Escouade Tempête, Nouveauté Nutrition et Oui Abusif.

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 — Ça manquait un peu de rythme, avoua Marlowe, j'ai également été déçu par le drop, mais c'était plutôt agréable sinon.

 L'homme en fourrure émit un rire franc, complimenta l'humour du Lieutenant, puis posa une seconde question :

 — Mais que faites-vous ici, mes amis ?

 Marlowe répéta son speech habituel.

 — Eh bien, répondit l'homme, dans ce cas, bienvenue chez nous ! Et désolé pour l'accueil, ces soldats chinois ne sont pas des plus, comment dire... hospitaliers !

 — Je vous remercie. Qui êtes-vous ?

 — Je me nomme Ching, défenseur de la liberté, guerrier indépendantiste tibétain et membre de l'Escouade Tempête.

 — Ça claque comme nom de groupe ! s'extasia Pablo.

 Marlowe, lui, ne put s'empêcher de trouver étrange que le nom cliché de "Ching" soit celui du second personnage asiatique qu'il rencontre. Mais soit...

 — Je vous remercie ! fit Ching. Et comment se nomme l'homme que vous recherchez ?

 — Jul. Mardo Jul.

 — Mardo ? Le Grand, l'Illustre Mardo ?

 — Alors, grand, illustre... Tout ça, je sais pas. Mais Mardo, oui.

 — Quelle agréable surprise ! Je vois que votre véhicule est piégé des neiges... On vous emmène faire un tour ? offrit Ching en tendant son bras vers le char gigantesque.

 Un grand sourire éclaira le visage de nos comparses quand ils surent qu'ils allaient rentrer dans cet engin massif.

 — Alors ça, c'est un beau bestiau, lâcha Lucio. C'en est presque... terrifiant...

 — Je pourrais conduire ? s'excita Thierry.

 — Euh... Non.

 — Ching, enfin, on est copains comme cochons maintenant, on peut s'arranger pour que je prenne les commandes, ne serait-ce que quelques secondes.

 — Non, c'est non.

 — Mais allez euh !

 — C'est un engin très délicat, et il ne faudrait surtout pas qu'il s'arrête de rouler si vous ne voulez pas vous retrouver coincés ici.

 — Allez Thierry, lui souffla Pablo, c'est pas grave, t'as pu conduire un peu quand même avant.

 — Les sensations me manquent déjà ! Mes mains sont inutiles si elles ne sont pas greffées à un volant !

 Nos compères récupèrent les affaires les plus primordiales dans la Jeep et deux tibétains se chargèrent de les ranger dans un coin du tank.

 Ce véhicule était une véritable forteresse roulante. Sans compter les enceintes, il s'élevait à cinq mètres de hauteur, pour une douzaine de longueur et presque deux tiers de cette mesure en largeur. On aida les européens à grimper dessus alors qu'il tournait toujours, et Pablo faillit se faire écraser. Après une brève remarque, que Marlowe ignora, concernant le fait qu'il s'était retrouvé à deux doigts de se faire aplatir comme ses omelettes, il s'engouffra dans l'enceinte du bâtiment mobile. L'intérieur était d'un confort étonnant. Plusieurs soldats s'occupaient de la conduite, et d'autres des canons (quatre sur les côtés, un au-dessus), mais les restants, six soldats, n'avaient aucune tâche active dans la manœuvre de l'engin.

 — Eh ben dites donc, y'en a qui s'font pas chier ! lâcha le chauffard.

 Quatre de ces soldats sortirent pour laisser la place aux nouveaux arrivants, rejoignant un autre de leurs tanks qui passa à proximité du leur.

 — Mais vous en avez combien, des comme ça ? s'interrogea Marlowe.

 — Quatre pour le moment, répondit Ching.

 — C'est impressionnant, je n'avais jamais rien vu de tel.

 — C'est de la technologie de pointe que nos experts conçoivent depuis bien des années. Mais rassurez-vous, ce n'est pas la seule artillerie dont nous disposons.

 — Les bouffeurs de chiens n'ont qu'à bien se tenir ! largua Pablo.

