Le jour où j'en ai eu marre

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Je m’étais branlé le matin (toujours la même branlette Cornflakes). Je m’étais branlé un peu avant midi. Je m’étais branlé un peu après midi. Du sperme avait même giclé dans mon assiette de lentilles aux haricots, ça m’avait dégoûté, j’ai tout balancé à la poubelle. Puis je m’en suis voulu, j’ai tout ressorti et tout bourré dans le compost. Big Greta is watching me…

Bon je vous dis ça, c’est bien beau, mais vous ne savez rien de moi. Hein ? Oue j’ai un beau membre qui n’a jamais vu Zézette. 18 centimèts. Une jolie kékette.

Mais outre cela, je suis étudiant, je m’appelle Yann (bien sûr que c’est un pseudo), j’ai 25 ans, je suis étudiant en biologie, je suis obsédé sexuel.

Quand je me pose dans l’auditoire, on voit un type brun dans sa vingtaine flamboyante avec un cercle d’amis restreint mais fidèle. Des cheveux désordonnés coupés en dégradé, encadrant un visage aux traits fins et à la mâchoire carrée. Si on m’avait fixé un peu trop intensément, j’aurais indubitablement tourné mes yeux d’un brun noirâtre vers le sol ou sorti mon portable pour montrer ostensiblement que je n’avais pas envie d’entamer une relation sociale. Vous auriez également sans le moindre doute remarqué le pourpre me monter aux joues. Comme je le remarquais moi aussi, cette chaleur crasse qui m’enflammait les côtés du visage comme un signal gênant visible à des kilomètres à la ronde, le rougissement se serait encore empiré. Prostré sur mon écran, je me serai senti mal et j’aurais eu l’impression que chaque interaction entamée par mes amis relevait d’une sorte d’apitoiement presque moqueur. Pourtant, de votre côté, mis à part cette timidité visible et le manque de volonté d’aller vers l’autre, je pense que vous m’auriez trouvé baisable. Pas mal foutu, un gabarit moyen, des bras plus faibles que les jambes, elles plutôt bien musclées. Des pectoraux qui se dessinaient sous un t-shirt pourtant peu à même de dessiner mes courbes, qui laissaient pas mal d’espoir quant à l’apparence de mes abdominaux qui, disons-le, ne sont pas à chier.

Pis, si vous m’aviez vu nu, que vous étiez célibataire et en chien, vous n’auriez pas dit non à un petit tour sur la machine. Une belle bite, un corps bien entretenu, des abdos qui vous auriez volontiers fait fondre.

Et ces idées, ces idées qui étaient bel et bien conscientes dans ma p’tite caboche, me rendaient encore plus fou. Si au mois j’étais moche, gras, avec des ongles jaunes de cinq centimètres d’épaisseur et des cheveux avec lesquels on aurait pu alimenter la Bretagne en mottes de beurre durant deux bons mois, ça aurait été ok. Mais d’être bien gaulé, de me dire que des meufs rêvaient secrètement de moi en train de les démonter (ou d’elles en train de me démonter), achevait de m’énerver.

Tout ce qui clochait, tout, absolument tout ce qui clochait résidait dans cet espace d’une vingtaine de centimètres entre mes deux oreilles.

Et je vous mentirais si je vous disais que je n’ai jamais songé à me suicider. Après tout. A quoi bon ? A quoi bon passer sa vie à espérer quelque chose qui n’arriverait jamais jusqu’à vous en ronger les sangs ? A quoi bon vivre en ermite psychopathe du sexe complètement obsédé par une idée qui pourtant m’échappait totalement puisque je ne savais même pas ce que c’était ?

Mais deux choses m’ont fait abandonner.

Ma famille et mes amis. Je mets mes chiens dans la catégorie famille.

Du coup suicide : barré.

Me restait plus que le bougeage de cul.

