Chapitre 7

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 Aelan, engoncé dans un épais manteau, grimpait l’escalier escarpé qui menait au terrain d’entrainement. Taillé à même la falaise, celui-ci montait régulièrement vers le nord en longeant le vertigineux précipice qui surplombait la ville. Le jeune homme se cramponnait à la main courante, luttant pour ne pas glisser sur les marches couvertes de givre. La neige et le vent l’empêchaient de voir quoi que ce soit, et ses membres engourdis par le froid rendaient l’entreprise particulièrement périlleuse. « Un jour, Nora va réussir à me tuer », grommela-t-il en essayant de ne pas penser au vide. Il avait beau faire le bravache face à Eïko, tenter de faire bonne figure sur le haru, il cachait mal l’honteuse vérité : Aelan avait le vertige.

 « Eïko… ça fait déjà huit jours », songea-t-il tristement. La jeune fille était toujours inconsciente depuis l’incident du temple. Lorsqu’il avait appris la nouvelle, Aelan avait rejoint la ville aussi rapidement que possible, mais n’avait rien pu faire. « Je n’aurais jamais dû la laisser seule », se reprochait-il sans cesse. Les prêtresses avaient bien essayé de la réveiller à l’aide d’étranges potions, mais cela n’avait eu aucun effet. Il revoyait son visage silencieux, paisible, dans la petite chambre de la maison de Goran où sa mère prenait soin d’elle. Chaque soir, il rentrait pour veiller auprès de son amie. Et si elle ne se réveillait jamais ? Que deviendrait-il ? Cette question l’angoissait chaque jour un peu plus.

 Approchant du terrain d’entrainement, le jeune homme s’efforça de retrouver un peu de concentration. Le vieux Léra avait échoué à convaincre le conseil des archélites de mener une expédition militaire de sauvetage, mais il n’avait pas dit son dernier mot. En demandant à Nora de s’occuper des deux adolescents, l’amiral avançait le premier pion de son plan pour soustraire Kyoko aux mains des Orcaliens. Pour tout entrainement, Aelan avait surtout reçu une succession ininterrompue de raclées quotidiennes, que lui donnait Nora avec un plaisir sans cesse renouvelé.

 Après un quart d’heure d’ascension, il arriva finalement sur un éperon rocheux, élément saillant d’une vaste plateforme creusée dans la montagne. Au travers du blizzard, l’adolescent ne pouvait même pas apercevoir le dôme grossier d’une vingtaine de mètres de hauteur qui surplombait le lieu. Il délaça le bâton qu’il portait sur le dos et observa attentivement les alentours. Ici, pas âme qui vive. « Cette garce doit être cachée quelque part.. » jura-t-il, assurant sa prise sur l’arme. Songeant aux hématomes qui couvraient son corps, le jeune homme serrait les dents : il en avait assez d’être une proie.

 Soudain, un claquement sonore retentit au travers du rideau opaque. Aelan sauta sur le côté, esquivant de justesse le tube qui vint se ficher dans la neige derrière lui. « Merde ! » cria-t-il. « Montre-toi ! ». Il fallait moins de trente secondes pour recharger une arbalète pneumatique, il devait faire vite. Le jeune homme courut sous le dôme et se colla à la paroi pour essayer d’avoir une meilleure visibilité. Il chercha des doigts la gâchette à la surface de son arme et l’actionna. Deux lames jaillirent alors de l’extrémité du bâton, formant une double flèche acérée. Aelan cala sa main sur la commande de tir. « 21… 22… 23… ». Un léger bruit lui parvint sur la droite, il pivota rapidement et tira dans la foulée. Puis le silence s’installa à nouveau.

 « Tu es mort », cette sentence froide et implacable tétanisa le jeune homme. Il pouvait sentir la lame près de son cou. « Co.. comment a-t-elle fait ça ?! » pensa-t-il avec effroi. Elle était au-dessus de lui, suspendue à la paroi. D’un geste leste, elle le frappa à la joue du plat du sabre puis sauta pour atterrir devant lui. Elle le toisait avec un rictus méprisant.