 Le silence se fit dans le char. Après quelques instants, le sourire aux lèvres, fier de sa blague, le cuisinier comprit, en voyant le visage décomposé de ses camarades et de deux des tibétains, qu'il avait fait une bourde.

 — Inapproprié, c'est ça ?

 — Bien vu champion, lança Marlowe.

 Pablo fut sincèrement ravi de cette remarque.

 — Héhé, j'suis un champion, héhé... marmonnait-il.

 Après quelques minutes, Ching relaya un de ses confrères pour le contrôle du canon central. En effet, ce poste permettait d'avoir un point de vue global de l'environnement, et puisque, lorsqu'il faut faire preuve de vigilance, la déconcentration arrive assez vite, des relais sont nécessaires.

 Lucio s'approcha alors du Lieutenant, d'un air grave, et s'exprima à voix basse :

 — Quatre, Marlowe. Quatre chars comme ceux-là.

 — Oui, les tibétains cachaient bien leur jeu.

 — Tu ne comprends pas. Quatre, ils en ont quatre !

 — Euh... Oui, et alors ?

 — Quatre, comme les cavaliers de l'apocalypse... Ce sont ces machines, les futures destructrices de notre monde

 — Je croyais que c'était des démons invulnérables, tes cavaliers, là...

 — Tu as vu ces trucs ? Ne me dis pas qu'ils n'ont rien de diabolique ! Ce sont des engins démolisseurs inarrêtables ! Ce sont ces tanks qui, sans qu'on ne le sache encore, vont mener notre monde à sa fin ! Je n'ai aucun doute, c'est bien ces monstres de métal que les prophéties annonçaient. Évidemment, à l'époque, les gens ne savaient pas à quoi ressemblait un char, ils parlaient alors d'êtres d'autres dimensions... Et cette technologie dévastatrice, même encore pour nous, paraît provenir d'un autre monde !

 — Tu te fais des films, mon vieux...

 — On verra bien qui aura raison !

 — C'est ça, on verra bien. Mais détends-toi, je t'assure.

 — Je peux pas me détendre !

 — On verra bien.

 Pendant ce temps-là, en Belgique :

 — Hé dis, on s'f'rai une p'tite fricadelle là, pour changer ?

 — En v'là donc une bonne idée, Xavier ! Mais où c'est qu'tu vas chercher tout ça ?

 — Oh, bah ça t'sais, y s'en passe des choses dans cette p'tite caboche !

 — Ah dis donc ça j'l'avais bien r'marqué ! Ahlala, rien qu'de penser à ces fricadelles qu'on va s'bouffer à l'heure de table ça m'donne envie d'aller à guindaille !

 — À qui l'dis-tu, vieux frère ?

 — À toi pardi !

 — Toujours le mot pour rire, sacré Felix ! C'est pas pour rien qu'on s'entend comme larons en foire !

 — Cesse donc tes flagorneries, Xavier ! T'en trouves des bonnes idées, mais qu'est-ce que tu complimentes, ça en d'viendrait gênant !

 — J't'insulterai la prochaine fois alors, s'tu préfères !

 — Oui tiens, fais donc ça. Bon assez papoté, il s'rait-y pas l'heure de bouffer ? Allons nous empiffrer de cette délicieuse barbaque qui n'attend que nous !

 — Toujours les bonnes idées, tu vois ? J'peux pas t'insulter là-dessus, t'as trop raison.

 Une heure plus tard, quelque part au Tibet.

 — OUIII !

 — Pablo, arrêtez avec ça, nous sommes dans un véhicule de l'armée ! lui rappela le Lieutenant.

 — Pardon, mais c'est beaucoup trop drôle !

 — Je confirme ! s'exclaffa Thierry, pleurant de rire.

 — Mais quelle idée d'avoir apporté cette "boîte à Oui" ici... Parmi tous les objets, vous n'avez pensé qu'à récupérer celui-là ?

 — OUIII !

 Pablo et Thierry hurlèrent de joie à ce moment-là.

 — Désespérant...

 — J'en peux plus, souffla Magalie. J'en peux plus, ils vont me rendre dingue avec bruit !

 — Qu'est-ce que tu veux que j'y fasse ? Que je leur confisque ?

