa montre. Un montre en or, qu’il avait hérité de son père, qui lui-même la tenait du sien, qui lui-même … Le père Casahourgat ne se rappelait plus bien l’origine de la montre, mais ce dont il était sûr, c’était qu’elle constituait son héritage. Songeant qu’il n’avait personne à qui la laisser à son tour, il l’enfouit dans sa poche sans plus de réflexion, s’allongea tout habillé sur le lit de bois, et décida de s’endormir pour ne plus se poser de questions.

Au premier chant du coq, le vieil homme avait toujours les yeux grands ouverts. Il posa les pieds au sol, saisit son bâton, et fila sans attendre au marché de Lescar d’un pas décidé. Le foirail grouillait de monde, mais il n’y connaissait plus personne. Il passait tout son temps sur le chemin de Galluire.

Anatole avait raison. Des ânes, il en vit des dizaines. Des ventrus, des maigres, certains aux longues oreilles, d’autres à la queue coupée. Les prix étaient criés, entre deux cents et trois cents francs. Les vendeurs rivalisaient en boniments qu’ils s’envoyaient d’un  enclos à l’autre. Celui-ci proposait un animal qui pouvait transporter un quintal par voyage. La couleur de la robe d’un autre changeait avec les saisons. Un autre encore montait la côte à reculons.

« Qu’ai je à faire de ces balivernes ? », songea notre vieil homme. Il ne devait pas se tromper de bête. Il lui fallait choisir le bon, un animal vigoureux, capable de supporter le poids du sel, surtout les jours de pluies quand il se gorgeait d’eau. Alors, puisqu’il avait l’argent et le répéta à l’envi à tous les bonimenteurs, il entreprit d’ausculter avec sérieux les animaux qu’on lui proposa. Il tâta les jarrets, caressa les croupes, et compta les dents. Il trouva le plus robuste trop vieux, le plus jeune chancelant. L’un chantait au lieu d’avancer, l’autre avançait quand cela lui chantait. Un troisième n’avançait pas du tout. Le braiement de celui-ci explosait les oreilles, quand celui-là s’évanouissait au premier effort. Aucun ne parvint à le satisfaire, et même les vendeurs les plus aguerris finirent par renoncer à convaincre ce vieil homme,dont ils finirent par se demander s’il avait bien en poche l’argent dont il sa vantait.

Au bout de plusieurs heures d’une quête laborieuse, le père Casahourgat affichait une mine découragée. Rares étaient ceux qui remplissaient ses critères, et quand il en trouvait un, le moment de payer le prix le faisait reculer. A tant déambuler, tant flatter et tant hésiter, les meilleurs animaux s’étaient vendus, et le choix désormais restait maigre. Il parvenait en outre à l’extrémité du foirail, là où on cantonnait les marchandises qu’on s’échangeait en dernier.

Son œil déjà résigné remarqua toutefois un animal plus petit que les autres, malingre mais tout agité. Il balançait sa queue, et son œil vif et rieur tentait d’aguicher les rares passants qui eux ne lui prêtaient aucune attention.

Plus jeune, plus éveillé, mais frêle et oublié, il ne devait pas valoir bien cher.

Le vieil homme approcha l’animal, le détailla, évitant son regard suppliant. Il paraissait en bonne santé, ne présentait aucune malformation ni aucune plaie. N’eurent été sa petite taille et son aspect chétif, il aurait fait l’affaire. Le vieillard n’acceptant pas de revenir bredouille chercha du regard qui pouvait vendre ce genre d’animal. Mais personne alentour ne paraissait s’occuper de lui. Il se baissa, plissa les yeux, et déchiffra le prix annoté sur un petit carton posé à ses pieds : cinq cents francs.

-       Pardieu, jura t-il en se redressant comme si un insecte venait de le piquer. Cinq cents francs ? Pourquoi diable un animal si petit et si frêle vaudrait-il le double de ses congénères ?

-       Mais parce qu’il parle, s’entendit-il répondre.

Le vieil homme sursauta. Personne ne se trouvait à proximité, hormis le petit âne qui ne le quittait plus des yeux, piaffant et paraissant même sourire. Ses yeux animés abjuraient de croire l’inimaginable.

-       Tu …  tu parles ? bégaya l’homme soudain en regardant de tous côtés, inquiet que quelqu’un le vît s’adresser à une bête normalement stupide.

-       Oui je parle, répéta l’âne en articulant chaque syllabe.

-       Mais ça n’existe pas un âne qui parle ...

-       Alors pourquoi me réponds-tu ? Bien sûr que je parle. Je suis sûr, moi, que tu sais braire ! Je parle, et je suis à vendre petit veinard.

Sa queue s’agita de plus belle, manifestement heureux de la surprise produite.

-       A quoi peut servir un âne qui parle ?