 — C’est comme ça que tu comptes venger ton père ?

Il cracha sur le sol.

 — Je vais te faire avaler ton sourire ! grogna-t-il.

 Le jeune homme plia les genoux et se propulsa en avant, tenant fermement l’arme à deux mains. Il courut droit sur l’officier et lui asséna une succession de coup avec rage et détermination. Rapide, Nora les para tous sans difficulté, alors qu’Aelan hurlait à chaque assaut pour se donner contenance. Essoufflé par l’effort, l’adolescent fit un pas en arrière. Il n’en fallut pas plus à la guerrière. Profitant de l’accalmie, elle s’approcha brusquement du jeune homme, écarta son bâton avec sa lame, et lui envoya un puissant coup de pied frontal dans le plexus. Aelan fut projeté sous la force de l’impact et s’étala dans la neige, la respiration coupée. Une violente douleur irradiait sa poitrine, le laissant plié en deux.

 Nora vint près de lui et s’accroupit. Malgré ses épais vêtements, on pouvait deviner la silhouette fine et musclée de la jeune femme. Des volutes de vapeur s’échappaient de ses lèvres entrouvertes. Les yeux au loin, elle soupira : « Tu as de la force mais tu es trop lent, et tu fonces sans réfléchir ». Allongé dans la neige, Aelan ne répondit rien, il était trop occupé à observer la cheville droite de son adversaire. Une coupure dans le pantalon laissait entrevoir un éclat cramoisi. « Du sang ?! Je l’ai touchée ? » pensait-il, éberlué.

 Nora venait de se relever quand Aelan saisit la cheville de toutes ses forces, appuyant sur sa blessure. La jeune femme poussa un cri de surprise, et ne put se déplacer avant que l’adolescent ne tire pour la faire tomber. L’officier bascula en avant, et eut juste le temps d’effectuer une roulade pour se dégager de l’emprise de son adversaire, qui se relevait rapidement. Ils se retrouvèrent de nouveau face à face. Dans l’action, le jeune homme avait réussi à arracher l’arbalète pneumatique attachée au dos de Nora. Il la déchargea puis la jeta nonchalamment derrière lui.

 — Pas mal ! Tu n’es peut-être pas si nul finalement, déclara-t-elle goguenarde.

Aelan ramassa son bâton et se remit sur ses appuis.

 — Tu n’as encore rien vu !

Le jeune homme se lança dans un nouvel assaut, le premier d’une longue série qui ne s’arrêterait qu’à la chute d’un des deux combattants.

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 Eïko déboucha sur la petite place où les autres attendaient déjà. Épuisée, elle posa son lourd bardage sur le sol et s’assit sur un gros bloc de pierre qui gisait à côté. Elle grimaça, sa jambe lui faisait toujours mal. La blessure était profonde et le bandage déjà imbibé, quant au poison… elle préférait ne pas y penser. La jeune fille croisa le regard du peu de camarades qui lui restait encore. Ils étaient là, hagards et silencieux, leurs yeux tristes à peine visibles sous l’épaisse couche de crasse qui couvrait leurs visages. Elle savait ce qu’ils pensaient : tout le monde ici allait crever, pour rien…

 Le vent était glacial à l’ombre de ces ruines colossales. D’arcades brisées en voutes effondrées, celles-ci semblaient s’étendre jusqu’au ciel fuligineux dont les volutes torturées tourbillonnaient sans fin. Eïko observa longuement le fragment de chapiteau antique qui passa devant ses yeux en flottant. « Voilà que même les objets se mettent à voler maintenant, merde… » pensa-t-elle, amère, en se recroquevillant dans son manteau. Transie de froid, la jeune femme rêvait de soleil et d’un repas chaud. Elle haïssait cette lueur irradiant du sud, spectrale et inquiétante, dont les rayons horizontaux peuplaient le monde de formes ténébreuses.