 — Ça serait pas plus mal...

 — Je ne vais pas prendre le risque de leur courir après dans ce tank...

 — Hey, dis, est-ce bien Pablo le plus beau de tout l'univers ? demanda l'objet de la question juste avant d'appuyer sur le bouton de la boîte.

 — MAIS OUIII !

 Et ils rièrent une fois de plus. Pomoc souffla du nez en voyant ces deux adultes s'amuser comme des enfants.

 — Quoi, ça t'amuses toi aussi ? se véxa Magalie.

 — Hein ? Euh bah... C'est un peu drôle de les voir s'éclater comme ça...

 — Pff, j'avais confiance en toi pour relever le niveau !

 — Bon, les gosses, ça suffit maintenant ! s'imposa soudain Lucio en élevant la voix, comme s'il les grondait. Vous voyez pas que vous embêtez tout le monde ici ?

 — OUI...

 — Ben bravo, deux hommes en pleine mission de sauvetage ultra-importante... Et ça vous fait marrer en plus...

 — MAIS OUIII !

 — BON, ARRÊTEZ ÇA MAINTENANT, OU J'VOUS BUTTE !! J'ai étranglé des centaines d'hommes taillés comme des montagnes pour bien moins que ça, et je vous assure que j'hésiterez pas à vous égorger comme des lapins !

 Pablo et Thierry regardèrent le sol, honteux. Diceni se retourna vers Magalie et Marlowe, fier du résultat. Il esquissa un sourire. Puis, seulement quelques secondes après, un puissant OUIII ! retentit. Lucio vit volte face, furieux, et vit les deux petits plaisantins contenir leur fou rire de toutes leurs forces, lâchant incontrôlablement des petits grouinements de cochons. Lucio se trouva désemparé.

 — Irrécupérables, désolé, j'aurais essayé.

 — Tu peux pas essayer une de tes techniques de malfaiteur pour les intimider à mort ? proposa Magalie d'une voix fluette.

 — Faudrait pas les traumatiser à vie non plus. Mais le pire, c'est qu'ils savent que je vais rien oser leur faire ici...

 — Que tu es consciencieux ! le railla Marlowe.

 — Alors toi, commence même pas !

 — OUIII !

 — Je vous jure, ça me tend, je suis sur les nerfs ! s'impatienta le malfrat. J'ai jamais fait preuve d'autant de calme, j'ai hâte que l'apocalypse arrive rien que pour en finir avec ceux-là ! MAIS VOUS ALLEZ ARRÊTEZ À LA FIN, MERDE ?

 Après quelques instants de silence, un OUI... vint frapper les tympans du trafiquant.

 — En vrai Lucio, fit Pablo, essaye d'appuyer dessus, c'est ça le plus drôle !

 — Alors là, hors de question !

 — Mais si, tu verras, c'est uniquement en le faisant soi-même qu'on se rend compte de tout le potentiel humoristique de l'objet !

 — Certainement pas, moi, vivant, jamais je ne toucherais à cette boîte de malheur !

 — Allez, juste une fois ! ... Et après, promis, on arrête de vous embêter !

 — ... Promis ?

 — Promis.

 Hésitant, Lucio approcha lentement sa main du gros buzzer vert où un "OUI !" blanc et large était inscrit. Il actionna, sans aucun effort, le mécanisme hilarant :

 — OUIII !

 Soudain, le visage de Diceni s'éclaira. Ses yeux furent immédiatement remplis d'étoiles.

 — Alors ? demanda Pablo, impatient de connaître le verdict.

 — Mouais, pas ouf, se ressaisit aussitôt le brigand.

 — Ah...

 — Bon, je réessaye juste une fois, pour vous faire plaisir.

 — O. U. I. J'ai dit OUI.

 — Oh, ça alors ! Il... il l'a jamais dit ça !

 — Non, incroyable ! s'émoustilla le cuisinier. Tu as réussi à déclencher une des variantes les plus rares de Oui !

 — Il est l'élu ! se prosterna Thierry.

 — Oh ça oui, tu dois avoir un don pour ça ! Pas vrai ?

