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En revenant de la salle de bain, je remarquai une boite et un flacon sur la table de nuit, sans y prêter plus d’attention. Je suis couché quand Nicolas arrive. Il se dévêt intégralement et se glisse dans le lit. Ce n’est pas la première fois que je le vois nu. Les vestiaires m’ont habitué à ces spectacles. Ces retours, en sueur, pleins de camaraderies pour se féliciter ou se réconforter selon le résultat, sont des moments forts. Les plaisanteries, les gestes lors du déshabillage et de la douche soudent une équipe. J’adore cette ambiance masculine, chaude, sans retenue. Il n’était pas rare de voir des érections, objet de railleries joyeusement viriles.

Me trouver dans un lit avec un garçon nu était totalement autre chose.

— Ça va, Tobias ? Je te sens tout drôle !

— Oui, oui ! C’est juste que ça me fait bizarre d’être dans un lit avec un mec !

— Tu as déjà couché avec une fille, au moins ?

— Nic ! Tu poses de ces questions !

— Allez, dis-moi !

En même temps, il me prend la main et la serre doucement. J’ai peur de le décevoir en ne répondant pas.

— Non, je n’ai jamais couché avec une fille.

Je suis rouge de honte : je suis encore puceau à mon âge. Lui doit avoir couché souvent, vu son succès auprès de nos camarades. Je n’ai jamais parlé de cela avec quiconque.

— Pourquoi ? Tu es mignon, tu dois toutes les avoirs à tes pieds !

— Oui, beaucoup de filles me tournent autour. Mais, je ne sais pas, je n’ose pas. Un baiser, oui, mais les toucher, les caresser, j’ai du mal.

— Tu es gay ? Tu préfères les garçons ?

Je ne peux pas m’empêcher de rire !

— Tu rigoles ! Depuis l’âge de onze ou douze ans, j’ai fait toutes les Manifs pour tous ! Alors, je ne suis pas homo, c’est sûr !

— Ce sont tes parents qui sont homophobes ?

— Oui, ils sont contre les pédés, contre les Juifs, les Arabes, les immigrés, les syndicalistes. J’arrête, la liste est trop longue.

— Et toi ?

— Moi ? Je m’en fous ! Ça ne me concerne pas. Je les accompagnais, car ils me le demandaient. N’empêche que Louis et Henri qui s’embrassent, devant nous, je trouve ça bizarre. Surtout, ils sont super sympas, ça ne colle pas !

— Tu es un vrai réac ! Tu es amusant ! Je vais te révéler un secret : il y a des pédés sympas et des pédés cons. Comme les Papous à poux et les Papous pas à poux !

— T’es con ! Juste…

— D’abord, faire des trucs entre garçons, c’est très répandu et c’est normal. Ça ne veut rien dire. C’est juste se faire du bien entre copains. Ils ne font rien d’autre que s’embrasser. Tu sais, quand tu aimes quelqu’un, tu as envie de l’embrasser, de le caresser, que ce soit une fille ou un garçon.

— Toi, tu l’as fait ? Je veux dire avec… un mec ?

— Oui. Plusieurs fois. Souvent. J’aime bien.

— Et les filles ?

— Un peu comme toi : je n’arrive pas à aller très loin. Il y a quelque chose qui me bloque. Je trouve qu’avec les garçons, se caresser, c’est plus facile. Tobias…

Mon cœur s’emballe. Sûr, il va me demander de l’embrasser !

— Oui ?

— Tu sais que tu as quelque chose d’attirant. On a envie d’être ton ami. Tu es accueillant et rassurant.

— Merci. Toi aussi, tu donnes envie de te connaitre.

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