 En avisant la statue qui trônait au centre de la place, Eïko eut l’impression que le géant aux doubles ailes dressées la jugeait. Son bouclier octogonal et sa lance à la lame sinueuse lui donnaient l’allure d’un dieu, dont les yeux sévères brillaient d’un éclat vengeur. Avec une moue méprisante, la jeune femme cracha dans la poussière. Elle en avait ras le bol de cet endroit, de ces ruines, de ces monstres, de toutes ces choses incompréhensibles ! Elle voulait rentrer chez elle. Exaspérée, elle prit le parti d’aller voir ce maudit gouffre. Appuyée sur son fusil pneumatique, elle contourna les débris qui jonchaient l’esplanade en boitillant péniblement vers la lumière.

 Eïko dépassa le capitaine sans un mot. Celui-ci discutait encore avec le savant, ce vieux fou à l’œil mauvais qui les avait conduits dans ce pétrin. Elle pensait à Marcus, Tal et Gino, dont les corps pourrissaient sans doute loin derrière eux, près des Colonnes hurlantes. Un jour elle tuerait cette ordure, elle le jurait.

 Plus elle approchait du bord, plus la sensation de vertige se faisait intense. Le sol de la place s’arrêtait net, tout comme les ruines de la cité antique dont la partie sud n’existait tout simplement plus. On eut dit qu’une lame titanesque avait découpé un pan entier de la planète, l’oblitérant à jamais aux yeux des hommes. Devant elle s’étalait un cratère de plusieurs centaines de kilomètres de diamètre, dont le fond restait constamment dissimulé sous un monstrueux maelstrom aux replis infernaux. Au-dessus, de sombres nuages formaient une deuxième tempête tourbillonnant en sens inverse, comme deux engrenages liés par quelque essieu obscur et intangible. Entre les deux se développait un espace chaotique où flottaient par milliards des lambeaux de cité, des débris d’édifices et des morceaux de roches. Dans cet enfer entropique, pas de haut ni de bas, pas de début ni de fin.

 Même d’ici, la jeune femme pouvait entendre le craquement sinistre des millions de fragments s’entrechoquant, se brisant, s’éclatant, rivalisant de vacarme avec le tonnerre qui déchirait parfois l’air d’une puissante onde de choc. À l’horizon, il y avait cette intense lumière, rougeâtre et sépulcrale, dont l’éclat ne laissait aucun repos aux hommes. Que pouvait-il bien y avoir là-bas ? Vivraient-ils assez longtemps pour le savoir ? Eïko frissonna. Ils étaient si proches et à la fois si éloignés de leur destination…

« C’est beau hein ? », dit une voix fluette derrière la jeune fille. La nouvelle venue s’approcha et vint se blottir contre elle.

— Beau et effrayant… comment te sens-tu ?

Elle posa ses mains sur son ventre déjà arrondi, et lui fit son plus beau sourire. Même ici, au bord du monde, Eïko ne pouvait s’empêcher de la trouver belle.

— Ton ventre gonfle vite… ça m’inquiète.

Elle prit le visage d’Eïko dans ses mains et lui sourit tendrement.

— Ça va aller mon Haru, on va s’en sortir.

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 Eïko ouvrit soudainement les yeux, la respiration haletante. Elle était en nage. La jeune fille dégagea violemment les lourdes couvertures qui pesaient sur son corps menu. La femme l’avait appelé Haru, comme son père. « Qu’est-ce que c’était ? Un rêve… ? » se demanda-t-elle, confuse. Elle avait beau se concentrer, elle n’arrivait pas être certaine du visage qu’elle avait aperçu. Une pulsation douloureuse tambourinait contre les parois de son crâne, et son dos lui faisait mal.

