T I B E X

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 Face à la menace invisible, Mathilda, prise de panique, chuta dans la poudreuse. Puis se releva. Et retomba. Lafritzkriel, gardant son calme, tenta de localiser la source du cri.

 — Les mains en l'air, j'ai dit !

 Pris d'un spasme incontrôlable, telle une pulsion instinctive à laquelle il est impossible de résister, Hanz leva son bras en salut nazi. Toujours paniquée, Mathilda se releva, effectua un signe nazi à son tour, puis retomba.

 — Euh... Ça fera l'affaire, je suppose, fit le sniper embusqué. Les carottes sont cuites !

 Mathilda se releva et cria :

 — Tout comme les juifs en 39-45 !

 Elle retomba.

 — Héhéhé !

 La néo-nazie voulu rajouter une vanne supplémentaire mais sa bouche pleine de neige l'en empêcha.

 Pablo profita que son ravisseur ne le tienne plus qu'à un bras pour donner un coup de coude dans son ventre. Le fachiste faiblit. Lucio tira juste à côté de son oreille. Hanz désorienté, Pablo put se défaire de son étreinte et lui foutre un gnon dans la gueule.

 — C'est comme ça que j'les applatit mes omelettes, connard !

 Mathilda se releva pour porter secours à son collègue. Elle ne tomba pas.

 — Que personne ne bouge, 1 2 3 Soleil ! hurla le tireur en dévoilant sa position.

 Cette menace étonnante suffit à faire s'écrouler Mathilda. Pablo récupéra l'arme du nazi, se tourna vers Marlowe et la lui confia.

 — Vous voyez que je suis de votre côté, à la fin !

 — Euh, en effet, il semblerait... Beaucoup trop de coups de théâtre pour un seul personnage.

 — Comment ça, "coup de théâtre" ?? Hey, mais c'est juste vous qui m'accusez pour rien !

 — Je comprends plus rien moi, avoua Nathalie.

 — Bienvenue au club, la rassura Magalie en lui tapotant l'épaule.

 — Euh meuf tu t'es prise pour qui ? Me touche pas en fait, on n'est pas potes j'te signale.

 — Ah cool... Aussi agréable que ton mec, pétasse !

 Alors que le crépage de chignons allait commencer, le sauveur mystérieux s'avança vers la colonne en hurlant :

 — Jacques a dit a dit : restez tous immobiles !

 Mathilda se cassa la figure. Oui, elle s'était remise debout entre temps.

 Le sauveur en manteau de fourrure interrogea Marlowe, canon pointé vers lui.

 — Qui êtes-vous, par Toutatis ?

 — Je me nomme Marlowe, je suis un policier français hautement reconnu. Nous sommes de pauvres passagers d'un avion dont nous avons perdu le contrôle. Ces deux ordures là-bas sont des terroristes nazis que nous tentons de neutraliser. Et leur otage, peut-être aussi, je sais pas trop.

 — Mais non, pas du tout je vous dis ! s'indigna Pablo.

 — Mes pauvres petits loulous, fit l'homme en dévoilant son visage bridé, dissimulé sous sa lourde capuche. Vous êtes en terrain hostile, sans moi vous seriez morts à l'heure qu'il est.

 — Et je vous en remercie.

 — Je me présente, je m'appelle Henry, et j'aimerai bien réu... Non, pardon, je confonds. Je suis Tibex, ravi de vous rencontrer.

 — Tibex ?

 — Tibex.

 — Tibex ?

 — Oui, Tibex.

 — Tibex...

 Marlowe n'en revenait pas. Pourquoi le seul personnage tibétain qu'il rencontrait s'appelait "Tibex" ? Genre, vraiment ?

 Tibex, donc, après un bref échange explicatif, enfourcha sa motoneige et attendit nos héros devant l'entrée du magasin, s'assurant de loin qu'aucun dérapage ne se produise. Hormis pour Mathilda, aucun dérapage n'eut lieu.

 — Voili voilou, nos routes se séparent ici. Restez bien à l'intérieur, qui sait ce qu'il pourrait vous arriver maintenant.

 — À vrai dire, avoua Marlowe, je comptais repartir immédiatement.

 — Comment ça ? Poils aux bras. s'interrogea Tibex. Mais vers où ? Poils au cou.

 — Je dois retrouver un collègue aux multiples talents pour une affaire d'envergure mondiale. Il est venu ici en quête de spiritualité.

 — Êtes-vous sûr qu'il est bien raisonnable de se permettre d'accomplir un tel ris...

 — Oui, oui. Je dois absolument le faire.

 — À vos risques et périls. L'homme que vous recherchez se trouve sans doute dans cette direction. Mais je vous préviens, le voyage sera long et vous risquez de tomber nez à nez avec des troupes chinoises. Elles empiètent sur notre territoire malgré toute l'ardeur de notre lutte !

 — Nous serons prudents. Je vous remercie, Tibex.

 — T'inquiètes, à la cool fréro. Un conseil, n'y va pas seul.

 — Non, je comptais bien m'accompagner des plus vaillants avec moi pour m'aider à sauver l'univers.

 — Voilà qui est parler. Très bien, je dois retourner me battre. Bon courage, et à plus dans le bus.

 — Merci bien, à vous aussi ! Par contre, euh... Pourquoi vous parlez comme ça ?

 — Comment ? Avec un accent tu veux dire ? Tu cherches les embrouilles tu vas vite fait les trouver j'te l'dis tout de suite !

 — Non, non, pas du tout ! Je veux dire, vous parlez excellement bien français... Un peu trop en fait. Vous utilisez des expressions très précises qui sont placées de manière, comment dire... déroutante.

 — OK POINT.

 — Euh... ?

 — J'ai appris la langue par moi-même, parole de Tibex ! Mais évidemment, ces occidentaux, tous les mêmes, toujours à se plaindre, et nanani et nanana...

 — Nan mais je disais pas ça pour...

 — Ouais c'est ça ouais cause toujours, parle à mon cul ma tête est malade.

 Sur ces sages paroles, le soldat Tibex rida sa motoneige dans la direction inverse à celle où devait se rendre Marlowe.

 Les civils se sentirent bien plus en sécurité dans le supermarché. L'air y était plus chaud que dans l'aéroport, la nourriture et l'eau abondante, les distractions aussi. Faute de mieux, on avait attaché les deux terroristes avec des banderoles d'anniversaire. Des nerfs étaient mis à disposition et chacun se relayerait pour canarder les ligotés en cas de mouvement suspect. Pour plus de dissuasion, les enfants jetaient des boules puantes sur les nazis quand ils ouvraient la bouche malgré l'interdiction formelle de communiquer entre eux. L'homme en costard se promit de leur jouer l'appel du 18 juin toutes les deux heures, il espérait que cela changerait leur façon de voir les choses. Par ailleurs, des morceaux de légos, véritables tortures à voûte plantaire, avaient été disséminés un peu partout autour des deux captifs. D'une manière un peu moins efficace, une personne de confiance les maintenait en joue avec un véritable bazooka, trouvé dans le rayon "Produits Ménagers".

 La vie allait bon train dans ce nouveau refuge. Il était maintenant temps pour Marlowe de constituer son équipe.

 Mathilda tomba.

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