Adieu

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Papa... Je ne t'ai jamais appelé comme cela. Aucun de tes enfants d'ailleurs. Tu n'étais peut-être pas un père modèle, certes, mais il faut dire que la chance n'a pas souvent été avec toi.

Tu étais pourtant un homme extraordinaire. Mais je ne te l'ai jamais dit. Tu étais d'une gentillesse infaillible, et d'une intelligence et d'une culture que beaucoup enviaient. C'est peut-être pour cela que tu étais tant jalousé. C'est peut-être parce que la vie t'avait offert tant de qualités que le destin t'a joué de si mauvais tours.

Je regarde les photos de famille, quand tu étais jeune et que j'étais petite. Je te vois, souriant, en pleine forme, beau, riant, vivant. Loin, bien loin des dernières images que j'ai de toi. Bien loin de cet homme amaigri, faible, et que la mort avait déjà imprégné de son odeur et couvert de son ombre.

Encore un être aimé que le cancer, cette saloperie, m'aura arraché. Nous t'avons regardé partir, sans rien pouvoir faire pour t'aider, te soulager. Impuissants face à l'inéluctable issue qui se profilait, devenait plus claire chaque jour qui passait. Cette issue que tu as toujours voulu ignorer tant ton optimisme, ton déni parfois, était puissant et nous portait tous. Tu t'étais déjà relevé tant de fois, de tant de choses, de tant de drames, que malgré les diagnostics des médecins, tu es parvenu à nous faire croire que tu y parviendrais cette fois encore.

Mais ce ne fut pas le cas.

Je ne pense pas que tu t'imagines le vide que tu as laissé dans ma vie, et dans celles de tous tes proches. Toi qui ne voulais jamais déranger, jamais inquiéter. Toi qui nous as caché ta maladie et son état d'avancement. Tu es loin de te figurer ce que tu laisses derrière toi. Et encore... Cela ne fait pourtant que quelques jours que tu es parti. Je sais, hélas d'expérience, que le manque grandissant est ce qui m'affecte le plus. J'espère pouvoir me relever de cette épreuve comme tu t'es relevé de toutes celles que tu as eu à affronter. La seule chose qui me tient, pour l'instant, c'est de savoir qu'après tout ce calvaire que je t'ai vu endurer, tu ne souffres enfin plus.

Mon cœur est aujourd'hui si lourd de toutes ces choses que, par pudeur, je ne t'ai jamais dites, pas même à la fin. S'il y a un "là-haut", s'il y a un "après", si, d'où que tu sois, tu es capable d'entendre mon âme hurler, pourvu que ces mots t'atteignent : je t'aime, papa.

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