 Il faisait sombre et chaud dans la petite chambre voutée, seulement éclairée par la lueur d’un poêle à bois. « Où suis-je ? » s’interrogea la jeune fille. Une douce odeur de bouillon embaumait la pièce, faisant bruyamment gargouiller son estomac. Eïko voulut se lever, mais l’effort la fit se tordre de douleur. Elle gémit faiblement « Il y a quelqu’un ? ». Un son se fit entendre du côté de la porte où une main fébrile actionnait laborieusement la poignée. La lumière envahit soudainement la pièce, dévoilant la silhouette d’une minuscule vieille dame.

 « Oh, tu es enfin réveillée ? On a eu très peur pour toi », dit-elle avec douceur. Son visage rond et joyeux était marqué de profondes rides, où se cachaient deux yeux pétillants de malice. Sans attendre de réponse, elle se tourna vers l’autre pièce et cria d’une voix puissante qui fit sursauter Eïko « Goran ! Ton amie est réveillée, va tout de suite chercher la grande prêtresse ! ». La jeune fille entendit une porte claquer.

 — Qui êtes-vous ?

 — Je suis Luthiema, la maman de Goran. Mais tu peux m’appeler Luma, répondit-elle en souriant.

Eïko essaya de nouveau de se lever, mais la vieille dame l’en empêcha.

 — Doucement ! Ça fait huit jours que tu es couchée, tes muscles sont engourdis.

Elle plaça un oreiller derrière le dos de l’adolescente pour qu’elle puisse s’asseoir. « Huit jours ?! Impossible ! » pensa Eïko. Elle se souvenait du temple, des fresques, de l’aeon et… de rien d’autre.

 — Qu’est-ce qu’il m’est arrivé ?

 — Plus tard, tu dois d’abord reprendre des forces. As-tu faim ?

 — Je pourrais avaler un forion, avoua-t-elle timidement.

 Luma ouvrit les rideaux pour faire rentrer un peu de lumière, puis partit à la cuisine. Au travers des fenêtres embuées, on pouvait apercevoir quelques flocons de neige qui voletaient doucement dans l’air de l’après-midi. Eïko les observait avec fascination, la neige était vraiment rare à Puli.

 La vieille dame lui apporta une mixture ocre qui exhalait un fort parfum d’épices, et lui promit un repas plus consistant pour le soir. Ignorant la cuillère, elle se mit à boire au bol avec avidité sous l’œil bienveillant de son hôte. Elle réalisa soudain que quelque chose lui manquait, ou plutôt quelqu’un.

 — Où est Aelan ?

 — Ton ami va bien. Si j’ai bien compris, il s’entraine là-haut avec le lieutenant Nora.

 Eïko était soulagé, elle savait Aelan maladroit, et sa colère pouvait le pousser à prendre de mauvaises décisions. Elle se demandait tout de même de quel entrainement elle parlait. Avait-il trouvé un plan pour sauver sa mère ?

 Le bruit d’un loquet se fit entendre. Goran pénétra dans la pièce avec un large sourire à destination d’Eïko. « Je suis content que tu ailles bien ! J’ai cru que tu ne te réveillerais jamais ! » déclara-t-il de sa voix puissante et caverneuse. Celle-ci sourit timidement, encore étrangère aux évènements qu’elle avait elle-même vécus.

 La grande prêtresse d’Efelyr entra à la suite du colosse, une longue robe bleue aux reflets irisés virevoltant à chacun de ses pas. Elle semblait légère, aérienne, impression rehaussée par les longues jambes galbées qu’on devinait sous le drapé fluide de son vêtement. Un voile et une capuche laissaient entrevoir son visage doux et serein, que relevait un certain nombre de tatouages géométriques. La jeune fille la trouvait très belle, et croyait déceler le même constat dans les yeux brillants du géant. Elle vint s’asseoir au bord du lit.

 — Bonjour Eïko. Je suis Teliki, la grande prêtresse du temple. Comment te sens-tu ?

 — J’ai mal au crâne et surtout au dos, comme si j’avais été brulée. Qu’est-ce qu’il s’est passé dans le temple ?

