Le jour se lève

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                                 Verdun, le 20 Octobre 1916

 Ma Chère Amour,

 J'aimerais me souvenir de l'odeur de votre parfum ou de l'indescriptible sensation d'effleurer votre peau le matin. Comme j'aimerais entendre votre rire ou même un écho me donnerait un peu de réconfort. J'essaie de m'accrocher à ce qu'il me reste de vous.

Mais [...].

Je suis ici, pétrifié par le froid saisissant des tranchées. Le glas de la nuit sonne en contre-bas, et vient rompre le brouhaha des obus et des balles. Une odeur de mort nous habite chaque jour. J'essaie de m'accrocher à ce qu'il me reste de vous pour m'extirper de ces caveaux sans fin, mais lorsque je ferme les yeux. [...]

Je revois mes frères d'armes tomber un à un. Et je suis impuissant face à ces images d'horreur qui prennent le dessus. Il m'est impossible, mon amour, de ne pas voir ces hommes, ces pères, ces frères, ces fils, ici, gisant à nos côtés. Et j'essaie de m'accrocher encore à ce qu'il me reste de vous.

Et je me réfugie dans le vert de vos yeux lorsque les affrontements faiblissent. J'en blottis l'image dans la poche près de mon coeur. Je me rattache à ces souvenirs, à ces espoirs. Mais [...]

Personne n'a jamais réussi à rentrer à la maison, les permissions en laissent l'espoir. Ephémère. Parce que nous sommes très vite rappelés sur le front. Je sais bien que nos femmes chérissent le miraculeux retour de leurs hommes. Ô mon Amour! ...

J'ai si froid. Et je me suis recroquevillé sous les hommes qui sont tombés dans la nuit. Les conditions dans ces trous de chair et de sang sont une horreur, mais nous nous rattachons à ce que nos êtres les plus chers héritent de jours meilleurs. Si cette lettre vous parvient mon amour, sachez que vous m'avez gardé en vie toutes ces fois. Vous étiez la raison de mon combat. Une fois que la guerre prendra fin, vivez! Profitez de chaque instant qu'il vous sera donné. Aimez encore!

Le jour se lève. J'aurais pu voir une dernière fois un lever de soleil. C'est magique. Et presque aussi magnifique que vos yeux verts. Je les vois enfin. Plus clairement maintenant. J'entends même votre rire. C'est apaisant de mourir sur vot

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