 — MAIS OUIII !

 Lucio ne put retenir son rire face au gag qu'il venait lui-même de déclencher.

 — Ah, tu vois ? Tu as chopé le truc ! le félicita le cuistot.

 — ♫ OUIIIIIIIIIIII ! ♫

 — Oh, le fameux Oui chanté, ça fait une demi-heure qu'on essaye de le refaire ! s'extasia Pablo. Décidemment, tu es fait pour ça.

 — Alors, insista Thierry, avoue que c'est rigolo ?

 — Non, c'est pas rigolo... C'est désopilant !

 — OUI.. ! OU... ! OUII.. ! OUI... ! OUIII ! OUIII !

 — Ohlala ! Lucio on fire ! Un vrai DJ du Oui !

 — Un autre de nos alliés tombé au combat, déplora Marlowe. Bon, au moins, il s'est détendu.

 Ching, qui venait de laisser sa place sur le canon d'observation à un de ses camarades, s'avança vers nos héros et lâcha innocemment :

 — C'est un peu marrant, pour être honnête.

 — Oui, grave ! fit Pomoc.

 — Je peux essayer la boîte ? demanda le soldat à Lucio.

 — Non. Elle est à moi. C'est la mienne !

 — Oh mince alors ! soupira le conducteur de kart. Quelle occasion manquée d'appuyer sur le bouton Oui. Tu me déçois, Lucio.

 — Il va te falloir de l'entraînement, enchaîna Pablo.

 Après que Ching poussa un hurlement de rire, les deux autres guerriers au repos le rejoignirent et se plaisèrent à actionner le buzzer à mots français.

 — C'est pas vrai... Ils sont tous là en train de s'amuser, même les tibétains les rejoignent... Dis, Marlowe, est-ce que tu penses que ça veut dire... Que je vieillis ? Que je perds mon âme d'enfance ?

 — Mais non, tu ne l'as pas perdu, tu as toujours été une vieille fille.

 — T'exagères !

 — Calme-toi, je plaisante ! Ça veut juste dire que tu es plus mature qu'eux, tout comme moi, c'est tout.

 — Ouais... J'espère...

 — Mais bien sûr, ne te fais pas de soucis.

 Magalie fut ravie de cette dernière phrase. Quand il le voulait, Marlowe pouvait se montrer gentil. Elle en oublia presque sa crainte de la vieillesse qui la guettait tous les jours depuis quelques années.

 — Dis-moi, prononça Pablo, est-ce que Thierry est con ?

 — OUIII !

 — Mouais, pas si drôle ce jeu en fait, bouda le concerné, tout ronchon, les bras croisés.

 — Hey, dis-moi, est-ce que Thierry serait pas un gros capricieux ?

 — MAIS OUIII !

 — Ah, tu vois ! lâcha Pablo en signifiant "Et toc !" avec son pouce.

 — Pfff, même pas marrant... Hey, dis-moi, cria Thierry en s'emparant violemment du gros bouton, est-ce que Pablo est un énorme fils de pute ?

 — ♫ OUIIIIIIIIIIII ! ♫

 — C'est vraiment pas cool ça pour le coup. C'est gâcher l'illustre Oui chanté...

 — Alors, c'est qui le con, maintenant ? On fait moins l'fier, tout d'un coup, hein ?

 — Thierry, calme-toi, le pria Lucio. C'était juste une blague. Tu déshonores le saint Oui, là.

 — ... Pardon, je suis vraiment désolé, je ne sais pas ce qu'il m'a pris.

 — Ne t'en fais pas, le saint Oui peut pardonner tous nos péchés.

 — Amen, ajouta Pablo, la main sur le cœur.


 Marlowe posasa main sur l'épaule de Pomoc. Ce dernier se retournera, délaissant la boîte à son pour quelques instants.

 — Oui ? 

 — Je suis désolé.

 — Pourquoi ?

 — Je t'avais dit qu'on aurait la réponse à ta question au prochain chapitre... On l'a toujours pas eu....

 — Ah, c'est la fin du chapitre là ?

 — Bah oui regarde, on arrive en fin de page, y'a l'espace commentaires juste en dessous.

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