 La prêtresse lui expliqua qu’elle avait accouru près du puits dès qu’elle l’avait entendu hurler. Elle avait alors vu Goran la rattraper in extrémis avant qu’elle ne bascule dans le vide. Teliki lui raconta ensuite qu’ils avaient tous deux essayé de la ranimer, sans succès, avant de la transporter ici pour que Luma puisse prendre soin d’elle. Eïko les remercia tous, elle leur devait la vie. Mais quelque chose continuait de lui échapper.

 — Mais… qu’est ce qui m’est arrivé ?

 — Nous ne savons pas. Ce n’est pour ainsi dire jamais arrivé, à aucun fidèle…

La prêtresse se tourna vers Goran et sa mère.

 — Pouvez-vous nous laisser un petit moment ? Je vais l’examiner.

Teliki attendit qu’ils soient sortis, puis elle aida Eïko à s’asseoir au bord du lit et à se déshabiller. La jeune fille, gênée, baissa les yeux. La prêtresse observa attentivement son corps, en fit le tour, puis étouffa un cri de surprise.

 — Qu’est-ce qu’il y a ? s’alarma l’adolescente, soudain inquiète.

 — Il… il y a une marque sur ton dos.

Comme brulée dans la peau d’Eïko, une ligne sinueuse partait d’entre les omoplates, traçait un double motif circulaire au centre du dos, puis se terminait au milieu du bassin. La prêtresse l’effleura du bout des doigts, arrachant un petit cri à l’adolescente.

 — Excuse-moi, je vais appliquer un baume pour te soulager.

Teliki entreprit de dessiner le motif sur un carnet, puis le montra à la jeune fille pendant qu’elle soignait ses brulures.

 — Qu’est-ce que ça peut être ? Pendant que je dormais, j’ai fait un rêve étrange… peut-être est-ce lié ?

 — Raconte-moi, je crois que tu as été en contact avec quelque chose qui nous dépasse toutes les deux…

 Eïko racontait son rêve dans les moindres détails quand elle entendit du vacarme dans la pièce d’à côté. Soudain, la porte de la chambre s’ouvrit avec fracas. « Eïko ! » cria Aelan au bord des larmes. Il fit un pas dans la chambre et resta tétanisé, les yeux écarquillés. L’adolescente s’empourpra, son corps tout entier vulnérable au regard du jeune homme. « je… je… » C’est tout ce qu’il eut le temps de bégayer avant que Luma ne l’assomme à l’aide d’un récipient en cuivre aussi grand qu’elle. Il s’effondra sur le sol.

 — T’y es allé un peu fort maman…

 — Tu en veux toi aussi ?! Du balai !

Goran s’exécuta sur le champ, trainant le corps d’Aelan dans le séjour. Eïko, morte de honte, cherchait un recoin où se cacher.

 — Où en étions-nous ? Ah oui, les ruines ! reprit la prêtresse amusée.

 Lorsqu’elle eut fini d’écouter le récit de la jeune fille, Teliki se retira, songeuse. Elle avait le sentiment qu’une chose très importante venait de se produire. Était-ce un message de la déesse ? Un présage ? Elle devait fouiller les rayons de la bibliothèque du temple, peut-être y trouverait-elle des réponses.

 De nouveau seule, Eïko soupira longuement en se laissant retomber sur le lit. Ce rêve lui avait paru si réel, si important, si mystérieux… mais aussi vite qu’il s’était évaporé, ses angoisses avaient repris possession de son esprit. La jeune femme était toujours séparée de sa mère et elle avait perdu un temps considérable. Elle se leva, enfila les vêtements que Luma avait lavé pour elle, et partit rejoindre ses compagnons dans le séjour. Le baume faisait des miracles, elle ne sentait déjà plus aucune brûlure sur son dos.

 Lorsqu’elle ouvrit la porte, elle trouva Goran, Nora, et Aelan assis à la grande table. L’ambiance était froide et pesante. Nora soupira :

 — Assieds-toi Eïko, j’ai une mauvaise nouvelle…

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