-       A tenir compagnie à un vieil homme. Je suis sûr que tu vis seul. Je t’observe depuis un moment. Tout le monde t’évite, personne ne te fait la conversation. Ils ont peur que tu radotes, que tu parles de ta vie passée, de tes rhumatismes.  Achète moi, sors moi d’ici, et tu auras le plus attentif des compagnons.

-       Mais je n’ai pas besoin de compagnon !

-       Tout le monde a besoin d’un compagnon. Je t’écouterai. Mieux, je te répondrai. Je parlerai même quand tu n’auras rien à dire : du temps qu’il fait par exemple. Je te préviendrai de l’arrivée de l’orage, je te répèterai les nouvelles entendues de droite et de gauche les jours de marché. Personne ne se méfie d’un âne. Tu seras au courant de tout avant tous.

-       Que m’importe d’être au courant de tout avant tous. C’est d’un âne robuste dont j’ai besoin, pas d’un bavard. Un âne pour monter mes sacs de sel jusqu’à Galluire.

Du doigt il désigna le sommet de la montagne, ce qui lui provoqua une douleur au bras.

-       Je monterai le sel pour toi jusque là-haut – continua l’âne. Je suis jeune. Je galope plus vite que n’importe laquelle des carnes que tu peux voir ici.

-       Je veux un âne qui me porte sur son dos. Je ne suis plus tout jeune, et j’en ai assez de marcher.

-       J’avancerai à mon pas, vieil homme, mais j’y parviendrai. Tu me nourriras bien. Au fur et à mesure je deviendrai plus fort, et je marcherai plus vite. Tu transporteras plus de sel, tu gagneras plus d’argent.

-       Autant acheter un âne déjà fort. Cinq cents francs, c’est une somme.

-       N’oublie pas que je parle. Le voyage te paraitra moins long. Finie la solitude dans la montagne.

 Cette dernière remarque plongea le père Casahourgat dans une intense réflexion. La somme était élevée, mais les avantages nombreux et séduisants. Un vendeur apparut, sorti du néant, probablement attiré par un instinct qui lui indiquait qu’une tractation était en cours. C’était un type à la forte bedaine, de celles qui savent faire des affaires.

-       « Un âne qui parle, ça ne se fait plus mon cher monsieur. Il faut votre œil exercé et votre esprit vif pour percevoir combien cette affaire est la vôtre. « 

Il fut intraitable sur le prix, terminant chacune de ses phrases par :

-       « C’est à prendre ou à laisser ».

Le père Casahourgat compta deux cent cinquante cinq francs sous son nez. L’homme secoua la tête énergiquement.       - « C’est tout ce que j’ai …. »

- « Ce n’est pas ce qu’il vaut ! Un âne qui parle …. Tout de même.»

Impressionné par tant d’aplomb, le vieil homme se convainquit qu’il tenait là une affaire à ne pas rater, et se souvint de la montre. Celle-là même qui avait appartenu à son père, qui lui-même l’avait obtenue du sien, qui lui-même ….

-       « Que voulez-vous que je fasse d’une montre ? » ronchonna le vendeur en la soupesant.

-       « C’est tout ce qui me reste pour conclure cette affaire. Il faut votre œil exercé et votre esprit vif pour percevoir combien cette affaire est la vôtre. », reprit le vieil homme malicieux.

Mais cela n’avait plus d’importance, le vendeur avait topé sa main et lancé une grande claque dans son dos en riant.

Ainsi, sans plus d’économies, sans la montre de son père, mais un âne docile au bout de sa longe, notre vieil homme regagna son logis.

Ils n’échangèrent pas un mot pendant tout le parcours.

Le matin qui suivit, le père Casahourgat avait l’âme d’un homme libre. Il ne possédait plus rien de matériel, mais une aide précieuse qui valait tout l’or de la terre : son âne. Un âne encore jeune certes. Un âne de petite taille bien sûr. Mais un âne qui parlait.

-       Il n’est pas un peu frêle ? s’enquit Anatole quand il le découvrit piétinant devant la grange.

-       Il ne le restera pas longtemps, il m’a coûté cher. Mais c’est parce qu’il parle.

-       Que sait-il dire ?

-       Il parle, c’est tout !

-       S’il parle, êtes-vous sûr au moins qu’il a quelque chose à dire ?

Le père Casahourgat réfléchit un instant à cette question qu’il ne s’était pas posée. Tout au long de sa longue vie il avait croisé bien des gens qui papotaient, qui bavardaient, qui caquetaient, mais bien peu qu’on écoutait. Lui-même ne s’était-il pas contenté de dire des choses pour ne pas parler ? Il réfléchit un instant quand son œil s’alluma.
- Oui je sais pourquoi il m’a plu. Il a des mots pour argumenter. La preuve, Il a su me convaincre. C’est un malin.

L’argument ne parut pas convaincre Anatole.

- Un âne malin ? Ce n’est pas l’ordre des choses. Vous devriez vous méfier.

- L’ordre des choses me dit que je vais mourir si je m’exténue à la tâche.

