Après la fin, le début.

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 — Ah ! Je me disais bien que ça pouvait pas finir comme ça ! s'exclama Marlowe en pissant sur le cadavre.

 La désespérance visible sur son visage s'éclaira subitement d'un franc sourire.

 "J'étais prêt à commettre des meurtres pour que l'histoire dans laquelle je suis enfermé puisse continuer, mais on dirait qu'ouvrir ma braguette soit suffisant."

 Ravi et incapable d'effacer la satisfaction visible dans toute son attitude, Marlowe défia le regard perturbé des passants qui l'avaient vu se soulager sur le mort. Sa faible carrure esquissé par son imperméable noir, il franchit le seuil du commissariat, bien décidé à déclencher une intrigue afin que son existence en tant que personnage de récit ne s'arrête pas là.

 — Je suis témoin d'un meurtre ! déclara-t-il, se rappelant la phrase de Mardo qui avait tout débuté.

 — Euh... Qui êtes-vous ? demanda le commissaire Vlad de sa voix graveleuse, décontenancé par la joie paradoxale qui émanait de l'homme.

 — Nan, vraiment ? Vous le faites exprès ? Je suis sorti il y a littéralement cinq minutes !

 Le commissaire arqua un sourcil et se tourna vers un des employés.

 — Tu l'as déjà vu, toi ?

 — Pas le moindre du monde, avoua Ernest...

 — Je vous hais. Regardez dans vos papiers, je suis le lieutenant...

 — Les papiers ? s'exclama Vlad. Nous n'en n'utilisons plus, voyons ! Tout a été jeté à la poubelle. Décision de Caporal Jul.

 — Caporal ? C'est même pas un grade de commissariat ça...

 — Bon monsieur, vous commencez sérieusement à me les briser ! Allez faire votre déposition et n'en parlons plus !

 Marlowe étouffa un commentaire désobligeant et prit place sur une chaise en face de Magalie.

 — Salut poupée !

 — Parle mieux ! ordonna la femme. On se connaît pas, j'aime pas quand on saute des étapes comme ça...

 — Oh bordel, toi aussi Magalie !

 — Vous... vous connaissez mon prénom ?

 — Comment pourrais-je oublier un si joli visage ?

 "Une histoire d'amour ! Voilà l'ingrédient indispensable à toutes les histoires ! Avec ça, je suis certain de ne pas disparaître."

 — À quoi jouez-vous ? Je... Je ne suis pas ce genre de fille !

 — Allons, poursuivit Marlowe d'un ton langoureux... Je remarque bien la façon dont tu me dévores du regard...

 — Qu... Contentez-vous de faire votre déposition ! balbutia Magalie, facilement troublée.

 — Oh, eh bien, c'est très simple. J'ai vu un cadavre tomber du ciel et... J'ai cru que c'était vous au début. Car, on te l'a sûrement déjà dit, tu ressembles à un ange.

 — Ringard. Si c'est ça votre méthode d'approche, je vous demanderez de partir immédiatement !

 — Fell from the heaven !

 — C'est bon, j'ai compris.

 — Non, je suis sérieux. Il y a vraiment un type au crâne explosé sur les pavés.

 — Cette histoire est bien trop similaire à celle qui rendit célèbre le Caporal Jul. Je suspecte un mensonge de votre part.

 — Vous voulez sortir avec moi ?

 — P... Pardon ?

 — Ben, dehors. Vous verrez bien que je ne mens pas.

 — Vous me faites perdre mon temps !

 — Je vous assure que non.

 Au prix de fortes insistances, la secrétaire Framboise accompagna le Lieutenant Oublié dans la rue. À peine eut-elle fait un pas à l'extérieur qu'elle s'écria :

 — Oh mon dieu ! L'histoire recommence !

 — It's a never ending circle !

Je ne vois pas d'avions dans les airs...

 — Oh mais je vous rassure, il y a bien quelque chose qui monte dans mon cockpit !

 — ... Dégueulasse. Si c'est comme ça que vous comptez m'impressionner...

 — Cock !

 Magalie ne réagit pas à cette intervention supplémentaire et retourna dans le commissariat d'une démarche furieuse. Marlowe leva les bras en croix, un sourire amusé gravé sur son visage.

 — Oh allez ! Détends-toi un peu ! Elles finissent toutes par aimer ça dans les films !

 — Un autre type est tombé du ciel ! s'écria Magalie. Encore un !

 — Mais c'est pas vrai ! râla Vlad. Ils ont que ça à foutre de leurs journées ou quoi ?

 — Quoi ! proposa Marlowe en rentrant à nouveau.