Et je n’aurais pas dit non à quelques conseils. D’abord sur Internet. Sur ces sites à la con où un beau gosse à la con vient vous donner ses conseils à la con pour grab de la pussy. Cheveux gominés, faux trois-pièces stylé acheté au rab à H&M, une voix grave surjouée et une barbe de trois jours…

APPARTE

Je ne vous ai pas parlé de ma pilosité sous-buccale. Rappelez-moi de le faire dans les pages à venir !

FIN DE L’APPARTE

Donc ce vieux type là vous donne ses conseils à la con jusqu’à ce qu’un lien en fin de vidéo vous ramène à sa formation complète payante mais EXCEPTIONELLLLLEMENT gratuite si vous lui filiez votre num et votre mail.

Ça j’ai give up aussi. J’ai pensé aux professionnels.

Quoi ?

Non ! Pas aux putes. Aux professionnels. Aux psys quoi. Non que je n’aie pas pensé aux putes, mais c’est une autre histoire dont je vous parlerai plus tard.

Sauf que le synonyme de psy c’était vazy-crache-ta-thune, que moi en travaillant deux heures par ci, deux heures par là au petit magasin bio de ma ville j’me faisais juste de quoi me payer quelques séances de ciné par semaine, et qu’il m’était totalement hors de question de demander de l’oseille aux vieux pour me payer un psy. Pourquoi ? Parce que dans ma famille, comme dans beaucoup d’autres je suppose, parler à un psy revenait à être fou. De un. Et de deux, parce qu’ils m’auraient indubitablement demandé pourquoi j’avais besoin d’aller voir un « docteur » et que j’aurais indubitablement encore dû leur parler de ma virginité. Ou leur mentir. Et ni l’une, ni l’autre des options en me réjouissait.

Parler de sexe avec les parents, la bonne blague. Et puis quoi encore ? Ce qui se rapprochait le plus de ça avec eux étaient ces vieilles scènes de sexe gênantes mimées dans des comédies américaines qu’on matait parfois le samedi soir ensemble. Parfois, il m’arrivait même d’aller voir les conseils parentaux sur le site IMDB pour éviter de me taper un moment trop gênant avec eux. Et quand monsieur mimait d’enculer madame à l’écran, je devenais rouge sur mon canapé, je ne bougeais ni ne parlais et mes parents lâchaient généralement un rire gêné.

Non.

Parler de zizi avec eux ?

Crissement du crayon à papier.

Parler de zizi avec eux.

Tant pis.

Donc pas de suicide, pas les vieux, pas le psy. Restaient les amis, mais là encore y avait problème. Je leur avais dit à tous que j’avais perdu ma virginité tard en fin de collège avec une dénommée Florine. Une meuf avec qui j’avais effectivement flirté mais que je n’avais jamais embrassé. Florine. La belle excuse.

Et je suis sûr que j’aurais pu en parler avec eux sans me sentir jugé, même qu’ils m’auraient filé des tonnes de conseils méga utiles, les potos. Sauf qu’entrait en jeu un monstre habile, un centaure musculeux noirâtre, puant, qui aimait se cacher dans les circonvolutions de ma cervelle : l’amour-propre.

J’étais seul.

Suicide.

Psy.

Parents.

Potes.

J’étais seul avec mon problème de cul.

Et du coup, le jour où tout ça m’a bien trop pété les couilles, après avoir je vous le rappelle éjaculé face à mes cornflakes, éjaculé un peu avant midi dans ma main et un peu après midi dans mes lentilles aux haricots, j’ai décidé de prendre les choses en main. Mes problèmes, hein. Pas ma bite. Et j’ai décidé d’arrêter de me toucher, d’arrêter le porn, d’arrêter d’éjaculer jusqu’à ce que je me retrouve dans une fille. Et comme c’était une sacrée mission, j’ai décidé de mettre toutes mes chances de mon côté et de lancer un véritable plan de mission digne des plus machiavéliques stratèges qu’a connu l’histoire.

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