Anatole haussa les épaules, renonçant à plus d’explication, puis il prit son chemin en sifflotant, suivi des huit moutons et d’un concert de clochettes.

Le père Casahourgat secoua la tête. Que pouvait bien connaître des ânes ce berger si jeune. Il lui fallait à présent équiper sa monture : il fouilla dans la remise, en ressortit un licol, une selle, un harnais et un tapis de bat. Il jeta pour finir sur le dos de l’animal deux gros sacs de sel, bien plus remplis que d’habitude. Le dos du baudet ploya sous la charge. Un court instant le vieil homme craignit qu’il ne se cassât en deux.

-       Tu es sûr que ça va aller ? demanda t-il inquiet.

-       Ca va, ça va, s’étouffa le baudet. C’est lourd, mais je m’habituerai.

Le vieil homme hésita un instant, mais, convaincu de son bon droit, il grimpa sur le dos de l’âne. Celui-ci s’affaissa davantage, et émit un braiement douloureux. Constatant l’impassibilité de son maître, il se traîna misérablement  jusqu’à la clôture, le ventre frottant le sol.

Le père Casahourgat en vint à douter. Il recompta machinalement les économies laissées sur la place du marché, mais c’était la montre du père du père de son père de son père  qui faisait le plus mal … le souffle rauque de l’animal l’empêchait de se concentrer. Il décida à contre cœur de descendre de sa monture.

-       Bon, ça va pas aller ! Déjà si tu portes les sacs de sel et que tu parles, c’est pas mal. Je vais marcher à côté de toi. Je te prendrai comme monture quand tu seras plus costaud.

Il attendit un moment que la bête retrouvât sa respiration, puis ils entamèrent tous deux en soufflant l’ascension vers le village de Galluire.

A peine eurent-ils parcouru quelques centaines de mètres que l’âne se mit à s’étouffer de nouveau. Ses soufflements éparpillés par l’écho de la montagne épouvantèrent un groupe de bouquetins.

-       Ca va ? s’affola le vieil homme. Flattant la croupe de l’animal, Il se répéta que la montre était un objet inutile, qu’il n’en avait plus l’usage. Et que, rangée au fond de sa boîte, elle ne servait à rien. Mais deux cent cinquante cinq francs, cela faisait une belle somme.

-       Ca va, ca va … crachota la carne en pliant les pattes.

-       Bon, se résigna le vieil homme. Je vais te prendre un sac de sel.

Il s’exécuta puis rajouta entre ses dents :

-       Après tout, tu me soulageras au moins d’un sac. Plus tard tu pourras porter les deux.

-       Vous êtes un homme pertinent, gloussa l’animal retrouvant soudain son équilibre.

Ils avancèrent ainsi lentement jusqu’au premier refuge où ils croisèrent Anatole dans sa descente.

-       Dépêchez vous père Casahourgat, prévint celui-ci, vous êtes en retard. Le jour décline. Là-haut les auberges vont fermer, elles ne vous attendront pas si vous continuez à cette allure. Il n’y aura plus personne pour acheter votre sel !

Il soupesa du regard l’état de la bête :

-       Probablement que votre âne parle trop au lieu d’avancer.

Anatole n’était plus qu’un point mouvant dans la vallée quand Le père Casahourgat se saisit du second sac de sel pour le jeter sur son épaule. L’âne, ragaillardi, affichait un sourire qui reliait ses deux oreilles.

-       Je vous promets que je parlerai tout le reste du chemin. Je tuerai le temps pour vous, ça vous motivera car vous êtes bien chargé.

L’animal raconta des histoires que lui seul trouvait drôle. Et si le chemin paraissait toujours aussi long, il en brisait la monotonie. Mais plus ils avançaient, moins l’âne parlait. Jusqu’à se taire tout à fait. A tant s’époumoner, il s’était épuisé. Il hoqueta à nouveau, cracha dans un râle. Cent mètres encore il menaçait d’expirer à chaque pas.

Exténué, son regard se fit suppliant.

-       Abandonnez moi sur le bord du chemin. Ne vous retardez plus. Je vous attendrai ici. A votre retour je serai toujours là, reposé.

Le père Casahourgat se gratta le front et considéra le sentier qui grimpait toujours aussi impitoyable devant eux. Il restait une bonne heure de montée. Peut-être n’y avait-il rien d’autre à faire. Quand l’âne ajouta :

-       Tant pis si l’ours sort de la forêt. Je saurai me défendre

Le vieil homme gratta son crâne dégarni. Il imagina ses billets de cent francs, hier encore rangés dans sa boîte à cigares, voletant autour de lui. Il se récita l’histoire de la montre. Tant d’argent et tant de souvenirs ne pouvaient servir de repas à un ours.

-       Tu pèses lourd ? demanda t-il après un long silence.

 

Quand le père Casahourgat parvint au village, courbé sous les sacs de sel et le poids de  l’âne sur son dos, auberges, boucheries et charcuteries montraient portes closes. Personne ne le vit remonter la rue principale.


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