 — Vous, on vous a pas sonné ! cracha le commissaire. Retournez vaquer à vos occupations de civil !

 — Il faudra me tuer pour ça !

 Un silence s'engouffra dans tout l'édifice.

 "Ok, je retiens, pas trop d'effets théatraux. Quoique... C'est quand même amusant !"

 — Sortez tout de suite ! répéta Vlad

 — En fait non, je ne peux pas. Une bombe est placé dans mon crâne et explosera si je m'éloigne trop de l'émetteur... qui est placé dans le corps de Magalie !

 — Quoi ? Et vous croyez qu'on va gôber ça ? Sérieusement ?

 — Moi j'y crois, avoua Ponroute, le petit nouveau.

 — Vous brigadier, fermez-la !

 — Oui, brigadier, appuya Marlowe. Laissez parler les grands entre eux.

 — Vous aussi, fermez votre clapet ! rugit le commissaire.

 — Ouuh ! "Clapet" ! J'ai peur ! gouailla le Lieutenant Oublié.

 — TA GUEUUUUULE !!!

 — D'accord, allez, on dit qu'on fait comme ça.

 "Je tiens bon ! Un boss qui me déteste, voilà un autre ingrédient qui enrichira mon histoire !"

 — Ernest... Durand... BUTEZ-MOI CET ENC...

 — Châton !

 Vlad, déstabilisé, faillit tomber de son fauteuil.

 — Quoi ?

 — C'est pour les enfants qui nous lisent, expliqua Marlowe. Faudrait pas les choquer, vous voyez.

 "De plus l'audience visée est large, de plus mon monde aura de raison de persister. Élémentaire."

 — Il dit ça alors qu'il m'a parlé de sa bite ! répliqua Magalie.

 — Bon écoutez, reprit Ernest, plus diplomate, massant le crâne son patron. Partez d'ici avant que la situation ne dégénère. Nous nous occuperons du macchabée.

 — Je suis officier de police, insista Marlowe, que vous me croyez ou non. Et je dois participer à cette enquête.

 — Comme vous le souhaithez, cependant, ce ne sera pas à nos côtés.

 — Tous les membres de ma brigade sont morts. J'ai besoin d'une nouvelle équipe.

 "Un passé douloureux et dramatique, voilà un des ingrédients indispensables qui manquait encore !"

 — Toutes mes condoléances, s'excusa Magalie.

 — Je suis désolé, dit Ernest, ce ne sera pas possible...

 — Il me faut une équipe de professionnels ! s'obstina l'ex-Lieutenant. Et vous êtes des légendes concernant les affaires de gens qui tombent.

 — C'est vrai que la semaine dernière, souffla Ponroute, on a élucidé le cas de la Grosse Bertine, tombée dans ses escaliers. Ce n'était pas qu'un simple accident, et très peu auraient pu le deviner.

 — Ta gueule brigadier, murmura Vlad, épuisé.

 — C'est surtout le Caporal qui est doué, rétorqua Ernest. Nous ne sommes rien face à lui.

 — Tiens, justement, où est-il, ce Mardo ?

 — En voyage méditatif, dans l'Ouest du Tibet. On s'inquiète d'ailleurs, il aurait dû revenir la semaine dernière...

 "C'est excatement la dernière faille qui restait dans le récit pour lui donner une raison d'exister ! Un ancien personnage que tout le monde adore et qui sera mon mentor !"

 — Affaire conclue ! décida Marlowe. Je m'en vais retrouver Mardo, puis reviendrait avec lui pour nous aider dans cette affaire du nouveau cadavre-qui-ne-savait-pas-voler.

 — Attends, on n'a rien conclu du tout là.

 — Je vous adore les potes ! À la revoyure ! Oh, par contre, je vous emprunte Magalie, à propos de la bombe dans ma tête et tout ça.

 Marlowe attrapa la secrétaire par le bras et la tira avec lui, ignorant ses protestations. Une fois sortis, un silence de fer s'abattit dans le bâtiment. Vlad, éreinté par toutes ces conneries, laissa son front percuter son bureau. Ponroute détruisit finalement le calme pesant :

 — C'était bien un kidnapping ça, pas vrai ? J'ai raison, hein ?

 — Brigadier ? fit Vlad sans relever sa tête.

 — Oui ?

 — Ta gueule.





 (bon je sais bien que le défi est fini mais j'avais envie de continuer l'histoire avec les nouvelles idées qui me sont passées par la tête et celles que j'avais pas pu mettre avant à cause d'une restriction de chapitres :) ) 

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