Le début de carrière

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Ce soir-là, je sortis des cours il faisait nuit. Un vent morne glaçait les lampadaires roidis comme d’étranges carcasses lumineuses. Les halos de clarté qu’ils dessinaient autour d’eux, éclairés de cette lueur orangée fantomatique dispensée par les ampoules à vapeur de sodium rendait les ténèbres presque enviables. Je marchais lentement, courbé. Seul. Je pensais toujours à mon plan en quatre points, aux manières de les mettre en œuvre rapidement, lorsqu’un mouvement à une fenêtre éclairée à ma gauche attira mon attention.

Un type de deux mètres, noir, allait et venait en slip dans ce qui ressemblait à une chambre. L’ouverture réduite de la fenêtre ne me permettait que d’avoir un échantillon limité du mobilier de la pièce, mais je crus deviner le coin d’un lit et l’armature boisée d’une armoire. Lui, fauve en cage, allait et venait contre un mur en crépi blanc qui faisait encore plus ressortir l’ébène de sa peau. Il était bodybuildé. Les renois sont toujours plus musclés que nous. Une pure putain de génétique. C’est pas raciste, ça. J’vous le dis. Allez en Afrique vous verrez. Quoi ? Si, en Ouganda. Et tous les gars sont des armoires à glace. Mais si ! Je vous le dis putain ! Pourquoi vous ne me croyez pas !

Bon et puis merde, je pense ce que je veux et vous aussi. N’empêche que le gars qui était devant moi à ce moment-là relevait plus de la machine que de l’être humain. Ses biceps semblaient gonflés à l’hélium. Les veines de ses bras serpentaient la surface de sa peau comme si les muscles, à l’étroit dans leur gangue de chair, voulait les expulser hors du corps.

Ses pectoraux aux petits tétons reportés sur les côtés paraissaient eux-aussi gonflés, et auréolés non pas de notre vieille pilosité de blanc faite de longs poils dégueulasse autour des tétons, mais d’une sorte de toison crépue et fine qui ne faisait qu’accroitre un peu plus le dessin sculptural de ses muscles.

Plus bas, trois paires de muscles abdominaux parfaitement délimités, descendant vers un caleçon au large élastique imprimé, cachant un paquet qu’on pouvait même à ma distance deviner comme imposant.

Je m’approchai d’un petit mur de pierre qui me dérobait de la fenêtre tout en me donnant une meilleure position de voyeur, jetai à gauche et à droite un regard dans la rue déserte et gelée, et m’assis finalement au sol tout en continuant à le reluquer.

Une femme pénétra dans la pièce. Ses cheveux, long et bruns, coulaient sur un dos nu dont l’humidité trahissait une douche toute récente. Son dos nu, cette colonne parfaitement dessinée, la teinte ambrée de sa peau, les fossettes de Vénus ponctuant ce corps, comme une invitation à recommencer une nouvelle phrase au niveau de ses fesses. Car oui, elles méritaient bien plus d’une phrase à part. Malgré la culotte qui en dérobait une partie à ma vue, elles étaient parfaites. D’une rondeur honteuse. Orgasmique. Je sentais leur lourdeur arrondie se couler entre mes doigts. Parfaites.

Elle se retourna, jeta un coup d’œil vers la fenêtre où elle ne pût rien voir d’autre que son propre reflet. Mouvement qui me permit rapidement d’entrevoir ses seins – ses seins nom de Dieu – et un visage d’ange d’Orient.

Puis dans un geste brusque qui me prit au dépourvu, elle passa les deux mains dans le caleçon de l’homme noir, en fit s’émerger une énorme bite à moitié dure et une paire de couille remontée par la tension de l’élastique. Elle les saisit dans sa main tandis qu’elle avala d’un seul trait le pénis érigé. Et tandis qu’elle commençait à le sucer, elle malaxait les boules avec une douceur presque religieuse.

J’étais donc caché derrière mon petit muret, congelé par le vent mais brûlant d’excitation, avec devant moi l’homme et son énorme carrure de face, et la femme presque nue à genoux devant lui en position de prière. Sa nuque allait et venait en cachant dans les replis de ses joues l’énorme membre noir.

Mon érection, il me fallut bientôt la sortir tant la contorsion imposée par mon slip me faisait mal. Je déboutonnai ma braguette, en extrait ma teub et, sans quitter la scène des yeux, commençait à me branler tout en gardant à l’esprit qu’il m’était interdit de jouir. Mon excitation était telle que quelques coups de poignets suffirent à m’amener au bord du précipice de l’orgasme.

Pourtant, au moment le plus inopportun, tandis que j’appréciais le froid baiser du vent sur mon gland – sensation tout à fait nouvelle – un cri dans mon dos me fit sursauter. Une vieille bonne femme avait émergé d’une haie de thuyas et agitait un sac dans ma direction, comme pour chasser un chat de son jardin.

Mon cœur se mit à battre la chamade et, sans avoir le temps de remiser ma bite, je me mis à courir dans la rue comme un dératé. Du coin de l’œil, j’eus juste le temps de voir le type se rapprocher de la fenêtre pour en fermer le store, sa teub se remuant devant lui comme une baguette de sourcier.

Je fus avalé par la nuit, la vieille ne me revit jamais.

Elle avait pourtant assisté à la naissance de ma carrière de voyeur.

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